(1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92
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(1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

Des Spectacles.

I.

Le Spectacle n’est plus un amusement vide, et oisif ; c’est un assemblage vif et séduisant de tout ce qui peut plaire, qui ne tend qu’à enchanter l’esprit et les sens par mille charmes, et à attendrir le cœur par tout ce que les passions ont de plus fin et de plus insinuant.

Le théâtre perdrait son agrément sans ce délicieux artifice. On veut être ému et touché par le spectacle ; la scène languit si elle n’irrite quelque passion : et quand les acteurs nous laissent immobiles, on est indigné de ce qu’ils n’ont pas su troubler notre repos, ni blesser notre innocence.

Tout y concourt à séduire l’âme et à l’amollir : le cœur conduit par les oreilles et par les yeux, s’attache à tout ce qui le charme ; la raison, suspendue par tant d’enchantements, se tait. La Religion n’est pas entendue dans un si grand fracas de plaisirs ; rien n’est du goût que ce qui flatte les sens, et parmi tant d’objets si capables de plaire, et qui plaisent en effet, l’âme sera-t-elle maîtresse de ses désirs ?

Les spectacles profanes ne sont, à proprement parler, qu’une savante école de toutes les passions. On y fait avec éclat et avec succès des leçons publiques de galanterie, de fourberie, de vengeance, d’ambition ; on y apprend à conduire habilement une intrigue ; à éluder la scrupuleuse vigilance des parents ; à surprendre par mille ruses la bonne foi ; à ne tendre jamais à faux des pièges à l’innocence ; à se défaire en habile homme d’un concurrent ; à se venger à coup sûr d’un ennemi ; à élever sa fortune sur les débris de celle d’autrui, et tout cela en habile homme. Et comme ce sont des leçons flatteuses, auxquelles les acteurs donnent un merveilleux relief, quel progrès une passion vive et ardente, insinuée avec tant d’artifice, ne fait-elle pas dans un cœur où elle trouve déjà de si grandes dispositions ? Tout ce qu’on voit, tout ce qu’on entend sur le théâtre ne s’adresse qu’aux sens, à la cupidité ; parures, décorations, chants, harmonies, assemblées, tout tente ; et à force de goûter ce qui enchante, on trouve des charmes dans les pièges, et on se sait bon gré d’être tenté.

On s’apprivoise aisément avec ce qui plaît, quelque danger qu’il s’y trouve. La douceur du poison en fait oublier les funestes suites ; on ne voit plus rien de honteux dans les passions, dès qu’elles ont été déguisées sur le théâtre, et embellies par l’art ; et à force d’admirer et d’applaudir, on y apprend à ne rougir de rien.

Mais ces éternels admirateurs du théâtre ne savent que trop combien ils y ont appris. En sort-on avec une conscience plus délicate ? Y apprend-on à être plus réservé et plus en garde ? En rapporte-t-on des idées plus pures, des façons de parler moins libres, des manières d’agir plus chrétiennes ? Et au sortir des spectacles, reste-t-il beaucoup de goût pour la dévotion ? Peut-on disconvenir que cette licence effrénée du siècle, cette affreuse corruption de mœurs dans tous les âges, ce dégoût de la piété si universel dans le monde, cette différence, pour ne pas dire, ce mépris de la Religion, réduite presque aux seules bienséances parmi les mondains, ne soient le fruit nécessaire de ces spectacles profanes ?

Et certes, à moins qu’on ne veuille étouffer jusques aux premiers principes du bon sens et de la Religion, par quel artifice nouveau peut-on accorder l’Evangile avec les spectacles ?

Le démon, dit Tertullien, ne conduit plus aux Temples des idoles, mais au théâtre et au bal, où l’on voit des statues animées, des idoles vivantes, qui s’étudient par tous les charmes à séduire le cœur, et à le faire apostasier. Aussi ne trouve-t-on jamais de Chrétiens aux spectacles : et si on en trouve, dit-il, c’est une marque qu’ils ne sont plus Chrétiensa.

La morale de notre Religion est aussi invariable que ses dogmes ; ce qui blessait la conscience des premiers fidèles, peut-il n’être pas interdit à tous les Chrétiens ? Mais ni l’Evangile, dit-on, ni l’Ecriture sainte, ne défend nulle part la comédie, ni les autres spectacles profanes. Ainsi répondaient autrefois à saint Cyprien, quelques libertins. L’Evangile et l’Ecriture sainte, réplique ce grand Saint, a plus dit en se taisant sur ce point, que si elle s’était expliquée par des défenses expresses. Et certes, quelle nécessité de faire un précepte pour des choses qui étaient si visiblement indignes du nom chrétien, si contradictoirement opposées à l’esprit, et aux maximes du christianisme.

Quels sentiments aurait eu Jésus-Christ des fidèles qu’il formait, s’il avait jugé nécessaire de leur interdire par une loi expresse, des plaisirs païens ? Quels sentimens auraient eu des fidèles, les Païensm êmes, s’ils avaient vu qu’avec cette loi si pure, si sainte, si parfaite, qui condamne jusqu’à la pensée du mal, qui oblige de tendre sans cesse à la perfection, ces fidèles eussent eu besoin d’un commandement particulier, pour n’aller pas aux spectacles ?

II.

Mais on se trompe de dire que l’Evangile, que l’Ecriture sainte ne défendent nulle part ces divertissements profanes. Ils ne les défendent pas en particulier quelque part, parce qu’ils les condamnent partout. Que signifie autre chose, tout ce que l’Ecriture sainte dit de l’extrême pureté du cœur, qui est comme la base de la vie chrétienne, tout ce qu’elle dit de la mortification des sens, de la légèreté de l’esprit, de la faiblesse de la chair, de la force des passions, de la malice et des ruses du tentateur, du danger de s’exposer aux moindres occasions d’être tenté ; enfin, tout ce qu’elle dit de l’attention, et de la vigilance sur les désirs, de la modération des plaisirs, des victoires sur son propre cœur, de la perversité des maximes et des joies mondaines.

On demande où c’est que l’Evangile défend ces profanes divertissements ? On répond que tout l’Evangile lui-même est une manifeste condamnation des spectacles.

Et certes, dût-on dépouiller le théâtre de ces charmes artificiels, qui en font un des principaux agréments, et qui font tant d’impression sur l’âme ; on ne peut dissimuler que tout ce qui est spectacle, n’excite la passion ; que tout ce qui concourt à ce profane divertissement, tout ce qui flatte nos sens, est un piège à la vertu.

Quelle si délicate pudeur, quelle innocence si austère, exposée sans préservatif à l’air du monde le plus contagieux, au milieu d’une foule d’objets tous fort tentants ; en butte et à découvert à une grêle de traits empoisonnés, peut sans miracle n’être point blessée ? Mais quel droit d’attendre un miracle, à qui va s’exposer librement à un pareil danger ?

Il est certain que les personnes les plus vertueuses, durcies, pour ainsi dire, dans les plus longs travaux de la pénitence, aguerries après tant de combats, et accoutumées à vaincre, n’oseraient s’exposer à un tel péril de crainte d’être vaincues. Et l’on veut qu’une vertu naissante, ou, pour mieux dire, que des gens sans vertu, la plupart même déjà vaincus par les ennemis qu’ils vont chercher, soient dans ces assemblées sans danger.

Certainement tous les Saints qui ont parlé des spectacles n’en ont pas jugé ainsi. Comptera-t-on pour rien le concours de tous les Saints à condamner ces divertissements profanes ? Et les idées licencieuses d’une multitude de libertins, à qui il plaît de n’approuver que ce qui flatte, prévaudront-elles à la morale de l’Evangile, et à la doctrine des Saints ?

On se récrie fort dans le monde contre cette morale : et l’on attribue à de faux préjugés le zèle chagrin de ces docteurs qui croient qu’on ne peut assister à ces spectacles profanes sans péché.

On convient que le théâtre païen doit être interdit aux Chrétiens, mais on soutient que c’est le seul que les saints Pères condamnent, et que le théâtre purgé, tel qu’il est aujourd’hui, de l’obscénité du spectacle, n’a rien d’incompatible avec un cœur droit qui n’y cherche qu’un honnête divertissement.

Ainsi raisonne-t-on pour tranquilliser une conscience qui s’alarme ; mais ceux qui raisonnent ainsi ne penseront-ils jamais autrement ? Revenus de leurs égarements par une grâce singulière, le théâtre ne sera pas autre qu’il est, leur raison, leur religion sera la même. Auront-ils alors touchant les spectacles les mêmes sentiments ? A la mort où l’on juge si sainement de toutes choses, trouveront-ils les spectacles innocents ?

Mais, mon Dieu ! pour condamner de si profanes divertissements, pourquoi chercher ailleurs d’autre raison que les spectacles mêmes.

Une salle, le rendez-vous de tous les libertins, et de tout ce qu’on appelle dans une ville gens oisifs, gens de plaisirs : peu dont les mœurs ne soient corrompues, moins encore qui soient de bonnes mœurs : une assemblée où règne un luxe étudié, où tout éblouit, où tout brille, et dans laquelle il ne se trouve pas une jeune personne qui n’ait employé tout ce que l’art a de plus séduisant pour plaire et pour tenter : Des loges pleines d’écueils d’autant plus dangereux qu’ils sont plus à couvert, et d’où les yeux peuvent rassembler plus d’objets à la fois, tous plus à craindre.

A ces périls muets et tranquilles, ajoutez le poison doux et insinuant des entretiens trop libres. Nul autre langage n’est reçu dans ces lieux de plaisirs. Et quels dangers, Seigneur, dans cette fatale nécessité de n’y avoir que des conversations secrètes ?

N’est-ce pas vouloir prendre les gens de bien pour des stupides, et tout ce qu’il y a de personnes sages, pour des idiots qui n’ont nulle connaissance du cœur humain, que de vouloir nous faire accroire qu’il n’y a nul danger, que tout est innocent dans ces spectacles ?

Ce ne sont là que des préludes des funestes conquêtes que font les passions dans ces sortes de divertissements ; tout concourt à attendrir, à séduire ; on dirait que la lumière du jour est trop pure pour n’être pas incommode : une médiocre clarté est plus de l’art des spectacles. Les sens ne sont-ils pas d’abord pris par ce fracas de décorations, de voix, d’instruments, de machines ; et les sens, d’intelligence avec les passions, peuvent-ils laisser l’âme tranquille ?

Tout ce que l’harmonie a de charmes, tout ce que l’art peut donner de merveilleux à un concert de voix et d’instruments, tout est employé pour attendrir, pour toucher l’âme ; il n’en faudrait pas tant pour la rendre sensible.

Une décoration magnifique fixe les yeux, des machines de théâtre amusent l’esprit, le dénouement des aventures l’enchante, et tout cela le met hors d’état de se défier des surprises. Dans cette disposition de tous les sens, ou gagnés ou captifs, et d’un cœur si près de l’être, on voit paraître sur la scène un nombre choisi d’acteurs parés avec tout l’artifice que l’esprit du monde peut imaginer pour séduire, et qui ajoute à l’artifice, tout ce que la passion qu’ils expriment peut inspirer.

III.

Comme l’amour est la passion dominante du théâtre, il est aisé de comprendre à quelles fins tendent toutes ces plaintes amoureuses, et tous ces recits tendres qui s’y font. De jeunes personnes qui se font un point d’honneur de plaire, et qui sont gagéesb pour exprimer de la manière la plus vive une passion ; des gens qui n’ont d’autre gloire que de se distinguer sur un théâtre, en inspirant la passion qu’ils expriment ; des voix douces et insinuantes, accompagnées de mille manières séduisantes, mêlées de paroles tendres, et de vers composés avec art, pour inspirer l’amour ; tout cet assemblage prodigieux de dispositions, et de choses, dont la moindre, prise séparément, est une tentation, ne sera tout au plus, au sentiment des mondains, qu’un amusement indifférent, un divertissement licite et innocent des gens du monde.

Eh quoi, Seigneur ! un objet trop mondain vu par hasard, un mot trop libre dit sans dessein, une lecture peu modeste faite sans malice, mettent en danger la vertu la plus affermie, et sont très souvent des sources de réprobation : et tout ce que la passion a de plus vif et de plus empoisonné, tout ce que l’art de tenter a de plus fin et de plus poli ; un assemblage de tout ce qui peut séduire, ne sera ni une occasion prochaine de péché, ni un manifeste danger à des gens nourris, la plupart dans une criminelle mollesse, nourris même dans le péché !

De bonne foi, ne serait-il pas plus aisé de croire qu’on peut se jeter dans un torrent impétueux sans être emporté par le cours de l’eau, ou demeurer au milieu d’un grand feu, sans ressentir les atteintes de la flamme !

Un nombre infini de Chrétiens se sont retirés dans le désert : plusieurs s’ensèvelissent, encore tous les jours dans la solitude et dans le cloître pour éviter les pièges et le péril, à quoi le commerce du monde les exposait. A peine la solitude la plus retirée met-elle à l’abri de la passion ; l’iniquité naît, pour ainsi dire, d’elle-même partout ; le tentateur attaque les héros chrétiens jusques dans le lieu saint ; les longues austérités ne désarmant pas l’ennemi, il faut être éternellement en garde contre son propre cœur, il faut veiller, fuir, prier sans cesse, et encore l’assurance n’est pas entière. Ainsi vivent ces âmes innocentes et vertueuses, tandis que ce qu’il y a de plus faible parmi les Chrétiens, croit pouvoir assister tous les jours sans périls, à ces spectacles profanes ; c’est-à-dire, s’exposer sans défense à tous les traits empoisonnés des ennemis de notre salut, et se précipiter sans armes dans le plus redoutable de leurs retranchements. Ce qui est un danger évident aux plus grands Saints, cesse-t-il d’être un danger dès qu’on mène une vie peu chrétienne ? Et n’y a-t-il qu’à n’être pas dévot, pour ne plus craindre la tentation ?

Mais on n’a nul motif criminel, dit-on ; c’est la curiosité, ce sont les voix, c’est la symphonie qui nous attirent, comme si ces voix, ou cette symphonie pouvaient être séparées des spectacles. Mais pour ne pas chercher la mort, est-on moins en danger d’être percé de coups quand on s’expose à mille traits. Un air contagieux épargne-t-il ceux qu’un motif innocent tire de la retraite ? La curiosité met-elle en sûreté ceux qu’elle porte jusques dans les retranchements des ennemis ? Et pour ne vouloir goûter que la douceur du poison, expose-t-on moins sa vie ?

Si les spectacles profanes sont une occasion prochaine de péché, comme on n’en saurait disconvenir, qui peut y assister en sûreté de conscience ?

On ne s’aperçoit pas, dit-on, que les spectacles aient fait nulle impression sur le cœur ; on en sort innocent ; peu s’en faut même qu’on ne sache bon gré à ce profane amusement, de ce qu’il fixe pendant deux ou trois heures un esprit si volage partout ailleurs, et qui ne se repaît, et ne s’occupe que de la bagatelle.

Mais qu’il est à craindre, Seigneur, que cette prétendue insensibilité ne soit l’effet d’une conscience apprivoisée avec le crime, et le fruit d’une funeste captivité ; on laisse en paix un ennemi quand on le voit dans les fers.

Rien n’étouffe tant la délicatesse de la conscience, que l’entière satisfaction des sens. Les remords s’émoussent à force de piquer inutilement ; et cette voix intérieure si propre pour avertir du danger, et pour éveiller le pécheur, peut-elle se faire entendre dans le tumulte des spectacles ? Aussi elle ne se tait jamais sitôt, que quand on s’expose librement, et de sang froid au danger.

On ne sent, dit-on, nulle impression dans l’âme : les âmes les plus pures et les plus mortifiées, les plus grands Saints même n’en diraient pas tant. Mais on vous passe ce fait privilégié. Tous les poisons agissent-ils sur l’heure ? ne s’en trouvent-ils pas qui sont d’autant plus pernicieux qu’ils agissent plus lentement ; parce qu’en cachant le péril, ils mettent hors d’état d’apporter le remède ? Ceux qui arrêtent le mouvement des esprits animaux, ne sont pas moins à craindre, que ceux qui leur en donnent un violent et déréglé. L’ennemi du salut est trop malin et trop rusé pour décrier les spectacles, en faisant trop de bruit. Il est de son intérêt qu’on le regarde dans le monde comme un divertissement permis et honnête. Mais, mon Dieu, à l’heure de la mort les regarde-t-on comme tels ?

Et ces Pasteurs lâches et complaisants qui laissent dévorer leurs brébis pour ne les pas retirer du danger, qui ne pensent pas même qu’il y ait du péril ; ces Pasteurs molsc et indolents, qui, par une ignorance criminelle, ou par une complaisance aussi coupable, les laissent paître dans des champs, à la vérité agréables et fleuris, mais où l’air est contagieux, et où elles trouvent la mort dans le pâturage. Ces Directeurs si peu dignes de l’être, qui de peur d’aigrir ceux qu’ils croient avoir intérêt de ménager, les laissent marcher par la voie de la perdition, sans leur dire mot, et les voient tranquillement venir des spectacles au sacré Tribunal, et passer de la table de la Communion aux spectacles. Ces faux Prophètes, qui s’étudient à ne dire jamais rien qui ne plaisent, et qui tâchent de se faire accroire à eux-mêmes que c’est l’esprit de Dieu qui les guide, seront-ils bien reçus à dire qu’ils ne pensaient pas qu’il y eût du mal d’assister quelquefois aux spectacles, quand le Seigneur leur demandera compte de tant de gens qui s’y seront perdus ?

Qu’on dise que les spectacles profanes sont un divertissement indifférent : quelle opinion aurait-on cependant d’une mort soudaine, arrivée au milieu de la salle des spectacles ? Pourrait-on s’empêcher de regarder comme un terrible châtiment une telle mort, et ne regarderait-on pas comme une marque de réprobation, de mourir sur un théâtre ? Eh mon Dieu ! pourquoi passer une partie de la vie où l’on aurait horreur de mourir, et un sentiment si naturel n’est-il pas un puissant préjugé contre la prétendue justification du théâtre profane ?

Vous nous exhortez, Seigneur, à veiller et à prier sans cesse, de peur d’être surpris par le tentateur. On ne peut disconvenir que les spectacles ne soient pleins de périls. Y est-on fort en garde contre les amorces de la passion ? Le cœur y est-il bien gardé ? Et qui s’est jamais avisé en allant à ces profanes divertissements, de s’y préparer par la prière ? Certainement l’esprit de Dieu porterait bien plutôt à éviter ces divertissements dangereux, qu’à lui demander la grâce d’être préservé de la corruption qui s’y rencontre.

Et certes, en quel part du monde les passions paraissent-elles dans un plus beau jour ? Où est-ce que l’esprit du monde brille avec plus d’éclat ? Où est-ce que les maximes sont enseignées avec plus de succès ? Où est-ce que le luxe et la vanité sont inspirées avec plus de force et d’artifice ?

Qu’on se fasse un système de conscience, tel qu’on voudra ; que les libertins raisonnent tant qu’ils voudront, il sera toujours faux que les spectacles profanes soient licites ; il sera toujours vrai que les dangers qu’on y trouve, les dispositions qu’on y apporte, la Religion qu’on professe, le sentiment et l’exemple des Saints qu’on respecte, les obligations qu’on a, et l’édification qu’on doit, que tout cela interdit aux Chrétiens la comédie, les spectacles profanes, et toutes ces assemblées de plaisirs, d’où l’on ne sort presque jamais, que moins Chrétiens.