Cedi, misero, cedi a un altro il peso Di tanto grado, che di te più forte Possa più degnamente in sorte haverlo, Con sicurezza di noi tutti insieme, E de la vita, e del tuo proprio honore. […] Esser dee quel, che regge, e saggio, e forte.
Et ainsi elle laissa la vie auprés des Astres, qu’elle avoit si fort desiré de voir. […] Voila comme quoy les personnes, qui d’une basse condition parviennent à une haute fortune, sont fort sujettes à tomber, ou par leur faute, ou par les embusches de leurs Envieux. […] Aussi est ce pour cela que l’on appelle fort à propos telle espece de calamité un revers de medaille, comme s’il estoit aussi necessaire à toute prosperité d’estre sujette au changement, comme à une medaille d’avoir son revers ; au lieu qu’une personne qui est éminente en qualité, n’en a pas l’obligation à la fortune, mais à sa naissance, et qu’ainsi elle n’en doit point craindre la cheute avecque tant de raison.
Pour cét effet, quand tu seras demain à la place publique, dy simplement ces paroles aux habitans : Messieurs, je n’ay jamais appris à rendre raison, ny des Prodiges, ny des Augures ; mais il est bien vray que j’ay en ma maison un serviteur, qui sçait beaucoup de choses, et qui, je m’asseure, vous esclaircira de ce que vous desirez si fort de sçavoir. […] » Tous les assistans fort satisfaits de ces paroles ; « Esope », s’escrierent-ils, « si tu peux assister la Ville de tes conseils, nous te prions de le faire ». […] Je suis content neantmoins de vous declarer sans rien craindre, ce que vous desirez si fort de sçavoir, pourveu que vous me fassiez donner ma liberté, et la permission de parler ». […] Les Samiens s’attristerent bien fort de ces paroles, et encore plus, quand ils se virent à la veille d’en sentir l’effect. […] La fortune nous monstre en ceste vie deux chemins bien differents, dont l’un est celuy de la liberté, l’entrée duquel est grandement difficile ; mais l’issuë aysée ; Et l’autre celuy de la servitude, qui tout au contraire a un commencement fort doux, et une fin espineuse ».
Miserunt ergo morionem quendam ad aliud templum propinquum, ut inde turibulum afferret, qui profectus, quum quid esset turibulum nesciret, crucifixum ligneum quem ibi forte offendit, humeris tollens attulit sacerdotibus, qui ridentes, quum non crucifixum, sed turibulum uelle dicerent. « At ego inquit fatuus nihil ibi hoc magis tribulatum inueni. » Fabula indicat res peragendas fatuis non committendas.
Avianus 4 [FABVLA PHOEBI BOREAEQVE] Immitis Boreas placidusque ad sidera Phoebus iurgia cum magno conseruere Ioue, quis prior inceptum peragat : mediumque per orbem carpebat solitum forte uiator iter.
Rusticus hanc fragili cupiens decerpere culmo, uicinam supplex forte petebat opem.
Le Renard tout amaigry de faim, entra fortuitement dans un clos à blé par une ouverture fort estroicte, d’où pensant sortir apres s’estre bien soulé, il ne le pût faire, à cause que son ventre l’en empescha, pour estre un peu trop enflé. […] Car ce Renard, qui entre fort aisément par l’ouverture d’une cloison, quand il a le corps déchargé de graisse, que peut-il signifier plus à propos, si ce n’est que l’acquisition de la science n’est pas mal-aisée aux personnes deliées, et déprises de toutes voluptez superfluës. […] D’ailleurs, ils ont rendu l’accés du Mont Parnasse penible, et fort mal aisé, pour nous faire voir que les personnes repletes et grasses, ou qui sont trop à leur aise, peuvent difficilement atteindre à la plus haute perfection des Sciences.
Ce qu’il faut faire en toutes façons, s’il est possible, à cause que ceste peine estant de la nature fort ennuyeuse, elle est en cela pire que toutes les autres, qu’elle ne peut servir de satisfaction à nos crimes, pource qu’elle en est elle-mesme un insupportable. […] Quant à la genereuse émulation des Vertus, non seulement je l’approuve fort, mais aussi je la conseille aux personnes qui se sentent d’une nature envieuse et maligne, affin d’occupper à cela leur ambition, et la repaistre d’une contentieuse amour de gloire. Ce que les anciens Sages sçeurent remarquer fort judicieusement, lors qu’ils establirent des jeux publics, pour émouvoir les jeunes gents aux belles actions, par une honneste jalousie de leurs semblables.
Hi cum perpetuum cuperent in iurgia finem, edita continuo forte sepulcra uident.
Le Lion, terreur des forests, Chargé d’ans, et pleurant son antique proüesse, Fut enfin attaqué par ses propres sujets, Devenus forts par sa foiblesse.
Sans doute Prométhée l’avait fait grand et beau, il lui avait armé la mâchoire de dents et muni les pattes de griffes, il l’avait lait plus fort que tous les autres animaux ; « mais avec tout cela, ajoutait-il, j’ai peur du coq. » Prométhée lui répondit : « Pourquoi m’accuses-tu à la légère ? […] » On voit que le cousin est assez fort pour faire peur même à l’éléphant.
Ceste Beste proche de son accouchement, refuse de fort bonne grace l’assistance du Loup, qui ne luy peut estre, ny agreable, ny utile ; donnant à entendre que la meilleure ayde que nous pouvons tirer d’un meschant, c’est de ne le point voir, quand mesme il nous pourroit estre proffitable d’ailleurs. […] Il me seroit bien aisé d’alleguer d’autres Histoires de grands et excellents Personnages qui ont refusé l’amitié des Vicieux, bien qu’elle leur semblast étre profitable dans le monde, et reputé leur loüange à blasme, comme fist un ancien Philosophe, qui sçachant qu’un homme fort desbordé disoit tousjours du bien de luy ; « Et moy », dit-il, « je me plais à le blasmer incessamment ».
Ma poi ch’apparve in Oriente il raggio Del matutino Sol con lieta voce Diede il Gallo principio al canto usato : E replicando diè di sé novella A la Volpe, che poco indi lontana Havea ’l suo albergo : et tosto al canto corse Dove era il Gallo ; et con parole amiche Salutollo ridendo, e supplicollo Con sermon efficace, ch’ei volesse Scender del tronco, ov’egli alto sedea, E benigno di sé copia facesse A lei, che forte del suo amor accesa Già si sentia del suo leggiadro aspetto, E de l’alta virtù del suo bel canto : Onde abbracciarlo come caro amico Ella voleva, et nel suo albergo trarlo Per fargli a suo poter cortese accetto. […] Allhor la Volpe con un grido strano Mettendo il capo dentro a quel forame Il can destò, ch’anchor forte dormiva, Non sapendo però ch’ei fosse il cane.
De même quand on lutte avec des rivaux plus forts que soi, outre qu’on ne les atteint pas, on s’expose encore à la moquerie.
Exuuias asinus Gaetuli forte leonis repperit et spoliis induit ora nouis aptauitque suis incongrua tegmina membris, et miserum tanto pressit honore caput.
Forte canis quondam, nullis latratibus horrens nec patulis primum rictibus ora trahens, mollia sed pauidae summittens uerbera caudae, concitus audaci uulnera dente dabat.
Le Renard au contraire à fonds les examine, Les tourne de tout sens ; et quand il s’apperçoit Que leur fait n’est que bonne mine, Il leur applique un mot qu’un Buste de Heros Luy fit dire fort à propos.
Mais elle n’en voulut rien faire, disant, qu’encore que ses paroles fussent plausibles, que son intention neantmoins estoit fort mauvaise, et pleine de tromperie. […] Le voyant donc armé d’ongles crochus, d’un poil furieusement herissé, de dents épouvantables, de membres forts ; et sçachant d’ailleurs qu’il est ennemy de toute sa race, elle a beaucoup de raison de se resoudre à ne point aller où il l’invite, et à boucher l’oreille à ses persuasions.
C’est le cas de, ceux qui rivalisent avec de plus forts qu’eux : ils crèvent eux-mêmes, avant de pouvoir les atteindre.
Un Cerf à la faveur d’une Vigne fort haute, Et telle qu’on en voit en de certains climats, S’estant mis à couvert, et sauvé du trépas ; Les Veneurs pour ce coup croyoient leurs chiens en faute.
Mais les corbeaux croassant de nouveau, il s’arrêta, et à la fin il leur dit : « Libre à vous de crier aussi fort que vous pourrez ; mais vous ne goûterez pas à ma chair. » Cette fable vise les poltrons.
Illustre Rejetton d’un Prince aimé des Cieux, Sur qui le Monde entier a maintenant les yeux, Et qui faisant fléchir les plus superbes Testes, Comptera desormais ses jours par ses conquestes : Quelqu’autre te dira d’une plus forte voix Les faits de tes Ayeux et les vertus des Rois.
Egli, che con gran pena intese questo, Tornò fra poco al mal guardato nido Forte piangendo il ricevuto torto : E trovando per via l’altero augello Compagno, e del suo mal cagion novella, Che di ritorno sen veniva altero Battendo il vento co i possenti vanni, Con aspra insopportabile rampogna Cominciò del suo mal seco a lagnarsi. Quinci l’Aquila inteso esser incorsa Nell’odioso errore a punto allhora Che più da quel credeasi esser lontana, Et sol per colpa del giudicio torto Del Guffo tratto dal paterno affetto A darle de’ suoi figli il falso segno ; Forte sen dolse : e si scusò con seco1 Del torto a lui contra sua voglia fatto.
L’impertinente vanité du Corbeau sert d’exemple à une infinité de gents, qui se laissent miserablement affiner aux Flatteurs, pour adherer trop niaisement aux loüanges qu’ils leur donnent : car à force d’estre enyvrez par leurs complaisances, ils prennent une opinion si excessive de leurs propres merites, qu’il leur est fort mal-aisé de se recognoistre. […] Mais je ne m’estonne pas si fort des extravagantes flatteries de telles gents, comme de la stupidité de celuy qui les reçoit. […] Quant à ce dernier poinct, il y a si peu d’hommes qui soient touchez d’une si juste et honneste consideration, qu’à peine s’en treuvera t’il un seul parmy des miliers ; Et pour le premier, l’experience fait voir aux Grands, qu’ils se trompent fort de croire qu’ils soient purement et veritablement aymez. […] De toutes ces choses, il est aisé de conclure que les Princes ne sont que fort rarement aymez pour l’amour d’eux-mesmes, non plus que pour la consideration de la Vertu.
Il fut fort apprécié et applaudi de toute l’assistance.
Dunque colui, che sé misero crede, Stia ne gli affanni suoi costante e forte ; E nel voler di Dio paghi sua sorte De l’affanno maggior, che in altri vede.
Elle cependant se retira honteuse et faschée ensemble, de se voir ainsi trompée ; Toutesfois pour en avoir sa revenche, elle retourna quelques jours apres, et convia son hoste à disner : Elle luy servit donc quantité de bonnes viandes dans un grand bocal de verre ; Mais pource que l’entrée estoit fort estroicte, le Renard en eust seulement la veuë, et n’en peût jamais gouster : comme au contraire, il fut bien aisé à la Cigongne de tout manger. […] Cét animal, qui n’est qu’une Gruë, te rend la pareille de fort bonne grace, et te fait porter la peine de ta mocquerie. […] En quoy certes les grands Rieurs ont, comme je croy, moins d’avantage que les autres : Car encore qu’ils sçachent donner un coup de bec fort à propos, et de bonne grace, à cause de l’habitude qu’ils y ont acquise, si est-ce qu’ils ne laissent pas d’estre plus examinez que les autres, pour le grand nombre de gents qu’ils obligent à cela, l’exercice desquels n’est que d’esplucher leur vie, afin de trouver où mordre à leur tour, et rendre la pareille à l’aggresseur.
A cause dequoy un des Disciples s’obstinant plus fort à vouloir apprendre, pourquoy il rioit ainsi à tout propos ; « Va-t’en le luy demander », luy respondit un de ses compagnons, « si tu veux estre appellé Bouc marin ». […] Ces subtilitez d’Esope plurent si fort aux Escoliers de Xanthus, que tous estonnez de l’ouyr, « Par la providence des Dieux ! […] Ceste response le fit admirer plus fort qu’auparavant des Escoliers de Xanthus, qui dirent entr’eux ; « Par les Dieux ! […] Car tu as laissé ces deux jeunes garçons, qui estoient fort propres pour un homme tel que toy, et as fait élection de ce visage difforme ». « Cela ne t’importe », continüa Xanthus, « je n’en veux point d’autre pour maintenant ». « Prends-le donc », dit le marchand, « pour la somme de soixante oboles ». […] Cependant les Fermiers, qui estoient là presents, ayant eu advis de ceste vente, estoient fort fâchez, et vouloient sçavoir qui estoit le vendeur et qui l’achepteur.
Mais d’autant que ceste Fable approche fort du sujet de la precedente, et qu’elle contient par consequent les mesmes instructions, il seroit hors de propos, ce me semble, que je m’arrestasse à la moraliser.
La seconde par droit me doit échoir encor : Ce droit, vous le sçavez, c’est le droit du plus fort.
Ses enfans étoient déja forts.
Damoiselle Belette au corps long et floüet, Entra dans un Grenier par un trou fort étroit.
On les eust vûs sur la mousse Luy, sa femme, et maint petit ; Ils n’avoient tapis ni housse, Mais tous fort bon appetit.
Les bleds d’alentour mûrs, avant que la nitée Se trouvast assez forte encor Pour voler et prendre l’essor, De mille soins divers l’Aloüette agitée S’en va chercher pâture, avertit ses enfans D’estre toujours au guet et faire sentinelle. […] L’épouvante est au nid plus forte que jamais.
Così talhora un huomo, ch’è men forte Del suo nimico, e che soccorso chiede Ad huom, che più del suo nimico vale, Dopo le sue vittorie alfin rimane De la sua propria libertà perdente : Che quel, che vinto ha il suo nimico, ch’era Di lui più forte, assai più facilmente Può vincer lui, di cui già possessore Si sente, e haver tutte le forze in mano ; Né vuol haver per altri indarno speso Il valor proprio : ché raro si trova Chi per un altro il suo metta a periglio, Senza speranza di guadagno haverne.
Le Cuisinier fut fort surpris, Et vid bien qu’il s’estoit mépris.
Votre avis est fort bon, dit quelqu’un de la troupe ; Mais tournez-vous, de grace, et l’on vous répondra.
Così spesso l’huom vil privo di forza E d’ardimento al forte ingiuria move Assicurato da persona, o loco, Che lo difende da l’altrui valore.
Celui-ci, n’ayant rien à lui offrir, s’en fut vers sa perdrix privée, et il allait la tuer, quand elle lui reprocha son ingratitude : « Ne lui était-elle pas fort utile en appelant les oiseaux de sa tribu et en les lui livrant ?
Così l’huomo, ch’è debole e innocente, Ognuno rende a fargli oltraggio audace : E ’l forte et di mal far si vive in pace ; Perché chi gli osta ei fa tristo e dolente.
Non m’è discaro l’esserti compagno ; Ma l’esserti vicin poco m’aggrada : Perché, s’avien che l’onda ruinosa A me scorrendo, o a te percota il fianco Sì, che stando congiunti ad un ci urtiamo, Come allhor salvo la tua forte scorcia Te renderà dal suo furor protervo ; Così la mia, che per sé stessa è frale, Agevolmente fia rotta, e spezzata.
IL Cerbiato chiedeva un giorno al padre Da qual cagione proceder potesse, Ch’ogni volta, ch’a guerra il can lo sfida, Egli sì facilmente in fuga volto Di lui solo al latrar desse le spalle, Essendo egli di corpo e di valore Maggior del cane, e con la fronte armata Di dure corna a contrastar possenti Con qual si voglia più forte animale.
Mais apres qu’on luy eust respondu qu’Esope les avoit mangées, il se mit fort en colere, et commanda qu’on l’appellast. […] Ceste proposition d’Esope plust fort à son Maistre, qui bien estonné du bon sens, et de l’esprit de son nouveau serviteur, voulut que les deux autres beussent comme luy de l’eau tiede.
Le coq voulut encore chercher des excuses à cecy, mais le Chat ne les voulut pas entendre, et s’irritant plus fort qu’auparavant ; « C’est trop cajolé », dit il, t »u ne m’eschapperas point aujourd’huy ». […] On luy fait tousjours accroire qu’il a failly, et mesme on impute à crime des actions fort vulgaires, dont ses Accusateurs, ny ses Juges, ne sont nullement exempts, non plus que luy.
» Ainsi les gens qui excitent de plus forts qu’eux ont naturellement à supporter les conséquences de leur folie.
Dans cette admirable pensée, Voyant son Maistre en joye, il s’en vient lourdement, Leve une corne toute usée ; La luy porte au menton fort amoureusement.
Il s’enfuit dans son fort, met les chiens en défaut ; Sans mesme en excepter Briffaut.
Ces paroles d’Esope estonnerent fort le Mestayer Zenas, si bien qu’apres y avoir un peu pensé. « Certes », dit-il à part soy, « je ne dois point mettre en doute que mes affaires n’aillent tres-mal, s’il arrive qu’Esope fasse sa plaincte tout le premier. […] Ce que son Maistre ayant reconnu ; « D’où vient », luy dit-il, « que tu és si fort émeu, en t’approchant de moy ? […] Ces paroles fâcherent fort le Maistre de Zenas, qui pour luy témoigner son ressentiment ; « Va », luy dit-il, « je te remets Esope, pour en faire à ta volonté, et le vendre, ou le donner à qui bon te semblera ».
Car la Nature ayant donné à tous les animaux dequoy se contenter dans le monde, et dequoy s’empescher de la violence et de l’oppression, il ne faut pas que les forts et les puissants s’imaginent de pouvoir avec raison gourmander les foibles, qui ne sont pourveus d’aucune invention pour se deffendre, mais qui peuvent faire suppléer l’addresse au défaut de la puissance. […] On peut alleguer une autre raison, pourquoy les ennemis foibles sont fort à craindre ; c’est qu’ils ont tous les Genereux de leur costé. […] Que si les parties de nostre corps veillent à la conservation de leurs compagnes, si la paupiere garantit l’œil de la poudre, si l’œil prend garde aux choses nuisibles ; si la main va au devant du coup, pour parer la teste ; si la chair environne les parties nobles ; si la crane couvre le cerveau, bref si la peau enveloppe le crane et la chair, à combien plus forte raison devons-nous croire que ce puissant Protecteur garantira ses membres de toute sorte de violences ?
» Elle répondit : « C’est notre façon de vivre ; ne ma tue pas ; car je ne puis pas faire grand mal. » L’homme se mit à rire et lui dit : « Tu vas mourir tout de suite, et de ma propre main ; car quel que soit le mal, petit ou grand, il faut absolument l’empêcher de se produire. » Cette fable montre qu’il ne faut pas avoir pitié d’un méchant, quel qu’il soit, fort ou faible.
La raison du plus fort est toûjours la meilleure.
La paix est fort bonne de soy, J’en conviens ; mais de quoy sert-elle Avec des ennemis sans foy ?
La pitance du Dieu n’en estoit pas moins forte.
Così dee farsi l’huom possente e forte Nelle prosperità de la fortuna, Perché, se occorre mai sorte importuna, Salvo si renda da periglio o morte.
« Seigneur », luy dit-il, « vous m’obligeriez fort, si vous me vouliez resoudre d’une question que j’ay à vous faire ». « Quelle est donc ceste question », respondit Xanthus ; « D’où vient », reprit le Jardinier, « qu’encore que je cultive, et que j’arrose avec tout le soing qui m’est possible, les herbes que j’ay plantées, elles ne prennent toutesfois leur accroissement que bien tard, au contraire de celles, que la terre produict de soy-mesme, qui ne laissent pas d’estre plustost advancées, encore qu’on n’y prenne pas tant de peine ? […] Le Jardinier fort satisfait de ceste response, « Croy-moy », luy dit-il, « tu m’as tiré d’une grande peine par ce raisonnement.
L’hypocrite les laissa faire : Et pour pouvoir mener vers son fort les Brebis, Il voulut ajoûter la parole aux habits, Chose qu’il croyoit necessaire.
Jupiter en usa comme un Maistre fort doux.
Dés l’abord leur Doyen, personne fort prudente, Opina qu’il faloit, et plustost que plus tard, Attacher un grelot au cou de Rodilard ; Qu’ainsi quand il iroit en guerre, De sa marche avertis ils s’enfuiroient sous terre.
Nos gaillards pelerins Par monts, par vaux, et par chemins Au gué d’une riviere à la fin arriverent, Et fort empêchez se trouverent.
Ma mentre ei si trovava in tale stato Forte doleasi, che le corne a questo Fossero quelle, che l’havean guidato.
Telle espece d’orgueil est fort ordinaire à ceux qui vivent familierement auprés de la personne des Princes, ou des gents extrémement qualifiez. […] Pour la mesme raison, tant Alciat qu’Esope, ont fort judicieusement attribué ceste action au grossier animal d’Arcadie, pour nous donner à entendre qu’une faute si pesante que celle-là, ne peut provenir que d’une extrême ignorance.
En effect, jamais les Turcs n’eussent pû venir à bout de l’Empire Grec, sans la division d’Andronic Paleologue avecque son fils ; et jamais la Maison d’Austriche ne se fust renduë si forte, sans la parfaicte intelligence de tous ceux qui en portent le nom, tant en la haute et basse Allemagne, qu’en Espagne mesme. […] Le semblable presque fut veu en l’entreprise que les Romain firent contre les Gaulois, lors qu’appellez à la conqueste de ces pays-là, par les communes divisions de leurs habitans, ils y envoyerent avant le Regne de Jules Cesar deux ou trois Capitaines fort aguerris, qui toutesfois n’en purent venir à bout, et s’accorderent ensemble contre leur Ennemy commun.
Pour cela mesme je trouve qu’un Ancien Philosophe eût fort bonne grace, lors que sollicité par le Roy Antigonus de luy dire quelle chose il desiroit de luy ; Tout ce qu’il te plaira, luy respondit-il, horsmis ton secret. […] J’obmets plusieurs autres differences touchant la maniere de converser avecque les hommes, à cause qu’il me semble fort difficile de les exprimer, veu que le nombre n’en est pas moins grand que des conditions, et des humeurs des personnes.
» « Je n’en sçay rien », respondit le Tygre, « si ce n’est que par la playe, qui est fort grande, je juge à peu prés qu’il faut que ce soit un homme ». […] Que si l’on admet cela dans l’égalité des partis, à plus forte raison le doit-on faire quand l’un des Combattans est entierement disproportionné en force ou en vigueur à son Ennemy. […] Car n’ayant jamais eu des forces complettes, ils firent teste fort longtemps à la plus victorieuse nation du monde, et ne cederent à la fin que par une espece d’oppression trop inégale.
Certes, les femmes de Scythie, et les Meres Lacedemoniennes n’en usoient pas ainsi, bien que toutesfois cela ne les empeschât point de mettre au monde de fort vigoureux enfans, chez qui la santé florissoit, à l’égal de la Vertu. […] D’où luy venoit ceste vigueur extraordinaire de corps, sinon de sa forte nourriture ? […] Toutes les raisons mises cy-devant, et tournées au sens contraire, peuvent servir à ceste verité, à sçavoir, que la forte complexion fait les hommes genereux, et entreprenants ; que l’exercice rend le sang meilleur, que la sobrieté de l’enfance se confirme en l’aage avancé ; et bref, qu’une jeunesse qu’on ne flatte point est capable de toute Vertu.
Un beau jeune homme aimoit si fort une Chatte, qu’il pria Venus d’en faire une Metamorphose en femme. […] Pour venir donc au permier poinct, je diray que c’est une chose estrange de voir que l’amour frappe quelquesfois des personnes si fort inégales en toutes leurs parties, que si on leur vouloit choisir des ennemis, l’on n’en iroit jamais chercher d’autres. […] Pour cela mesme il arrive fort souvent, que nous aymons les personnes inégales, à cause que tels desseins nous sont plus deffendus que les autres. […] Bref, ils nous la transformeront toute en fort peu de temps, et nous la donneront à voir sous un autre teinct, et sous un autre visage.
Comme les murs lui renvoyaient les sons, il s’imagina qu’il avait une très belle voix, et il s’en fit si bien accroire là-dessus qu’il décida de se produire au théâtre ; mais arrivé sur la scène il chanta fort mal et se fit chasser à coups de pierres.
Moi, je suis beaucoup plus fort que toi ; si tu veux, je te provoque même au combat. » Et, sonnant de la trompe, le cousin fondit sur lui, mordant le museau dépourvu de poil autour des narines.
En ce sens là, certes, je trouve fort loüable le refus de cét animal, qui juge avecque raison, qu’il ne se peut desfaire de sa queuë sans une douleur extrême, ny l’appliquer à l’usage du Singe, quand elle sera desfaite.
Un homme cherissoit éperdument sa Chate ; Il la trouvoit mignonne, et belle, et delicate ; Qui miauloit d’un ton fort doux.
C’est bien fait, dit le Loup en soy-mesme fort triste ; Chacun à son métier doit toûjours s’attacher.
J’ay, dit-il, dans mon écurie Un fort beau Roussin d’Arcadie : J’en voudrois faire un Orateur.
Venuto al fiume allhor da le sue tane Il Riccio del suo mal forte si duole : Et poi le dice con parole humane : Ch’egli si trova in punto, s’ella vuole, Di scacciarle le mosche allhor d’attorno, Co’ spini suoi, come talhora suole : Poi che del fango, ove ella aspro soggiorno Suo malgrado facea, non potea trarla Se ben s’affaticasse più d’un giorno.
Così l’huomo empio, e per natura forte L’inferior di forza e di valore, Quando li piace, a suo diletto offende, Cercando le cagioni, o vere o false Che sian, nel sen de la nequitia sua ; Con cui non val né la ragion, né il vero.
Mais pour tout cela le Loup ne laissant pas de crier plus fort ; « En vain », luy dit-il, « tu me fais toutes ces belles excuses : c’est ta coustume de m’estre nuisible ; ce mal là te vient de race, car tes pere et mere, et tous les tiens generallement, me hayssent au mourir. […] Mais quand les hommes se voudront souvenir qu’il y a une justice au Ciel, pour la protection des Innocens, et que devant Dieu, le fort n’a pas plus d’avantage que le foible, je m’asseure qu’ils seront bien dénaturez, s’ils continüent en leur malice, et croy au contraire, qu’ils reduiront, le plus qu’il sera possible, leur mauvaise humeur à une vertueuse esgalité.
Alors les Egyptiens bien estonnez, et bien fâchez tout ensemble de voir traicter de ceste sorte un animal qu’ils avoient si fort en reverence, accoururent tous à la foule, et arracherent le pauvre chat des mains de ceux qui le battoient ; puis ils s’en allerent au Roy, pour luy dire comment l’affaire s’estoit passée. […] » Par ceste responce, il se mit si bien dans l’esprit du Roy, qu’il l’estima grandement pour son sçavoir, et pour sa prudence : de maniere qu’un peu apres, ayant fait venir de la ville d’Eliopolis un bon nombre d’hommes sçavants, fort versez aux questions Sophistiques, il se mit à les entretenir sur la suffisance d’Esope, et voulut que luy-mesme fust de la partie, en un festin où il les avoit invitez. […] Esope l’oyant ainsi parler ; « Vrayment », dit-il, « voila une fort belle question, et dont les enfans de nostre pays rendroient raison. […] Ce qu’oyant Esope ; « Tant mieux », s’escria-t’il : « puis que vous confessez ainsi la debte, je vous en remercie bien fort ».
Le Loup se douta tout aussi-tost, qu’il avoit envie de luy joüer quelque tour de souplesse, et qu’il n’en vouloit qu’à la mangeaille ; de maniere que pour le renvoyer, il feignit qu’il se trouvoit mal, et que c’estoit la cause qu’il se reposoit ; luy disant au reste, qu’il l’obligeroit fort de s’en aller prier les Dieux pour sa santé. […] Les Tyrans de Sicile n’ont jamais inventé de tourments semblables à ceux qu’elle nous donne ; De sorte que le Poëte Martial en conseillant à ses Envieux de s’aller pendre, sembloit user d’un charitable advis envers eux, pource qu’il n’y a point de mort plus cruelle que la violence de ceste peste : Aussi a-t’elle tous-jours esté si fort en horreur aux honnestes gents, qu’à peine trouverons-nous un Autheur qui ne l’ayt peinte si odieuse, que Tisiphone mesme paroistroit aymable auprés d’elle. Mais les Poëtes sur tout ont fort bonne grace, quand pour nous la faire haïr, ils s’estudient à la descrire.
la femme, toi qui te faisais fort de détourner la colère des dieux, comment n’as-tu même pas pu persuader des hommes ?
Il est velouté comme nous, Marqueté, longue queuë, une humble contenance ; Un modeste regard, et pourtant l’œil luisant : Je le crois fort sympatisant Avec Messieurs les Rats ; car il a des oreilles En figure aux nôtres pareilles.
La destinee lur enveia une coluvre grandë e fort, que tuz les devore e treit a mort.
Dunque stimar non dee l’huom saggio e forte L’inutil suon de le parole vane ; Ma il cor, che tace ; e da gli effetti solo Donar fomento a le sue imprese suole.
Il leur dit d’abord, qu’ils estoient les bien venus, et leur fit un fort bon accueil ; mais quand ils furent entrez, il les mit en pieces. […] Car si c’est une démonstration de peur, que de faire mourir son Ennemy quand on a dequoy luy nuire, à cause qu’on tesmoigne par là de le craindre, en le laissant vivre ; à plus forte raison devons-nous imputer à poltronnerie l’action de ceux qui surprennent leurs Ennemis, sous le masque de leurs carresses, puis qu’on peut conclurre par là, qu’ils en apprehendent le courroux.
En un mot, elle a vaincu tout ce qu’humainement elle pouvoit vaincre, à la reserve de la Tempeste et des Elemens, contre lesquels, comme dit autrefois un grand Roy, il ne se trouve point d’Armée invincible, ny de Puissance assez forte. […] Mais je me trompe bien fort, Monseigneur , Cette mesme Gloire est le vray Prix où vous aspirez ; Elle seule vous tient lieu d’un tresor inestimable ; Vous ne voulés point de Toison plus riche ; Et de la façon que vous en opiniastrés la Conqueste, il paroist visiblement que toutes les faveurs de la Fortune sont au dessous de vostre Vertu. […] La mienne, Monseigneur , ne sçauroit estre que fort petite, à l’égal de la faveur que vous me faites, d’avoir agreable qu’un Nom si celebre que le vostre, serve de parure et d’enrichissement au frontispice de cét Ouurage ; Ce qui me donne esperance, que vous aurez assez de bonté, pour agreer de mesme qu’en vous presentant des Fables, je vous témoigne veritablement que je suis MONSEIGNEUR, Vostre tres-humble, et tres-obeïssant serviteur J.
Car il m’amadoüe, quand je le flatte, et me traicte luy-mesme des viandes de sa table, qui sont fort delicieuses. […] Cette conclusion prise, ils passerent outre, et eurent ensemble plusieurs discours fort plaisants. […] A ceste occasion nous disons à fort bon droict, que celuy-là n’est pas digne de la santé, qui en abuse trop imprudemment, et que les richesses sont mal deües à l’homme qui en est prodigue, ou qui n’en fait part à personne.
Alors l’Homme se tournant vers son compagnon ; Asseurément, luy dit-il, tu peux bien voir par cecy, que les hommes sont beaucoup plus forts que les Lions, et que toutes les autres bestes. […] Car il est fort mal-aisé qu’un homme ne donne à son ancre la teinture de ses passions, et ne transmette à son ouvrage les maladies dont il est taché ; tout de mesme qu’en la conception, les enfans retiennent presque tous-jours quelque chose de l’indisposition de leurs Peres, dont les maladies leur sont comme hereditaires : Il eust esté donc bien difficile à un Grec d’escrire à l’advantage des Perses, quand Xerxes couvrit de Vaisseaux tout l’Hellespont, et mit des Rivieres à sec par le grand nombre de ses Soldats. Pour cette mesme raison l’on pouvoit à fort bon droict soupçonner la foy des Romains, lors qu’ils venoient à traicter de la Vertu des Carthaginois, ou celle des Thebains, quand ils mettoient par escrit les guerres continuelles qu’ils avoient contre la Republique d’Athenes ; D’où l’on peut inferer que soit qu’un Historien escrive en faveur d’un Amy, ou bien au desadvantage d’un Ennemy, il est presque impossible qu’il ne se rende suspect d’infidelité, à cause de l’interest de sa passion.
Le serpent se retourna et le mordit ; tous les deux furent alors précipités du haut des airs, et le milan périt. « Pourquoi, lui dit le serpent, as-tu été si fou que de faire du mal à qui ne t’en faisait pas : tu es justement puni de m’avoir enlevé. » Un homme qui se livre à sa convoitise et fait du mal à de plus faibles que lui peut tomber sur un plus fort : il expiera alors, contre son attente, tous les maux qu’il a faits auparavant.