(1675) Traité de la comédie « XXI.  » p. 309
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(1675) Traité de la comédie « XXI.  » p. 309

XXI.

Il s'ensuit de là que tous ceux qui n'ont point besoin de divertissement, c'est-à-dire que la plupart de ceux qui vont à la Comédie, ne le peuvent faire sans péché; quand il n'y aurait point d'autre raison de la croire défendue. Mais il ne s'ensuit pas que ceux qui ont véritablement besoin de se délasser l'esprit puissent y aller sans péché, parce que la Comédie ne peut passer pour un divertissement, ne pouvant avoir l'effet qu'il est permis d'y chercher. Car le Chrétien ne peut rechercher qu'un simple délassement d'esprit, qui le rende plus capable d'agir Chrétiennement, et dans des dispositions Chrétiennes. Or tant s'en faut que la Comédie y puisse servir, qu'il n'y a rien qui rende l'âme plus mal disposée, non seulement aux principales occupations Chrétiennes, comme la prière, mais aux actions mêmes les plus communes, lorsqu'on les veut faire dans un esprit de Chrétien, c'est-à-dire recueilli et attentif à Dieu, qu'il faut tâcher, autant que l'on peut, de conserver dans les actions extérieures; ainsi comme le besoin que nous avons de manger ne fait pas qu'il nous soit permis de manger des viandes qui ne servent qu'à affaiblir le corps; de même le besoin de se divertir ne peut excuser ceux qui cherchent des divertissements qui ne font que rendre leur esprit moins propre à agir Chrétiennement.