X. Différence des périls qu’on cherche et de ceux qu’on ne peut éviter.
Il compare les dangers où l’on se met dans les comédies, à ceux qu’on ne peut éviter
« qu’en fuyant, dit-il, dans les déserts. On ne peut, continue-t-il, faire un pas, lire un livre, entrer dans une Eglise, enfin vivre dans le monde, sans rencontrer mille choses capables d’exciter les passions. »Sans doute, la conséquence est fort bonne : tout est plein d’inévitables dangers ; donc il en faut augmenter le nombre. Toutes les créatures sont un piège et une tentation à l’homme; donc il est permis d’inventer de nouvelles tentations et de nouveaux pièges pour prendre les âmes. Il y a de mauvaises conversations, qu’on ne peut, comme dit saint Paul,
« éviter sans sortir du monde »: il n’y a donc point de péché de chercher volontairement de mauvaises conversations, et cet Apôtre se sera trompé en nous faisant craindre
« que les mauvais entretiens ne corrompent les bonnes mœurs ? ».Voilà votre conséquence. Tous les objets qui se présentent à nos yeux peuvent exciter nos passions : donc on peut se préparer des objets exquis et recherchés avec soin, pour les exciter et les rendre plus agréables en les déguisant : on peut conseiller de tels périls ; et les comédies qui en sont d’autant plus remplies qu’elles sont mieux composées et mieux jouées, ne doivent pas être mises
« parmi ces mauvais entretiens, par lesquels les bonnes mœurs sont corrompues ». Dites plutôt, qui que vous soyez : il y a tant dans le monde d’inévitables périls ; donc il ne les faut pas multiplier. Dieu nous aide dans les tentations qui nous arrivent par nécessité ; mais il abandonne aisément ceux qui les recherchent par choix :
« et celui qui aime le péril », il ne dit pas, celui qui y est par nécessité, mais :
« celui qui l’aime »et qui le cherche,
« y périra ».