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2. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope ameine à son Maistre un homme niais, et sans soucy. Chapitre XVI. »

Apres ces choses, « ma femme (dit-il tout haut) mets de l’eau dans un bassin, et en lave les pieds de nôtre hoste ». […] La femme de Xanthus fist donc le commandement de son Mary, et mit de l’eau dans un bassin, pour laver les pieds de son hoste. […] Comme il eût donc estendu ses pieds, elle luy dit qu’il se lavât, ce qu’il fit incontinent, puis il s’alla mettre à table, où il ne fut pas plutost assis, que Xanthus commanda, qu’on donnât à boire à son hoste : Luy cependant se mit à raisonner de cette sorte. « Certes, il leur appartient bien d’étre servis les premiers, mais puis qu’ils le veulent ainsi, qu’ay-je affaire de m’en donner de la peine ?  […] A la fin, lon n’eust pas si tost mis le gasteau sur la table, que ce Vilain hoste, le tournant de tous costez, commença d’en manger, comme si ç’eust esté du pain, et comme s’il n’en eust jamais gousté de semblable. […] Là dessus, il fist derechef signe à sa femme de luy obeyr, à cause d’Esope, et commanda en mesme temps, qu’on luy apportast des fagots, ausquels il mit le feu, et tira sa femme auprés, avec apparence de l’y vouloir jetter.

3. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — II. Le Pot de terre et le Pot de fer. » p. 378

Nous vous mettrons à couvert, Repartit le Pot de fer. […] Pot de fer son camarade Se met droit à ses côtez. […] Le pot de terre en souffre : il n’eut pas fait cent pas Que par son compagnon il fut mis en éclats, Sans qu’il eût lieu de se plaindre.

4. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope découvre le derriere de sa Maistresse. Chapitre XX. »

Mais comme il voulut mettre toutes ses provisions dans la salle, ayant trouvé sa Maistresse sur le lict, où elle s’estoit mise pour reposer, « Madame », luy dit-il, « si cela ne vous importune, vous prendrez garde, s’il vous plaist, que les chiens ne mangent ces viandes, tandis que je m’en retourneray à la Cuisine, pour y donner ordre au reste ». « Va t’en où tu voudras », luy respondit-elle, « et n’aye peur que la viande ne soit bien gardée ; car mon derriere a des yeux ». Esope ayant donc appresté tous les autres mets, les apporta en la mesme salle, où il trouva que sa Maistresse dormoit, les fesses tournées devers la table. […] » « Seigneur », respondit Esope, « quand j’ay mis les viandes sur la table, j’ay prié Madame, de prendre garde que les chiens ne les mangeassent, et elle m’a fait response que ses fesses avoient des yeux, à cause dequoy la trouvant endormie, je les luy ay découvertes ». « Infame Boufon », dit Xanthus, « tu peux bien remercier mes amis : car n’estoit le respect que je leur porte, et que je les ay conviez, je te punirois si bien, que tu n’aurois pas sujet de t’en mocquer ».

5. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Du thresor trouvé par Esope, et de l’ingratitude de Xanthus. Chapitre XXII. »

Une autrefois Xanthus ayant Esope à sa suite, s’en alla dans un certain Cimetiere, où il se mit à lire sur les tombeaux quelques Epigrammes, à quoy il prit un plaisir extrême. […] A. gravées sur un tombeau se mit à les monstrer à Xanthus ; et luy demanda s’il en sçavoit l’explication ? […] Esope se mit alors à foüiller prés d’une motte de terre, esloignée de luy d’environ quatre pas, et y trouva le thresor, dont il estoit question : S’estant mis en mesme temps en devoir de le donner à Xanthus : « Tiens », luy dit-il, « voila dequoy : il ne reste plus, sinon que tu me tiennes promesse ». « Je ne suis pas si fol de le faire », respondit Xanthus, « si premierement tu ne m’expliques ces lettres, car ce me sera une chose plus precieuse de les entendre, que de posseder tout l’or, que tu sçaurois jamais trouver ». « A cela ne tienne », reprit Esope ; « Sçache donc, que celuy qui cacha ce thresor dans la terre, comme sçavant qu’il estoit, s’avisa d’y faire graver ces lettres, qui joinctes ensemble, forment un sens qui est tel. […] Ce qui signifie, Partagez entre vous le thresor, que vous avez trouvé en vous en allant ». « Puis que cela est », conclud Xanthus, « retournons doncques à la maison, afin que chacun de nous prenne part à cette bonne fortune, et que tu sois mis en liberté ». Cela dit, ils prirent le chemin du logis, où ils furent à peine arrivez, que Xanthus voulut faire mettre Esope en prison, de peur qu’il eust, que son babil ne luy fit violer le secret.

6. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope se justifie devant son Maistre, et luy fait voir qui avoit mangé les figues. Chapitre III. »

Le Maistre d’Esope le croyant inhabile aux affaires domestiques, s’advisa de l’envoyer travailler aux champs, où il ne fust pas plustost arrivé, qu’il mit tout de bon la main à l’œuvre Cependant, comme il eust pris fantaisie à son Maistre de s’en aller en sa Mestairie, pour y voir le travail de son nouveau serviteur, il arriva qu’un certain Laboureur luy fist present de belles et grosses figues. […] Ces choses ainsi concluës, ils se mirent à manger les figues : Et à chaque morceau qu’ils en faisoient ; « malheur sur toy », disoient-ils, « miserable Esope ». […] Mais apres qu’on luy eust respondu qu’Esope les avoit mangées, il se mit fort en colere, et commanda qu’on l’appellast. […] Cela dit, il courut prendre de l’eau tiede, qu’il beut devant tous : puis s’estant mis les doigts dans la bouche, pour se faire vomir, il ne rendit seulement que l’eau, pource qu’il n’avoit rien mangé tout ce jour là. […] Ce qu’en effect les galands avoient bien resolu de faire, et non pas de mettre tout de bon leurs doigts dans la bouche, mais de les tourner seulement ça et là, tout à l’entour des machoires : Ce que toutes-fois il ne fut pas besoin qu’ils fissent.

7. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Ennus est adopté par Esope, qui en reçoit une grande injure. Chapitre XXVI. »

Mais un peu apres il arriva qu’Ennus eust affaire à la Maistresse d’Esope, qui sçachant cela, le voulut mettre bien viste hors de sa maison. Alors Ennus s’abandonnant à une hayne secrette, se mit à contrefaire une lettre, par laquelle il donnoit à entendre au nom d’Esope, qu’il n’estoit pas si content d’adherer au Roy Lycerus, qu’à ceux là mesmes qui luy envoyoient des problemes. […] Mais il arriva de bonne fortune, qu’Hermippus, qui lui avoit toujours esté ami, témoigna qu’il l’estoit encore à ce besoin, car au lieu de le mettre à mort, il le tint si bien caché dans un tombeau, où il le nourrit secrettement, que nul ne s’en apperçeut. […] Le Roy le voyant en si piteux estat, en fut si touché de compassion, qu’il en respandit des larmes, et commanda qu’on eust à le mettre dans le bain, et à l’équipper d’une autre façon. […] En suite de tout cecy, Lycerus donna la lettre de Nectenabo au subtil Esope, qui ne l’eust pas plûtost leuë, que sçachant par quel moyen il falloit resoudre ceste question, il se mit à rire, et fist rescrire à Nectenabo, qu’incontinent que l’Hyver seroit passé, on luy envoyeroit des Ouvriers, qui luy bastiroient sa Tour, et un homme qui respondroit à toutes ses questions.

8. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 24 » p. 11

Un pêcheur, habile à jouer de la flûte, prenant avec lui ses flûtes et ses filets, se rendit à la mer, et, se postant sur un rocher en saillie, il se mit d’abord à jouer, pensant que les poissons, attirés par la douceur de ses accords allaient d’eux-mêmes sauter hors de l’eau pour venir à lui. Mais comme, en dépit de longs efforts, il n’en était pas plus avancé, il mit de côté ses flûtes, prit son épervier, et, le jetant à l’eau, attrapa beaucoup de poissons. Il les sortit du filet et les jeta sur le rivage ; et, comme il les voyait frétiller, il s’écria : « Maudites bêtes, quand je jouais de la flûte, vous ne dansiez pas ; à présent que j’ai fini, vous vous mettez en branle. » Cette fable s’applique à ceux qui agissent à contretemps.

9. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — XVI. Le Serpent et la Lime. » p. 93

On conte qu’un serpent voisin d’un Horloger, (C’estoit pour l’Horloger un mauvais voisinage) Entra dans sa boutique, et cherchant à manger N’y rencontra pour tout potage Qu’une Lime d’acier qu’il se mit à ronger. Cette Lime luy dit, sans se mettre en colere, Pauvre ignorant !

10. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — VII. La Lice et sa Compagne. » p. 480

Une Lice estant sur son terme, Et ne sçachant où mettre un fardeau si pressant, Fait si bien qu’à la fin sa Compagne consent, De luy prêter sa hute, où la Lice s’enferme. […] La Lice cette fois montre les dents, et dit : Je suis prête à sortir avec toute ma bande, Si vous pouvez nous mettre hors.

11. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — La mort d’Esope. Chapitre XXX. »

L’Escarbot se mit alors à prier l’Aigle, de ne point tuër le pauvre suppliant, et la conjura par le grand Dieu Jupiter de ne dédaigner sa petitesse : Mais l’Aigle irritée donna un coup d’aisle à l’Escarbot, puis il mit le Liévre en pieces, et le mangea. […] Voyant donc qu’il ne les pouvoit fléchir en façon quelconque, il se mit à leur faire cét autre conte. « Hommes cruels et meurtriers », reprit-il, « donnez-vous la patience d’écouter ce que j’ay encore à vous dire. […] Ces gens attellerent incontinent des asnes à un chariot, sur lequel ils mirent le pauvre Vieillard, et le laisserent aller tout seul. […] Jupiter”, disoit-il, “en quoy t’ay-je offensé, pour estre si miserablement mis à mort, non par des chevaux courageux, ny par de bons et fors mulets, mais par de malheureux asnes ?” […] Quelque temps apres, la contagion s’estant mise parmy eux, ils consulterent l’Oracle, qui leur respondit qu’il falloit expier la mort d’Esope.

12. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — XII. Le Cigne et le Cuisinier. » p. 399


Un jour le Cuisinier ayant trop bû d’un coup,
 Prit pour Oison le Cigne ; et le tenant au cou,
 Il alloit l’égorger, puis le mettre en potage.
 […] je mettrois, dit-il, un tel chanteur en soupe ?


13. (1180) Fables « Marie de France, n° 49. Le forgeron et la cognée » p. 

Tut autresi est des mauvais, des tresfeluns e des engrés : quant uns produm les met avant e par lui sunt riche e manant, s’il [se] surpüent* meuz de lui, tuz jurs li frunt hunte e ennui ; a celui funt il tut le pis ki [plus] al desus les ad mis.

14. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Du Pays, et de la condition d’Esope. Chapitre J . »

Je sçay qu’il s’est trouvé plusieurs grands hommes, de qui la plume excellente s’est employée à nous mettre par écrit l’estat des choses du monde, et leurs naturelles revolutions, affin d’en pouvoir laisser quelque memoire à la posterité. […] Doncques cét excellent homme, qui durant sa vie se proposa dans l’esprit l’image d’une Republique de Philosophes, et qui ne mit pas tant la Philosophie dans les paroles, que dans les actions, fut de condition servile, et natif d’Ammorion, ville de Phrygie, que l’on surnommoit la grande. […] Elle ne pût toutesfois ny corrompre la liberté de son esprit, ny le mettre hors de son assiette, quoy qu’elle transportast son corps en plusieurs lieux, et en diverses affaires.

15. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 64 » p. 38

Or un loup affamé, qui cherchait pâture, ayant rencontré la charrue, se mit tout d’abord à lécher les côtés intérieurs du joug, puis peu à peu, sans s’en apercevoir, il descendit son cou dedans, et, ne pouvant l’en dégager, il traîna la charrue dans le sillon. […] si seulement tu renonçais aux rapines et au brigandage pour te mettre au travail de la terre ! 

16. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 344 » p. 375

Le vent, s’étant mis à souffler, lui enleva ses faux cheveux, et les témoins de sa mésaventure se mirent à rire aux éclats.

17. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — XIX. Le Lion et l’Asne chassant. » p. 151

Le Roy des animaux se mit un jour en teste De giboyer. […] L’Asne s’il eût osé se fût mis en colere, Encor qu’on le raillast avec juste raison : Car qui pourroit souffrir un Asne fanfaron ?

18. (1180) Fables « Marie de France, n° 56. Le paysan et le choucas » p. 

De cordewan prist une pel, si l’ad mise suz sun mantel ; l’un des chés leise dehors pendre, que li juges deüst entendre qu’il li aporte pur luier, que de sun pleit li deive aider. […] Pur ceo ne deit prince ne reis ses cumandementz ne ses leis a coveitus mettre en bailie ; kar sa dreiture en ert perie.

19. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 2 » p. 99

Un homme, ayant fabriqué un Hermès de bois, l’apporta au marché et le mit en vente. Aucun acheteur ne se présentant, il se mit en tête d’en attirer en criant qu’il vendait un dieu pourvoyeur de biens et de profits.

20. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — XVIII. Le Renard et la Cicogne. » p. 426

Compere le Renard se mit un jour en frais,
 Et retint à disner commere la Cicogne.
 […] Il se rejoüissoit à l’odeur de la viande
 Mise en menus morceaux, et qu’il croyoit friande.


21. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — XIX. L’Enfant et le Maistre d’Ecole. » p. 211

Voyez, dit-il, où l’a mis sa sotise !
 […] 
Ayant tout dit, il mit l’enfant à bord.


22. (1180) Fables « Marie de France — Prologue. Prologue »

Marie de France — Prologue Prologue Cil ki seivent de lettr[e]ure, devreint bien mettre [lur] cure es bons livres e [es] escriz e as [es]samples e as diz ke li philosophe troverent e escristrent e remembrerent : Par moralité escriveient les bons pruverbes qu’il oieient, que cil amender se peüssent ki lur entente en bien eüssent ; ceo firent li ancïen pere. […] A mei, ki dei la rime faire, n’avenist nïent a retraire plusurs paroles que i sunt ; mes nepuruc cil me sumunt, ki flurs est de chevalerie, d’enseignement, de curteisie ; et quant tel hum me ad requise, ne voil lesser en nule guise que n’i mette travail e peine, ki que m’en tienge pur vileine, de fere mut pur sa preere ; si commencerai la premere des fables ke Esopus escrist, que a sun mestre manda e dist.

23. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — De la response qu’Esope fist à un Juge. Chapitre XVII. »

L’on se mit incontinent en estat, de le faire ; Et comme on l’y traisnoit, « ô Preteur », s’écria-t’il, « ne vois-tu point que je t’ay bien respondu, puis qu’asseurément je ne pensois pas aller où je vay, et que ta rencontre est cause de mon emprisonnement ?  […] A quoy prenant garde un certain, qui s’en alloit aux estuves, il osta la pierre, et la mit ailleurs. […] J’ay remarqué en mesme temps qu’il est survenu un certain homme, qui plus advisé que les autres, pour s’empescher d’y heurter contre, comme eux, l’a ostée de sa place, et l’a mise ailleurs, Pour ceste seule raison, j’ay dit que je n’avois veu qu’un homme aux estuves, comme faisant plus d’estat de celuy-cy, que de tous les autres ensemble ».

24. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLIII. Des Loups, et de la Brebis. »

Mais pendant que les Brebis estoient en repos, et qu’elles paissoient à leur aise, il se fist une émotion du costé des Louveteaux, qui se mirent à hurler bien fort, et à demander leurs meres. Les Loups sortirent incontinent, et sous pretexte qu’on leur avoit faussé la foy, et rompu la treve, ils se jetterent sur les pauvres Brebis, qu’ils mirent en pieces bien aisément, pource qu’elles n’avoient plus leur garde ordinaire. […] D’ailleurs, comment pouvons-nous étre asseurez qu’il a mis en oubly toute sa hayne, puis qu’il y en a plusieurs qui la perpetuënt jusqu’au tombeau ?

25. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 19 » p. 8

La terre se mit à l’œuvre une première fois, et elle dégagea les montagnes ; puis elle avala la mer une deuxième fois et mit à nu les plaines ; si elle se décide à absorber l’eau une troisième fois, votre art deviendra sans usage. » Cette fable montre qu’à railler plus fin que soi, on s’attire imprudemment des répliques d’autant plus cuisantes.

26. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXIX. De la Fourmy, et de la Colombe. »

Alors une Colombe branchée fortuitement sur un arbre, qui panchoit sur l’eau, voyant la pauvre Fourmy en danger de mort, rompit incontinent avecque son bec un rameau de l’arbre, qu’elle laissa cheoir dans la fontaine ; et ainsi la Fourmy qui l’aborda, se preserva du danger d’estre noyée, et se mit en seureté. […] Je ne mets aucune difference entre l’Allegorie de cette Fable, et celle de la seiziesme.

27. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCI. Du Chameau. »

Il pria donc Jupiter de luy en donner ; mais luy se mit à rire de sa folie, et mesme luy accourcist les oreilles, apres s’estre mocqué de sa requeste incivile. […] Je me souviens que j’ay assez amplement prouvé ceste verité par l’exemple de tous les Conquerants, qui ont esté dépoüillez, ou de leurs Royaumes, ou de la vie, pour n’avoir voulu mettre des bornes à leur convoitise, et qui pour tout demander ont tout perdu.

28. (1180) Fables « Marie de France, n° 8. La chienne qui était sur le point de mettre bas » p. 480

Marie de France, n° 8 La chienne qui était sur le point de mettre bas De une lisee voil ore cunter que preste esteit de chaeler ; mes ne sot u estre peüst, ne u ses chaels aveir deüst. […] La force ert lur e la vigur : fors l’en unt mise en deshonur.

29. (1180) Fables « Marie de France, n° 94. Le paysan et son épouse querelleuse » p. 681

Mes tu iés si engresse e fole que avant veus mettre ta parole ; la meie veus fere remeindre, par engresté me vols ateindre. » Li vileins l’ad aval getee, si li ad la lange copee. […] Par cest essample veut mustrer — bien le peot hum suvent pruver – si fols parole une folie e autre vient que sens li die, ne l[’en] creit pas, einz s’en aïre ; la u il set que l’en est pire, veut sa mençunge mettre avant ; nul ne fereit de ceo taisant.

30. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 188 » pp. 132-132

Un chien de chasse, ayant aperçu un lion, s’était mis à sa poursuite. Mais le lion se retourna et se mit à rugir.

31. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope ne laisse entrer qu’un seul de tous ceux que son Maistre avoit conviez. Chapitre XXI. »

Ceste nouvelle mit grandement en peine Xanthus, pour-ce qu’il s’imagina d’abord, que ceux qu’il avoit invitez, se mocquoient de luy. Le lendemain ses disciples estans venus aux Escoles, se mirent à le blasmer de ce qui s’estoit passé. « Quoy ? nostre Maistre (luy dirent-ils) t’avons nous donné sujet de nous mespriser jusques à ce poinct, qu’il ait fallu, que pour nous empescher d’aller chez toy, tu ayes mis à la porte ce puant Esope, pour nous injurier, et nous appeller chiens ? 

32. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXIV. De l’Asne, et du Loup. »

L’Asne passant sur un buisson, se mit une espine au pied, et vid à mesme temps un Loup, à qui s’addressant ; « Helas ! […] Le Loup se mit incontinent à luy rendre ce bon office ; mais il eust à peine arraché l’espine, que l’Asne ne sentant plus de douleur, luy donna un si grand coup de son pied, qui estoit ferré, qu’il luy rompit le front, le museau, et les dents, puis il s’échappa bien viste. […] Bref, il n’y a celuy qui pour paroistre universel en la cognoissance des choses, ne mette effrontément sur le tapis des questions sur des matieres où il n’est aucunement versé, et où mesme, quand il auroit beaucoup d’estude, son naturel l’empescheroit de profiter.

33. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Subtile response d’Esope, touchant les superfluitez que la Nature rejette. Chapitre XVIII. »

» Esope voulant tout aussi tost satisfaire à ceste demande ; « Il y eust », dit-il, « autresfois un homme, qui vivant dans les delices, se plaisoit d’estre long-temps à la garde-robbe ; de sorte que pour s’y estre par trop assis, le malheur voulut pour luy, qu’il mit dehors ses entrailles. […] Une autre fois Xanthus s’estant mis à banqueter avecque des Philosophes, comme ils furent un peu avant dans le vin, diverses questions s’émeurent entr’eux touchant plusieurs choses ; ce qui donnoit des-jà bien à penser à Xanthus, qui ne sçavoit presque où il en estoit. […] Cela estant, vous devez tous, ce me semble, vous contenter, et ne toucher plus au reste, vous, dis-je, que le vin a mis en si belle humeur, pour en avoir assez beu ». […] La chose concluë, pour confirmation de ceste gajeure, ils mirent tous deux leurs anneaux, puis se retirerent. […] Apres cela mets ordre, qu’il y ait quantité de paille sur le rivage, et une table dressée exprés, avec des garçons qui se tiennent prests, pour te verser à boire l’eau de la Mer.

34. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXIII. De l’Enfantement des Montagnes. »

Au bruict qu’on fit courir autresfois, qu’une Montagne devoit enfanter, tout le Peuple y accourut et se mit à l’entour avecque frayeur, croyant desja qu’il en deust sortir quelque monstre horrible. […] Je doute au commencement de ce Discours, si je le dois rapporter aux promesses des Arrogants et des Presomptueux, ou taxer generallement l’Orgueil et la Vanité des hommes, qui cherchent à se rendre immortels par des Bastiments, qui mettent sur pied des Armées, qui dévorent les Provinces entieres des yeux et du desir, et au partir de là, leur Ambition n’aboutit qu’à un peu de fumée. C’est bien la commune interpretation de ceste Fable, de l’appliquer aux grands Prometteurs, qui ne respondent pas aux esperances qu’ils font naistre, ou aux Fanfarons, qui ne mettent point en effect la centiesme partie de leurs menaces ; mais qui tremblent à la veuë du peril, apres l’avoir méprisé dans leurs Maisons. […] Tel encore fut le destour de l’Euphrate par Semiramis, qui ne fut achevé de personne ; Et telle la grande Pyramide d’Egypte, où nul n’a sçeu mettre la derniere main. […] Ce sera, sans doute, celuy qui par un excés d’Ambition met dix-huict cents mille hommes sur pied, et n’aboutit qu’à la desfaicte de son Armée, tandis que ce Philosophe se rit de la vanité de ce Temeraire, et qu’il condamne sa presomption, jugeant fort à propos avec Esope, que c’est la grossesse d’une Montagne, qui n’accouche que d’une Souris.

35. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 253 » p. 262

Un jour les arbres se mirent en devoir d’élire un roi pour les commander, et ils dirent à l’olivier : « Règne sur nous. » Et l’olivier leur répondit : « Moi, que je renonce à la grasse liqueur si appréciée en moi par Dieu et par les hommes, pour aller régner sur les arbres !  […] » Et les arbres dirent à l’épine : « Viens régner sur nous. » Et l’épine répondit aux arbres : « Si vraiment vous m’oignez pour régner sur vous, venez vous mettre à l’abri sous moi ; sinon, qu’il sorte du feu de l’épine, et qu’il dévore les cèdres du Liban ! 

36. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 267 » pp. 182-182

Un homme, ayant mis une statue de dieu sur le dos d’un âne, le conduisait à la ville. Comme les passants se prosternaient devant la statue, l’âne, s’imaginant que c’était lui qu’on adorait, ne se tint plus d’orgueil ; il se mit à braire et il refusa d’avancer.

37. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — VIII. Le Cheval et le Loup. » p. 187

Un Loup, dis-je, au sortir des rigueurs de l’Hyver, Apperceut un Cheval qu’on avoit mis au vert. […] L’autre qui s’en doutoit, luy lâche une ruade, Qui vous luy met en marmelade Les mendibules et les dents.

38. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — XII. Tribut envoyé par les Animaux à Alexandre. » p. 339

La Renommée ayant dit en cent lieux, Qu’un fils de Jupiter, un certain Alexandre, Ne voulant rien laisser de libre sous les Cieux, Commandoit que sans plus attendre, Tout peuple à ses pieds s’allast rendre ; Quadrupedes, Humains, Elephans, Vermisseaux, La Republique des Oiseaux : La Deesse aux cent bouches, dis-je, Ayant mis par tout la terreur En publiant l’Edit du nouvel Empereur ; Les Animaux, et toute espece lige De son seul appetit, creurent que cette fois Il falloit subir d’autres loix. […] Pour l’hommage et pour la maniere, Le Singe en fut chargé : l’on luy mit par écrit Ce que l’on vouloit qui fust dit. […] Tous quatre en chemin ils se mirent Avec le Singe Ambassadeur nouveau.

39. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — La vente d’Esope. Chapitre V. »

Zenas (c’estoit le nom de celuy qui avoit la charge de la Mestairie) estant allé voir si les manœuvres s’acquittoient bien de leur travail, en apperçeut un entre les autres qui ne s’y portoit pas si ardemment qu’il eust voulu, ce qui fut cause, qu’il se mit à le frapper pour une legere faute. […] Je suis donc d’advis de le prevenir, et de l’accuser envers mon Maistre, avant que luy-mesme m’accuse, et qu’ainsi je ne sois mis hors de charge ». […] Il se mit donc en chemin, et son Esclave apres luy ; Et ne fût pas plustost arrivé en sa maison, que deux enfants qui estoient à la mammelle voyant Esope, en eurent peur aussi-tost, et se mirent à crier. […] A ces mots le marchand luy commanda de salüer ses compagnons, et d’entrer plus avant dans le logis ; mais comme il se fût mis en estat de le faire : « Vrayment », dirent ils entr’eux, « c’est un grand malheur à nostre Maistre, d’avoir achepté un valet si monstrueux, et si difforme que celuy-cy, et il semble proprement qu’il ne l’ait pris que pour servir de mal-encontre et de sortilege dans sa maison ».

40. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 119 » pp. 109-109

Zeus, ayant façonné l’homme, mit aussitôt en lui les diverses inclinations ; mais il oublia d’y mettre la pudeur.

41. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 273 » p. 263

Mais, quand ils eurent fait un peu de chemin, l’ânier s’apercevant que l’âne n’en pouvait plus, lui ôta une partie de sa charge et la mit et la mit sur le mulet.

42. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — IX. Le Lion et le Moucheron. » p. 255

Dans l’abord il se met au large ; Puis prend son temps, fond sur le cou Du Lion qu’il rend presque fou. […] L’invisible ennemy triomphe, et rit de voir Qu’il n’est griffe ny dent en la beste irritée, Qui de la mettre en sang ne fasse son devoir.

43. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — D’un fardeau, dont Esope se chargea. Chapitre VI. »

Esope se mit alors à les prier de luy donner le moins pesant, comme à celuy qui pour n’avoir esté vendu que depuis peu, n’étoit pas encore bien accoustumé à tels services. […] Ce qui n’empescha pas que pour luy complaire, ils ne luy missent la corbeille sur les espaules. […] De ceste mesme façon, comme le soir fût venu, il fit la distribution des pains au lieu où ils soupperent, de sorte que ne restant plus rien dans sa corbeille, il la chargea tout à son aise sur ses espaules, et se mit à marcher si viste, que devançant de bien loing ses compagnons, ils ne sçavoient qu’en penser, et mettoient en doute si celuy qu’ils voyoient devant eux estoit ce vilain Esope, ou bien quelque autre que luy.

44. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXIV. D’un vieil Chien, et de son Maistre. »

Son Maistre s’estant mis alors à le tancer aigrement, en adjoustant les coups aux menaces, le pauvre Chien luy répondit, qu’il meritoit bien qu’on luy pardonnast, puis qu’il estoit devenu vieil, et qu’en sa jeunesse il avoit esté aussi bon qu’un autre à la prise ; « Mais je voy bien que c’est », continua-t’il, « tu ne prens plaisir à rien, s’il n’y a du profit : Je ne m’étonne donc point si m’ayant aymé tant que j’ay chassé, tu me veux mal maintenant que je n’ay aucunes dents, et ne puis courir. […] Les miserables languissent sous la volonté d’autruy, sans que la leur soit jamais mise en exercice, et sans considerer qu’ils sont hommes. […] Je n’en veux point d’autre exemple que celuy de Themistocles, de Coriolanus, et de leurs semblables, qui apres des services immortels ont esté cruellement bannis, voire quelquesfois mis à mort par l’ingratitude de leurs Peuples.

45. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLI. Du Cerf, et du Chasseur. »

En mesme temps se sentant poursuivy des chiens, il se jetta dans une forest espaisse, où ses cornes se prirent aux branches d’un arbre, et ce fut alors, que se dédisant de son opinion, il se mit à loüer ses jambes, et à blasmer ses cornes, qui avoient esté cause de sa prise. […] Tu verras bien-tost à quel poinct sont empeschants ces grands Andoüillers dont tu te vantes, et par mesme moyen tu donneras une belle instruction aux hommes, de ne mettre leur avantage en la vaine monstre des grandeurs et des richesses, mais en la tranquilité de leur ame. […] Ne mettons donc point en compte, si nous sommes sages, nostre puissance, ny nostre bien, comme la vraye et parfaicte felicité, mais faisons la plûtost dépendre de l’innocence de la vie.

46. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCVI. Du Paon, et de la Gruë. »

Il est vray neantmoins qu’il s’en trouve plusieurs qui en sont un peu trop jaloux, c’est à dire, qui s’enflent de leurs bonnes qualitez, et ne jugent pas les autres dignes de leur estre mis en comparaison. Ces Médisants blâment les défauts d’autruy avec une langue qui ne sçait point espargner ; Comme au contraire, s’ils ont quelque chose de loüable en eux, ils le mettent à si haut prix, qu’il semble que tout le monde leur en doive beaucoup de reste, et qu’ils soient unicques en leur espece. […] Il ne faut donc pas que le Paon se targue de son beau plumage auprés de la Gruë, s’il ne veut qu’elle luy reproche sa pesanteur, et qu’au contraire elle mette en avant la haute maniere qu’elle a de voler jusques dans les nuës.

47. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — En quel temps Esope composa ses Fables. Chapitre XXV. »

Depuis ayant quitté l’Isle de Samos, il se mit à voyager en diverses contrées, où tout son plaisir estoit de disputer avecque les Philosophes. Comme il s’en alloit ainsi par le monde, il arriva en Babilone, et y donna de si belles preuves de son sçavoir, qu’il se mit en faveur auprés du Roy Lycerus, qui le fit un des plus grands de sa Cour.

48. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXV. Des Liévres craignans sans cause. »

La forest battuë des vents, faisoit plus de bruict que de coustume : ce qui fut cause que les Liévres espouvantez se mirent vistement à la fuïte. […] La sotte crainte des Liévres, qui s’alloient precipiter, pour se tirer de la peine où ils s’estoient mis, represente la foiblesse de ceux qui meurent de peur de mourir, et s’abandonnent à des maux certains, pour n’esviter que l’effect de leurs soupçons.

49. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — XX. L’Avare qui a perdu son tresor. » p. 225

Je demande à ces gens, de qui la passion Est d’entasser toûjours, mettre somme sur somme, Quel avantage ils ont que n’ait pas un autre homme ? […] Dites-moy donc de grace, Reprit l’autre, pourquoy vous vous affligez tant, Puisque vous ne touchiez jamais à cet argent : Mettez une pierre à la place, Elle vous vaudra tout autant.

50. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — XX. L’Ours et les deux Compagnons. » p. 65

S’offrant de la livrer au plus tard dans deux jours, Ils conviennent de prix, et se mettent en queste, Trouvent l’Ours qui s’avance, et vient vers eux au trot. […] Il m’a dit qu’il ne faut jamais Vendre la peau de l’Ours qu’on ne l’ait mis par terre.

51. (1180) Fables « Marie de France, n° 53. L’ermite » p. 664

Une grande gate demanda, sur une table l’adenta ; une suriz ot desuz mise. […] Ne voilez mes Adam blamer, si le fruit de l’arbre manga que nostre sire li devea : li deables li cunseilla, que par sa femme l’enginna e li pramist si grant honur que per sereit al Creatur. » Pur ceo ne deit nul encuper autrui fesance ne blamer ne mettre fame sur sun preme ; chescun reprenge sei me[is]mes.

52. (1180) Fables « Marie de France, n° 80. L’aigle, l’autour et la grue » p. 

Mes [il] ne lur volt pas atendre ; el crus d’un chesne s’esteit mis. […] Quant ele ot sa teste fors mise, purpensa sei que en nule guise ne volst el païs arester, ainz passera, ceo dist, la mer pur la hunte que ele aveit fete, que li sereit tuz jurz retrete.

53. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Le voyage d’Esope en Delphes. Chapitre XXIX. »

Pour cét effect ils s’adviserent de prendre un flacon d’or dans le fameux Temple d’Apollon, qui estoit en leur Ville, et de le mettre secrettement dans la male ou la valise d’Esope. […] Tout ce qu’il pût dire, pour prouver son innocence, ne les empescha point de foüiller par force dans ses males et ses valises, où trouvant la phiole d’or qu’on y avoit mise, ils la prirent et la monstrerent aux Citoyens, qui en firent un grand bruict. […] Mais au lieu de le delivrer, ils le mirent en prison, pour avoir, disoient-ils, commis un sacrilege bien manifeste ; et d’une commune voix ils le condamnerent à mourir. […] Mais tandis qu’ils en estoient à des promesses de mariage, voila qu’un larron ayant espié les Bœufs du Laboureur, se mit à les deslier, et les chassa devant soy.

54. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Xanthus fait un present d’Esope à sa femme. Chapitre VIII. »

Esope se mit donc à suivre Xanthus, comme il s’en alloit en sa maison. […] » « Quoy », adjoûta Xanthus, « cela te met-il si fort en peine ? […] Comme elle parloit ainsi, il survint une autre servante, qui le regardant fixement, « Il faut », s’ecria-telle « qu’avant que mettre le pied ceans, tu souffres qu’on te découppe le visage. […] Ces langages n’estonnerent point autrement Xanthus, qui se tournant vers Esope, se mit à le reprendre, de ce qu’en chemin le voyant pisser, il luy avoit dit de si bons mots pour rire, et que cependant, il demeuroit muet devant sa femme. […] Cela estant, Madame, vous qui estes mariée à un Philosophe, gardez-vous bien de vous faire servir par des valets, qui soient plus beaux et plus gentils qu’il ne faut, de peur de mettre en ombrage vostre Mary ».

55. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIX. De la femelle du Singe, et de ses deux Enfants. »

Certes, les femmes de Scythie, et les Meres Lacedemoniennes n’en usoient pas ainsi, bien que toutesfois cela ne les empeschât point de mettre au monde de fort vigoureux enfans, chez qui la santé florissoit, à l’égal de la Vertu. […] Peut-on pas dire le mesme de LOUYS LE JUSTE, son tres-digne Successeur, à present regnant ; Prince d’incomparable Vertu, et qui par des merveilles de Valeur et de Pieté, a mis à fin tant de hautes entreprises. […] Comment donc pourra t’on excuser ces mauvais parents, qui accoustument aux delicatesses les enfans qu’ils viennent de mettre au monde ? […] O qu’il eût bien mieux vallu pour telles femmes, d’avoir esté steriles, que de mettre au monde des Miserables abandonnez à toutes les delicatesses du corps, et à tous les débordements de l’ame ! […] Toutes les raisons mises cy-devant, et tournées au sens contraire, peuvent servir à ceste verité, à sçavoir, que la forte complexion fait les hommes genereux, et entreprenants ; que l’exercice rend le sang meilleur, que la sobrieté de l’enfance se confirme en l’aage avancé ; et bref, qu’une jeunesse qu’on ne flatte point est capable de toute Vertu.

56. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — De quelle façon Esope nourrit, et dressa quatre Poussins d’Aigle. Chapitre XXVIII. »

Esope amena donc aux quatre coings de la place, les quatre Aigles et les quatre jeunes garçons pendus aux corbeilles : puis leur ayant mis en main à chacun une truelle ou tel autre instrument de Masson, il commanda aux Aigles de s’envoler. Elles s’esleverent incontinent, et lors que ces Maistres ouvriers se virent bien haut, ils se mirent à crier ensemble ; « Donnez nous des pierres, donnez nous de la chaux, donnez nous du bois et tels autres materiaux propres à bastir ». […] Nectenabo fist à l’instant appeller Esope ; et s’estant mis à le tancer ; « D’où vient », luy dit-il, « que tu as ainsi fait battre un chat, que tu sçais estre un animal, que nous reverons comme un Dieu ? […] » Par ceste responce, il se mit si bien dans l’esprit du Roy, qu’il l’estima grandement pour son sçavoir, et pour sa prudence : de maniere qu’un peu apres, ayant fait venir de la ville d’Eliopolis un bon nombre d’hommes sçavants, fort versez aux questions Sophistiques, il se mit à les entretenir sur la suffisance d’Esope, et voulut que luy-mesme fust de la partie, en un festin où il les avoit invitez. […] En suitte de celuy-cy, un autre prenant la parole ; « Il y a », se mit-il à dire, « un grand Temple, dans lequel est un pilier contenant douze Villes chacune desquelles est soustenuë de trente poutres, que deux femmes environnent ».

57. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Partement d’Esope, et son arrivée en Lydie. Chapitre XXIV. »

Comme ils furent arrivez en Lydie, Esope se presenta devant le Roy, qui s’estant mis en colere ; « Voyez », dit il, « si ce n’est pas une chose estrange, qu’un si petit homme m’ait empesché de subjuguer une si grande Isle ?  […] Esope s’estant mis alors à parler, il le fist ainsi. « Puissant Monarque, je ne suis venu vers toy, ny par force, ny par contraincte, ny par necessité non plus ; mais de mon bon gré seulement.

58. (1180) Fables « Marie de France, n° 68. Le lion et le renard » p. 258

En Salerne fui vereiment, si vus unt li mire mandé, ki oïrent vostre enfermeté, que un lu seit escorcié tut vifs, si seit li sanc en la pel mis sur vostre piz desque a demain : de vostre mal vus rendra sain. » Le lu pernent, kë ileoc fu ; vif l’escorcent, tant l’unt tenu ; al lïun unt la pel bailé. […] « Tes guanz », fet il, « vei depescez Autre feiz seez chastïez que autre ne deiz par mal tenir, que sur tei deive revertir. » Tel purchace le mal d’autrui que cel meme revient sur lui, si cum li lus fist del gupil, qu’il voleit mettre en eissil.

59. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — D’un seul grain de lentille qu’Esope fit cuire en un Pot, et de quelques autres choses facetieuses. Chapitre X. »

Esope partit incontinent, et ne fût pas plustost arrivé en la maison, que faisant le commandement de son Maistre, il ne mit cuire qu’une lentille. […] » « Nenny », respondit Esope, « pource qu’il me seroit mal-seant de faire autre chose que ton commandement, Tu ne m’as point dit, mets de l’eau dans le bassin, lave mes pieds, apporte mes pantoufles, et ainsi du reste, si bien que je ne suis point à blâmer, ce me semble ». […] Mais Esope n’ayant vuidé dans les escuelles que l’eau toute pure, se mit à la distribuer à un chacun ; Dequoy Xanthus bien estonné, « Où est la lentille, luy demanda-t’il ? 

60. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — XVIII. Le Chat et un vieux Rat. » p. 79511

Toutes, dis-je, unanimement
 Se promettent de rire à son enterrement ;
 Mettent le nez à l’air, montrent un peu la teste ;
 Puis rentrent dans leurs nids à rats ;
 Puis ressortant font quatre pas ;
 Puis enfin se mettent en queste.


61. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE J. Du Coq, et de la pierre precieuse. »

Encore que la pluspart des choses nous devienne precieuse par l’opinion, et que nous desirions ardamment la possession d’un bien, plustost que d’un autre, pour estre plus sortable à nostre inclination, ou, possible, plus rare, et plus difficile à rencontrer : si est-ce qu’en chaque sujet il ne laisse pas d’y avoir un prix veritable ; que nous y mettons, ou selon l’excellence de la chose, ou selon la necessité que nous avons de nous l’acquerir. […] L’on peut dire le mesme des qualitez intellectuelles, et des vertus, excepté seulement qu’elles ne sont pas sujettes à un trafiq mercenaire, comme le reste, mais elles ont un prix indefiny, et qui n’est mesurable, que par le temps, qu’on met à les acquerir, ou par l’estime et l’admiration qu’on a pour elles. […] Quant au Coq, je pense qu’il est pris pour l’homme voluptueux, qui met tout dans l’indifference, horsmis son ordure propre, representée par le fumier.

62. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 44 » p. 278

Mais les dieux, s’étant mis en colère contre eux, se vengèrent chacun sur le pays de l’autre.

63. (1180) Fables « Marie de France, n° 76. Le blaireau et les porcs » p. 685

Les pros i sunt mis e chaciez.

64. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 31 » pp. 19-19

Les épines de la ronce lui ayant mis les pattes en sang, il eut mal et lui dit : « Hélas ! j’ai eu recours à toi pour m’aider, et tu m’as mis plus mal en point. — Eh bien ; tu t’es fourvoyé, l’ami, dit la ronce, en voulant t’accrocher à moi qui ai l’habitude d’accrocher tout le monde. » Cette fable montre que chez les hommes aussi ceux-là sont des sots qui ont recours à l’aide de ceux que leur instinct porte plutôt à faire du mal.

65. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Du second service de Langues. Chapitre XV. »

Le lendemain, les Disciples de Xanthus l’ayant blâmé derechef de ce qui s’estoit passé, il leur dit pour response, que cela n’avoit pas esté fait de son consentement, mais par la malice de son Valet. « Toutesfois », adjousta-il, « je m’asseure qu’il nous traictera d’autres mets à soupper, et vous verrez ce que je luy en diray en vôtre presence ». […] Esope s’en alla donc au marché, et sans rien changer de mets precedents, il achepta derechef des langues, les fit cuire, et les servit sur la table.

66. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — IX. Le Geay paré des plumes du Paon. » p. 101472

Quelqu’un le reconnut ; il se vit bafoüé, Berné, sifflé, moqué, joüé ; Et par Messieurs les Paons plumé d’étrange sorte : Mesme vers ses pareils s’estant refugié Il fut par eux mis à la porte.

67. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 20 » pp. 281-281

Deux coqs se battaient pour des poules ; l’un mit l’autre en fuite. Alors le vaincu se retira dans un fourré où il se cacha, et le vainqueur s’élevant en l’air se percha sur un mur élevé et se mit à chanter à plein gosier.

68. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 346 » pp. 415-415

Quand il forgeait, le chien dormait ; mais quand il se mettait à manger, le chien venait se mettre à ses côtés.

69. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — XV. Le Cerf et la Vigne. » p. 77

Un Cerf à la faveur d’une Vigne fort haute, Et telle qu’on en voit en de certains climats, S’estant mis à couvert, et sauvé du trépas ; Les Veneurs pour ce coup croyoient leurs chiens en faute.

70. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — XII. Le Soleil et les Grenoüilles. » p. 314

Une demi-douzaine Mettra la Mer à sec, et tous ses habitans.

71. (1180) Fables « Marie de France, n° 101. Le chat mîtré » p. 692

Par ceste essample nus devise nul ne se deit mettre en justise de celui que mal lui veut fere, mes desturner de sun repeire.

72. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 72 » p. 291

Héraclès lui apparut et lui dit : « Mets la main aux roues, aiguillonne tes bœufs et n’invoque les dieux qu’en faisant toi-même un effort ; autrement tu les invoqueras en vain. »

73. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — X. Le Chameau, et les Bastons flotans. » p. 195177

Et puisque nous voicy tombez sur ce sujet : On avoit mis des gens au guet, Qui voyant sur les eaux de loin certain objet, Ne pûrent s’empêcher de dire, Que c’estoit un puissant navire.

74. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 129 » pp. 315-315

Une mule engraissée d’orge se mit à gambader, se disant à elle-même : « J’ai pour père un cheval rapide à la course, et moi je lui ressemble de tout point. » Mais un jour l’occasion vint où la mule se vit forcée de courir. […] Cette fable montre que, même si les circonstances mettent un homme en vue, il ne doit pas oublier son origine ; car cette vie n’est qu’incertitude.

75. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 312 » pp. 207-207

Un berger qui paissait un troupeau sur le bord de la mer, en voyant le calme des flots, se mit en tête de naviguer pour faire du commerce. En conséquence il vendit ses moutons, acheta des dattes et mit à la voile.

76. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLIV. De la Forest, et du Paysan. »

Car de là viennent les dissolutions et les débauches, qui les perdent entierement, et qui mettent dans le tombeau celuy qui les a mis au monde.

77. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXV. De la Chauue-souris, et du Buisson, et du Plongeon. »

Pour cét effect la Chauve-souris emprunta de l’argent, et le mit dans la Communauté ; le Buisson apporta une robbe avecque soy, et le Plongeon prit de l’or. Apres ces preparatifs, ils se mirent tous sur mer ; où le malheur voulut qu’il survint une si grande tempeste, que le Navire en fut coulé à fonds, et ils se sauverent bien à peine, apres avoir tout perdu.

78. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — IV. Le Jardinier et son Seigneur. » p. 

Le pis fut que l’on mit en piteux équipage Le pauvre potager ; adieu planches, quarreaux ; Adieu chicorée et poreaux ; Adieu dequoy mettre au potage.

79. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — FABLE I. Le Meusnier, son Fils, et l’Asne. » p. 721

Il met sur pieds sa beste, et la fait détaler. […] L’enfant met pied à terre, et puis le vieillard monte ; Quand trois filles passant, l’une dit : C’est grand’ honte, Qu’il faille voir ainsi clocher ce jeune fils ;
 Tandis que ce nigaut, comme un Evesque assis,
 Fait le veau sur son Asne, et pense estre bien sage.
 […] Aprés maints quolibets coup sur coup renvoyez, L’homme crut avoir tort, et mit son fils en croupe.


80. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Du present fait à la maistresse de Xanthus. Chapitre XII. »

Comme ils se fûrent tous mis à table, la premiere chose que fit Xanthus, fût de choisir quelques-unes des viandes les plus exquises, et les donnant à Esope, qui estoit auprés de luy ; « Va-t’en », dit-il, « et porte cecy à ma bien-aymée ». […] Ceste response pleust aux Escoliers de Xanthus, qui s’estans mis à rire : « Certainement », dirent-ils, « ce nouveau serviteur est tout plein d’esprit ». […] Apres le disner, Xanthus estant de retour en son logis, se voulut mettre à deviser avec sa femme, comme il avoit accoustumé de faire ; Mais elle le dédaignant ; « Retire toy vilain », luy dit-elle, « et me rends mon doüaire, affin que je te quitte, le conseil en est pris, je ne veux plus demeurer avec toy : va-t’en plustost caresser ta chienne, à qui n’agueres tu as envoyé de la viande ». […] Ces paroles mirent en desordre Xanthus, qui toutesfois pour s’en servir comme d’une excuse envers sa femme ; « Ne vois tu pas », luy dit il, « que ce dequoy tu m’accuses n’est point ma faute, mais de celuy qui a apporté ceste viande ?

81. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — De l’affranchissement d’Esope. Chapitre XXIII. »

Xanthus rasseuré par ces paroles d’Esope, se resolut de le croire, et ne faillist point le lendemain de se trouver en la Maison de Ville, ou, suivant le conseil de son serviteur, il se mit à parler aux Assistants, qui le prierent incontinent de faire venir Esope A son arrivée, il se tint debout devant les Samiens, qui bien estonnez de voir un homme de ceste mine, s’en rioient ouvertement, et disoient tout haut. « Vrayment voila un bel homme, pour nous expliquer le Prodige, dont nous sommes si fort en peine. […] S’estant mis alors à parler plus hardiment, « Messieurs », leur dit-il, « pource que la fortune, qui ayme les divisions a proposé un prix de gloire au Maistre et au Valet, quand il arrive que ce dernier est moindre que l’autre, il n’en remporte que des coups ; Que s’il est trouvé plus excellent, cela n’empesche pas qu’il ne soit encore tres-bien battu : De ceste façon, quoy qu’il en advienne, à droit ou à tort, le Maistre est tousjours oppressé. […] Comme il se vit donc en liberté, et en pleine assemblée des Samiens ; « Messieurs », se mit-il à dire, « l’Aigle (comme vous sçauez) estant le Roy des oiseaux, ce qu’elle a ravy cét anneau, qui est une marque de puissance, et l’a laissé choir au sein d’un homme de servile condition, signifie que parmy les Roys, qui sont maintenant vivans, il y en a un, qui de libres que vous estes, vous veut rendre serfs, et annuller les loix que vous avez de si longtemps establies ». […] Aussi arriva-t’il que les loups ayant mis en pieces les chiens, il leur fût facile d’en faire de mesme des brebis ». […] Mais luy ne le voulut pas, et s’estant mis à la voile avecque l’Ambassadeur, il s’en alla trouver le Roy Cresus.

82. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 307 » p. 83

Il se leva et essaya lui aussi de danser ; mais il fit mainte extravagance, et les animaux indignés le mirent dehors à coups de bâton.

83. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — IV. Les deux Taureaux et une Grenoüille. » p. 485

Qu’avez-vous, se mit à luy dire Quelqu’un du peuple croassant.

84. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — XIV. Le Lion malade, et le Renard. » p. 142

Cela nous met en méfiance.

85. (1180) Fables « Marie de France, n° 24. Le cerf qui buvait à la source » p. 74

El bois se met tut esmaiét, par ses cornes est atachiét, en un buissun est retenuz.

86. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE VIII. Du Laboureur et du Serpent. »

Ne crains-tu pas d’avoir mis la mort dans ton sein ? […] Je voy des enfants qui s’opposent méchamment à leurs peres, et qui desirent la mort de celuy qui les a mis au monde, voire mesme qui les a comblé de de bien-faits, comme Andronis, Empereur de Constantinople, et le fils aisné de Bajazet. […] Mais je laisse en arriere tous ces exemples, pour alleguer seulement celuy qui est arrivé à la personne mesme de nostre Autheur, et qui est escrit cy-devant en l’Histoire de sa vie ; A sçavoir, qu’Esope estant dans Babylone, à la Cour du Roy Lycerus, adopta pour fils un jeune homme, qui luy sembla le plus aymable, et le mieux conditionné de toute la Ville, auquel il donna une entiere esperance de ses biens, et mit toute son affection en luy, comme s’il eust esté veritablement son enfant.

87. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope est derechef vendu. Chapitre VII. »

Apres qu’un de ses amis luy eust conseillé de faire voile à Samos, sur l’esperance qu’il luy donna d’y tirer plus de gain de ses Esclaves, il se laissa vaincre à ses persuasions, et se mit sur mer. Y estant arrivé, il fit habiller de neuf le Grammairien et le Musicien, et les mit en vente en plein marché. […] L’ayant ainsi déguisé, il le mit au milieu de ses deux compagnons, affin que ceux qui le verroient en cét équipage s’en estonnassent, et que ce leur fust un sujet de dire ; « D’où vient ceste abomination, qui obscurcit ainsi le lustre des autres ?  […] Voila cependant que le Philosophe Xanthus, qui faisoit sa demeure à Samos, s’en vint au marché, où voyant les deux jeunes Esclaves si bien habillez, et tout au contraire Esope, qui estoit au milieu d’eux, si contre-faict, et en si mauvais équipage, il s’émerveilla de l’invention du marchand ; Car il avoit mis le laid au milieu, affin que par l’opposition de sa déformité, les deux autres jeunes garçons semblassent plus beaux qu’ils n’estoient. […] A ces mots, Esope se mit à rire : A quoy le disciple de Xanthus ayant pris garde, et qu’en riant il avoit monstré les dents, ils le trouverent si laid, qu’ils s’imaginerent de voir quelque Monstre.

88. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 168 » p. 128

Mais le serpent se retourna et le mordit, et le corbeau, sur le point de mourir, dit : « Je suis bien malheureux d’avoir trouvé une aubaine telle que j’en meurs. » On pourrait dire cette fable à propos d’un homme que la découverte d’un trésor met en péril de mort.

89. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 220 » p. 260

» Comme il s’abandonnait à l’orgueil, un puissant lion le prit et se mit à le dévorer.

90. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 281 » pp. 360-360

Un renard l’ayant aperçu lui adressa ces railleuses paroles : « Comment avec une langue si tendre et si molle peux-tu mâcher et manger un mets si dur ? 

91. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 287 » p. 192

Une poule, ayant trouvé des œufs de serpent, se mit à les couver soigneusement et, après les avoir chauffés, les fit éclore.

92. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — VI. La Genisse, la Chevre et la Brebis en societé avec le Lion. » p. 339149

La Genisse, la Chevre, et leur sœur la Brebis,
 Avec un fier Lion, Seigneur du voisinage,
 Firent societé, dit-on, au temps jadis,
 Et mirent en commun le gain et le dommage.


93. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — IX. Le Rat de Ville, et le Rat des Champs. » p. 352

Sur un Tapis de Turquie
 Le couvert se trouva mis.

94. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — XIX. L’Oracle et l’Impie. » p. 36

Il tenoit un moineau, dit-on, Prest d’étouffer la pauvre beste, Ou de la lâcher aussi-tost, Pour mettre Apollon en défaut.

95. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — VII. Le Satyre et le Passant. » p. 35

Puis sur le mets qu’on luy donne Delicat il souffle aussi ; Le Satyre s’en étonne : Nostre hoste, à quoy bon cecy ?

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