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8. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE L. Du Renard, et des Chasseurs. »

La mesme chose est arrivée en plusieurs Histoires, et particulierement en celle de Massinissa, qui viola non seulement l’hospitalité, mais encore les loix du mariage, en la personne de Sophonisbe, qui avoit parole de luy d’une entiere amour, et d’une parfaicte asseurance de sa vie. Or quoy que les exemples de perfidie soient ordinaires en cette occasion, si est ce qu’il s’est rencontré des personnes assez genereuses pour garder leur foy, au hazard de la puissance ennemie, voire mesme d’un deshonneur tout évident, comme il arriva naguere en un meurtre que fist dans Tolede un Gentilhomme incognu. […] Ce pauvre homme tout effrayé se jetta d’abord aux pieds de cette personne, et la pria tres instamment de luy sauver la vie ; Ce que la Dame luy ayant accordé, elle luy donna la clef d’un cabinet pour se cacher dedans, en attendant qu’il peust eschapper à la faveur des tenebres. […] Quant au Bucheron, qui blâme le Loup d’ingratitude, il nous apprend que telle personne nous a mortellement offencez, qui demande apres des compliments et du retour.

9. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXIX. De la Grenoüille, et du Renard. »

Tellement que je pourrois m’exercer en ceste application, à blasmer encore une fois les personnes qui se veulent debiter pour ce qu’elles ne sont pas. […] Estans donc asseurez de la meriter par les autres qualitez de leur personne, ils la pretendent injustement par celle cy, et couvrent leur foiblesse d’une feinte, afin de se rendre de tout poinct considerables. […] Aussi, sans mentir, ceste ardente soif que nous avons des loüanges, s’augmentent à mesure qu’on nous les donne ; D’ailleurs, ce qu’il y a de pire, c’est que pour les acquerir, le déguisement de nostre personne nous couste des complaisances et des contrainctes dignes de pitié.

10. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLIX. De la Belette, et du Renard. »

Car ce Renard, qui entre fort aisément par l’ouverture d’une cloison, quand il a le corps déchargé de graisse, que peut-il signifier plus à propos, si ce n’est que l’acquisition de la science n’est pas mal-aisée aux personnes deliées, et déprises de toutes voluptez superfluës. […] D’ailleurs, ils ont rendu l’accés du Mont Parnasse penible, et fort mal aisé, pour nous faire voir que les personnes repletes et grasses, ou qui sont trop à leur aise, peuvent difficilement atteindre à la plus haute perfection des Sciences. […] Pour ceste mesme raison Jules Cesar souloit dire, qu’il n’apprehendoit point les hommes gras comme Crassus, mais bien les décharnez, et les maigres, comme Brutus ; par où il vouloit monstrer, sans doute, que la magnanime pensée d’affranchir l’Estat de sa sujection, ne pouvoit pas tomber dans un corps enflé de delices, et assouvy de voluptez ; mais que telle entreprise n’appartenoit qu’aux personnes subtiles et Philosophiques.

11. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXVIII. Du Chien envieux, et du Bœuf. »

Or pource que plusieurs personnes en sont atteintes, il ne sera pas, ce me semble, hors de propos de leur choisir un conseil salutaire pour s’en délivrer. […] Mais sur toutes choses, il se donnera le soing d’estendre ses bons offices jusques aux personnes mesme qu’il envie, puis qu’il est certain que nous aymons d’ordinaire plus que les autres, ceux à qui nous avons fait plaisir, et que cela nous oblige à les considerer comme un ouvrage de nostre main. […] Quant à la genereuse émulation des Vertus, non seulement je l’approuve fort, mais aussi je la conseille aux personnes qui se sentent d’une nature envieuse et maligne, affin d’occupper à cela leur ambition, et la repaistre d’une contentieuse amour de gloire.

12. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXII. Du Loup, et de la Truye. »

Ce fut pour cela que les Ephores de Sparte eurent jadis bonne grace lors qu’en oyant un advis salutaire qui leur estoit proposé par un Meschant, ils s’adviserent de le faire dire au peuple par un homme de bien, comme ne voulant pas que la conservation de Lacedemone fust deuë à une personne indigne du nom de Sparte, ny que ceste Republique qui avoit pris naissance dans la vraye et parfaite probité, reçeût aucun avantage de son contraire. […] A ces paroles furent semblables celles de cét autre, qui voyant qu’une personne suspecte de desservir la Patrie, le supplioit instamment de vouloir estre son amy ; « Je seray », luy respondit-il, « ce que tu voudras, pourveu que tu sois ce que tu dois estre ».

13. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 114 » p. 310

Le sacrificateur lui dit : « Quand je considère le sacrifice, je prie pour que tu deviennes père ; mais quand je vois ta personne, tu ne parais même pas être un homme. »

14. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXVII. De deux Escrevices. »

Que si toutes ces veritez se rencontrent en la personne des Amis qui essayent à nous exhorter ; à plus forte raison se trouveront-elles en la remonstrance d’un Pere à son fils. […] Ce que nous font remarquer visiblement les paroles mesme, l’accent, les reparties, et les actions exterieures de la personne : d’où il est aisé d’inferer, que les mœurs ont aussi de la ressemblance.

15. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXIII. Des Coqs, et de la Perdrix. »

L’un fait tout le monde Ennemy, ou pour le moins il se persuade de le faire, et l’autre est à couvert de la hayne d’autruy, à cause qu’il ne se rend odieux à personne. […] L’on peut respondre à cela, que l’injure aigrit la personne qui la reçoit ; Mais quelle injure peut reçevoir le Vertueux ? […] Car le des-honneur suit l’action, et ne s’attache point à la personne offensée : autrement elle est injuste, et par consequent elle ne doit pas estre mise en consideration par les gents de bien. […] Si son outrage a semblé laid et hydeux dans son centre mesme, à sçavoir en la personne du malfaicteur, combien sera-t’il espouvantable en la mienne, puis que je ne pense pas avoir jamais donné lieu à des actions scandaleuses, et dignes de la hayne publique ? […] Car s’il a veritablement chassé de son cœur toute la hayne qu’il y peut avoir conçeuë contre la personne injurieuse, voudra-t’il bien en porter la penitence par sa propre douleur ?

16. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — XIX. Le Lion s’en allant en guerre. » p. 

Le Monarque prudent et sage De ses moindres sujets sçait tirer quelque usage, Et connoist les divers talens : Il n’est rien d’inutile aux personnes de sens.

17. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXIII. D’un Homme qui avoit deux femmes. »

Quel divertissement peut donner à leurs vieux jours une personne qui ne leur est point agreable ? […] Aristote ne faisoit-il pas une œuvre digne d’un Philosophe, quand il sacrifioit à la Courtisane Hermie, et se rendoit idolâtre d’une personne que des Crocheteurs avoient paravanture possedée ? […] Mais ce n’est pas excuser un Vice, que d’alleguer les Vicieux, ny parler advantageusement d’un poison, que de nommer les personnes qui en sont mortes. […] A quoy, sans doute, ils me respondront, que c’est par consideration, n’étant pas croyable que l’on puisse avoir beaucoup d’amour pour une personne entierement éloignée de nos conditions, et de nos appetits. […] Asseurément nous n’oserions regarder une autre personne, sans qu’elle se persuade à l’instant qu’il y a du dessein.

18. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXVIII. Du Laboureur et du Serpent. »

Nous sommes bien obligez d’user de courtoisie et de charité envers nos ennemis, s’ils nous en requierent, pourveu toutesfois que nous ne fassions tort à une personne qui nous est plus chere, et plus precieuse qu’eux, c’est à dire, à nous-mesme. […] Ce n’est pas vouloir mal à la personne des Traistres que de s’en esloigner, mais c’est aymer raisonnablement la nostre, dequoy l’on ne sçauroit nous reprendre sans injustice. […] C’est donc une chose judicieuse de se garantir d’une embusche, en s’esloignant de la personne qui l’a faite.

19. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXI. De Venus, et d’une Chatte. »

Pour venir donc au permier poinct, je diray que c’est une chose estrange de voir que l’amour frappe quelquesfois des personnes si fort inégales en toutes leurs parties, que si on leur vouloit choisir des ennemis, l’on n’en iroit jamais chercher d’autres. […] bref, combien de personnes nées de familles ennemies, qui se sont naturellement entr’aymées, contre la nourriture qu’elles avoient prise en la maison de leur Pere ? […] Pour cela mesme il arrive fort souvent, que nous aymons les personnes inégales, à cause que tels desseins nous sont plus deffendus que les autres. […] Si la personne aymée est louche, ils diront qu’elle en a meilleure grace, et que ceste petite imperfection releve l’excellence de l’ouvrage. […] L’exemple d’un bon nombre de personnes de condition leur apprend assez, qu’une haute Fortune ne sert quelquesfois qu’à les eslever à un degré d’imperfection encore plus haut.

20. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CX. Du Renard, et du Leopard. »

Nous avons traité ce suject assez amplement, pour estre dispensez d’y revenir, joinct qu’encore qu’il n’y ait que trop de personnes dans le monde qui souhaittent plus ardemment la possession d’un beau corps, que celle d’un bel esprit, si est-ce qu’il est impossible, ce me semble, qu’en leur ame ils ne trouvent ce dernier plus estimable que l’autre.

21. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — III. Le Loup plaidant contre le Renard pardevant le Singe. » p. 474

Quelques personnes de bon sens ont cru que l’impossibilité et la contradiction qui est dans le Jugement de ce Singe, estoit une chose à censurer ; mais je ne m’en suis servi qu’aprés Phedre, et c’est en cela que consiste le bon mot, selon mon avis.

22. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XVIII. De l’Arondelle, et des autres Oyseaux. »

Il y a certaines personnes aussi, qui par je ne sçay quelle stupidité, ne reçoivent pas un bon conseil ; D’autres, par une fausse impression qu’ils ont conçeuë contre leurs amis, les tenans suspects d’envie, ou de malignité, et par consequent jugeant tous leurs advis reprochables. […] Ce qu’Esope a fort judicieusement remarqué en la personne de l’Arondelle, qui voyant que les autres Oyseaux mesprisoient les profitables enseignements qu’elle leur avoit donnez, changea de party contre leur esperance ; Et se tournant du costé de l’homme, elle y trouva plus de satisfaction qu’avec ses premiers compagnons.

23. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXII. Du Chat, et du Coq. »

Ainsi, dis-je, s’il arrive que les Grands veüillent faire mourir quelqu’un, apres avoir parlé genereusement pour le bien de la Patrie, il ne se trouvera que trop de Complaisants prés de leur personne, qui pour en haster la punition, luy imposeront incontinent le crime de Calomniateur, de Seditieux, et de Boute-feu. […] Cela doit faire trembler les personnes de condition, et les détourner pour jamais de la cruauté, principallement de celle qui se figure un charitable pretexte du bien public, pour conclure la mort des Innocents avec la satisfaction des Peuples.

24. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLV. Du Loup, et du Chien. »

Or n’entendons-nous pas icy par ce nom de liberté toute sorte d’affranchissement, veu qu’il ne se trouve personne dans le monde qui n’y soit avec quelque dépendance, voire mesme avecque plusieurs. […] Son intention n’est donc autre, que de reprendre les personnes, qui pouvant demeurer libres en une petite Maison avec innocence et seureté, sans dépendre d’autres loix que de celles où la Nature nous lie necessairement, vont destruire par leur propre élection toute leur vraye felicité, et s’abandonnent malheureusement au pouvoir d’autruy, aux brocards des Courtisants, à la censure des Envieux, et à toutes les gesnes d’une servile et deshonorable complaisance. […] Celuy-là, comme je croy, n’est pas digne d’un bien, ou d’un privilege par dessus les autres, qui le laisse perir, ou diminuër par sa propre faute, d’autant que la soigneuse conservation d’une chose, est un merite en la personne qui la conserve ; si bien que par consequent c’est une espece de démerite de la laisser descheoir ou avilir par sa nonchalance. A ceste occasion nous disons à fort bon droict, que celuy-là n’est pas digne de la santé, qui en abuse trop imprudemment, et que les richesses sont mal deües à l’homme qui en est prodigue, ou qui n’en fait part à personne.

25. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — XIX. Le Lion et l’Asne chassant. » p. 151

Si je ne connoissois ta personne et ta race, J’en serois moy-mesme effrayé.

26. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 39 » p. 14

Il en est ainsi des hommes : les menteurs ne se vantent jamais plus que quand il n’y a personne pour les confondre.

27. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — VII. L’Yvrogne et sa femme. » p. 246

Quelle personne es-tu ?

28. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 245 » pp. 352-352

Puis comme ils revenaient pour prendre des figues sèches, une autre personne vint chercher quelque chose à l’intérieur de la chambre. […] Moi, pauvret, je vais vivre en grignotant de l’orge et du blé, mais sans craindre ni suspecter personne. » Cette fable montre qu’il vaut mieux mener une existence simple et paisible que de nager dans les délices en souffrant de la peur.

29. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XI. De l’Aigle, et de la Corneille. »

N’est-ce pas destruire les fondements de l’amitié, qui sont d’estre tousjours officieux, tousjours bien-faisant, voire mesme de vivre en la personne que l’on cherit ? […] Car de donner son cœur à la premiere occasion entre les mains d’une personne que nous n’avons point pratiquée, c’est, à mon advis, la mesme imprudence, que de se hazarder sur un vaisseau, sans avoir pris garde s’il est entier, ou bien calfutté.

30. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXVI. De la Tortuë, et de l’Aigle. »

Voila comme quoy les personnes, qui d’une basse condition parviennent à une haute fortune, sont fort sujettes à tomber, ou par leur faute, ou par les embusches de leurs Envieux. […] Aussi est ce pour cela que l’on appelle fort à propos telle espece de calamité un revers de medaille, comme s’il estoit aussi necessaire à toute prosperité d’estre sujette au changement, comme à une medaille d’avoir son revers ; au lieu qu’une personne qui est éminente en qualité, n’en a pas l’obligation à la fortune, mais à sa naissance, et qu’ainsi elle n’en doit point craindre la cheute avecque tant de raison.

31. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXVIII. De l’Asne vestu de la peau du Lion. »

Le seul Hypocrite, qui cache la malice et l’impieté sous le voile d’une fausse devotion, est capable de tenir les personnes plus long temps abusées, à cause que l’exercice de la Vertu n’est pas sujet à la censure des hommes, mais à celle de Dieu : Son espreuve se fait au Ciel, et non pas en terre. […] La mesme chose arriva, mais plus effroyablement, en la personne de ce fameux Docteur, que toute l’Université de Paris reputoit pour sainct personnage, et qui toutesfois, Dieu le permettant ainsi, se leva du cercueil par trois fois, pour publier sa condemnation, et des-abuser luy-mesme les hommes de l’opinion qu’ils avoient de sa saincteté.

32. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — III. Le Loup devenu Berger. » p. 451

Sa personne estant ainsi faite, 
Et ses pieds de devant posez sur sa houlette,
 Guillot le 2Sycophante approche doucement.


33. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE III. Du Rat, et de la Grenoüille. »

Icy se void une peinture des artifices humains, dont nous avons tous les jours l’original devant les yeux ; C’est à sçavoir, que pendant la contention de deux personnes, une tierce vient à jouyr du prix de leur contestation, et tire toute seule l’avantage de la querelle des autres. […] Car en quel temps un tiers a-t’il plus beau jeu pour profiter du dommage de ses deux concurrents, que lors qu’ils se treuvent affoiblis de coups mutuels, et espuisez par des guerres continuelles ; voire mesme qu’ils sont reduits à ce poinct d’aveuglement, que d’appeller à leur ayde la personne du monde, qui leur doit estre la plus suspecte ?

34. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE IX. Du Sanglier, et de l’Asne. »

Il luy a dit luy-mesme ce qu’il falloit, pour l’asseurer, et luy a tesmoigné son mespris par la moderation de sa colere : En cela semblable aux grands courages, qui n’aspirent qu’aux vengeances malaisées, et ne se resolvent pas librement à tirer raison d’une personne lasche, et mal estimée. […] Que si la chaleur allumée dans la personne par l’intemperie, rencontre une quantité de mauvaises humeurs, dont elle prenne sa nourriture, et à l’ayde desquelles elle s’augmente, et se multiplie, alors toute la chaleur naturelle qui est en nous, sera contraincte de s’esmouvoir, pour repousser, cét ennemy, venant comme au sort d’une Bataille ; Et c’est d’où procede ceste agitation generale de toutes les parties, qui produit une lassitude continuelle, et un fracas universel. Si donc ceste experience est visible, et au temperamment de nos personnes, et en la nature du feu, n’aurons-nous pas raison de dire aussi, qu’il en arrive de mesme en la vengeance des animaux, à sçavoir que le sang leur boüillant autour du cœur par le moyen de la colere, ne s’aigrit pas si aisément pour une petite resistance, que pour une grande, ny ne desploye pas toutes ses forces naturelles contre un petit object, voire mesme le laisse aller bien souvent sans le toucher, pource qu’une si chetive presence n’est pas assez forte sur sa fantasie, pour l’esmouvoir à courroux.

35. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 170 » pp. 251-251

Je n’ai dérobé à personne ni or, ni argent, ni quoi que ce soit de précieux : c’est un petit grain de blé qui a causé ma mort. » Cette fable s’applique à ceux qui, pour un profit mesquin, s’exposent a un grand danger.

36. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLVII. Du Singe, et du Renard. »

La premiere s’entend de la chicheté des Riches, qui font gloire de refuser aux personnes incommodées, les choses mesmes qu’ils ont avecque superfluité ; ce qui doit apprendre aux Pauvres, qu’ils n’ont guere à esperer des grands Seigneurs, mais que le meilleur pour eux, c’est de s’attendre à un honneste labeur, et tirer de là le soustien de leurs familles.

37. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXVI. Du Cheval, et du Lion. »

Ce qui nous apprend que les personnes les plus vigoureuses, deviennent apprehensives par l’âge, à cause, comme nous avons dit cy-dessus, du refroidissement de leur sang. […] Par le déguisement du Lion en Medecin, nous est donnée une sage instruction de prendre garde aux aguets de nos Ennemis, et nous mesfier principalement des personnes, qui empruntent contre leur ordinaire, le masque de leur feinte pieté.

38. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXIII. De la Fourmy, et de la Mouche. »

Voylà tout ce qu’elle peut dire en faveur des personnes vaines, qui ne consiste, à mon advis, qu’en certaines choses, encore sont-elles foibles, et fort peu considerables. […] Pour ce qui est des delices, dont se vante l’impertinente Mouche, qui sont, les beaux et spacieux logements, les viandes exquises et delicates, les vins excellents, et quantité d’autres douceurs, qui accompagnent la vie des personnes relevées en condition ; la sage et prevoyante Fourmy a beaucoup de choses à y respondre, principalement qu’elle n’est point au dessous d’elle en cela, puis qu’elle ne l’envie pas. […] Mais je sçay bien qu’ils envient, ou qu’ils feignent d’envier les delices d’une vie particuliere, au lieu que les personnes retirées et solitaires ignorent pour la pluspart, et veulent constamment ignorer les delices des grands Seigneurs.

39. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — VI. L’Aigle, la Laye, et la Chate. » p. 488

La faim détruisit tout : il ne resta personne
 De la gent Marcassine et de la gent Aiglonne,
 Qui n’allast de vie à trépas ;
 Grand renfort pour Messieurs les Chats.



40. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXX. Du Loup, et de la Teste peinte. »

Cognoistre plus au vray les choses, est un avantage qui appartient aux personnes doüées d’un esprit vif, et subtil. […] Car la beauté du corps n’ayant tout au plus que douze ou quinze ans à paroistre en nos personnes, celle de l’ame nous accompagne jusqu’au tombeau, voire mesme elle trouve des siecles infinis par delà, pendant lesquels elle a mille fois plus de splendeur et de gloire que maintenant.

41. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Partement d’Esope, et son arrivée en Lydie. Chapitre XXIV. »

Je t’en dis de mesme, ô grand Roy, et soubmis à tes pieds, je te prie de ne me point faire mourir sans cause, car je ne suis pas homme qui veüille nuire à personne, et si l’on peut blasmer quelque chose en moy, c’est qu’en un corps chetif et difforme, je loge une ame qui ne sçauroit rien flatter ».

42. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — XXI. La jeune Veuve. » p. 

On ne croiroit jamais Que ce fust la mesme personne.

43. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LI. Du Paon, et du Rossignol. »

Certes, il semble que la sage Nature ait doüé châque personne de ce qui luy doit eschoir, avec tant de proportion et de justesse, que les qualitez qu’elle n’a point mises en quelqu’un, y seroient, sans doute mal-seantes, ou mesme elles n’y pourroient estre sans miracle. […] Tout le monde, disoit-il, est si bien assorty de ce qu’il luy faut pendant le cours de ceste vie, que si nous avions mis ensemble nos bonnes et nos mauvaises fortunes, afin de refaire le partage plus à propos, apres avoir tout veu et tout consideré, nous raporterions chacun nos biens et nos maux au logis, ne jugeant rien de plus sortable à nostre personne, que ce que la naissance ou le destin nous auroit envoyé.

44. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXII. D’un Enfant, et de sa Mere. »

Cependant, comme il n’y avoit personne qui le châtiast, ce maudit vice s’augmentoit en luy, à mesure qu’il croissoit en âge. […] Mais quant aux autres Republiques, elles punissoient à toute rigueur telle maniere de crimes, et ne souffroient point que personne s’enrichist par ses voleries.

45. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LII. De l’Oyseleur, et du Merle. »

Premierement, pource que la famille estant une Communauté composée de plusieurs personnes, et la Republique une Communauté composée de beaucoup de familles, il faut necessairement conclure que ceste espece de Republique sera la meilleure, qui approchera le plus de l’ordre et de la liaison d’une famille, c’est à dire, celle dont les habitants se garderont plus de foy et de sincerité les uns aux autres.

46. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCIII. De deux pots flottans sur l’eau. »

Par ceste Fable il nous est enseigné de ne nous accoster guere de personnes plus puissantes que nous, veu le dommage qui nous en peut arriver, en cas que l’amitié vienne à se rompre.

47. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — VIII. L’Hirondelle et les petits Oyseaux. » p. 39

Il nous faudroit mille personnes
 Pour éplucher tout ce canton.


48. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XVI. Du Lion, et du Rat. »

Quant à la recognoissance du Rat envers le Lion, elle a esté tres-sagement inventée par Esope, pour nous donner à entendre, qu’il n’est point de si chetifve personne, de qui les Grands ne puissent avoir besoin ; et par consequent qu’il est bon d’user de clemence envers eux ; ce qu’il ne faudroit pas laisser de faire, quand mesme on n’en devroit esperer aucune sorte de recompense. […] Mais il semble que la Bonté Divine, pour nous convier à cela plus puissamment, y a joinct quantité de recompenses ; Car nous ne voyons guere de personnes charitables, dont la Fortune ne prospere en ceste vie, et ne soit suyvie d’une bonne fin pour les mener en l’autre.

49. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XX. Des Colombes, et du Faucon leur Roy. »

De dire aussi que cela vienne de meschanceté, je n’y voy pas beaucoup d’apparence, puis que l’intention de la pluspart de ces personnes est de bien faire, et de se garantir des presentes calamitez par la force d’un Protecteur. […] Que si Esope rend icy les Colombes capables de ces fautes, ce n’est pas que les animaux le soient veritablement d’aucun crime, non plus qu’ils ne le sont pas de la parole et du discours, mais il represente en leur personne la faute des hommes, et nous départ ainsi ses enseignements.

50. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXV. Du Renard, trahy par le Coq. »

Jamais il ne faut attendre de bons offices des personnes que nous avons des-obligées, comme dit fort à propos le Renard dont il est question.

51. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXX. De la Mouche. »

De cette façon, semblables à Tantale, ils béent incessamment aprés la possession de leurs Maistresses, et ne peuvent toutesfois accomplir les actions qu’elles leur permettent, peine insupportable à ces miserables, qui par un effet de leur imagination blessée, entretiennent dans le cœur un brasier ardant, et tout le demeurant de la personne de glace.

52. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCIV. Du Taureau, et du Bouc. »

Elle est toutesfois si commune, que nous ne voyons jamais personne tomber en la disgrace d’un Grand, que les Courtisans ne luy tournent le dos, et n’aggravent sa misere par quelque malicieux rapport.

53. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXII. D’un Malade, et d’un Medecin. »

Tels sont ordinairement ceux qui approchent de la personne des Grands, à qui l’éclat de leur condition, ou l’espoir de la fortune, fait trahir mille fois le jour leur conscience, en leur conseillant des choses illegitimes.

54. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — XIV. Simonide préservé par les Dieux. » p. 522

On ne peut trop loüer trois sortes de personnes ;
 Les Dieux, sa Maistresse, et son Roy.


55. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XIII. Du Corbeau, et du Renard. »

Car quelle apparence y a-t’il de se rapporter à un tiers de ce que l’on est, et d’apprendre ses veritez de la personne d’autruy ? […] Que si cela est, comment se peuvent-ils fier au rapport des personnes mercenaires, qui n’aspirent veritablement, qu’à bastir leur fortune, aux despens mesme de leur Seigneur ?

56. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXI. De la Fourmy, et de la Cigale. »

Ceste Allegorie sert d’un bel exemple à l’homme faineant et voluptueux ; Car d’avoir employé presque tout son aage dans la mollesse et dans l’oisiveté ; de s’estre gorgé de delices, d’avoir perdu l’usage de ses mains, et engourdy jusques-là sa personne, qu’elle demeure incapable des fonctions les plus vigoureuses ; puis de se voir reduite non seulement à quester sa vie, mais encore à la gagner avecque difficulté, parmy les affronts du mépris et de la honte ; c’est, à mon advis, une chose hors de toute consolation. […] Ce sont asseurément des miseres qu’une personne vulgaire ny d’entendement mediocre ne sçauroit endurer avec patience.

57. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE C. Du Pescheur, et d’un petit Poisson. »

Au contraire, nous voyons tous les jours par espreuve, que les biens temporels sont de penible acquisition : qu’il faut suer, courir, combattre, choquer l’un et l’autre, offenser plusieurs personnes, cajoler, faire la Cour, et se distraire de la Vertu, pour les acquerir ; Qu’au reste, la possession en est necessairement limitée par la mort joinct qu’on ne les garde pas tous-jours jusques là ; Et toutesfois, ô la misere de nostre âge ! il ne se trouve presque personne qui fasse élection du meilleur, et qui pour embrasser la certitude des choses éternelles, laisse le soing des perissables. […] Certes, il n’est pas à croire que de tant de milliers de personnes, qui ont vescu depuis la naissance du monde, non seulement en Europe, mais dans les Royaumes estrangers, il n’y ait eu que ceste poignée d’honnestes gents, dont les Historiens nous ont parlé.

58. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LX. De la Puce, et de l’Homme. »

Elle voulut s’excuser alors, alleguant qu’elle estoit de ce genre d’animaux que la nature avoit destinez à vivre comme elle ; Surquoy le priant tres-instamment de la laisser, puis qu’aussi bien elle ne pouvoit luy faire beaucoup de mal ; « Tu t’abuses », luy respondit l’homme en soubs-riant ; « et c’est pour cela mesme que j’ay sujet de te vouloir tuer, pource qu’il ne faut offencer personne, ny peu, ny prou ».

59. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — XXII. L’Aloüette et ses petits, avec le Maistre d’un champ. » p. 325

L’Aloüette eut raison, car personne ne vint.

60. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — D’un fardeau, dont Esope se chargea. Chapitre VI. »

Mais luy n’en demeura pas d’accord, disant qu’il n’estoit pas raisonnable qu’il fust le seul qui demeurast inutile, tandis que tous les autres travailleroient : Et ainsi sur ce que ses compagnons luy permirent de choisir entre tous les fardeaux celuy qu’il jugeroit le plus à son gré, apres qu’il eust bien regardé çà et là et assemblé quantité de choses, comme vases, sacs, balots et paniers, il voulut enfin estre chargé d’une corbeille pleine de pain, que deux personnes devoient porter.

61. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXIV. D’un vieil Chien, et de son Maistre. »

Jugez, je vous prie, si ce n’est pas une belle satisfaction à ces miserables, au lieu de treuver la recompense de leurs travaux, d’estre payez d’ingratitude, et de risée, et encore par la personne du monde, qu’ils ont le plus obligée.

62. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — XX. Testament expliqué par Esope. » p. 512

A la Coquette l’attirail, Qui suit les personnes beuveuses.

63. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « A MONSEIGNEUR. MOROSINI, AMBASSADEUR. ORDINAIRE DE LA. SERENISSIME REPUBLIQVE. DE VENISE, PRES DE SA MAJESTÉ. TRES-CHRESTIENNE. »

MONSEIGNEUR, Je devrois craindre sans doute, de choquer la bien-seance ; et par la hardiesse que je prends d’aborder vostre Personne, sans avoir l’honneur d’en estre connu ; pour le peu d’apparence qu’il y a, qu’au lieu de quelque Histoire serieuse, je vienne vous presenter un Livre de Fables. […] Ce fut une pretieuse marque d’Honneur deuë à sa Vertu que vous suivez ; et ce n’est point aussi le Hazard, mais le Merite, qui pour le service de vostre Patrie, vous fait agir dans une Dignité dont elle vous a jugé tres-capable, par une preeminence qui n’est pas moins glorieuse qu’extraordinaire : Car ayant accoustumé d’envoyer premierement en Hollande, et aux autres Estats, ceux dont elle se veut servir pour les Ambassades, Elle vous a d’abord envoyé en France, pour y succeder à la sage administration de M. nani dont personne ne pouvoit remplir la place plus dignement que vous faites.

64. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XL. De l’Asne, et du Cheval. »

La principale raison que je puis alleguer de cela, c’est que ces derniers ont plusieurs consolateurs, qui par leurs fortes persuasions, leur aydent à surmonter l’ennuy qui les attaque, et les divertissent le mieux qu’ils peuvent ; Comme au contraire ces courages audacieux qui sont en un estat de prosperité, attirent sur eux de tous costez le peril, l’Envie, et la hayne, à cause qu’ils n’ont personne qui reprime leur humeur altiere, et qu’il les fasse souvenir de leur condition. […] Que si cela ne suffit, tournons la medaille, et nous en verrons encore des preuves en la personne de Jugurtha, de Persée, de Mithridates, Roy de vingt-deux Royaumes, et de plusieurs autres Princes, de qui les Sceptres et les Couronnes servirent anciennement de riches trophées au Capitole, et de precieuses marques d’honneur au grand Empire Romain.

65. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LIX. Du Lion, et de l’Homme. »

Les Historiens mesmes, qui font profession d’une entiere foy, flattent presque tousjours les Grands, ou les personnes qui leur sont amies, soit pour l’esperance du gain, soit par une maniere de complaisance lâche et servile. […] Il faut donc, s’il veut dire le vray, qu’il s’adonne à raconter des choses indifferentes ; Et en ce cas là, outre qu’il peut estre mal adverty, on luy demandera tous-jours de qui il tient ces memoires, et trouvera-t’on à la fin qu’ils viennent ordinairement de personnes amies ou ennemies : veu que les indifferentes ne se peineroient pas beaucoup pour s’en instruire.

66. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 251 » pp. 171-171

Mais une violente tempête étant survenue, le vaisseau chavira, et toute la cargaison fut perdue ; elles ne sauvèrent que leurs personnes.

67. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE V. Du Chien, et de l’Ombre. »

Ce Chien, qui laisse tomber ce qu’il tenoit, pour en prendre l’ombre, peut servir d’instruction à quantité de personnes, et en general et en particulier.

68. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXVI. Du Chévreau, et du Loup. »

La Chévre voulant aller paistre, enferma son Chévreau dans sa loge, et luy commanda qu’il n’eust à ouvrir à personne, jusqu’à-ce qu’elle fust de retour.

69. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXII. De la Brebis, et de la Corneille. »

» Par mesme moyen il pourra considerer, que la personne qu’il persecute est quelquefois plus éminente que luy, quoy qu’elle paroisse plus abjette.

70. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE J. Du Coq, et de la pierre precieuse. »

Car comme il n’y a personne qui croye que la vertu de courtoisie soit égale en merite à la condition d’estre liberal, ny derechef que la liberalité soit aussi estimable que la valeur ; ainsi nul ne voudroit asseurer que toutes ces vertus Moralles ensemble, disputassent l’honneur avec les intellectuelles.

71. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LIV. De l’Asne, et du Lion. »

Telle espece d’orgueil est fort ordinaire à ceux qui vivent familierement auprés de la personne des Princes, ou des gents extrémement qualifiez.

72. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXIII. Du Renard, et du Buisson. »

J’obmets plusieurs autres differences touchant la maniere de converser avecque les hommes, à cause qu’il me semble fort difficile de les exprimer, veu que le nombre n’en est pas moins grand que des conditions, et des humeurs des personnes.

73. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXVII. Du Liévre, et de la Tortuë. »

Du premier, nous en avons un exemple bien évident en la personne d’Archimede, qui se fût en vain picqué de ses hautes cognoissances, et de son profond sçavoir aux Mathematiques, s’il ne les eût praticquées avecque soing, et pour son contentement particulier, et pour le service de sa Patrie.

74. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « A MONSIEUR. MONSIEUR. DE SAINCT SYMON, premier Gentil-homme de la Chambre. du Roy, et son premier Escuyer. »

Si cela est, MONSIEUR, je ne doute point que la consideration de cette excellente qualité, ne produise en vous cet effet en faveur de ce Philosophe, pour ce qu’à l’exemple de ce grand Prince, aux bonnes graces et aux secrets duquel vous avez l’honneur d’avoir la meilleure part, vous n’estimez les personnes que par la plus noble partie d’elles mesmes.

75. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE IV. Du Cerf, et de la Brebis. »

Car qui a plus d’interest en nous que nostre propre personne, et en quelle consideration nous doit estre un peu de bien au pris de nostre repos ?

76. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXI. Du Geay. »

L’extravagante ambition de ces Presomptueux, qui démentent leur naissance pour se jetter dans une volée trop éminente, est icy tresbien dépeinte par le sage Esope, en la personne du Geay.

77. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXI. Du Larron, et du Chien. »

Je diray seulement, qu’il suffit de considerer les qualitez de la personne qui nous aborde avec des presents, pour cognoistre en quelle estime elle est dans le monde, et juger par ses déportements passez, si elle est capable d’une fourbe, ou d’une meschanceté.

78. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXVIII. Du Berger, et du Loup . »

Quant au Barbier, il fut laissé plus de quatre heures attaché au potteau, sans que personne songeast à le deslier, jusqu’à ce que sur le soir il survint quelqu’un qui en fit l’office, touché de la compassion qu’il en eut.

79. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Le voyage d’Esope en Delphes. Chapitre XXIX. »

De ceste mesme façon, lors que j’estois bien esloigné de vostre ville, je vous admirois comme des personnes qui me sembliez valoir beaucoup, et meriter de grandes loüanges : mais depuis mon arrivée en ce lieu, je me suis veu bien trompé, vous ayant trouvé plus inutiles que tous les autres ».

80. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE VIII. Du Laboureur et du Serpent. »

Mais je laisse en arriere tous ces exemples, pour alleguer seulement celuy qui est arrivé à la personne mesme de nostre Autheur, et qui est escrit cy-devant en l’Histoire de sa vie ; A sçavoir, qu’Esope estant dans Babylone, à la Cour du Roy Lycerus, adopta pour fils un jeune homme, qui luy sembla le plus aymable, et le mieux conditionné de toute la Ville, auquel il donna une entiere esperance de ses biens, et mit toute son affection en luy, comme s’il eust esté veritablement son enfant.

81. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXIV. De l’Homme, et d’une Idole. »

Cela se verifie en la personne d’Aristote et de Platon, qui passerent une grande partie de leur âge sans vouloir devenir riches, et n’y consentirent qu’à la fin, lors qu’ils recognurent leur esprit assez fortifié contre la corruption qu’apportent les biens du monde.

82. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXIV. D’un Laboureur et de ses Enfants. »

Ce qu’Esope a judicieusement inventé du Laboureur, nous l’avons desja dit cy dessus en la personne d’un Roy de Scythie, nommé Silurus, qui appella ses enfans à l’article de la mort, et leur fit faire la mesme experience, qui est contenuë dans le discours de ceste Fable.

83. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 4 » pp. 3-3

Cette fable apprend à ne mépriser personne ; il faut se dire qu’il n’y a pas d’être si faible qui ne soit capable un jour de venger un affront.

84. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Subtile response d’Esope, touchant les superfluitez que la Nature rejette. Chapitre XVIII. »

Alors quand tu verras tout le peuple assemblé à ce spectacle, apres que tu seras assis, commande que l’on te remplisse une tasse d’eau ; Puis l’ayant prise, demande à celuy qui a les gages, quelles sont vos conventions, et le demande tout haut, afin qu’il n’y ait personne en la compagnie qui ne l’entende.

85. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXIII. De l’Enfantement des Montagnes. »

Tel encore fut le destour de l’Euphrate par Semiramis, qui ne fut achevé de personne ; Et telle la grande Pyramide d’Egypte, où nul n’a sçeu mettre la derniere main.

86. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXIII. De l’Arbre, et du Roseau. »

Mais il ne nous sera pas malaisé de respondre à tout cela, pourveu que nous distinguions deux choses, à sçavoir les déportements du Sage, eu égard à soy-mesme, et pareillement la façon de vivre, en tant qu’elle se rapporte à d’autres personnes.

87. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCII. De deux Amis, et de l’Ours. »

C’est pourquoy l’Ours de ceste Fable, au lieu de dire à l’oreille du Voyageur, ne t’accompagne plus d’un tel Amy, eût eu plus de raison de luy donner ce conseil ; ne t’accompagne de personne sous l’esperance d’en estre aymé.

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