XXXV.
Le péché a ouvert les yeux▶ aux hommes pour leur faire voir les vanités du monde avec plaisir. Et la grâce du Christianisme, en ouvrant les ◀yeux▶ de l'âme pour les choses de Dieu, les ferme pour les choses séculières, par un aveuglement beaucoup plus heureux que cette vue misérable que le péché nous a procurée. C'est cet aveuglement salutaire, dit saint Paulin, que le Prophète demandait à Dieu, lorsqu'il dit : « Empêchez mes ◀yeux▶ de
voir la vanité
» ; et que le Seigneur préfère aux ◀yeux▶ clairvoyants des Juifs, lorsqu'il leur dit : « Si caeci essetis, non haberetis peccatum.
» « Si vous étiez aveugles, vous n'auriez point de péché.
»
Si nous sommes donc obligés, en qualité de Chrétiens, de demander à Dieu qu'il nous ôte les ◀yeux▶ pour toutes les folies du monde, dont la Comédie est comme l'abrégé, et qu'il nous en imprime la haine et l'aversion dans le cœur: comment pourrons-nous croire que nous puissions repaître nos ◀yeux de ces vains spectacles, et mettre notre contentement en ce qui doit être l'objet de notre aversion et de notre horreur ?