VI.
Ce qui rend le danger de la Comédie plus grand est qu'elle éloigne tous les remèdes qui peuvent empêcher la mauvaise impression qu'elle fait. Le cœur y est amolli par le plaisir. L'esprit y est tout occupé des objets extérieurs, et entièrement enivré des folies que l'on y voit représenter, et par conséquent hors de l'état de la vigilance chrétienne, nécessaire pour résister aux tentations, et comme un roseau capable d'être emporté
par toutes sortes de vents. Il y a bien de l'apparence que personne n'a jamais songé à s'y préparer par la prière, puisque l'Esprit de s'y préparer par la prière, puisque l'Esprit de Dieu porterait bien plutôt à éviter ce divertissement dangereux, qu'à lui demander la grâce d'être préservé de la corruption qui s'y rencontre. Si donc les personnes qui vivent▶ dans la retraite et dans l'éloignement du monde, ne laissent pas de trouver de grandes difficultés dans la vie chrétienne au fond même des Monastères ; s'ils reçoivent des atteintes du commerce du monde, lors même que c'est la charité et la nécessité qui les y engagent, et qu'ils se tiennent sur leurs gardes autant qu'ils peuvent pour y résister : quelles peuvent être les plaies et les chutes de ceux qui, menant une vie toute sensuelle, s'exposent à des tentations auxquelles les plus forts ne pourraient s'empêcher de succomber ? Ne doit-on pas dire d'eux en les comparant avec les personnes saintes, ce que Job dit de l'homme en le comparant avec les Anges : « Ecce qui
serviunt ei non sunt stabiles ? Et in angelis suis reperit pravitatem ? Quanto magis qui habitant domos luteas consumentur velut a tinea ?
» Si ces esprits qui servent à Dieu de ministres ne sont pas fermes, et s'il trouve des défauts dans ses Anges mêmes ; à combien plus forte raison des âmes renfermées en des corps, comme en des maisons de boue, seront-elles sujettes à la corruption et au péché ? Ou ce que dit Isaïe : « Super humum populi mei spinae et vepres ascenderunt ; quanto magis super omnem domum gaudii civitatis exultantis ?
»Si la terre de mon peuple, dit le Seigneur, est couverte de ronces et d'épines, c'est-à-dire, si les âmes qui soupirent après leur patrie céleste, sont quelquefois percées par les pointes du péché, à quels désordres ne s'emporteront point ceux qui ◀vivent dans les plaisirs, et qui ont le cœur rempli de toutes les folles joies du monde ? « Quanto magis super omnem domum gaudii civitatis exultantis ?
»