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21. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 121 » p. 108

Il arriva par là que les hommes de petite taille, remplis par leur portion, furent des gens sensés, mais que les hommes de grande taille, le breuvage n’arrivant pas dans tout leur corps, eurent moins de raison que les autres.

22. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 161 » p. 126

Un renard, le voyant s’éterniser là, lui en demanda la raison.

23. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — VI. La Genisse, la Chevre et la Brebis en societé avec le Lion. » p. 339149

Eux venus, le Lion par ses ongles conta,
 Et dit : Nous sommes quatre à partager la proye ;
 Puis en autant de parts le Cerf il dépeça :
 Prit pour lui la premiere en qualité de Sire ;
 Elle doit estre à moy, dit-il ; et la raison,
 C’est que je m’appelle Lion,
 A cela l’on n’a rien à dire.


24. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — IV. Les Oreilles du Liévre. » p. 

J’auray beau protester ; mon dire et mes raisons Iront aux petites Maisons.

25. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — XII. Tribut envoyé par les Animaux à Alexandre. » p. 339

Une Fable avoit cours parmi l’Antiquité : Et la raison ne m’en est pas connuë. […] Au fils de Jupiter on dit qu’ils se plaignirent, Et n’en eurent point de raison.

26. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 286 » p. 265

– Raison de plus pour t’immoler, répondit-il, puisque tu n’épargnes même pas ceux de ta tribu. » Cette fable montre que ceux qui trahissent leurs parents sont odieux non seulement à leurs victimes, mais encore à ceux à qui ils les livrent.

27. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CX. Du Renard, et du Leopard. »

Ce dernier loüoit hautement sa peau tachetée de diverses couleurs ; Ce que le Renard ne pouvant dire dire de la sienne, ny la preferer par consequent à celle du Leopard ; « J’advoüe », luy dit-il, « que tu as quelque raison de ce costé-là ; mais en recompense, l’advantage que j’ay sur toy, qui n’est pas petit, c’est d’avoir l’esprit madré, et non pas le corps ».

28. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXVII. Du Chien, et de la Brebis. »

Ce qu’Esope a fort bien donné à cognoistre, en faisant le Chien accusateur de la Brebis, bien que neantmoins il la deût proteger continuellement, estant destiné à cela par la coustume, et par la raison. […] D’ailleurs, les demons par la mesme raison qu’ils se font cognoistre à nous, donnent pareillement dequoy nous mesfier d’eux ; au lieu que ceux-cy ébloüyssent les Magistrats avec une feinte probité, et se servent de la foy humaine pour couper la gorge aux pauvres affligez, jusques à s’ayder du nom d’une Vertu, pour authoriser un crime.

29. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXVIII. De l’Esprevier, et de la Colombe. »

Tu as raison, luy respondit le Paysan, mais la Colombe que tu poursuyvois n’aguere ne t’avoit point fait de mal aussi. […] Les Medes ne vengerent-ils pas les peuples d’Orient de la tyrannie Assirienne, et les Perses ne firent-ils point raison à l’Univers de l’usurpation des Medes ?

30. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — XViI. Le Paon se plaignant à Junon. » p. 509

Le Paon se plaignoit à Junon : Deesse, disoit-il, ce n’est pas sans raison Que je me plains, que je murmure ; Le chant dont vous m’avez fait don Déplaist à toute la Nature : Au lieu qu’un Rossignol, chetive creature, Forme des sons aussi doux qu’éclatans ; Est luy seul l’honneur du Printemps.

31. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — XIX. Le Lion et l’Asne chassant. » p. 151

L’Asne s’il eût osé se fût mis en colere, Encor qu’on le raillast avec juste raison : Car qui pourroit souffrir un Asne fanfaron ?

32. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 63 » pp. 288-288

Un ours se vantait hautement d’aimer les hommes, par la raison qu’il ne mangeait pas de cadavre.

33. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — X. Le Loup et l’Agneau. » p. 155

La raison du plus fort est toûjours la meilleure.


34. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XIV. Du Lion affoibly de vieillesse. »

» disoit-il en gemissant, « ceux que j’ay autresfois des-obligez, me font maintenant du mal, et je treuve qu’ils ont raison ; Mais ce qui me fasche le plus c’est que les autres à qui j’ay fait du plaisir, au lieu de me rendre le semblable, me hayssent, sans en avoir du sujet. […] Les autres ne manquent pas d’estre auprés de luy, pour tirer raison des violences de sa jeunesse.

35. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — XVI. La Femme noyée. » p. 682

Quant à l’humeur contredisante,
 Je ne sçay s’il avoit raison.


36. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — XI. L’Asne et ses Maistres. » p. 179

Le Sort avoit raison ; tous gens sont ainsi faits : Nostre condition jamais ne nous contente : La pire est toujours la presente.

37. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — V. La Chauvesouris et les deux Belettes. » p. 172

Sa raison plut et sembla bonne.

38. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — X. L’Asne chargé d’éponges, et l’Asne chargé de sel. » p. 180

Tous trois beurent d’autant ; l’Asnier et le Grifon Firent à l’éponge raison.

39. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — X. Le Lievre et la Tortuë. » p. 226

Hé bien, luy cria-t-elle, avois-je pas raison ?

40. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LIV. De l’Asne, et du Lion. »

Car estans honorez pour la plus grande part, à cause de leurs Seigneurs, ils n’ont pas l’esprit de mettre une difference entr’eux et leurs livrées, c’est à dire, qu’ils ne sçavent pas adjuger le respect à qui il est deu, mais ils s’enflent hors de raison, comme l’Asne de la Déesse Isis, ou comme celuy de nostre Fable. […] Pour la mesme raison, tant Alciat qu’Esope, ont fort judicieusement attribué ceste action au grossier animal d’Arcadie, pour nous donner à entendre qu’une faute si pesante que celle-là, ne peut provenir que d’une extrême ignorance.

41. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XIII. Du Corbeau, et du Renard. »

C’est pour cela que Plutarque a beaucoup de raison de les appeller pires que des Ennemis. […] Les Grands ne peuvent-ils pas juger en leur ame, que ceux qui s’approchent d’eux, ne le font pas sans raison, et que c’est ordinairement, ou pour l’amour d’eux mesmes, ou pour le zele qu’ils ont au bien public, et à la Vertu ? […] D’ailleurs, je trouve assez d’autres raisons, pour prouver qu’il est mieux en la puissance d’un Prince de bien aymer un particulier, qu’en celle d’un particulier d’aymer bien un Prince.

42. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 159 » pp. 122-122

Et lui, sur le point d’être immolé par eux, les pria de le relâcher, alléguant qu’il était utile aux hommes, en les éveillant la nuit pour leurs travaux. « Raison de plus pour te tuer, s’écrièrent-ils ; car, en éveillant les hommes, tu nous empêches de voler. » Cette fable fait voir que ce qui contrarie le plus les méchants est ce qui rend service aux gens de bien.

43. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLVII. Du Singe, et du Renard. »

En ce sens là, certes, je trouve fort loüable le refus de cét animal, qui juge avecque raison, qu’il ne se peut desfaire de sa queuë sans une douleur extrême, ny l’appliquer à l’usage du Singe, quand elle sera desfaite.

44. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — XXI. Les Frelons, et les Moûches à miel. » p. 504

La Guespe ne sçachant que dire à ces raisons,
 Fit enqueste nouvelle ; et pour plus de lumiere
 Entendit une fourmilliere.


45. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — XIX. Le Charlatan. » p. 

Il avoit raison.

46. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 298 » pp. 211-211

répliqua le jeune garçon, tire-moi d’affaire tout de suite ; plus tard, quand tu m’auras sauvé, tu me feras des reproches. » Cette fable s’adresse aux gens qui fournissent contre eux-mêmes des raisons de les maltraiter.

47. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Xanthus voulant tromper Esope, est trompé luy-mesme. Chapitre XI. »

» Mais Esope qui le voulut payer de raison : « Seigneur, adjousta-il, ne sçavez vous pas bien, qu’il n’y peut avoir du mécompte en une somme, qu’autant qu’on adjoûte, ou qu’on diminuë de la quantité ? 

48. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE VI. Du Lion, et de quelques autres Bestes. »

Ce partage que fait le Lion aux animaux, ses inferieurs, de la venaison qu’ils ont prise ensemble, represente les injustes avantages que les riches prennent sur les pauvres, qu’ils ont accoûtumé de tromper, en retenant leurs salaires ; de s’attribuër des honneurs immoderez, de rehausser l’excellence de leur protection, de rendre leur conduitte necessaire à l’appuy des affligez, et par toutes ces raisons usurper injustement ce que la nature, ou le hazard leur fait escheoir.

49. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCIX. Du Sapin, et du Buisson. »

Ce qui peut estre verifié par plusieurs raisons ; et premierement l’on en doit alleguer une, reçeuë dans toutes les Escolles des Philosophes, à sçavoir que ce qui est mediocre, est de soy plus excellent que ce qui est extrême. Cela se prouve par toutes les inductions des choses crées ; par la commune opinion des hommes, par les proverbes, et par les raisons. […] C’est icy la premiere raison dont je me sers à prouver que la mediocrité est preferable à l’excez du bien, à sçavoir la dignité mesme de la chose mediocre. […] A quoy s’il faut joindre les raisons, nous n’avons seulement qu’à jetter les yeux sur les Histoires presentes, et sur les passées, où nous ne verrons guere qu’un homme extrémement riche, ou Ambitieux, soit venu jusques à une douce et paisible vieillesse.

50. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXIII. De la Fourmy, et de la Mouche. »

La raison n’en est pas difficile à conçevoir : car estans obligez de se plier selon la volonté des Souverains, il faut de necessité, qu’ils renoncent souvent à la leur, et par consequent qu’ils joüent à mesme temps divers personnages. […] Voylà la fin de leurs disputes, qui nous fait voir clairement combien les raisons de l’une sont preferables à celles de l’autre. […] Il est vray que je ne sçaurois asseurer s’ils en parloient de ceste sorte, ou par aucun veritable sentiment qu’ils en eussent, ou pour monstrer combien ils le sçavoient dire agreablement, ou plustost par un caprice ordinaire aux esprits des hommes, qui est de n’estre jamais satisfaits de leur profession ; ce qu’Horace a fort bien sçeu remarquer par ces vers : D’où vient, cher Mecenas, que nul n’est satisfaict De ce genre de vie, Que le Sort a voulu que la raison ait fait, Ou mesme son envie.

51. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 75 » pp. 48-48

Une chauve-souris entendit de loin sa voix, et, s’approchant de lui, lui demanda pour quelle raison il se taisait le jour et chantait la nuit. « Ce n’est pas sans motif, dit-il, que j’en use ainsi ; car c’est de jour que je chantais, lorsque j’ai été pris ; aussi depuis ce temps, je suis devenu prudent. » La chauve-souris reprit : « Mais ce n’est pas à présent qu’il faut te mettre sur tes gardes, alors que c’est inutile : c’est avant d’être pris que tu devais le faire. » Cette fable montre que, quand le malheur est venu, le regret ne sert à rien.

52. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 171 » pp. 125-125

La corneille conçut de la jalousie contre le corbeau, parce qu’il donne des présages aux hommes, qu’il leur annonce l’avenir et que pour cette raison il est pris à témoin par eux ; aussi voulut-elle s’arroger les mêmes privilèges.

53. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXVII. Des Oyseaux, et des Bestes à quatre pieds. »

Quant à la trahison de la Chauve souris, il me semble qu’elle est avecque raison punie par les autres Oyseaux qu’elle avoit abandonnez en leur adversité. […] Comme au contraire ; si elle vient de ta lascheté, c’est une action qui ne merite pas la mort, mais une infamie perpetuelle, si bien que pour la mesme raison je te condamne à ne voler que de nuict, et à ne te point trouver en la compagnie de ces victorieux Oyseaux que je commande ».

54. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXVII. Du Laboureur, et de la Cigongne. »

Car s’ils sont veritablement gents de probité, il faut de necessité conclure, qu’il n’y a rien qui leur soit plus insupportable que la praticque des meschants, tant pource que les contraires ont tous accoustumé de se fuyr naturellement, qu’à cause qu’ils se fortifient à cela par une reflexion continuelle, et s’estudient à prendre le vice en horreur, avec des raisons que la bonne conscience leur inspire secrettement. […] Ils peuvent respondre à cela, qu’ils y sont conviez par la frequente importunité des autres, qu’ils les viennent voir à leur lever ; les convient à disner en leurs Maisons, leurs escrivent à tout propos, les tyrannisent à force de compliments ; et pour le dire en un mot, qu’ils ne leur laissent pas un seul moment de repos sans pretendre à les entretenir ; si bien que par une raison de civilité, plustost que de bien-vueillance, ils se trouvent obligez à leur permettre un libre accez dans leur frequentation.

55. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CVIII. D’un Oye, et de son Maistre. »

Il en arrive de mesme aux Nageurs, entre lesquels, ceux qui vont tout à leur aise sont presque tous-jours asseurez de se sauver du danger, au lieu que ces autres, qui precipitent leurs mouvements plus que de raison, n’ont pas assez de force pour aller jusques au bout de l’endroict perilleux, et ne recouvrent point en l’avancement de leur route ce qu’ils perdent en la durée de leur vigueur. […] C’est pour cela que les jeunes gens pour estre plus brusques que les Vieillards, sont aussi plus sujets à faillir ; à raison dequoy ils s’imaginent bien les moyens d’arriver à leur but, mais ils ne s’en proposent pas les obstacles, comme le remarque fort judicieusement dans ses Ethiques le Prince des Philosophes.

56. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 94 » pp. 85-85

Comme les moutons le blâmaient de crier et lui disaient : « Nous, il nous empoigne constamment, et nous ne crions pas », il répliqua : « Mais quand il nous empoigne, vous et moi, ce n’est pas dans la même vue ; car vous, c’est pour votre laine ou votre lait qu’il vous empoigne ; mais moi, c’est pour ma chair. » Cette fable montre que ceux-là ont raison de gémir qui sont en risque de perdre, non leur argent, mais leur vie.

57. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 301 » pp. 265-265

. – Raison de plus pour te tuer, repartit l’homme, puisque tu veux prendre au piège tes camarades et tes amis. » Cette fable montre que l’homme qui trame des machinations contre ses amis tombera lui-même dans les embûches et le danger.

58. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 328 » pp. 224-224

Un renard lui demanda pour quelle raison, quand ni chasseur ni danger ne le pressaient, il affilait ses défenses. « Ce n’est pas pour rien, dit-il, que je le fais ; car si le danger vient à me surprendre, je n’aurai pas alors le loisir de les aiguiser ; mais je les trouverai toutes prêtes à faire leur office. » Cette fable enseigne qu’il ne faut pas attendre le danger pour faire ses préparatifs.

59. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXIV. Du Singe, et du Renard. »

Comme il se sentit pris, et trompé si vilainement, il se mit fort en colere, et en imputa toute la faute au Renard, qui sans s’esmouvoir autrement de ses paroles : « O pauvre fol », luy dit-il de fort bonne grace, « qu’avecque peu de raison tu as crû meriter un empire sur autruy, puis que tu n’as sçeu commander à toy-mesme ». […] Toutesfois ces hommes n’avoient pas encore assez fait de progrés dans le discours : Ils ne s’estoient pas encore portez assez avant dans l’estude des Arts, pour occuper le souverain commandement par prudence, plustost que par une autre raison.

60. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXVI. Du Renard, et du Chat. »

La principale raison est tirée de la multiplicité. […] Ces raisons accompagnées de plusieurs autres, que je passeray sous silence à cause de la briefveté que j’affecte, peuvent encore estre fortifiées de l’experience, tant particuliere que publique.

61. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Du Pays, et de la condition d’Esope. Chapitre J . »

Car il nous fait voir par espreuve, que sans se mettre en peine de chercher à persuader autruy, ny par les définitions, ny par les raisonnements, ny mesme par les exemples tirez de l’Histoire des siecles passez, il sçait si bien gagner les cœurs de ceux qui l’écoutent, en les instruisant comme il faut, et les instruire parfaictement par de simples Fables, que des creatures raisonnables auroient grande honte d’entreprendre, et de faire des actions pour lesquelles, ny les oyseaux, ny les autres animaux n’ont aucun instinct, et qu’ils ne voudroient pas mesme avoir faites : Comme au contraire, ceux qui auroient tant soit peu de raison, rougiroient sans doute de ne s’adonner pas aux choses honnestes, ausquelles il feinct plusieurs bestes brutes s’estre de leur temps fort sagement employées ; et ainsi les unes avoir évité d’extrêmes dangers qui les menaçoient, et les autres en avoir reçeu beaucoup de profit en leur besoin.

62. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Du second service de Langues. Chapitre XV. »

» Esope n’eust pas plustost achevé ces mots qu’un des Assistants se tournant vers Xanthus ; « Asseurément », luy dit-il, « si tu ne prends garde à toy, j’ay belle peur que ce poinctilleux ne te fasse devenir fol, Car tel qu’est son corps, tel est son esprit » ; Mais Esope le renvoya bien viste, et sans s’émouvoir autrement : « Va », luy dit-il, « tu me sembles étre un tres mauvais homme de te mesler des affaires d’autruy, et d’irriter sans raison le Maistre contre le serviteur ».

63. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — XVI. La mort et le Buscheron. » p. 60

Je composay celle-cy pour une raison qui me contraignoit de rendre la chose ainsi generale.

64. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope ameine à son Maistre un homme niais, et sans soucy. Chapitre XVI. »

» Et à mesme temps s’addressant à Xanthus, « Seigneur », luy dit-il, « si tu juges qu’il y ait de la raison en ce chastiment, attends un peu que je sois allé jusqu’à mon logis, et à mon retour, je t’ameneray ma femme pour la brusler avecque la tienne ». Xanthus oyant ainsi parler ce bon homme, et voyant qu’il n’y avoit point de malice en son fait, s’en estonna grandement, et dit à Esope ; « Vrayment tu n’as pas eu mauvaise raison d’appeller cét homme exempt de soucy, car il l’est en effect ; Voila pourquoy, pour l’avoir si bien rencontré, mesme pour m’avoir vaincu, tu reçevras la recompense que tu merites.

65. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XV. De l’Asne, et du Chien. »

Ce qui estant prouvé tous les jours par l’experience, ne laisse pas de s’appuyer aussi sur quelque raison. […] A ces raisons j’en pourrois adjouster une quantité d’autres, si j’avois plustost dessein de faire une dispute Philosophique, que l’allegorie d’une Fable.

66. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXI. Du Dieu Mercure, et d’un Charpentier. »

Premierement, à cause de la grande disproportion qu’il y a entre la dignité de nostre estre, et la bassesse des biens du monde ; puis par la raison mesme de l’usage et de l’accommodement, qui nous les rendent aimables. […] D’où il faut conclure, que la mesme raison qui nous fait desirer les biens, nous oblige aussi à nous consoler, quand la mauvaise fortune nous les oste.

67. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — De la response qu’Esope fist à un Juge. Chapitre XVII. »

J’ay remarqué en mesme temps qu’il est survenu un certain homme, qui plus advisé que les autres, pour s’empescher d’y heurter contre, comme eux, l’a ostée de sa place, et l’a mise ailleurs, Pour ceste seule raison, j’ay dit que je n’avois veu qu’un homme aux estuves, comme faisant plus d’estat de celuy-cy, que de tous les autres ensemble ».

68. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIII. Du Lion, et de la Chévre. »

Le voyant donc armé d’ongles crochus, d’un poil furieusement herissé, de dents épouvantables, de membres forts ; et sçachant d’ailleurs qu’il est ennemy de toute sa race, elle a beaucoup de raison de se resoudre à ne point aller où il l’invite, et à boucher l’oreille à ses persuasions.

69. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CV. Du Laboureur, et du Taureau. »

Ce qu’ils ne feroient jamais, s’ils sçavoient bien considerer qu’en nos affaires propres nous sommes tous-jours interessez, et que par cette raison notre esprit ne voyant pas les choses toutes pures, mais par les yeux du profit tant seulement, n’est point capable de les examiner avec tant de soing, ny si sainement, que s’il n’y avoit aucune part.

70. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope ne laisse entrer qu’un seul de tous ceux que son Maistre avoit conviez. Chapitre XXI. »

A ces mots Xanthus tout enflammé de colere, envoya chercher Esope, et luy demanda, pour quelle raison il avoit ainsi honteusement chassé ses amis. « Mon Maistre », luy dit Esope, « ne m’as-tu point commandé exprés, de ne laisser venir à ton Festin des gents du commun, et des ignorants mais seulement des hommes doctes ? 

71. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXV. De la Chauue-souris, et du Buisson, et du Plongeon. »

Ce fondement supposé, nous avons eu raison de dire, qu’en tous les Estats, où l’administration des affaires est donnée aux Stupides, aux Voluptueux, et aux Avares, il ne se peut faire qu’il n’y arrive du desordre, ou de la ruyne, et que leurs entreprises ne soient aussi malheureuses que celles du Buisson, de la Chauve-souris, et du Plongeon, assemblez pour le mesme commerce.

72. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIX. De la femelle du Singe, et de ses deux Enfants. »

Toutes les raisons mises cy-devant, et tournées au sens contraire, peuvent servir à ceste verité, à sçavoir, que la forte complexion fait les hommes genereux, et entreprenants ; que l’exercice rend le sang meilleur, que la sobrieté de l’enfance se confirme en l’aage avancé ; et bref, qu’une jeunesse qu’on ne flatte point est capable de toute Vertu. A ces raisons l’on en peut adjouster quelques autres, propres seulement à ce sujet.

73. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLVI. Du Ventre, et des autres Membres. »

Celuy cy ne se mit point autrement en peine de desployer envers ces petites gents les hautes raisons que luy pouvoit fournir son éloquence ; mais il leur conta mot à mot toute ceste Fable, et leur fit voir par l’exemple du ventre, et des parties du corps humain, la mutuelle dépendance qu’a le Senat avecque la populace.

74. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — XXII. L’Aloüette et ses petits, avec le Maistre d’un champ. » p. 325

L’Aloüette eut raison, car personne ne vint.

75. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — La mort d’Esope. Chapitre XXX. »

Ils ne luy pardonnerent pas neantmoins, quelques raisons qu’il leur alleguast. […] Depuis, comme il eust appris de l’Escarbot, qu’il avoit fait cela exprés, pour se vanger de l’Aigle, qui ne l’avoit pas seulement offensé, mais commis une impieté contre luy-mesme, ayant mesprisé ce dont elle l’avoit instamment suppliée, il luy en fit une reprimande à son retour, luy disant que l’Escarbot avoit eu raison de la persecuter ainsi.

76. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XVIII. De l’Arondelle, et des autres Oyseaux. »

Quant à la cause, elle provient de divers endroicts : car quelquesfois elle procede de nostre arrogance, qui nous fait imaginer toute autre sens moindre que le nostre ; quelques-fois aussi c’est un effect de nostre impetuosité, qui ne nous permet pas d’avoir l’oreille à ce qu’on nous dit, et entreine quant et soy nos appetits, et nostre raison, sans qu’elle ait la force de s’en deffendre.

77. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXII. Du Chat, et du Coq. »

Il a beau dire des raisons valables ; Il a beau s’excuser sur son innocence, et alleguer tout ce qu’il faut pour une persuasion qui soit raisonnable.

78. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « A MONSEIGNEUR. MOROSINI, AMBASSADEUR. ORDINAIRE DE LA. SERENISSIME REPUBLIQVE. DE VENISE, PRES DE SA MAJESTÉ. TRES-CHRESTIENNE. »

Je n’ay donc pas mauvaise raison de les imiter, en vous offrant celuy-cy, qui pour estre d’une invention aussi belle que profitable, et où le bon sens et l’esprit éclattent par tout, n’a pas esté mal nommé de quelques Sçavans, Un ingenieux Amas de Fictions utilement imaginées. […] Par elles, ce Trompeur salutaire fait voir la Verité toute nuë, à l’ombre du Mensonge dont il la couvre ; et par elles mesmes il met à la raison ceux qui n’en ont point, en se servant de l’exemple des Creatures irraisonnables.

79. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XII. De l’Aigle, et du Renard. »

D’ailleurs, l’homme de bien estant d’ordinaire beaucoup plus traictable que le meschant, il est à croire, qu’il prendra nos excuses en meilleure part, et se laissera peu à peu gagner aux raisons que nous aurions euës de luy manquer de parole. […] Le Sage Attilius nous en devroit pour jamais destourner par son exemple, veu qu’il courust à une mort certaine, pour s’acquitter de la promesse qu’il avoit faite à ses Ennemis, combien que les Sacrificateurs, et les Magistrats de Rome l’en dispensassent avecque trop de raison.

80. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XL. De l’Asne, et du Cheval. »

La principale raison que je puis alleguer de cela, c’est que ces derniers ont plusieurs consolateurs, qui par leurs fortes persuasions, leur aydent à surmonter l’ennuy qui les attaque, et les divertissent le mieux qu’ils peuvent ; Comme au contraire ces courages audacieux qui sont en un estat de prosperité, attirent sur eux de tous costez le peril, l’Envie, et la hayne, à cause qu’ils n’ont personne qui reprime leur humeur altiere, et qu’il les fasse souvenir de leur condition. […] Il y a encore une autre raison, pour laquelle il est plus aisé de demeurer vertueux dans l’adversité que dans le bien estre.

81. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLV. Du Loup, et du Chien. »

Or que telle maniere de servitude soit à blasmer, il y a quantité de raisons qui le persuadent. […] Que si lon m’objecter à ceste raison, qu’il n’est point de serviteur qui ne doive aymer ses chaisnes, pourveu qu’elles soient dorées ; Je responds à cela, qu’un homme libre, qui a les choses necessaires, se fait tort de se rendre esclave, pour avoir les superfluës, et concluds avec Esope ; qu’il vaut beaucoup mieux s’en passer, que les achepter à si haut prix, approuvant extrémement que le Loup retourne en sa Caverne, plustost que de s’aller faire mettre un colier chez le Laboureur.

82. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LIX. Du Lion, et de l’Homme. »

Ce qui arrive, certes si souvent parmy les hommes, qu’en voyant ces superbes marques de nostre orgueil, l’on peut demander avec beaucoup de raison pour combien d’argent on a corrompu les Artisants qui les ont eslevées ? […] Pour cette mesme raison l’on pouvoit à fort bon droict soupçonner la foy des Romains, lors qu’ils venoient à traicter de la Vertu des Carthaginois, ou celle des Thebains, quand ils mettoient par escrit les guerres continuelles qu’ils avoient contre la Republique d’Athenes ; D’où l’on peut inferer que soit qu’un Historien escrive en faveur d’un Amy, ou bien au desadvantage d’un Ennemy, il est presque impossible qu’il ne se rende suspect d’infidelité, à cause de l’interest de sa passion.

83. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 250 » pp. 170-170

Un malade, questionné sur son état par le médecin, répondit qu’il avait sué plus que de raison. « Cela va bien », dit le médecin.

84. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — La response d’Esope à un Jardinier. Chapitre IX. »

Laisse moy donc respondre à cét homme, et je le contenteray » : Xanthus se tournant alors vers le Jardinier ; « Mon amy », luy dit-il, « je trouve qu’il ne seroit pas bien seant, que moy qui ay disputé en tant de fameuses assemblées, m’amusasse maintenant à resoudre des difficultez en un Jardin ; Mais je m’asseure que mon garçon que voicy, te rendra raison de ce que tu desires sçavoir, si tu luy en fais la proposition.

85. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE V. Du Chien, et de l’Ombre. »

Ainsi en prit-il à Minutius, qui enflé par le succés d’une escarmouche, s’attribua les honneurs qui estoient deubs à Fabius Maximus, et brigua contre toute raison d’entrer en part avecques luy au souverain commandement de l’armée, dont toutesfois il descheut avecque honte, en la seconde attaque qu’il fit à Annibal, où il fust demeuré avecque plusieurs Citoyens Romains, sans le genereux secours de celuy-là mesme qu’il avoit offensé.

86. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXII. De la Brebis, et de la Corneille. »

Que si pour toutes ces raisons les foibles ne laissent point d’estre en butte à la persecution des plus puissants, en tel cas, pour les reduire à la patience, il leur faut representer la courte durée de nos jours, la justice de Dieu, qui ne laisse rien sans payement, l’égalité des conditions dans la tombe ; et bref la bonne fortune que ce leur est de trouver une occasion de meriter le Ciel, et d’estre imitateurs de la patience de leur Maistre.

87. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCV. Du Singe, et de ses Enfans. »

Cela procede en nous, de ce que nostre volonté estant des-ja liée, le croit estre avecque raison, si bien qu’ayant pris peu à peu l’habitude d’aymer les nôtres, nous prenons insensiblement celle de les priser aussi, affin de rendre nostre passion excusable, ou de les faire devenir tels qu’ils nous paroissent.

88. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — De l’affranchissement d’Esope. Chapitre XXIII. »

Cela fit que les Samiens, non moins espouvantez de cét évenement, qu’ils en furent attristez, s’assemblerent tous en un certain lieu, et prierent Xanthus, pource qu’il estoit le premier de la ville, et avec cela Philosophe, de leur expliquer ce que signifioit un si merveilleux prodige ; Mais Xanthus aussi empesché qu’eux de leur en rendre raison, leur demanda terme pour y respondre. […] Pour cét effet, quand tu seras demain à la place publique, dy simplement ces paroles aux habitans : Messieurs, je n’ay jamais appris à rendre raison, ny des Prodiges, ny des Augures ; mais il est bien vray que j’ay en ma maison un serviteur, qui sçait beaucoup de choses, et qui, je m’asseure, vous esclaircira de ce que vous desirez si fort de sçavoir.

89. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CI. De l’Avare, et de l’Envieux. »

Esope a donc tu raison de la joindre à l’Avarice, pour la conformité qu’elles ont ensemble, au moins quant à l’object de la passion. Mais avec plus de raison encore il a fait intervenir Mercure pour faire droict sur la requeste des deux Suppliants, voulant donner à entendre l’humeur de l’un et de l’autre. […] A propos dequoy Virgile a raison de s’ecrier, Cruel demon de l’or, dont le cœur est battu, A quelle extremité ne nous obliges-tu ! […] C’est une chose tres-facile de confondre les Avares par les raisons, mais de les ramener à la liberalité ce n’est pas une entreprise bien aisée. […] D’ailleurs, la raison qu’ils nous alleguent ne peut nullement estre valable pour excuser leur avarice extraordinaire.

90. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 12 » pp. 16-16

Une belette, ayant attrapé un coq, voulut donner une raison plausible pour le dévorer.

91. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 17 » pp. 6-6

Comme le berger les accusait d’ingratitude pour l’abandonner ainsi, après les soins particuliers qu’il avait pris d’elles, elles se retournèrent pour répondre : « Raison de plus pour nous d’être en défiance ; car si tu nous as mieux traitées, nous, tes hôtesses d’hier, que tes vieilles ouailles, il est évident que, si d’autres chèvres viennent encore à toi, tu nous négligeras pour elles. » Cette fable montre qu’il ne faut pas accueillir les protestations d’amitié de ceux qui nous font passer, nous, les amis de fraîche date, avant les, vieux amis.

92. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLIX. De la Belette, et du Renard. »

Pour ceste mesme raison Jules Cesar souloit dire, qu’il n’apprehendoit point les hommes gras comme Crassus, mais bien les décharnez, et les maigres, comme Brutus ; par où il vouloit monstrer, sans doute, que la magnanime pensée d’affranchir l’Estat de sa sujection, ne pouvoit pas tomber dans un corps enflé de delices, et assouvy de voluptez ; mais que telle entreprise n’appartenoit qu’aux personnes subtiles et Philosophiques.

93. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXIX. Du Loup, et des Chiens. »

Ce Loup avoit beaucoup de raison de juger de la perte du trouppeau par la division des Chiens, puis qu’il n’est point d’intestine partialité qui ne soit capable de ruyner une fortune, quelque florissante qu’elle puisse estre.

94. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXI. De Venus, et d’une Chatte. »

Ce que les Poëtes ont expressément témoigné par la Fable de Circé la Magicienne, à qui ils ont donné le pouvoir de changer en bestes les corps des hommes, pour monstrer par là que les vices immoderez nous ostent l’usage de la raison. […] Mais ce qui est encore plus ridicule, c’est que nous voyons par espreuve ceux qui ont le plus remarqué de manquemens en une femme, estre les premiers à la loüer sur toutes les choses du monde ; et cela pour ceste seule raison, qu’elle leur aura possible fait les doux yeux, ou fermé la main.

95. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 201 » pp. 147-147

c’est pour le renard que nous avons pris tant de peine. » La fable montre qu’on a raison de se dépiter, quand on voit les premiers venus emporter le fruit de ses propres travaux.

96. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE II. Du Loup, et de l’Aigneau. »

Alors si l’extremité de l’offense anime le pauvre à se plaindre, ou à resister, on ne fait nulle difficulté de l’estendre sur le quarreau, sous pretexte d’avoir fait une partie contre la vie de son Seigneur, ou de son voisin ; et ne met-on pas en oubly la raison, qu’allegue le Loup d’Esope pour colorer sa cruauté, à sçavoir, que le pere, la mere, et tous les parents de l’Aigneau, estoient ses mortels ennemis.

97. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE IV. Du Cerf, et de la Brebis. »

Mais quant à nos propres successions, il est permis à qui que ce soit d’y renoncer, plustost qu’à sa vie, voire mesme à sa seureté, pource qu’en cela il n’y a rien qui offence la majesté divine, non plus que les hommes, qui n’ont nulle part à ce qui nous appartient ; et pour ceste raison ne se peuvent plaindre, de quelque façon que nous en usions.

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