Io canto di mia vita il giusto fine, Che di necessità Natura impone A tutti madre, e gran dispensatrice E del ben e del mal, come la sorte Di ciascun brama, e con ragion richiede : Io canto le miserie mie passate : Io canto appresso la futura pace, E l’eterno riposo, onde la vita È priva sempre, e da continue cure Di procacciarsi con fatica il vitto Sempre si sente in gran travaglio e pena : Et mi rallegro, che, giungendo al fine Di questo viver, giungo al fine anchora Di tanti affanni, et son per sentir sempre Nel sen de la natura de le cose, Che sono al mondo in qual si voglia o forma O stato variate dal primiero Sembiante, in ch’elle havean sostanza e vita, Quiete dolce e sempiterna pace. Ché, se ben quello io non sarò, che adesso Mi sento, onde potria dir forse alcuno Ch’io non sia per sentir mai mal né bene ; Io, che cangiato havrò sorte e figura, In quel vivrò, che mi darà fortuna Viver con quel vigor, che da me vita Trarrà sotto altra forma in mezo al grande Fascio de gli elementi in qual si voglia Di lor che ’l corpo estinto si risolva, O forse altro animal, che da lui n’esca Per gran virtù de le celesti sfere, Che danno al tutto ognihor principio e fine.
Mais ses entrailles s’alourdissant, il eut mal et dit : « Je n’ai que ce que je mérite, moi qui ai pris tous les objets ronds pour des œufs. » Cette fable nous enseigne que ceux qui entreprennent une affaire sans discernement s’empêtrent à leur insu dans d’étranges embarras.
Le loup une fois dressé lui dit : « Maintenant que tu m’as habitué à voler, prends garde qu’il ne te manque beaucoup de moutons. » Les gens que la nature a faits redoutables, une fois dressés à la rapine et au vol, ont souvent fait plus de mal à leurs maîtres qu’aux étrangers.
Conforto è al proprio il maggior mal d’altrui.
L’huom reo dal non far mal s’arroga merto.
L’Empire estant depuis estably, ne s’exposerent ils point à une infinité de maux, qui procederent de leurs discordes particulieres ? […] Que si l’on m’objette qu’aprés ces désolations l’Empire ne laissa pas de se rétablir, tousjours faudra-t’il avoüer que ce fut autant de mal enduré, et que la visible décadance de la Monarchie vint du partage d’Orient et d’Occident. […] et combien de mal luy a donné tout nouvellement le party des Factieux, et des Ennemis de leur Patrie !
» Évitons les hommes emportés et habitués à faire du mal, quand ils ont pris le pouvoir et qu’ils règnent.
Mort ou vif, luy dit-il, montre-nous ton moineau, Et ne me tends plus de panneau ; Tu te trouverois mal d’un pareil stratagême.
Est-on sot, étourdi, prend-on mal ses mesures ; On pense en estre quitte en accusant son sort.
A rei choisirent un ostur, pur ceo que meins mal lur fesist e vers autres les guarantist.
Alors la brebis commença par lui dire qu’elle aurait voulu ne pas le rencontrer ; puis, qu’à défaut de cela, elle aurait voulu le trouver aveugle ; en troisième lieu, elle s’écria : « Puissiez-vous, méchants loups, périr tous de male mort, puisque, sans avoir souffert de nous aucun mal, vous nous faites méchamment la guerre !
Le Loup se douta tout aussi-tost, qu’il avoit envie de luy joüer quelque tour de souplesse, et qu’il n’en vouloit qu’à la mangeaille ; de maniere que pour le renvoyer, il feignit qu’il se trouvoit mal, et que c’estoit la cause qu’il se reposoit ; luy disant au reste, qu’il l’obligeroit fort de s’en aller prier les Dieux pour sa santé. […] C’est elle-mesme qui a donné la source aux plus grandes inimitiez du monde, qui a mis mal le pere avec les enfants, la fille avecque la mere, et bref qui a comblé tout l’Univers de misere et d’inconuenients. […] Que s’il mesle des espines à ses roses ; s’il apporte de l’impatience avant la possession, et de la jalousie ou du dégoust apres ; Si, dis-je, il n’a point de bien qui ne soit meslé de plusieurs maux, pour le moins nous donne-t’il ce contentement d’estre quelquefois à nostre aise, et de ne nous plaindre pas tousjours de luy. […] et quels maux ne luy verra-t’on point faire !
» Pareillement les hommes qui sont aveugles sur leurs propres intérêts sont mal qualifiés pour conseiller leur prochain.
C’est cracher contre le Ciel, c’est ronger une lime, c’est sapper un bastiment qui nous accablera : bref, c’est s’exposer à un mal asseuré, pour n’en faire à son Ennemy qu’un leger et un incertain.
Così spesso n’aviene a l’huom, che intento Tutto al guadagno senza haver rispetto Del mal, che del suo oprar ne senta altrui, Si mette a far ciò che ’l suo cor gli detta : Per che talhor dal suo proprio guadagno Danno gli nasce di tal cura pieno, Che lo conduce a miserabil fine.
Ei che s’accorse del crudele effetto, Né scampo a sua salute haver poteva, Lagrimando tra sé disse : Ben merto Lasso, meschino, e questo e peggior male, Poi c’havendo nel mar cibo bastante Di condur la mia vita insino al fine, S’io di Nestore ben vivessi gli anni, Ho voluto cercar novella strada Di pasturarmi fuor del luogo usato, In parti entrando a mia natura avverse ; E d’animal marin terrestre farmi, Perdendo col mio albergo ancor la vita.
MALE APPELLANTVR.
Cum plus est fort, [e] pis lur fet ; tus jurs lur est en mal aguet.
Od memes icele cuinee ad puis l’espine detrenchee ; mal guer[e]don li ad rendu, que de lui ot sun mance eü.
Così l’huomo, ch’è debole e innocente, Ognuno rende a fargli oltraggio audace : E ’l forte et di mal far si vive in pace ; Perché chi gli osta ei fa tristo e dolente.
E per trovar il modo, onde potesse In compagnia di tutte l’altre meglio Soffrir di questo male il lungo scorno, Venne in pensier di dar consiglio a l’altre, Che si troncasser la lor coda anch’esse Per fuggir di portarla il lungo impaccio : Così stimando col comune scorno Coprir il suo, che non saria notato.
Spesso la gola altrui guida a mal fine.
Son Maistre s’estant mis alors à le tancer aigrement, en adjoustant les coups aux menaces, le pauvre Chien luy répondit, qu’il meritoit bien qu’on luy pardonnast, puis qu’il estoit devenu vieil, et qu’en sa jeunesse il avoit esté aussi bon qu’un autre à la prise ; « Mais je voy bien que c’est », continua-t’il, « tu ne prens plaisir à rien, s’il n’y a du profit : Je ne m’étonne donc point si m’ayant aymé tant que j’ay chassé, tu me veux mal maintenant que je n’ay aucunes dents, et ne puis courir. […] Mais de tous les maux qu’endurent les vieux serviteurs, le plus grand, et le plus déplorable, à mon advis, c’est le mespris qu’en fait la pluspart du temps un mauvais Maistre, qui apres avoir eu leur jeunesse, et tiré d’eux tous les services dont ils ont esté capables ne les regarde sur le declin de leur âge, que comme des Creatures inutiles, ou si vous voulez, comme des fardeaux tres-pesants, et tres-ennuyeux.
Le Chat s’estant jetté sur le Coq, et n’ayant pas autrement sujet de le traitter mal ne sçeut que luy reprocher, sinon qu’il étoit un importun, qui par son chant éveilloit les hommes, et les empeschoit de reposer. « Ce que j’en fais », respondit le Coq en s’excusant, « est pour leur profit, affin qu’ils se levent pour s’en aller travailler ». « Tu as beau dire », reprit le Chat, « cela n’empesche pas que tu ne sois meschant, et vilain jusques à ce poinct, que pour assouvir ta lubricité, tu as à faire à ta Mere, et n’espargnes pas mesmes tes sœurs ». […] Aussi est-ce devant elle que les Puissants sont foibles, et mal armez, que les Malings ne produisent aucuns faux tesmoins : que les Nobles n’alleguent point d’alliance, que les Innocents ne craignent plus d’oppression, que les Vertueux pretendent des recompenses, et devant qui finallement la difference des hommes ne se fait que par les Vertus, ou par les Vices qu’ils ont acquis.
je ne te félicite plus ; car je vois que c’est au prix de grands maux que tu jouis de ton abondance. » C’est ainsi qu’il n’y a rien d’enviable dans les avantages qu’accompagnent les dangers et les souffrances.
» Nous pourrions appliquer cette fable à un homme efféminé qui s’impatiente des moindres peines, alors que nous-mêmes, nous supportons facilement des maux plus grands.
De tel chose peot hum joïr que ne peot mie a tuz pleisir ; par descoverance vient grant mal, n’est pas li secles tut leals.
Così l’huomo eloquente ha spesso forza Di lontanarsi da malvagia sorte : E fugge il mal di violente morte Col suo sermone, ond’ei gli animi sforza.
Allhor si dolse quel crudele indarno Del mal del suo compagno, et della pena Del doppio peso : che schivando in parte Tutto sul dorso suo venuto gli era.
Mais leurs pattes s’y étant engluées, elles ne purent prendre l’essor, et se sentant étouffer, elles dirent : « Malheureuses que nous sommes, nous périssons pour un instant de plaisir. » C’est ainsi que la gourmandise est souvent la cause de bien des maux.
Je parle à tous ; et cette erreur extrême Est un mal que chacun se plaist d’entretenir.
Je n’en eus toutefois que la peur sans le mal.
Qu’ils ont de maux, et que je plains leur sort !
Mal prend aux Volereaux de faire les Voleurs L’exemple est un dangereux leure.
» disoit-il en gemissant, « ceux que j’ay autresfois des-obligez, me font maintenant du mal, et je treuve qu’ils ont raison ; Mais ce qui me fasche le plus c’est que les autres à qui j’ay fait du plaisir, au lieu de me rendre le semblable, me hayssent, sans en avoir du sujet. […] Ce fut, ce me semble, le plus grand de tous les maux du bon Job, de se voir exposé sans suject aux railleries de ses familiers, qui sembloient se tourner du costé de son malheur, et conspirer contre-luy, pour l’affliger davantage.
Nous avons dit, ce me semble, en peu de paroles, quelle est la cause ; et quelle l’experience de ce mal. […] Tellement que c’est une chose detestable devant luy, d’user mal à propos de l’authorité qu’il nous transmet, et que nous avons plustost par emprunt, que par proprieté.
Toutesfois ce que dit un grand Docteur, estant veritable, à sçavoir, qu’il arrive difficilement que celuy qui n’a fait autre chose que vivre mal, ait l’avantage de bien mourir, il ne faut pas jusques là nous reposer en ceste haute Bonté, que nous n’ayons soing de nous en rendre dignes : Car c’est en abuser que de faire des fautes pour la requerir.
Ceux qui abandonnent leur patrie et lui préfèrent un autre pays sont mal vus dans ce pays, parce qu’ils sont étrangers, et ils sont odieux à leurs propres concitoyens, parce qu’ils les ont méprisés.
Un loup suivait un troupeau de moutons sans lui faire de mal.
Marie de France, n° 4 Le chien et la brebis Ci cunte d’un chien menteür de males* guisches, e tricheür que une berbiz enpleida : devant justise la mena, si li a un pain demandé, qu’il li aveit, ceo dist, apresté.
« Tu es », fet il, « fole pruvee, quant de mei es vive eschapee, que tu requers autre lüer, que de ta char ai grant desirer ; mei, ki sui lus, tieng jeo pur fol que od mes denz ne trenchai tun col. » Autresi est del mal seignur : si povres hom li fet honur e puis demant sun guer[e]dun, ja n’en avera si maugré nun ; pur ceo qu’il seit en sa baillie, mercïer li deit* de sa vie.
L’huom disperato il mal lontano chiama, E quando l’ha vicin fuggirlo brama.
Utile è il mal, che per buon fin si pate.
Cette fable montre qu’une mauvaise nature, déterminée à mal faire, quand elle ne peut pas se couvrir d’un beau masque, fait le mal à visage découvert.
Ce fut ainsi qu’en usa le Milan d’Esope, durant le combat du Rat et de la Grenoüille, qui nous figure une sotte et une impertinente animosité, conçeuë entre gents, qui n’ont aucun sujet de se hayr, ou de se rien demander, mais qui sont tous esgalement interessez contre quelque fascheux voisin, dont ils peuvent à toute heure aprehender les embusches, principalement tandis qu’ils sont mal ensemble ? […] Ce fut dequoy se treuverent mal jadis tous ces peuples, qui se jetterent imprudemment, ou en la protection des Romains, ou dans le party de l’Orient.
Le Renard se voulant sauver du danger qui le menaçoit, sauta sur une haye, qu’il prit à belles pattes, avec que tant de malheur, qu’il se les perça d’espines Comme il se veid ainsi blessé, tout son recours fût aux plainctes. « Perfide Buisson », dit-il, « je m’estois retiré vers toy, pensant que tu m’ayderois ; mais au lieu de le faire, tu as rendu mon mal pire qu’il n’estoit ». « Tu t’abuses », luy respondit le Buisson, « car c’est toy-mesme à qui rien n’eschappe, qui m’as voulu prendre par les mesmes ruses que tu pratiques envers les autres ». […] A quoy pensois-tu, ô mal advisé Renard, de happer imprudemment avecque tes ongles un buisson tout herissé d’espines ?
Li mire sunt tu esguaré, n’unt rien [ne] veü ne trové qu’il eüst mal ne li neüst, si mangers a talent eüst. […] Mes jeo ne voil beste adeser ; mun ser[e]ment m’estut garder, si jeo ne eüsse tele reisun que l’otriassent mi barun. » Dunc li loënt communement qu’il le face seürement : cuntre cun cors de mal guarir ne püent il nul guarantir.
Que si sortir d’un mal pour entrer dans l’autre, est une peine tres difficile à supporter ; Que ne sera-ce point de passer du bien à l’extremité de toute misere ? […] Mais, certes, ils estoient doüez d’une si éminente Vertu, que je ne conseille à qui que ce soit de les imiter, ny d’exposer son vieil âge à tant de miseres, sous l’esperance de les endurer aussi constamment qu’eux, puis qu’au temps où nous sommes, et mesme dans la memoire de tous les siecles passez, il seroit bien mal aisé de trouver des courages si fortifiez contre toute misere, que furent les leurs, ny si capables de ceste haute Philosophie, qui nous instruit à la patience. […] Voylà combien peu les toucherent les delices et les mollesses des riches, au lieu que si apres une vie faineante et voluptueuse nous nous voyons d’avanture dépourveus de commoditez, cela nous seroit moins supportable, que la pluspart des maux qui nous pourroient assaillir d’ailleurs.
Comme les murs lui renvoyaient les sons, il s’imagina qu’il avait une très belle voix, et il s’en fit si bien accroire là-dessus qu’il décida de se produire au théâtre ; mais arrivé sur la scène il chanta fort mal et se fit chasser à coups de pierres.
La déesse, en effet, te hait au point d’ôter toute créance à tes présages. » À quoi la corneille répliqua : « Mais c’est précisément pour cela que je lui sacrifie : je la sais mal disposée à mon égard et je veux qu’elle se réconcilie avec moi. » C’est ainsi que beaucoup de gens n’hésitent pas à faire du bien à leurs ennemis, parce qu’ils en ont peur.
Un loup, ayant été mordu et mis à mal par des chiens, s’était abattu sur le sol.
Quant au refus que le Renard fait au Singe de la moitié de sa queuë, on le peut interpreter en deux façons, à bien, et à mal, et de toutes les deux il est aisé d’en tirer de l’instruction.
Li cocs respunt : « Si dei jeo faire : maudire l’oil ki volt cluiner quant il deit guarder e guaiter que mal ne vienge a sun seignur. » Ceo funt li fol : tut li plusur parolent quant deivent teiser, teisent quant il deivent parler.
DA capo a un fiumicel beveva il Lupo, E l’Agnello da lui poco lontano Vide inchinato far simil effetto : E come quel, che di natura è rio, Né havea cagion, e pur volea trovarla Di venir seco a lite, e fargli offesa, Cominciò tosto con parlar altero Dirgli, che mal faceva, e da insolente A turbar l’acque col suo bere a lui, Ch’era persona di gran pregio e stima, Esso vil animal di vita indegno.
Mais pour tout cela le Loup ne laissant pas de crier plus fort ; « En vain », luy dit-il, « tu me fais toutes ces belles excuses : c’est ta coustume de m’estre nuisible ; ce mal là te vient de race, car tes pere et mere, et tous les tiens generallement, me hayssent au mourir. […] Le sage Inventeur n’a voulu representer autre chose par ceste seconde Fable, que l’oppression des petits par les Grands, qui est si commune dans le commerce des hommes, qu’il n’y en a point de foible, ou de mal accommodé, qui ne soit sous la domination de plusieurs Tyrans.
Il cherchoit de toutes parts pour se les faire tirer, et imploroit le secours des uns et des autres ; mais pas un ne le vouloit assister, et tous ensemble disoient, que son mal estoit une juste recompense de sa gourmandise. […] En effect, je pense qu’elle avoit quelque sujet de le remercier, de ce qu’ayant une nature si sanguinaire, et si accoustumée au mal, il luy avoit permis d’eschapper saine et sauve d’entre ses dents, ce qui n’avoit jamais esté veu qu’alors.
Les chênes se plaignaient à Zeus : « C’est en vain, disaient-ils, que nous sommes venus au jour ; car plus que tous les autres arbres nous sommes exposés aux coups brutaux de la hache. » Zeus leur répondit : « C’est vous-mêmes qui êtes les auteurs de votre malheur ; si vous ne produisiez pas les manches de cognée, et si vous ne serviez pas à la charpenterie et à l’agriculture, la hache ne vous abattrait pas. » Certains hommes, qui sont les auteurs de leurs maux, en rejettent sottement le blâme sur les dieux.
Celle-ci se sentant mourir prononça ces paroles : « Je l’ai bien mérité ; car je ne devais pas endommager celle qui m’avait sauvée. » Cette fable montre que ceux qui font du mal à leurs bienfaiteurs sont punis de Dieu.
L’autre animal tout au contraire, Bien éloigné de nous mal faire, Servira quelque jour peut-être à nos repas.
« Ore ne chaut quë hum me tienge verm u oisel, mes que jo vienge dedenz la fiente del cheval ; kar de feim ai dolur e mal. » Issi avient des surquidez : par eus me[i]mes sunt jugez ; ceo enpernent que ne poënt fere, dunc lur covient a[rrier] retrere.
Il se retira doncques bien viste, et en s’en allant ; « Miserable que je suis », dit-il à part soy, « qu’il eust beaucoup mieux valu pour moy souffrir une petite picqueure, et lécher le miel en patience, qu’estre cause du grand mal que toutes les Abeilles m’ont fait, lors que j’ay creu me vanger d’elle ». […] Elle nous apprend qu’un seul ne peut rien contre plusieurs : Que les Grands doivent apprehender la colere des petits ; Qu’il n’y a point de jeu à se vouloir vanger de ceux à qui nous avons donné sujet de nous nuire ; Et qu’en tout cas il vaut mieux endurer un mal qu’ils nous font, que se mettre en danger d’en souffrir une infinité.
Allhora s’appiattar celatamente Dietro un vasello di Cretense vino, Che gocciolando dal mal sano fondo Spargea ’l terreno del liquor soave. […] Un ben, ch’è mal sicuro, è da sprezzarsi.
Mais la response qu’il en receut fut telle ; « Monsieur le Sapin, à ce que je voy tu ne manques pas de vanité à publier ce qu’il y a de bon en toy, ny d’insolence à te mocquer de mes maux ; Mais que ne parles-tu aussi bien de ton malheur particulier, et de ma bonne fortune ? […] Toutes-fois la matiere en est si plausible, qu’il ne sera pas mal à propos d’en redire en passant quelque chose. […] Voylà donc qu’ils ont dans leurs mains un instrument d’Orgueil : Voylà qu’il est mal aisé d’estre humble, et trop bien partagé de la Fortune. […] Aussi-voyons-nous que la Goutte ; le Calcul, l’Hydropisie, l’Apoplexie, et semblables monstres de maux, n’ont pris naissance que chez les Riches ; Et peut on bien dire que l’heureuse Mediocrité seroit pour jamais exempte de ces miseres, si elles ne nous estoient transmises de nos Ancestres voluptueux.
Ceste Allegorie a esté de mesme suffisamment expliquée en quelqu’une des precedentes Fables, où nous avons dit, qu’il ne faut pas tomber pour la seconde fois entre les mains des meschants, mais se mesfier tous-jours d’eux, et interpreter toutes leurs actions à mal, quand mesme elles seroient plaines d’une apparence de pieté.
L’un de nos deux Marchands de son arbre descend, Court à son compagnon ; luy dit que c’est merveille, Qu’il n’ait eu seulement que la peur pour tout mal.
Tu me cuntoues tut tun bien, mes de tun mal ne deïstes rien.
E la grüe li respundi : « Einz l’ai », fet ele, « ensemble od mei. » — « Dunc te lo jeo par dreite fei que tu t’en vois en ta cuntree, quant de celui n’es deliveree ; greinur mal peot il aillurs fere. » La grüe se mist al repeire.
S’il advient doncques au Pere, ou bien à la Mere, de commettre une action vicieuse devant leur Enfant, asseurément il l’imitera bien-tost apres, et ce d’autant plus aisément, qu’il ne sçaura pas faire la difference du bien et du mal, et ne sera point détourné par l’imagination de pecher, qui sert quelquesfois de divertissement aux hommes faits. […] Mais vous me respondrez possible, que vostre fils n’estant pas en âge de discretion, n’est pas en âge de mal faire aussi, et par consequent que son innocente gayeté, ny ses jurements, ny ses ordures, ne sont pas coûpables devant Dieu.
Le chien de chasse mécontent fit des reproches à son camarade : c’était lui qui sortait et avait le mal en toute occasion, tandis que son camarade, sans rien faire, jouissait du fruit de ses travaux !
À quoi le blessé répondit : « Mais, si je fais cela, je serai fatalement mordu par tous les chiens de la ville. » Pareillement, si vous flattez la méchanceté des hommes, vous les excitez à faire plus de mal encore.
Ce qu’elle n’eust pas plustost dit, que celuy qui l’avoit prise, la laissa aller sans luy faire mal.
Les mécontens disoient qu’il avoit tout l’Empire, Le pouvoir, les tresors, l’honneur, la dignité ; Au lieu que tout le mal estoit de leur côté ; Les tributs, les imposts, les fatigues de guerre.
Les gens n’ont point de honte De faire aller le mal toujours de pis en pis.
Quant il deveient aprismer, li lu volt les uens enseigner ; cunseil, ceo dit, lur estut prendre : s’il se veut vers eus defendre, chescuns estut garder sa cüe, u il irrunt a male voue.
Marie de France, n° 95 La méchante femme et son mari D’un vilein cunte ki aveit une femme qu’il mut cremeit, kar ele esteit mut felunesse, de male part e tenceresse.
Merta ogni mal chi sprezza il buon consiglio.
Così far si devria da quei, che danno Altrui la cura de l’human governo, La salute de’ popoli, e de’ regni Sol commettendo in man di quei, che sanno E posson con valor regger altrui, E sostener di tanta impresa il pondo : Lasciando lo splendor de le ricchezze, E tutte l’altre esterior grandezze, Che siano in quei, che senza ingegno od arte Mal pon regger sé stessi, e peggio altrui.