(1752) Essai sur la comédie nouvelle « HISTOIRE DES OUVRAGES. Qui ont paru pour et contre la Comédie, depuis le 17e Siècle. » pp. 161-175
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(1752) Essai sur la comédie nouvelle « HISTOIRE DES OUVRAGES. Qui ont paru pour et contre la Comédie, depuis le 17e Siècle. » pp. 161-175

HISTOIRE DES OUVRAGES
Qui ont paru pour et contre la Comédie, depuis le 17e Siècle.

En Italie, il y a eu plusieurs Ouvrages imprimés contre la Comédie. A Padoue, en 1630, par François Marie del Monacho, Sicilien. A Florence, en 1645, par le P. Ottonelli, Jésuite : et un autre en 1652.

Hédelin, est le premier auteur Français de ce siècle (1600) qui ait osé entreprendre de justifier la Comédie : il fit deux ouvrages en 1657 : le premier intitulé Pratique du Théâtre. Le second, Projet pour le rétablissement du Théâtre français, contenant les causes de sa décadence, et les remèdes qu’on y pourrait apporter. Dans le premier, l’auteur donne des preuves de son érudition dans les poésies anciennes. Le second ouvrage est demeuré imparfait, sans doute, parce qu’il n’a pas pu exécuter son dessein. Cet auteur propose deux raisons qui font voir les difficultés que l’on a de justifier la Comédie, et il tâche de les détruire. La première est la créance commune des peuples, que c’est pécher contre les règles du Christianisme que d’y assister. La seconde, l’infamie dont les Lois ont noté les Comédiens.

Ces deux ouvrages d’Hédelin ne furent pas sans réponse : on donna en 1659 un Traité contre la Comédie, qui se trouve dans le troisième volume des Essais de Morale ; et on peut regarder ce Traité comme une réponse ; car quoique l’Auteur n’y nomme ni Hédelin ni ses ouvrages, il se plaint cependant de la corruption de son siècle, de ce qu’on y avait voulu justifier la Comédie. Or il n’y avait alors que les ouvrages d’Hédelin pour la soutenir en France.

On a parlé plus haut de quelques Traités faits en Italie contre les Spectacles.

En 1657, le Curé de Saint Germain l’Auxerrois, à Paris, consulta les Docteurs en Théologie de la Faculté de Paris sur la matière de la Comédie ; il fut décidé qu’il y avait péché mortel, et pour les Comédiens, et pour ceux qui y contribuaient.

Saint Charles Borromée, qu’on veut faire passer pour un protecteur de la Comédie, a fait composer un livre particulier contre les Comédies, qui prouve qu’elles sont mauvaises à cause des circonstances qui les accompagnent, et de leurs effets, et que c’est pour cela qu’elles sont défendues. Ce livre a été traduit en Français, et imprimé à Toulouse en 1662.

M. le Prince de Conti qui avait fréquenté les Théâtres avant sa conversion, et qui savait les maux qu’ils causent, se crut obligé d’écrire contre la Comédie ; et il le fit d’une manière savante, élevée, et très pressante. On trouve dans l’ouvrage de ce Prince religieux autant de preuves de son zèle, que de la beauté de son esprit. Il donna ordre, peu de mois avant sa mort, à M. de Voisin de faire imprimer ce Traité, ce que ce Docteur exécuta en 1666, à Paris, chez Promé.

Le Public fut surpris de voir paraître dans la même année une apologie de la Comédie, par un livré intitulé, Dissertation sur la condamnation des Théâtres, dont on crut Hédelin encore l’auteur. M. de Voisin voulut défendre le Traité de M. le Prince de Conti contre la Comédie qu’il venait de donner au Public, et que cette Dissertation attaquait. C’est pourquoi il composa un livre in-4°. plein de preuves, et de faits les plus solides que l’on puisse désirer. Cet ouvrage a pour titre, Défense du Traité de M. le Prince de Conti touchant la Comédie, ou Réfutation de la Dissertation sur la condamnation des Théâtres. Il fut imprimé en 1679, à Paris, chez Coignard.

M. l’Abbé Fleury, dans les Mœurs des Chrétiens, condamne les Théâtres ; chez Aubouin, en 1682.

Il parut en 1672 une autre Pièce contre la Comédie, qui se trouve dans l’Education chrétienne des enfants, selon les maximes de l’Ecriture et les instructions des saints Pères de l’Eglise, avec un petit Traité contre les chansons mondaines, qui sont d’autant plus dangereuses qu’elles sont spirituelles ; car elles se chantent sans honte.

On n’avait point vu de réponses à tous ces savants et solides écrits contre la Comédie ; et on ne croyait pas que personne osât mettre la main à la plume pour la défendre. Cependant après plus de vingt années de silence, un particulier entreprit de justifier la Comédie par une Lettre qu’on a voulu faire passer pour une réponse faite à Boursault, auteur d’un volume de Pièces de Théâtre. Dans cette Lettre on feint d’avoir consulté un Théologien illustre par sa qualité et son mérite, pour savoir si la Comédie peut être permise, ou si elle doit être absolument défendue. Le Théologien prétendu veut justifier la Comédie par des passages de saint Thomas ; il fait aussi ses efforts pour établir que les saints Pères n’ont condamné les Spectacles des Païens, qu’à cause de la seule idolâtrie.

La Lettre de ce prétendu Théologien ayant paru à Paris en 1694 durant le Carême, plusieurs Prédicateurs zélés pour le salut des âmes, persuadés qu’ils devaient s’opposer à tout ce qui pouvait leur nuire, s’élevèrent contre cette Lettre.

Le premier ouvrage contre la Lettre du prétendu Théologien, a pour titre, Réponse à la Lettre du Théologien défenseur de la Comédie, imprimée à Paris, chez Girard, en 1694.

Le second, est une Lettre Française et Latine du Théologien accusé, (le P. Caffaro, Théatin,) adressée à Monseigneur l’Archevêque de Paris, chez Muguet, datée du 11 Mai 1694, qui contient sa soumission à la discipline des Rituels qui condamnent les Spectacles, et à tout ce que ce Prélat lui ordonnera pour édifier l’Eglise.

Ces deux ouvrages se trouvent à la tête de celui du P. Le Brun sur les Spectacles, intitulé Discours sur la Comédie, ou Traité historique et dogmatique des Jeux de Théâtre, et des autres Divertissements comiques, soufferts ou condamnés depuis le premier siècle de l’Eglise jusqu’à présent. La dernière édition de ce livre est de 1731, et se trouve à Paris chez la veuve Delaulne. Il est divisé en différents Discours, dans lesquels le P. Le Brun est entré dans tout le détail possible, et où il cite et rapporte les différentes autorités qui font la condamnation des Spectacles.

Le troisième ouvrage contre la Comédie qui parut après la Lettre du P. Caffaro, qui la défendait, est une Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de qualité sur le sujet de la Comédie, chez Mazuel.

Le quatrième, est une réfutation d’un Ecrit favorisant la Comédie, chez Couterot ; l’Auteur est M. de la Grange, Docteur et Chanoine régulier de Saint Victor, qui cite entre autres ce passage de saint Augustin, traité 100. sur saint Jean : Donner son bien aux Comédiens, c’est un crime énorme.

Le cinquième a pour titre, Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, chez Coignard.

Le sixième, Réfutation des sentiments relâchés d’un nouveau Théologien, chez Coignard.

Le septième, Sentiments de l’Eglise et des saints Pères sur la Comédie, chez Couterot.

Le huitième, Maximes et Réflexions sur la Comédie, par M. Jacques Benigne Bossuet, Evêque de Meaux, chez Anisson.

Le neuvième et le dixième, sont les Réponses aux Requêtes des Comédiens, dont on a rendu compte plus haut, et qui se trouvent dans l’histoire des Ouvrages sur la Comédie que l’on a indiqués.

Le onzième, intitulé Pensées sur les Spectacles, se trouve dans la même histoire.

Le douzième est dans les Réflexions spirituelles du P. Croizet, Jésuite, chez Couterot, 1707.

Indépendamment de ces Ouvrages particuliers, on trouve dans ceux de différents autres Auteurs plusieurs passages contre la Comédie assez circonstanciés, pour mériter d’être indiqués.

On en trouve entre autres dans les Ecrits des PP. Guzman et Mariana, Jésuites ; dans les Sermons du P. Cheminais ; dans ceux du P. Senaut, quatrième Général de l’Oratoire ; et enfin dans le Journal de la République des Lettres en différents endroits, principalement au mois d’Avril 1684, page 201.

Toutes les preuves répandues dans ces différents Ouvrages se réduisent aux endroits de l’Ecriture sainte, des Canons, des Conciles, et des Passages des saints Pères contre les Spectacles.

A l’égard des endroits de l’Ecriture sainte, des Canons, et des Conciles, le P. Le Brun les a rapportés et détaillés ; on peut là-dessus consulter son Traité.

Mais comme on ne trouve pas qu’il ait indiqué généralement tous les saints Pères, on y va suppléer.

Tertullien dans son livre des Spectacles, chap. 4. 25. et 27.

Saint Cyprien, dans son Traité des Spectacles.

Saint Basile, dans son Tome IV. sur l’ouvrage des six jours.

Saint Jean Chrysostome, dans plusieurs de ses homélies, entre autres dans l’homélie 15 au Peuple d’Antioche, dans l’homélie 3 de David et de Saül, et dans l’homélie 38 sur saint Matthieu.

Saint Ambroise, dans son Traité de la Fuite du siècle, chap. 1er.

Saint Augustin, dans son 3e livre de ses Confessions, chap. 2.

S. Thomas, 22. q. 167. art. 2.

Saint Antonin, dans la 2 p. tit. … chap. 23. §. 1.

Et Saint François de Sales, dans le 33 chap. de la 3 part. de son Introduction.

On peut ajouter aux Ouvrages de ces saints Personnages, le Mandement de M. l’Evêque de Nîmes contre les Spectacles, du 8 Septembre 1708, qui est imprimé à la fin du Traité du P. Le Brun.

Depuis la Lettre du P. Caffaro, si on excepte les deux Requêtes des Comédiens dont on a parlé, on n’a point vu d’Apologie publique de la Comédie, que l’ouvrage de M.F. on ne pense pas qu’il ait plus de succès que les autres.

Il faut cependant mettre encore au nombre des Apologistes, le célèbre M. Daubignac, qui a composé la Pratique du Théâtre.