(1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre VI. De ce qu’un Poète dramatique doit sçavoir pour être en état de travailler dans le nouveau genre. » pp. 142-158
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(1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre VI. De ce qu’un Poète dramatique doit sçavoir pour être en état de travailler dans le nouveau genre. » pp. 142-158

Chapitre VI.

De ce qu’un Poète dramatique doit sçavoir pour être en état de travailler dans le nouveau genre.

A vant de donner les derniers avis à ceux que je veux rendre capable de produire un bon Opéra-Bouffon, ou un Drame du nouveau genre ; il est nécessaire de les préparer à recevoir mes instructions. Une terre n’est fertile qu’autant que le laboureur la dispose à faire germer les grains. On n’est pas tout d’un coup en état de composer des Pièces pour le plus fameux de nos Spectacles. Il faut une espèce de noviciat. Il pourrait arriver même qu’un homme dépourvu des qualités éssentielles, fit de très-mauvais Drames-Bouffons, après en avoir appris les règles par cœur. Voyons ce qu’on est obligé de sçavoir, & les dispositions qu’il faut que la Nature nous ait donnée.

Je prends un jeune Poète qui brûle du desir de s’illustrer dans la carrière du nouveau Spectacle, je vais le conduire pas-à-pas ; je développerai l’éffet que feront sur lui mes discours ; & je détaillerai les progrès insensibles de son esprit.

Vous que les Muses ont nourris de leur Ambroisie, c’est à dire des douceurs de l’espérance, vous prétendez donc consacrer vos veilles à l’Opéra-Bouffon ? Le dessein est louable. Mais répondez. Pourquoi ne travaillez-vous pas plutôt pour le Théâtre Français ? Le sublime Corneille, le tendre Racine, Molière le peintre de la Nature ; en un mot tous les grands Hommes qui l’ont rendu fameux, devraient enflammer votre génie, plutôt qu’un Spectacle où l’esprit est souvent contraint de se cacher. Je serais bien bon, me dites-vous, de courir après une gloire si difficile à atteindre, tandis qu’on me présente des laurier que je puis cueillir sans me donner beaucoup de peines. Les Opéras-Bouffons, ou les Comédies-mêlées d’Ariettes, sont devenus à la mode ; je servirai le Public selon son goût. — Votre raison est valable ; écoutez-moi bien pourtant. Craignez d’entreprendre un ouvra-au dessus de vos forces. Je vois briller dans vos yeux ce feu qui nous annonce un esprit vif & saillant ; ressentez-vous ces élans qui nous appellent aux grandes choses ? êtes-vous né Poète, en un mot ? Daignez me répondre, & me dépeindre ce qui se passe dans votre intérieur. — Je suis dévoré de la noble envie de me faire un grand nom. Je bégayais à peine, que je traçais sur le papier des Odes, des Sonnets & un déluge de toutes sortes de Vers. Quand je vais au Théâtre, le plaisir que je prends aux Drames qu’on y représente me fait verser des larmes. Je soupire après le fort des Auteurs qui s’y font connaître, mon cœur palpite, & je m’encourage à pénétrer dans la carrière des Lettres. — Etes-vous un peu sçavant ? — J’ai lû l’Histoire avec réfléxion, la Fable, & nos plus grands Poètes. — Vous êtes un prodige ; mais vous n’avez aucune disposition pour le genre auquel vous vous destinés.

Il est presqu’inutile de rien sçavoir & de rien lire.

Ici mon jeune Poète recule de surprise, il reste long tems immobile, & me parcourt de la tête aux pieds sans avoir la force de parler. Peu s’en faut qu’il ne me traite de visionnaire. Je l’arrête par ces mots, lorsqu’il est pret à me quitter en levant les épaules. Vous sçavez l’Histoire, dites-vous, à quoi vous servira-t-elle ? La Fable vous est aussi peu nécessaire : les Écrits de nos Poètes vous sont de la dernière inutilité. Sera-ce pour composer un Opéra-Bouffon ou une Comédie-mêlée-d’Ariettes que vous aurez besoin de toutes les belles choses que vous avez apprises, & d’un génie supérieur ? Lorsqu’il s’agit de faire parler un Artisan, un Laboureur, &c. il ne faut ni paroles élégantes, ni pensées sublimes.

Soyez certain qu’il vous suffit de savoir ce qu’on a écrit de mieux sur les règles Dramatiques. Lisez attentivement les Auteurs qui ont parlé avec succès de ce qu’il faut observer dans les Pièces de Théâtre ; ne vous éfforcez pas de les suivre à la lettre : le nouveau Spectacle auquel vous déstinez vos talens, permet à ses Poètes de prendre quelques libértés, c’est du moins ce que nous montre la plus-part de ses Drames. Vos Lectures, comme vous voyez, & ce qu’il est nécessaire que vous sachiez, se bornent à très-peu de choses. S’il était possible de trouver un Français qui vit d’un œil indifférent l’Opéra-Bouffon, je me flatte qu’il me rendrait justice, & conviendrait que je n’avance rien qui ne soit très-facile à prouver.

Notre Candidat Littéraire commence à prêter l’oreille à mes discours. Son étonnement se dissipe par dégrés ; il respire en s’appercevant qu’il est aisé de mettre à profit mes leçons. Je démêle pourtant sans peine que l’amour propre livre dans son cœur un furieux combat. Il est désespéré de voir qu’un genre qu’il regardait comme devant le combler d’honneur soit presque méprisable dans l’esprit de certaines gens. Quoi, s’attachera-t-il à des Pièces dénuées de graces, & dont la composition ne lui paraît plus qu’un jeu d’enfant ! Peu s’en faut qu’il n’abandonne son projet, & ne renonce à une gloire aussi singulière. Le plaisir qu’il envisage à se faire combler d’applaudissemens, à se voir accueillir du Public avec enthousiasme, le fait bientôt se décider. Il se sent pénétrer d’une nouvelle ardeur. Le Spectacle moderne redevient admirable à ses yeux. La petitesse du genre considéré de près, la bassesse apparente qu’il éxige, ne le dégoûtent plus ; il s’assure que c’est un avantage assez rare ; il se rappelle que les machines les plus considérables ont souvent de faibles ressorts. On va voir maintenant quels sont les grands secrets que j’enseigne à mon Élève.

Les qualités qu’il faut avoir pour se distinguer dans le nouveau genre.

Notre Opéra n’éxige pas un génie ordinaire. Tel qui n’aurait que de l’élévation serait indigne de lui. On doit tempérer, pour ainsi dire, la trop grande force d’esprit, mais avec tant d’art que la médiocrité soit au dessus des vrais talens, sans que cela paraisse. Vous aurez mille occasions de dire des choses communes, & vous n’en aurez pas quatre d’en écrire de sublimes. Le Poète qui se destine pour le Spectacle moderne doit être persuadé que ces deux Vers de Boileau ont été faits pour lui ;

Il faut qu’en cent façons pour plaire il se replie,
Que tantôt il s’éleve & tantôt s’humilie.

Piquez-vous d’une certaine bonhommie. Ayez l’honneur de ressembler au célèbre La Fontaine, qui paraissait tout autre, loin de son cabinet. Que vos Ouvrages semblent être le fruit de la distraction des grands hommes. Mais n’allez point vous rendre si petit qu’il soit impossible de vous appercevoir.

…… Soyez simple avec art.

Devenez le Peintre fidèle de la Nature ; défendez-vous de la ridicule honte de n’oser nous montrer ses infirmités, ses taches, ses désagrémens. On se plaît dans ce siècle singulier à contempler des objets vils & méprisables :

Que la Nature donc soit votre étude unique.

Les Poètes de l’Opéra-Bouffon comparés aux Auteurs naturalistes.

L’estimable Auteur du Spectacle de la Nature nous en a découvert les merveilles jusques dans les plus petites choses. Il nous fait parcourir les campagnes, nous arrête utilement devant une plante, un insécte, un grain de sable ; il nous en explique la construction, le méchanisme incompréhensible ; rien n’échappe à ses yeux pénétrans, il met son Lecteur à portée de discerner presqu’aussi bien que lui. Efforcez-vous de l’imiter dans un autre genre. Peignez le caractère des habitans du village, leurs mœurs, leurs actions ; faites-nous passer en revue les derniers Artisans de nos Villes. « Voulez-vous copier la Nature, (dit Horace dans son Art Poétique,) étudiez-là dans le cœur & dans les mœurs mêmes des hommes de différens états ; tous les traits que vous tirerez alors d’après elle, seront des traits vifs & animés8. » Ces paroles semblent avoir été faites en faveur des Poètes qui se destinent à la composition des Pièces du nouveau genre. Que rien ne soit au dessous de votre génie. Que rien ne soit au dessous de votre génie. Que vos Drames soient une espèce d’Encyclopédie, où nous trouvions tout ce qui concerne l’état, le métier, & la personne des gens de la lie du Peuple.

Mon jeune Élève sent l’importance de mes conseils, il se promet bien de les mettre en usage. Un instant de réfléxion achève de le persuader. Il s’écrie avec enthousiasme, que les Poètes de notre Opéra doivent s’éfforcer de suivre mes leçons, & que ses Spectateurs en ont aussi besoin.

Que les Poètes devraient voyager, éxcepté ceux du nouveau Théâtre.

Je continue de l’instruire. Chez les Grecs & les Latins celui qui se destinait à charmer son Siècle & la Postérité, par des Ouvrages de génie, étudiait les mœurs des hommes, non-seulement dans les Livres, mais en parcourant différentes Contrées. Homère ne vécut pas dans une seule Ville. L’Historien Joseph passa de l’Asie chez les Romains. Virgile ne resta dans sa Patrie que pendant sa prémière jeunesse. Térence voyageait, puisqu’il perdit dans une tempête la meilleure partie de ses Ouvrages, ce qui le fit, dit-on, mourir de chagrin. Diodore de Sicile, Auteur d’une sçavante Histoire du monde, qui malheureusement n’est venue jusqu’à nous que par lambeaux, parcourut l’Égypte, l’Asie, l’Affrique, & d’autres pays éloignés des lieux qu’il habitait ordinairement. Qu’on me cite un seul Poète de nos jours qui, afin de mieux connaitre les hommes, ait entrepris un voyage un peu considérable. Ceux qui passent dans les pays étrangers, n’y vont que parce qu’ils sont contraints de s’absenter de leur chère Patrie ; une Muse satyrique ou licentieuse les porte à quitter, malgré eux, leurs Dieux Pénates. Les gens de Lettres dont l’humeur est plus douce, & la Verve moins déréglée, se permettent à peine d’aller de Province en Province, ou de s’éloigner des environs de la Capitale. Les Auteurs de notre Spectacle, Copistes fidèles des Écrivains d’un genre un peu plus sublime, ne font pas de trop grandes sorties dans l’Univers. La Ville dans laquelle ils se trouvent suffit au besoin qu’ils ont de voir & d’apprendre. Une petite promenade dans la campagne achève de les instruire. Sont-ils obligés de chercher au loin des Savetiers, des Maréchaux ferrans, des Bucherons, & les autres personnages qu’ils introduisent sur la Scène ?

En quoi les Auteurs de l’Opéra-Bouffon diffèrent des Poètes ordinaires.

La seule différence que je voie entre les Poètes du Théâtre Français & ceux des Italiens, c’est que les uns font bailler, & que les autres divertissent. Ceux-là ne sont presque jamais applaudis, ceux-ci le sont toujours avec transport. Les prémiers n’attirent que peu de monde à la représentation de leurs Drames, tandis que les derniers sont accourir chaque jour toute la France à leurs plus frivoles productions.

Mon Élève est enchanté de ce qu’il vient d’entendre. Il se livre à la joie la plus vive. Dans son ivresse, il demande du papier, veut écrire au plutôt un Opéra-Bouffon, charmé d’avoir un moyen d’égaler des Gens de Lettres qu’il croyait être contraint de respecter toute sa vie. Je parviens, non sans peine, à modérer ses transports ; il se résout à m’écouter ; mais je vois aux mouvemens qui l’agitent, aux impatiences qu’il ne peut s’empêcher de faire paraitre, qu’il lui tarde furieusement de pouvoir en liberté produire un de ces merveilleux Drames, dont le succès est si rapide, & les avantages si considérables.

Les Poètes du nouveau Théâtre devraient habiter avec leurs personnages.

Celui qui veut composer une Tragédie tâche d’être souvent au milieu des Grecs & des Romains ; il lit de nombreux volumes, il s’éfforce de faire connaissance avec les Héros qu’il prétend faire revivre : Les Auteurs de notre Opéra doivent à son imitation, chercher la compagnie des personnages qu’ils font agir. Qu’on les voye donc à chaque instant fréquenter les Manœuvres, les derniers Artisans, & toutes les espèces de gens qu’ils nous obligent de contempler au Théâtre. Il est nécessaire qu’ils les visitent dans leurs demeures peu fastueuses, qu’ils les suivent au cabaret ; il faut épier, pour ainsi dire leurs passions & leurs mœurs. Si nos Auteurs refusent de me croire, ils se rendront indignes du genre auquel ils se consacrent, & travailleront en aveugles. En effet, comment est-il possible de sçavoir les coutumes, les façons de parler d’une foule de gens que l’on ne fréquente jamais ? Que dirions nous d’un homme qui se mettrait dans la tête de nous faire la description générale d’un pays dont il n’aurait qu’une faible idée ?

Les Poètes de notre Spectacle me répondront peut-être qu’ils n’ont besoin que de jetter les yeux dans la boutique d’un Ouvrier, & que tous les jours ils ont occasion de les voir, de leur parler, par les différens services qu’on en retire, sans qu’ils aillent s’abaisser jusqu’à les traiter de camarades, jusqu’à boire avec eux. Votre réplique est séduisante, mais le genre de vos Drames vous oblige d’entrer dans des détails qui demandent une grande connaissance des choses. L’Artisan dans sa boutique n’est pas le même que dans son ménage ; l’amour le rend encore différent. Sa manière de se comporter au cabaret mérite d’être observée ; il agit autrement que chez lui. Comment prétendez-vous saisir toutes ces nuances, si vous ne le suivez de près, si vous n’êtes souvent à ses côtés ? Vadé, le créateur du genre poissard, ne parvint à s’y rendre habile qu’en fréquentant les Harengères, les Poissardes, les Bateliers : on le voyait tantôt aux Halles & tantôt sur les Ports. Il ne dédaignait pas de boire avec une Ecosseuse, une Bouquetière, un Batélier, & d’autres gens de cette espèce. Les Auteurs de l’Encyclopédie, de cet énorme colosse que le tems aura tant de peines à détruire, ont senti la nécessité de s’approcher des Artisans dont l’on veut dépeindre l’état. S’agissait-il de parler d’un Cordonnier, d’un Perruquier, aussitôt ils couraient les chercher, s’entretenaient familiérement avec eux ; & les gratifiaient de légers présens. Les éxemples que je propose sont trop illustres pour n’être pas suivis par la pluspart des Auteurs de l’Opéra-Bouffon. Ils ne peuvent absolument se dispenser de goûter mes conseils. Les leçons que je leur donne sont puisées dans la nature même du Spectacle auquel ils se consacrent.

Le Poète Dramatique doit imiter les gestes, les actions de ses Héros.

L’Oracle des Savans, le Philosophe qui fut si long-tems le Prince de l’Ecole, Aristote en un mot, va beaucoup plus loin. Il éxige des compositeurs de Drames, qu’ils s’imaginent être les personnages mêmes de leurs Pièces. Voici ses propres termes : il faut encore, autant qu’il est possible, que le Poète en composant, imite l’action & les gestes de ceux qu’il fait parler9. Horace est du même sentiment ; Quintilien l’adopte aussi ; & le docte Dacier soutient qu’ils ont raison tous les trois. Il s’en suit delà que les Auteurs des nouveaux Poèmes ne se contenteront pas, s’ils ont envie de bien faire, de visiter assidument les personnages qu’ils cherchent a copier, mais ils auront soin encore de s’imaginer qu’ils sont métamorphosés en Tonneliers, en Gardes-Chasses, en Boulangers, &c. Quel plaisir de les voir dans la chaleur de la composition, suivant à la Lettre le précepte d’Aristote, contrefaire les gestes & l’action d’un Serrurier, d’un Porte-faix, d’un Mendiant ! &c. Qui ne serait charmé d’un si noble enthousiasme ! L’un, en récitant certaine Ariette, semblerait être autour d’une Forge ; l’autre, se promenant à grands pas, paraitrait labourer un vaste champ ; celui-ci, en cherchant des paroles qui le fuient, s’échaufferait comme s’il travaillait à une Cuve. Ceux-là, composant des discours qui peignent leurs Heros toujours subalternes, feraient l’action de scier des Planches, de battre le Fer, de Pecher, de tirer le pain du four. &c. &c.

Je ne doute pas que les Poètes de notre Opéra n’approuvent ce que je dis d’après le législateurs de tous les Théâtres. Je présume qu’ils étaient dèja instruits en partie de cet Article important ; leurs Drames sont trop admirables pour qu’ils ayent tardés jusques à aujourd’hui à le mettre en usage : au reste, on sentira bien que je ne parle qu’à ceux qui sont encore tout-à-fait novices.

Mais si l’on a dessein d’éxceller dans les Drames modernes, il faut écouter attentivement le reste de mes instructions. Afin d’aller de gradation en gradation, j’ai réservé pour le dernier Article le conseil le plus utile.

Le vin inspire mieux les Poètes que l’eau de l’Hypocrène.

Tout le monde conviendra que les Poètes, énnemis de Bacchus, ne sauraient rien produire de passable : il est donc nécessaire de mêler l’Hipocrène avec le doux jus de la Treille ; je crois pourtant qu’on ferait encore mieux de boire pure la précieuse Liqueur de la vigne, sans l’altérer par aucun mêlange. Les Auteurs de notre Spectacle imiteraient alors bien plus au naturelles Héros de leurs Drames. Horace dans sa dix-neuvième Epitre à Mécène invite tous les Gens de Lettres à se rendre partisans d’un sistème aussi aimable. « Si l’on en croit, dit il, le bon-homme Cratin, jamais buveur d’eau ne fit des Vers capables de plaire & de se soutenir long tems11. » Il s’exprime dans un autre endroit de la même Epitre d’une maniere encore plus sérieuse. « Le Bareau, s’ecrie-t-il, est pour les buveurs d’eau, & la Poèsie pour les Ivrognes12. » Si les Auteurs de Poètique n’ont pas insérés dans leurs Ouvrages cette condition, sans la quelle on n’écrirait que des choses froides, sans esprit & sans âme, c’est qu’ils ont pensés que les Gens de Lettres en sentiraient d’eux-mêmes l’importance. Je suis le prémier qui donne de semblables conseils dans un Livre fait plutôt pour instruire que pour égayer ; mais j’espère qu’on en retirera de très grands avantages : une Ouvrage qui traite en partie du Théâtre moderne, doit renfermer des règles Bisares & singulières, quand ces règles lui sont analogues.

Voila mon jeune Éleve instruit en général des dispositions & de la science, que doit avoir un Poète, qui veut travailler avec fruit à l’Opéra-Bouffon & à la Comédie-Mêlée d’Ariette. Ce Chapitre, & une partie des deux Livres qu’on vient de lire ne sont qu’un abrégé des principes nécessaires ; je vais les développer dans les Livres suivans, en parlant de ce qui concerne les Drames en tout genre, & des règles éssentielles auxquelles ils sont assujettis.