(1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXIV. Conséquences de la doctrine précédente. » pp. 136-137
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(1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXIV. Conséquences de la doctrine précédente. » pp. 136-137

XXXIV. Conséquences de la doctrine précédente.

Par tous ces principes des saints pères, sans examiner le degré de mal qu’il y a dans la comédie, ce qui dépend des circonstances particulières, on voit qu’il la faut ranger parmi les choses les plus dangereuses ; et en particulier on peut juger si les pères ou les saints docteurs qui les ont suivis, et Saint Thomas comme les autres, avec les règles sévères qu’on vient d’entendre de leur bouche, auraient pu souffrir les bouffonneries de nos théâtres, ni qu’un chrétien y fît le ridicule personnage de plaisant. Aussi ne peut-on pas croire qu’il se trouve jamais un homme sage qui n’accorde facilement, du moins qu’être bouffon de profession, ne convient pas à un homme grave, tel qu’est sans doute un disciple de Jésus-Christ. Mais dès que vous aurez fait ce pas, Saint Chrysostome retombera sur vous avec une étrange force, en vous disant : C’est pour vous qu’un chrétien se fait bouffon : c’est pour vous qu’il renonce à la dignité du nom qu’il porte: « ôtez les auditeurs, vous ôterez les acteurs : s’il est si beau « d’être plaisant sur un théâtre, que n’ouvrez-vous cette porte aux gens libres ? » Nous dirions maintenant aux honnêtes gens, Quelle beauté dans un art où l’on ne peut exceller sans honte ? Et le reste.

Saint Thomas, comme on a vu, marche sur ses pas ; et s’il a un peu plus suivi les idées, ou si vous voulez, les locutions d’Aristote ; dans le fond il ne s’est éloigné en rien de la régularité des Saints Pères.