XXXI.
Toutes nos actions sont dues à Jésus-Christ, non seulement comme à notre Dieu, mais comme à celui qui nous a rachetés d'un grand prix, pour nous obliger à le glorifier dans toutes nos œuvres, selon S. Paul. Il faut que toutes nos actions soient rapportées à sa gloire et qu'elles témoignent que nous voulons imiter Jésus-Christ crucifié, que nous aimons ce qu'il a aimé, et que nous haïssons ce qu'il a haï. Et comme il est le principe de toutes nos bonnes œuvres, et que la grâce par laquelle nous les faisons est le fruit de sa Croix; nous le devons remercier de toutes celles que son esprit▶ nous fait faire. Il faut enfin que nous puissions dire véritablement que nous les faisons pour lui et par son amour. Or ne serait-ce pas se moquer de Dieu et des hommes, que de dire que l'on va à la Comédie pour l'amour de Jésus-Christ ? Oserions-nous lui offrir cette action, et lui dire, Seigneur, c'est pour vous obéir que je veux aller à la Comédie ; ce sera votre ◀esprit▶ qui m'y conduira ; ce sera vous qui serez le principe de cette action ; c'est par votre Croix que vous me l'avez méritée ? Y a-t-il quelqu'un assez aveugle ou assez endurci pour pouvoir souffrir sans horreur l'impiété de ce langage ? Et ceux mêmes qui travaillent le plus à justifier la Comédie, ont-ils jamais osé offrir cette action à Dieu ? Ont-ils jamais pensé à rendre grâces à Dieu d'y avoir assisté ? N'est-ce pas une preuve sensible que leur conscience dément leurs fausses lumières, et qu'ils sont eux-mêmes convaincus au fond de leur cœur du mal qu'il y a dans la Comédie, quoiqu'ils tâchent de se le dissimuler par les faibles raisons que leur ◀esprit▶ leur fournit. Car toute action qu'on n'oserait offrir à Dieu, toute action dont l'◀esprit de Jésus-Christ n'est point le principe, toute action que l'on ne saurait faire pour lui obéir; toute action qui ne saurait être un fruit et un effet de sa Croix, enfin toute action dont on n'oserait le remercier, ne peut être bonne ni permise à un Chrétien.