(1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — VI. Elle le donne pour une foiblesse : mais on veut qu’il y régne. » p. 12
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(1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — VI. Elle le donne pour une foiblesse : mais on veut qu’il y régne. » p. 12

VI.

Elle le donne pour une foiblesse : mais on veut qu’il y régne.

Mais, dira quelqu’un des partisans de la Comédie, ne grossit-on pas ici les objets ? La Comédie ne donne-t-elle pas elle-même la passion de l’amour comme une foiblesse ? Grand Dieu ! quelle expression ! qu’elle est étranger ! Un crime n’est qu’une foiblesse ? « Je le veux, reprend l’illustre Evêque de Meaux. Mais l’amour ne paroît sur la scène, que comme une belle, comme une noble foiblesse ; comme la foiblesse des Héros, des Héroïnes ; enfin comme une foiblesse si artificieusement changée en vertu, qu’on l’admire ; qu’on lui applaudit sur tous les Théâtres ; & qu’elle doit faire une partie si essentielle des plaisirs publics, qu’on ne peut souffrir de Spectacles où non-seulement elle ne soit, mais encore où elle ne régne & où elle n’anime toute l’action. »

Prétendroit on que tout cet appareil ne seroit pas capable de réveiller le feu de la concupiscence, toujours si prêt à s’embrâser, & d’en augmenter l’ardeur ? A qui en imposeroit on ? Le feu s’éteint-il par les alimens qu’on lui fournit ? Il seroit sans doute plus court, pour justifier le Théâtre, de soutenir que la concupiscence, cette racine envenimée qui étend ses branches par tous les sens, n’est point mauvaise ; qu’il n’y a rien de contraire au Christianisme & aux bonnes mœurs dans le soin qu’on prend pour l’entretenir. Mais si on n’oseroit faire un tel aveu ; si on sent le coup qu’il porteroit à la Religion ; qu’on juge de là au moins dans quel embarras on se met, quand on veut plaider une si mauvaise cause.