VII.
Le mariage dans les Comédies n’est que le voile de ce vice.
On convient, répliquera peut-être quelqu’un, (car il faut être de bonne foi) on convient que la concupiscence est mauvaise ; que loin de l’entretenir, il en faut réprimer les faillies ; que la réprésentation des passions illégitimes ne peut que les exciter ; mais qu’est-ce que cela conclut contre le Théâtre ? & de quoi peut-on se plaindre sur ce point ? Le Théâtre dépouille ces passions de tous ce qu’elles ont de grossier ; il ne fait paroître que celles qui ont une fin honnête, & qui ont le mariage pour but. Tel est le dernier retranchement des deffenseurs de la passion de l’amour dans les Spectacles, mais il ne sera pas difficile de les y forcer.
Rappellons ici un principe déja établi & avoué par les plus grands maîtres de l’art, que la passion qui charme, qui transporte le spectateur, est l’objet direct de la Piéce ; & que tout ce qui ne l’intéresse que foiblement, ne s’y trouve que pour la forme. Examinons à présent si dans une Comédie c’est le mariage qui meut, qui ravit les spectateurs. Si cela est, plus l’union conjugale sera formée par des motifs purs & saints, plus les applaudissemens doivent lui être prodigués ; plus elle s’écartera de ces maximes si religieuses, plus les suffrages doivent être contre elle. Sans cela l’honnêteté nuptiale qu’on allégue ne remédieroit à rien. Il n’est pas possible, ce semble, de se refuser à ces conséquences.
Nous sommes les enfants des Saints, s’il ne nous est pas permis de nous unir comme les Gentils.On cherche▶ donc autre chose au Spectacle que le nœud conjugal ? Il n’y est donc que pour la forme ?
misérable folie. On y ◀cherche enfin tout ce qui favorise la révolte des sens, contre laquelle il faudroit armer le Chrétien, & parconséquent tout ce qui donne la mort à l’ame.