Or ces delices qu’on trouve à changer, viennent, sans doute, de ce que nous nous rassasions facilement d’une mesme action, ou d’un mesme object, et de ce que nostre entendement se portant à tout cognoistre, nostre volonté de mesme se porte à tout esprouver ; En quoy, certes, les animaux ont de l’avantage par dessus nous ; Car ils vivent dés le commencement du monde dans les mesmes regles, et relevent des mesmes principes.
Ce qui toutesfois ne semble pas tousjours vray dans le commerce du monde, puis que nous voyons une infinité de gents mal traictez de la fortune, qui ne laissent pas d’avoir l’ame extrémement bonne, et de vivre dans une parfaitte observation des Loix.
Mais je suppose qu’elle vive comme une Vestale, et que le Mary ne soit point jaloux ; tousjours est il travaillé d’une autre espece de douleur, à sçavoir de celle qui se fonde sur l’opinion : car il faudroit vivre en un siecle plus modeste que celuy-cy, ou dans une Republique de Lacedemone, pour n’estre point sujet à la calomnie. […] Il leur est donc fort difficile de se bien porter en les faisant, et mesme impossible de vivre long-temps.
Quand ils ont assemblé des thresors par leurs voyages, en vivent-ils en paix ? […] D’où vient que les Avares ne croyent pas avoir dequoy vivre, que lors qu’ils ont amassé des richesses excessives ? […] Comme au contraire, s’il les sçait ménager legitimement, aussi bien usera-t’il de peu que de beaucoup, tellement que de ce costé là nous ne luy ferons point tort de le laisser moins riche, puis qu’il pourra vivre en ceste condition, et demeurer homme de bien : car il est à croire, qu’un naturel moderé parmy les richesses, ne sera pas dissolu dans la pauvreté.
L’esperance n’est-elle point de soy capable de consoler, et de faire vivre ?
La Raisonnable est celle où l’on feint l’homme estre autheur de quelque chose qu’on se figure ; La Morale, qui tasche d’imiter la façon de vivre des Creatures raisonnables : La Meslée, qui comprend ensemble ce qui est pourveu de raison, et qui ne l’est pas : La Propre, qui par l’exemple des bestes, et des choses inanimées demonstre tacitement ce que l’on veut enseigner, comme fait Esope en toutes ses Fables ; Et la tres-propre, qui convient aux hommes, et aux fabuleuses Deïtez, en ce qui regarde les actions.
Quant aux hommes de moindre qualité, mais qui ont assez d’ambition, pour souhaitter de vivre dans une Histoire, il n’est pas incompatible qu’ils ne corrompent les Escrivains mercenaires, pour se faire vendre bien cherement quatre lignes de loüange ; Que si quelques-uns d’entr’eux ne le font, la faute en est à leur avarice, et non pas à leur moderation, en matiere de vaine gloire.
Mais depuis, voyant qu’elles avoient de leur costé quantité de chiens qui les chassoient, ils leur firent sçavoir par des Ambassadeurs envoyez exprés, que si elles vouloient desormais vivre en paix, et oster tout soupçon de guerre, qu’elles eussent à leur envoyer les chiens ; comme en effect les brebis furent si sottes, et si mal-advisées, que de les donner, en se laissant persuader une chose qui ne leur pouvoit estre que dommageable.