Ceux-ci répondirent : « Nous serions venus à votre aide, si nous ne savions qui vous êtes, et qui vous combattez. » Cette fable montre que ceux qui se mettent en lutte avec de plus puissants font fi de leur salut.
Sur le point d’être noyée dans la sauce, elle se dit à elle-même : « J’ai mangé, j’ai bu, j’ai pris un bain ; la mort peut venir : il ne m’en chaut. » Cette fable montre que les hommes supportent facilement la mort, quand elle survient sans douleur.
Sa fille fist venir avant ; tant par destreit tant par amur li estut cunustre la verrur ; del sanc li dist que ele espandi e que li autre esteit de li.
Comme il fut venu ; « Quoy ? […] Mais enfin comme il apperçeut que des paroles on en vouloit venir aux coups, se jettant aux pieds de son Maistre, il le pria de se donner un peu de patience.
Li mulez a la nue vient, [e] dit que si puissant la tient que sa fille volt demander. […] Dedenz mei gist* e fet ses niz ; il n’ad en mei si fort morter que ele ne puisse trespercer ; desuz me fuet, par mi mei vient nule chose ne la detient. » Li mulez dit : « Coment ?
Que s’il est question maintenant de venir à l’impudicité, y a-t’il rien qui nous y porte avec tant d’excez, que la richesse sans bornes ? […] Viendrons-nous maintenant à l’orgueil ? […] D’où vient la longue suitte des Pages et des Gentils-hommes ? […] D’où vient, dis je, tout cela, si ce n’est de la richesse ? […] A quoy s’il faut joindre les raisons, nous n’avons seulement qu’à jetter les yeux sur les Histoires presentes, et sur les passées, où nous ne verrons guere qu’un homme extrémement riche, ou Ambitieux, soit venu jusques à une douce et paisible vieillesse.
» Il ne faut pas nous affliger des accidents qui nous surviennent : ce qu’on ne tient pas de sa nature dès sa naissance, on ne saurait le garder : nus nous sommes venus, nus nous partirons.
Quant à ces deux Compagnons, qui se debattent imprudemment pour une chose qui ne leur appartient pas, ils me remettent en memoire une infinité d’hommes pernicieux, qui font gloire de se rendre de mauvais offices, jusques là mesme, que de la langue ils en viennent souvent aux mains, et tout cela pour un advantage qui ne leur est pas destiné, mais que le Ciel reserve à d’autres qu’à eux.
Tout animal n’a pas toutes proprietez ; Nous vous avons donné diverses qualitez, Les uns ont la grandeur et la force en partage ; Le Faucon est leger, l’Aigle plein de courage ; Le Corbeau sert pour le présage ; La Corneille avertit des malheurs à venir ; Tous sont contens de leur ramage.
Dans cette admirable pensée, Voyant son Maistre en joye, il s’en vient lourdement, Leve une corne toute usée ; La luy porte au menton fort amoureusement.
Ceste semblance est asez veire ; quant fous ne veut le sage creire, ki bon cunseil li set duner e de sun mal le volt oster, si damage l’en deit venir, dunc est trop tart del repentir.
Li venere vient [la] criant, d’ures en autres demandant si il aveit le lu veü.
De tel chose peot hum joïr que ne peot mie a tuz pleisir ; par descoverance vient grant mal, n’est pas li secles tut leals.
L’autre vilein fist apeler quë ert venu a lui clamer ; de la caue li demanda quei ceo esteit que ele chanta e queile parole ele diseit.
Occorse un giorno, che sendo in camino Ambi guidati dal padrone insieme, L’Asino stranamente indebolito Da la vecchiezza, e dal soverchio peso Pregò il Cavallo in supplichevol modo Che d’un poco del peso per alquanto Di spatio gli piacesse di sgravarlo Fin ch’ei potesse sol riprender lena : Perché già si sentia venir a fine : E negando di farlo il suo compagno Cadendo lasso in mezo del sentiero Terminò col viaggio anchor la vita.
Tal l’huom bugiardo e di malitia pieno Rimaner suole a lungo andar, né puote Sempre venir al fin del suo pensiero Con la bugia del suo fallace inganno, Ché finalmente il ver da sé si scopre ; E l’istessa bugia ne ’l fa palese.
E dilettato dal vano spavento, Ch’egli porgeva a questa e quella fera, Vedendo di lontan venir la Volpe Far volea quello a lei, ch’a gli altri fece.
Mais les coquilles s’entremêlent, et les unes viennent plus tôt, les autres plus tard entre les mains de Zeus, pour subir ses justes jugements.
On voit bien où je veux venir.
Jamais le corps de l’animal Ne pût venir vers moy, ni trouver d’ouverture.
Je viens te l’annoncer ; descends que je t’embrasse.
Elle empestra si bien les serres du Corbeau, Que le pauvre animal ne put faire retraite ; Le Berger vient, le prend, l’encage bien et beau ; Le donne à ses enfans pour servir d’amusette.
Là-dessus son épouse en habit d’Alecton, Masquée, et de sa voix contrefaisant le ton, Vient au prétendu mort ; approche de sa biere ; Luy presente un chaudeau propre pour Lucifer.
Marie de France, n° 12 L’aigle et la corneille Ci dit que uns egles vient volant juste la mer peissun querant : une welke truva entiere, mes [il] ne sot en quel manere peüst la scale depescer.
Un gupil vient qui l’encuntra ; del furmage ot grant desirer qu’il en peüst sa part manger ; par engin voldra essaier si le corp purra enginner.
FUGGIA veloce il Toro da la vista Del possente Leon, ch’era lontano : E ’l vil Montone, che da lunge il vide Venir correndo e di paura pieno, Credendo fargli ancor maggior paura, In mezo de la via tosto fermossi Chinando il fronte, e le ritorte corna Per cozzar seco.
Viens avec moi, je les mets tous à ta disposition. » Ils partirent aussitôt tous les deux. […] Puis comme ils revenaient pour prendre des figues sèches, une autre personne vint chercher quelque chose à l’intérieur de la chambre.
Une troisième fois le médecin vint le voir, et le questionna sur sa maladie. […] Un de ses parents étant venu le voir et lui demandant comment il allait : « Moi, répondit-il, je meurs à force d’aller bien. » Il en est souvent ainsi : nos voisins, n’en jugeant que par les dehors, nous estiment heureux pour des choses qui nous causent intérieurement le plus vif chagrin.
« Seigneur », luy dit-il, « vous m’obligeriez fort, si vous me vouliez resoudre d’une question que j’ay à vous faire ». « Quelle est donc ceste question », respondit Xanthus ; « D’où vient », reprit le Jardinier, « qu’encore que je cultive, et que j’arrose avec tout le soing qui m’est possible, les herbes que j’ay plantées, elles ne prennent toutesfois leur accroissement que bien tard, au contraire de celles, que la terre produict de soy-mesme, qui ne laissent pas d’estre plustost advancées, encore qu’on n’y prenne pas tant de peine ? […] Va t’en maintenant, si bon te semble : Je ne te demande rien pour ces herbes, et te permets d’en cueillir desormais toutes les fois que tu voudras venir en mon Jardin, où tu pourras entrer comme en ton propre heritage ».
L’Aigle ne pouvant, ny par son industrie, ny par sa force, arracher un poisson hors d’une coquille qu’elle avoit trouvée, la Corneille vint là dessus, qui luy conseilla de voller bien haut, et de laisser tomber la coquille sur des pierres, disant, que c’estoit le vray moyen de la rompre. […] Ce fût pour cela qu’un ancien Roy, à qui l’on vint rapporter qu’il avoit esté trompé d’une grande somme de deniers par un Cretois, voulant monstrer à ce Perfide, que ce mal luy estoit advenu par une lascheté naturelle, « Il a fait le Cretois », dit-il, « et j’ay fait le Roy ».
Mais apres qu’elle s’en fust allée, le Loup qui l’avoit ouye de loing, s’en vint heurter à la porte, et contre-faisant la voix de la Chévre, commanda qu’on luy ouvrit. […] Sa Mere luy défend d’ouvrir la porte, si ce n’est à elle mesme ; Et voylà qu’un moment apres leur perfide ennemy s’en vient pour deçevoir le Chévreau, et luy persuader d’une voix feinte qu’il ouvre, et que c’est veritablement la Chévre qui est à sa porte.
Le Singe y vint le dernier, et d’aussi loing qu’il fût apperçeu, tous les autres commencerent à se mocquer des vilaines fesses de ses Enfans. […] De ceste coustume l’on vient à la fin à une espece de Loy, qui ne nous permet plus de les mes-estimer, ny de les croire defectueux, mais elle attache constamment nostre approbation, qu’elle a surprise, et nous rend ingenieux à excuser leurs manquements.
Mais Esope cognoissant fort bien d’où procedoit cét ennuy ; apres l’avoir abordé, « Seigneur », luy dit-il, « d’où vient que tu persistes ainsi en ta tristesse ? […] Xanthus rasseuré par ces paroles d’Esope, se resolut de le croire, et ne faillist point le lendemain de se trouver en la Maison de Ville, ou, suivant le conseil de son serviteur, il se mit à parler aux Assistants, qui le prierent incontinent de faire venir Esope A son arrivée, il se tint debout devant les Samiens, qui bien estonnez de voir un homme de ceste mine, s’en rioient ouvertement, et disoient tout haut. « Vrayment voila un bel homme, pour nous expliquer le Prodige, dont nous sommes si fort en peine. […] Mais apres que devant l’assemblée il eust estendu la main, et obtenu silence des assistans, « Hommes Samiens », dit-il, « d’où vient que ma mine vous est un subjet de raillerie ? […] Car un peu apres il leur vint des lettres de la part de Cresus, Roy de Lydie, par lesquelles il les sommoit à luy payer tous les ans un certain tribut, à faute dequoy, il leur declaroit la guerre.
Le taureau répondit : « Quand tu es venu, je ne t’ai pas senti, et quand tu t’en iras, je ne te sentirai pas non plus. » On pourrait appliquer cette fable à l’homme impuissant dont ni la présence ni l’absence ne peuvent nuire ou servir.
Ne pouvant s’en rendre maîtres, à cause des chiens qui les gardaient, ils résolurent d’user de ruse pour en venir à leurs fins.
La Mer promet monts et merveilles ; Fiez-vous-y, les vents et les voleurs viendront.
Li bucs de ses cornes l’abute* e li asnes, que pas ne dute, od le pié le fiert sus le piz ; de l’autre part vient li gupilz, as denz le mort par les oreilles.
Quant li ostur [se] fu asis, ses oiseus leidi e blama ; par maltalent lur repruva que vint anz ot eire tenue, unc[es] si grant descuvenue si oisel ne li firent mes.
Il ne nus veut fere nul mal ; de l’autre part del cheval est descenduz, si est mucez : de nus veer est esmaiez. » — « Nenil, beu fiz, de ceo n’i ad nïent ; einz esgarde hardiement, si vait sun fust aparaillant, u ad grant mal el chef devant : s[i]’il le fet vers nus venir, bien en purrum le mal sentir.
Par cest essample veut mustrer — bien le peot hum suvent pruver – si fols parole une folie e autre vient que sens li die, ne l[’en] creit pas, einz s’en aïre ; la u il set que l’en est pire, veut sa mençunge mettre avant ; nul ne fereit de ceo taisant.
Et un di lor, che primo a parlar prese, Fu di parer, ch’un gran sonaglio al collo Legar del Gatto si devesse al fine, Che ’l suo venir al suon si conoscesse Da lor, c’havriano del fuggir tal segno.
Intrigué de son absence, il la questionna le lendemain : « Pourquoi, seule des animaux, n’es-tu pas venue à mon festin ?
Mais des voyageurs qui venaient en sens inverse, lui demandèrent ce qui lui avait souillé les mains ; il répondit qu’il venait de descendre d’un mûrier.
Mais la tempête ayant cessé et le calme étant revenu, ils se mirent à faire bonne chère, à danser, à sauter, comme des gens qui viennent d’échapper à un danger inattendu.
Et d’où me vient cette vaillance ?
Une autre la suivit, une autre en fit autant, Il en vint une fourmilliere ; Et leur troupe à la fin se rendit familiere Jusqu’à sauter sur l’épaule du Roy.
Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter, Pour dormir, et pour écouter D’où vient le vent ; il laisse la Tortuë Aller son train de Senateur.
Pour venir au Chartier embourbé dans ces lieux ; Le voilà qui deteste et jure de son mieux.
Li chiens i vient, sa leine en porte, e li escufles d’autre part, e puis li lus, trop li est tart que la chars fust entre eus destreite, kar de vïande eurent suffreite ; ne la berbiz plus ne vesqui : sis sires del tut la perdi.
Quand le soir fut venu, il entendit de nouveau la vieille qui choyait le petit enfant et lui disait : « Si le loup vient ici, nous le tuerons, mon enfant. » En entendant ces mots, le loup se remit en route en disant : « Dans cette ferme on parle d’une façon, on agit d’une autre. » Cette fable s’adresse aux hommes qui ne conforment pas leurs actes à leurs paroles.
Tous les jours il venait voir son trésor. […] Quelque temps après, l’avare vint aussi, et, trouvant la place vide, il se mit à gémir et à s’arracher les cheveux.
Ils en sont doncques touchez à la maniere des autres hommes ; et n’ayant pas assez de force pour en venir aux effects, qui sont les vrays moyens de s’acquerir de l’estime, ils s’aydent pour cela des paroles, esperant d’ebloüyr les esprits foibles, et de se debiter pour hardis par la seule invention des injures. C’est cela mesme qui les rend querelleux en compagnie, pource qu’ils veulent imprimer une opinion de leur fierté, et prevenir les esprits des hommes avecque le son des paroles hardies, ce qu’ils ne font neantmoins que lors qu’ils se voyent en estat d’estre empeschez, ou separez, si d’avanture des outrages il en falloit venir aux mains.
Mais le singe les déclara l’un et l’autre impropres à régner : « le chameau, dit-il, parce qu’il n’a point de colère contre les malfaiteurs, et l’éléphant, parce qu’il est à craindre qu’un goret, animal dont il a peur, ne vienne nous attaquer. » Cette fable montre qu’une petite cause ferme parfois l’accès des grands emplois.
S’imaginant qu’il venait pour l’enfoncer plus profondément, le chien se retourna et le mordit.
Pour en venir donc à bout, il trouva moyen, premierement de les separer par belles paroles, puis d’attaquer chacun d’eux à part ; si bien que de cette façon il luy fût aisé de les mettre tous en pieces l’un apres l’autre.
Ainsi dit, il vient à pas comptez, Se dit Ecolier d’Hippocrate ; Qu’il connoist les vertus et les proprietez De tous les Simples de ces prez : Qu’il sçait guerir, sans qu’il se flate, Toutes sortes de maux.
Tu m’as cest’ ewe si trublee n’en puis beivre ma saülee ; arere m’en irai, ceo crei, cum jeo vienc ça, murant de sei. » Li aignelez dunc li respunt : « Sire, ja bevez vus amunt, de vus me vient ceo que ai beü. » « Quei !
Quant el bois fu od lui venu li hyriçun est descendu ; sur un aut chenë est munté.
Marie de France, n° 78 Le loup et le batelier Un lu vient a une rivere, mes il ne sot en queile manere utre l’ewe puisse passer.
DA capo a un fiumicel beveva il Lupo, E l’Agnello da lui poco lontano Vide inchinato far simil effetto : E come quel, che di natura è rio, Né havea cagion, e pur volea trovarla Di venir seco a lite, e fargli offesa, Cominciò tosto con parlar altero Dirgli, che mal faceva, e da insolente A turbar l’acque col suo bere a lui, Ch’era persona di gran pregio e stima, Esso vil animal di vita indegno.
Tal l’huom, che studia al fin de le sue brame Venir un dì, né haverne il modo sente, Dee con prudenza usar di simil trame : Ch’ogni difficultà vince il prudente.
L’on prit donc jour pour le payement, qui fût à peine venu, que le Cerf en advertit la Brebis : mais elle nia la debte, et luy dit, que si elle luy avoit promis quelque chose, elle l’avoit fait de peur du Loup, adjoustant à cela, qu’on n’estoit pas obligé de tenir promesse à ceux qui l’avoient exigée par la force. […] Venons maintenant à moraliser la cinquiesme de ses Fables.
Mais comme la force vient à luy manquer, à cause de son extraordinaire vieillesse, il veut s’ayder de la ruse, et oublier pour quelque temps qu’il est Lion, c’est à dire, le plus genereux de tous les animaux. […] De plus, nous pouvons remarquer par là, que ceux qui en leur jeunesse ont aymé la cruauté, sont plus que jamais travaillez de la soif du sang humain, quand ils viennent au decours de leur âge, à cause de l’étrange accroissement que prennent en eux peu à peu, les apprehensions et les mesfiances.
Un pêcheur, habile à jouer de la flûte, prenant avec lui ses flûtes et ses filets, se rendit à la mer, et, se postant sur un rocher en saillie, il se mit d’abord à jouer, pensant que les poissons, attirés par la douceur de ses accords allaient d’eux-mêmes sauter hors de l’eau pour venir à lui.
Celle de l’étang conseillait à l’autre de venir habiter près d’elle : elle y jouirait d’une vie meilleure et plus sûre.
Les chênes se plaignaient à Zeus : « C’est en vain, disaient-ils, que nous sommes venus au jour ; car plus que tous les autres arbres nous sommes exposés aux coups brutaux de la hache. » Zeus leur répondit : « C’est vous-mêmes qui êtes les auteurs de votre malheur ; si vous ne produisiez pas les manches de cognée, et si vous ne serviez pas à la charpenterie et à l’agriculture, la hache ne vous abattrait pas. » Certains hommes, qui sont les auteurs de leurs maux, en rejettent sottement le blâme sur les dieux.
j’entre, mais à condition qu’Éros n’entrera pas par là ; s’il y entre, moi, j’en sortirai aussitôt. » De là vient que depuis lors tous les débauchés sont sans pudeur.
Une hirondelle qui avait fait son nid dans un tribunal était sortie, quand un dragon vint en rampant dévorer ses petits.
Il leur dit d’abord, qu’ils estoient les bien venus, et leur fit un fort bon accueil ; mais quand ils furent entrez, il les mit en pieces. […] « Amy, pourquoy t’en es-tu venu trahir le Fils de l’Homme avec un baiser ?
Mais à mesme temps qu’il devoit perdre la vie, le bon-heur voulut pour luy qu’il vint un bruit sur la place, qui justifia son cacquet, et destourna par mesme moyen et ses bourreaux et ses spectateurs. […] De là vient aussi qu’Esope n’attribuë cette sottise qu’à un enfant, jugeant indigne un homme, de s’exercer à des mensonges nuisibles, et hors de saison.
Mais ce champ ne se peut tellement moissonner, Que les derniers venus n’y trouvent à glaner. […] Quant à vous, suivez Mars, ou l’Amour, ou le Prince ; Allez, venez, courez, demeurez en Province ; Prenez femme, Abbaye, Employ, Gouvernement ; Les gens en parleront, n’en doutez nullement.
Mais venons à vos autres passions. […] Mais pour venir au poinct de la jouyssance, supposons que vous la possediez, pensez vous que ce plaisir vous dure long temps sans estre alteré par le dégoust, on par sa legereté ? […] Venons maintenant aux Richesses, et aux Charges ; Quand vous les pretendez, c’est ou par merite, ou par bonne fortune. […] Venons maintenant au faux espoir de sa durée, ne la perd-on jamais en sa vie ?
D’où vient donc que le plus genereux de tous les Oiseaux se pervertit si soudainement ? […] Ou si c’est qu’en sa naissance l’Aigle fût un Animal genereux et noble, de qui la Vertu s’abâtardit insensiblement en une Cour, depuis que ce Roy des Oiseaux vint à estre le favory de Jupiter, qu’il fût employé à porter les armes, et qu’il se mesla de l’infame ministere de ses amours ? […] Venons donc à la treiziesme Fable.
Un charbonnier qui exerçait son métier dans une certaine maison, ayant vu un foulon établi près de lui, alla le trouver et l’engagea à venir habiter avec lui, lui remontrant qu’ils en seraient plus intimes et qu’ils vivraient à moins de frais, n’ayant qu’une seule demeure.
Une chauve-souris entendit de loin sa voix, et, s’approchant de lui, lui demanda pour quelle raison il se taisait le jour et chantait la nuit. « Ce n’est pas sans motif, dit-il, que j’en use ainsi ; car c’est de jour que je chantais, lorsque j’ai été pris ; aussi depuis ce temps, je suis devenu prudent. » La chauve-souris reprit : « Mais ce n’est pas à présent qu’il faut te mettre sur tes gardes, alors que c’est inutile : c’est avant d’être pris que tu devais le faire. » Cette fable montre que, quand le malheur est venu, le regret ne sert à rien.
L’argent vient-il comme il s’en va ?
S’offrant de la livrer au plus tard dans deux jours, Ils conviennent de prix, et se mettent en queste, Trouvent l’Ours qui s’avance, et vient vers eux au trot.
Cele respunt : « Jeo en ai asez ; venez avant e sil veez !
Dunc [l’]ad la maue respundue, demanda li si ele est venue senz cel usteil qui l’a huni.