CHAPITRE I.
Condamnation de la Comédie par la sainte Ecriture, par les Conciles et
par plusieurs raisons.
Passages tirés de la sainte Ecriture.
Il n’était nullement nécessaire que la sainte Ecriture apprit aux Serviteurs de Dieu, que les Comédies sont mauvaises, et qu’elles doivent être défendues ; puisque la seule lumière de la raison et le bon sens ont autrefois suffi aux païens pour le leur faire comprendre.
En effet, Rome n’a jamais été si sage, si sérieuse, et si tempérante, que durant les premiers siècles, où elle n’avait pas encore de Comédiens. Car ils n’y ont commencé à paraître, qu’après que les grandes victoires des Romains eurent apporté dans la ville le luxe, et la corruption, avec les richesses.
Mais quoique la Comédie ne soit pas condamnée dans la sainte Ecriture en termes aussi formels et aussi exprès, que nous voyons que l’adultère, l’idolatrie et l’homicide y sont condamnés, il ne faut pas laisser néanmoins de faire voir aux chrétiens, qu’elle fournit des principes d’où l’on tire sa condamnation par des conséquences qui sont justes et fort naturelles.
1. Passage. Tertullien rapporte ce verset du 1 Pseaume de David.
Heureux est celui qui n’est pas allé à l’assemblée des méchants, et qui ne s’est pas
arrêté dans la voie des pécheurs, d’où il tire cette conséquence, que celui là est donc
malheureux qui va à ces assemblées. « Infelix ergo qui in quodcumque concilium
imptorum abierit, et in quacunque via peccatorum steterit. »
« Tot illic Spiritus immundi, considunt, quot homines capit. »
Ce qu’il prouve par ce qui arriva de son temps à une femme qui était à la Comédie. Car
y ayant été possedée par le démon, et l’Exorciste lui ayant demandé, pourquoi il avait
été si hardi que d’entrer ainsi dans le corps d’une chrétienne ? Le démon répondit :
qu’il avait eu droit d’en user de la sorte ; puisqu’il l’avait trouvée dans un lieu qui
lui appartenait.« Justissime, siquidem in meo illum inveni. »
3. Passage. N’attristez point l’esprit saint de Dieu, dont vous avez été marqué comme d’un sceau, pour le jour de la rédemption. Or c’est l’attrister que de faire son plaisir d’un divertissement où Dieu est tant offensé, et auquel nous avons renoncé dans notre baptême.
4. Passage. Qu’on ne dise parmi vous aucunes impuretés ; qu’on n’y entende aucunes paroles déshonnêtes, folles et bouffonnes, qui ne conviennent point à la sainteté de votre vocation.
« Cur liceat audire, quæ loqui non licet ? Cur quæ ore prolata coinquinant hominem ; hæ per aures admissa non videantur hominem communicare ? »
5. Passage. N’aimez pas le monde ni ce qui est dans le monde. Or tout ce qui est dans le monde n’est que concupiscence de la chair, et des yeux, etc.
« de Spectaculis pronuntiatur, cum concupiscentia sæculi damnatur ».
L’Auteur de la Lettre n’a-t-il pas bonne grâce de nous venir dire : « Lisez et
relisez l’Ecriture, vous n’y trouverez pas de précepte formel et particulier contre la
Comédie. »
La Religion chrétienne a des principes fertiles, qui produisent une infinité de conséquences, soit pour les dispositions interieures, soit pour les devoirs exterieurs, et ces principes sont renfermés dans la sainte Ecriture, que Dieu nous recommande pour ce sujet de lire avec attention, Scrutamini Scripturas.
Passages tirés des Conciles.
Les Pères de l’Eglise, qui supposent que les Séculiers, sont suffisamment occupés durant toute la semaine, chacun dans les exercices particuliers de sa vacation, se sont toujours contentés dans les Conciles de leur défendre seulement d’aller à la Comédie aux saints jours des Dimanches et des fêtes.
celui de Tours tenu en 1583. défend sous peine d’excommunication de représenter en ces
jours aucunes comédies farces et autres semblables spectacles, opposés à la sainteté de
la Religion « Comedias, ludos scenicos, et Theatrales et alia hujus generis
irreligiosa Spectacula sub anathematis pæna prohibet sancta Synodus. »
Ce Concile rendant ensuite raison de son Ordonnance, dit : Qu’il est absurde que des chrétiens attirés par les plaisirs vains et trompeurs que le diable leur présente, soient empêchés d’assister au Service Divin ; et soient détournés de la prière, et de la prédication aux jours qui sont particulièrement destinés à se rendre Dieu propice.
Comme les Ecclésiastiques doivent instruire les peuples de leurs devoirs, et leur servir▶ d’exemple en toutes choses ; c’est à eux que les Conciles s’adressent le plus souvent. C’est pourquoi nous voyons qu’ils leur ont tout à fait défendu les comédies, les bals et les danses.
Je ne m’arrêterai qu’à un de ceux qui ont été tenus à Paris, voici comme il parle au c. 38.
Il n’est pas bien séant, et il ne faut pas que les yeux des Prêtres du Seigneur soient
souillés par de semblables spectacles, et que leurs esprits s’évaporent et se laissent
aller aux bouffonneries quelles qu’elles soient, ou aux paroles déshonnêtes qui s’y
disent. « Non decet aut fas est oculos Sacerdotum Domini hujusmodi Spectaculis
fœdari aut mentem quibus libet scurilitatibus aut turpiloqiis ad inania rapi.
»
Le Concile de Bordeaux tenu en 1582. et celui de Tours tenu en 1583. font les mêmes défenses, et se ◀servent presque des mêmes paroles.
celui de Tours s’adressant aux Bénéficiers dit : Qu’ils doivent particulièrement
s’éloigner des divertissements profanes des gens du monde, et éviter les pompes et les
spectacles publics. « A mundi voluptatibus secedere, pompas et spectacula publica
vitare. »