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2. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XV. De l’Asne, et du Chien. »

Ils estoient composez d’ame, et de corps, et derechef l’ame et le corps de tous les deux estoient doüez de facultez naturelles. […] D’ailleurs, estant vray ce que dit Aristote, que nulle action naturelle n’est sans volupté, il semble que là où nous reüssissons le mieux, nous y prenons aussi plus de plaisir, et par consequent que nous y sommes portez avec plus d’envie. […] Car quant aux Arts et aux Sciences, il arrive quelquefois qu’un naturel rude et grossier, surmonte ses propres défauts par l’obstination, et devient capable des choses difficiles, en despit mesme de la nature. Mais nul n’a jamais veu qu’on se soit rendu plaisant, sans y avoir une grande disposition naturelle, soit que la gentillesse du Bouffon consiste aux postures, et au maniment du corps, comme aux Histrions, et aux Pantomimes ; soit qu’elle dépende entierement de la grace de l’esprit, comme aux diseurs de bons mots, soit qu’elle participe de tous les deux, comme aux Comediens.

3. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 353 » pp. 226-226

Or le lièvre, confiant dans sa vitesse naturelle, ne se pressa pas de partir ; il se coucha au bord de la route et s’endormit ; mais la tortue, qui avait conscience de sa lenteur, ne cessa de courir, et, prenant ainsi l’avance sur le lièvre endormi, elle arriva au but et gagna le prix. Cette fable montre que souvent le travail l’emporte sur les dons naturels, si on les néglige.

4. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXIV. De l’Asne, et du Loup. »

Esope se moque à bon droict en cette Fable, de ceux qui se veulent mesler d’un mestier qui ne leur est pas ordinaire, ny propre, et laissent pour cét effet leur vray et naturel exercice, chose, ce me semble, la plus digne de reprehension qu’on puisse faire, pource que, non seulement on hazarde en cela sa reputation, mais aussi on y ruyne ses affaires, et celles d’autruy ; ce qui ne peut proceder que d’une excessive vanité, joincte à une foiblesse d’esprit encore plus grande. […] Bref, il n’y a celuy qui pour paroistre universel en la cognoissance des choses, ne mette effrontément sur le tapis des questions sur des matieres où il n’est aucunement versé, et où mesme, quand il auroit beaucoup d’estude, son naturel l’empescheroit de profiter.

5. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 11 » p. 393

La fable fait voir que le naturel persiste tel qu’il s’est montré d’abord.

6. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 54 » p. 37

Or un jour on lui présenta un louveteau ; il le palpa et resta indécis. « Je ne sais pas, dit-il, si c’est le petit d’un loup, d’un renard ou d’un autre animal du même genre ; mais ce que je sais bien, c’est qu’il n’est pas fait pour aller avec un troupeau de moutons. » C’est ainsi que le naturel des méchants se reconnaît souvent à leur extérieur.

7. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — VIII. L’Homme et l’Idole de bois. » p. 285

Tu ressembles aux naturels Malheureux, grossiers, et stupides : On n’en peut rien tirer qu’avecque le bâton.

8. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XI. De l’Aigle, et de la Corneille. »

Car comment pourroit estre pure et naturelle l’inclination, qui a le gain et l’advantage pour objects ? […] Ce fût pour cela qu’un ancien Roy, à qui l’on vint rapporter qu’il avoit esté trompé d’une grande somme de deniers par un Cretois, voulant monstrer à ce Perfide, que ce mal luy estoit advenu par une lascheté naturelle, « Il a fait le Cretois », dit-il, « et j’ay fait le Roy ».

9. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXV. Du Pescheur. »

Il n’y a pas beaucoup à dire sur le sujet de ce Pescheur, sinon que toutes choses ont bonne grace faites en leur saison, et qu’au contraire elles sont déplaisantes et importunes, quand on les tire de leur assiette naturelle, pour les transferer à d’autres usages.

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