Il ne regnera plus sur l’herbe des prairies, Viendra dans nos marais regner sur les roseaux ; Et nous foulant aux pieds jusques au fond des eaux, Tantost l’une, et puis l’autre ; il faudra qu’on patisse Du combat qu’a causé madame la Genisse.
L’on peut appliquer à ceste Fable deux belles Allegories, l’une Politique, et l’autre Moralle, comme, de dire que le riche devenu pauvre se rend tellement esclave des biens du monde, qu’il est esperonné d’une perpetuelle avarice, retenu par la bride de la chicheté, interdit de la possession d’une chose qui luy appartient, et reduit enfin au mesme destin de ce Cheval, qui reçoit bien le plaisir de voir abattu son Ennemy, mais il y perd la liberté, et trouve que toute la Victoire se tourne au profit de celuy qui le monte. […] Que s’il est bon au mauvais de se conserver par cét autre moyen, qui est de tenir les deux Puissances en jalousie, et noüer une intelligence tantost avec l’une et tantost avecque l’autre, c’est dequoy je laisse la decision aux Politiques, et suis d’advis cependant de passer à la Fable suyvante.
Deux veuves sur son cœur eurent le plus de part ; L’une encor verte, et l’autre un peu bien mûre ; Mais qui reparoit par son art Ce qu’avoit détruit la nature.
L’une entr’ouvroit un œil, l’autre étendoit un bras ; Et toutes deux trés-mal contentes, Disoient entre leurs dents, Maudit Coq, tu mourras.
Mais l’une d’elles, s’écria : « Insensées, à quel propos vous réjouissez-vous ?
Elles habitaient, l’une un étang profond, éloigné de la route, l’autre une petite mare sur la route.
L’une d’elles étant morte, il loua des pleureuses à gages.
J’en vois deux, dont l’une est qu’entre nos ennemis, Les plus à craindre sont souvent les plus petits ; L’autre, qu’aux grands perils tel a pû se soustraire, Qui perit pour la moindre affaire.
A demeurer chez soy l’une et l’autre s’obstine ; Pour secourir les siens dedans l’occasion : L’Oyseau Royal en cas de mine, La Laye en cas d’irruption.