(1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VII. Paroles de l’auteur et l’avantage qu’il tire des confessions.  » pp. 28-29
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(1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VII. Paroles de l’auteur et l’avantage qu’il tire des confessions.  » pp. 28-29

VII. Paroles de l’auteur et l’avantage qu’il tire des confessions.

L’endroit le plus dangereux de la dissertation est celui où l’auteur tâche de prouver l’innocence du théâtre par expérience. « Il y a, dit-il, trois moyens aisés de savoir ce qui se passe dans la comédie, et je vous avoue que je me suis servi de tous les trois. Le premier est de s’en informer des personnes de poids et de probité, lesquelles avec l’horreur qu’elles ont du péché, ne laissent pas d’assister à ces sortes de spectacles. Le second moyen est encore plus sûr ; c’est de juger par les confessions des fidèles du mauvais effet que produisent les comédies dans leur cœur : car il n’est point de plus grande accusation que celle qui vient de la bouche même du coupable. Le troisième enfin est la lecture des comédies qui ne nous est pas défendue comme en pourrait être la représentation : et je proteste que par aucun de ces chefs je n’ai pu trouver dans la comédie la moindre apparence des excès que les Saints Pères y condamnent avec tant de raison ». Voici un homme qui nous appelle à l’expérience, et non seulement à la sienne, mais à celle des plus gens de bien et de presque tout le public. « Mille gens, dit-il, d’une éminente vertu et d’une conscience fort délicate, pour ne pas dire scrupuleuse, ont été obligés de m’avouer qu’à heure qu’il est, la comédie est si épurée sur le théâtre français, qu’il n’y a rien que l’oreille la plus chaste ne pût entendre. »