XXXIV. Conséquences de la doctrine précédente.
Par tous ces principes des saints pères, sans examiner le degré de mal qu’il y a dans la
comédie, ce qui dépend des circonstances particulières, on voit qu’il la faut ranger parmi
les choses les plus dangereuses ; et en particulier on peut juger si les pères ou les
saints docteurs qui les ont suivis, et Saint Thomas comme les autres, avec
les règles sévères qu’on vient d’entendre de leur bouche, auraient pu
souffrir les bouffonneries de nos théâtres, ni qu’un chrétien y fît le ridicule personnage
de plaisant. Aussi ne peut-on pas croire qu’il se trouve jamais un homme sage qui
n’accorde facilement, du moins qu’être bouffon de profession, ne convient pas à un homme
grave, tel qu’est sans doute un disciple de Jésus-Christ. Mais dès que vous aurez fait ce
pas, Saint Chrysostome retombera sur vous avec une étrange force, en vous disant : C’est
pour vous qu’un chrétien se fait bouffon : c’est pour vous qu’il renonce à la dignité du
nom qu’il porte:
« ôtez les auditeurs, vous ôterez les acteurs: s’il est si beau
« d’être plaisant sur un théâtre, que n’ouvrez-vous cette porte aux gens libres ? »Nous dirions maintenant aux honnêtes gens, Quelle beauté dans un art où l’on ne peut exceller sans honte ? Et le reste.
Saint Thomas, comme on a vu, marche sur ses pas ; et s’il a un peu plus suivi les idées, ou si vous voulez, les locutions d’Aristote ; dans le fond il ne s’est éloigné en rien de la régularité des Saints Pères.