Ce qui toutesfois ne semble pas tousjours vray dans le commerce du monde, puis que nous voyons une infinité de gents mal traictez de la fortune, qui ne laissent pas d’avoir l’ame extrémement bonne, et de vivre dans une parfaitte observation des Loix.
Esope nous donne, ce me semble, a entendre par cette Fable, qu’il avoit de l’aversion à la Polygamie, c’est à dire au Mariage de plusieurs femmes ensemble. […] Que s’il ne tient qu’à monstrer comme quoy l’esperance de contenter ce qu’ils ayment leur est entierement retranchée, cela ne sera pas difficile, ce me semble ; Car avec ce que leur humeur froide ne s’accommode pas bien à l’ardeur d’une jeune femme, ils ont d’ailleurs le visage déguisé de rides, le corps catarreux, et l’esprit bizarre pour l’ordinaire.
« vrayment », luy dit-elle, « quelque contrefait que soit cét infame, il me semble facetieux : Je veux donc faire ma paix avecque luy ».
Il falloit donc bien, ce me semble, Seigneur, que tu me disses, Esope porte cecy à ma femme, et non pas à ma bien aymée ».
La pauvreté ne leur sembla point nouvelle en leurs vieux jours : ils se l’étoient renduë trop familiere, pour en estre incommodez, et la fin de leur âge ne leur fût point si fascheuse, que l’on pourroit se l’imaginer, pource qu’elle ne leur apporta que des rides, et des cheveux blancs.
Mais, Monseigneur , il me semble que ma temerité se rend excusable par l’exemple de la pluspart des Vertueux, qui pour s’introduire aupres des grands Hommes, dont vous estes un Original, ne trouvent point de meilleur moyen que de leur dedier leurs Ouvrages.
J’ay icy », continüa-t’il, « une espece de juments, qui me semble bien merveilleuses.
Si par ce premier, difficilement y pourrez vous parvenir, puis qu’aujourd’huy l’on donne tout à la Faveur, et rien au Merite, et qu’il semble que ce soit un obstacle au bien, que d’en estre extrémement digne.
Les Princes mesme combien ont-ils de Ministres et d’Officiers, qui n’ayant pour but que leur interest propre, tiennent pour indifferent celuy de leur Maistre, et font leurs delices de la substance et du sang des pauvres sujets ; En cela mille fois plus inhumains que les Cannibales, pource que leur ardente Avarice les aveugle de telle sorte, qu’il semble à leur imagination que la richesse doive estre plus pretieuse à l’homme que la vie. […] Ils ont multiplié leurs tirans, au lieu de se mettre en liberté : A quel propos donc nous disent-ils que les choses ne leur semblent desirables que pour l’usage, puis qu’ils ne le cognoissent jamais, et qu’ils demeurent immuables et perclus dans leurs cabinets, à faute d’estendre la main, pour tirer les pistolles de leur place, et en faire part liberalement aux malades, et aux necessiteux ?