[Extrait 2 : Livre VI, chap. 7]
A cette cause on peut et doit nombrerc entre les miracles divins les apparitions des Ames. Je dis miracles divins, pour les discerner d’avec les faux miracles du diable qui par ses prestiges et impostures faisait bien souvent accroire aux Païens qu’il était l’ame d’un mort pour les tromper. Finalement ce que Lavatier apporte de saint Athanased, s’entend infailliblement des ames damnées non de celles qui sont sauvées ou en état de salvation. Car sa raison est que Dieu ne veut pas que ceux qui sont dedans les Enfers retournent comptere ce qui se fait en ces lieux, afin d’obvier au malheur qui en pourrait sourdre : Les damnés qui retourneraient au monde, souffleraient ès entrailles des hommes la fureur et la rage des tourments qu’ils endurent : Ainsi les Poètes Tragiques feignent que l’Ame de Thyeste sortant des Enfers, brouille et renverse tout l’état de sa famille, met en trouble sa maison, acharnef Egiste à vengeance, incite à fureur Clytemnestre, lui souffle le venin de jalousie en l’Ame, et la fait meurtrière de son mari : et l’acte commis, pousse Oreste à venger sur Egiste et sa mère la mort de son père, et les tuer tous deux, afin qu’après leur mort, il fût tourmenté de l’horrible regard des Erinyes et Furies qui lui représentent devant les yeux l’énormité et gravité du délit perpétré. C’est autre chose des ames qui sont sauvées ou en voie de l’être, et ne sommesg point visités d’elles pour être tourmentés, ainsh pour être consolés ou pour leur apporter allégeance et consolation en leurs peines. Elles ne nous soufflent point une rage et une haine en l’ame, ains une paix et dilection. Elles n’excitent point des tragédies, ains des prières et dévotions. Elles ne brouillent pas nos maisons et familles, ains composent et redressent ce qui pourrait y être de déréglé et mal ordonné. Elles ne se réjouissent de nos ennuis et afflictions, ains souffrent et compatissent d’une commune condoléance avec nous. C’est pourquoi ne se peut attendre que toute bonne chosei de la venue des bonnes ames en terre qui apparaissent visibles par le congé de Dieu à ceux des hommes qu’il lui plaît. Et jusques ici j’aurai, ce me semble, soutenu assez bien le choc de Lavatier, résisté vigoureusement à ses efforts, évité ses atteintes, et réfuté ses raisons et arguments.