A Mlle de Guise
Stances.
Amour ce petit folâtre
Se venait un jour ébattre
Sur ce teint délicieux,
D’œillets, de lys, et de roses
Où mille grâces écloses
Luy firent trouver les Cieux.
Superbe ses traits il lance,
Vous d’invincible puissance
L’emprisonnez en vos yeux :
Il dit, là je me demande,
D’en haut la force est plus grande,
Je ne pouvais être mieux.
Là il aiguise ses flèches,
Scintille mille flammèches,
Rend mille cœurs abattus :
Là il montre que ses armes
Prennent forces dans les charmes
De vos célestes vertus.
Lors les Muses désireuses,
De vos grâces amoureuses,
Se logèrent dans le cœur :
Python où l’œillet respire
L’honneur, du front tient l’Empire
Comme un glorieux vainqueur.
Or dites-moi ma Princesse,
Non, mais humaine Déesse,
Qui se pourra désormais
Garantir, bien qu’il s’efforce
Contre la puissante force
Qui ne vous laisse jamais.
Minerve tient la pensée
La vertu l’âme enlasséeb,
Les amours rient en l’œil,
La troupe divine ensemble
En ce bel esprit assemble
Les clartés de ce Soleil.
Puisque tout vous favorise
Nous ferons une entreprise,
De vous vaincre sans danger :
C’est que dedans une année
Un bienheureux Hyménée
Vous prendra pour nous venger.
Stances sur la Main De Mlle de Guise.
Divine main, perle d’élite,
Belle dont le rare mérite
Sert aux cœurs de douce▶ prison ;
Si l’œil qui te voit ne s’engage,
C’est l’âme qui faut de courage,
Ou l’Esprit manque de raison.
Main qui triomphe de la gloire,
Geolière qui tiens la victoire
Dessus toutes les libertés :
Si dans cette prison enclose
Il faut désirer quelque chose,
C’est des yeux pour voir tes beautés.
Belle sans art, ton artifice
Est aussi grand que la malice
De ce Dieu, qui par les attraits
De tes yeux met tout en désordre :
Car rangeant tes cheveux en ordre,
Tu fournis de corde et de traits.
Unique bien que tout respire
L’esprit captif sous ton Empire,
Chérit l’honneur de son tourment,
Mourir enlacé de tes chaines
C’est vivre au vrai contentement.
Je n’aurai donc jamais envie
De cette liberté ravie,
Serait envier son plaisir :
S’il est permis que je regrette,
C’est la perte n’en fût faite,
Si tôt que j’en eus le désir.
Mignarde main, mon ciel, ma flamme
Soleil de glace qui enflamme
Les Héros, les Princes, les Cieux :
Si le chaste feu de Cyprine
N’a jamais atteint ta poitrine,
Pourquoi donc s’embrasent les Dieux ?
Ce feu saint, l’honneur des Vestales,
Echauffe les âmes Royales,
Des vertus qui la font aimer :
Et comme la lampe divine,
Qui brillant, éclaire, illumine
Elle reluit sans consommer.