III.
Comme la passion de l'amour est la plus forte impression que le péché ait faite sur nos âmes▶, ce qui paraît assez par les désordres horribles qu'elle produit dans le monde, il n'y a rien de plus dangereux que de l'exciter, de la nourrir, et de détruire ce qui la tient en bride et qui en arrête le cours. Or ce qui y sert le plus est une certaine horreur que la coutume et la bonne éducation en impriment ; et rien ne diminue davantage cette horreur que la Comédie, parce que cette passion y paraît avec honneur et d'une manière qui, au lieu de la rendre horrible, est capable au contraire de la faire aimer. Elle y paraît sans honte et sans infamie. On y fait gloire d'en être touché. Ainsi l'esprit s'y apprivoise peu à peu. On apprend à la souffrir et à en parler; et l'◀âme s'y laisse ensuite doucement aller en suivant la pente de la nature.