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2. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Invention d’Esope, pour faire retourner sa Maistresse avec Xanthus. Chapitre XIII. »

Or comme il s’en alloit de maison en maison, en s’en retournant il passa exprés devant le logis des parens de sa Maistresse, feignant de ne sçavoir pas qu’ils fissent là leur demeure, n’y qu’elle s’y fust retirée. […] Le valet ayant appris ces belles nouvelles, laissa là Esope, et monté qu’il fût en la chambre, il fit sçavoir à la femme de Xanthus, ce que l’autre venoit de luy dire.

3. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — XIV. Le Lion malade, et le Renard. » p. 142

De par le Roy des Animaux Qui dans son antre estoit malade, Fut fait sçavoir à ses vassaux Que chaque espece en ambassade Envoyast gens le visiter : Sous promesse de bien traiter Les Deputez, eux et leur suite ; Foy de Lion trés-bien écrite.

4. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE VIII. Du Laboureur et du Serpent. »

La mesme Escriture nous apprend dés le commencement de la Genese, qu’il represente quelquesfois l’ennemy de Dieu ; Et aujourd’huy nostre Sage Esope luy fait joüer un personnage presque aussi mauvais que le precedent, à sçavoir celuy d’un Ingrat. […] Mais je laisse en arriere tous ces exemples, pour alleguer seulement celuy qui est arrivé à la personne mesme de nostre Autheur, et qui est escrit cy-devant en l’Histoire de sa vie ; A sçavoir, qu’Esope estant dans Babylone, à la Cour du Roy Lycerus, adopta pour fils un jeune homme, qui luy sembla le plus aymable, et le mieux conditionné de toute la Ville, auquel il donna une entiere esperance de ses biens, et mit toute son affection en luy, comme s’il eust esté veritablement son enfant. Mais il arriva que celuy-cy, par une extrême ingratitude, fust cause de sa condemnation, et le reduisit à tel poinct, qu’il demeura long-temps enfermé dans un sepulchre, à la maniere des morts, jusques à ce qu’on eust encore besoin de son sçavoir, et que par ce moyen il fust tiré vivant hors du tombeau.

5. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope est derechef vendu. Chapitre VII. »

Parmy ces railleries, ils desiroient tous sçavoir à quel propos il s’estoit éclatté de rire. […] », luy demanda-t’il. « Je suis noir », respondit Esope ; « Ce n’est pas ce que je desire sçavoir de toy », respondit Xanthus ; « Je veux seulement que tu me dies ton païs, ou le lieu d’où tu és sorty ». « Du ventre de ma Mere », dit Esope. « Ce n’est point encore cela », repartit le Philosophe, « c’est le lieu de ta naissance que je te demande ». « Je ne me souviens point », replicqua Esope, « que ma mere m’ait jamais declaré, si le lieu où elle me fist estoit haut, ou bas ». « Que sçais tu faire ?  […] », adjoûta le Philosophe ; « C’est », dit Esope, « de ce que mes compagnons se sont vantez de sçavoir tout, et qu’ainsi ils ne m’ont rien laissé de reste ». […] Cependant les Fermiers, qui estoient là presents, ayant eu advis de ceste vente, estoient fort fâchez, et vouloient sçavoir qui estoit le vendeur et qui l’achepteur. […] Les Fermiers furent bien aises de sçavoir l’affaire, et donnerent à Xanthus le droict du peage, puis se retirerent.

6. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIV. De la Corneille, et de la Cruche. »

C’est donc au seul instinct naturel que toutes ces choses se doivent attribuër, veu le desir que la Nature semble monstrer de sa conservation, qui est double, à sçavoir de l’Individu, et de l’Espece. […] Comme on luy eust donc commandé quelque chose extrémement difficile, à sçavoir de tirer un Vaisseau eschoüé contre la gréve, il s’efforça d’obeyr avec une grande docilité. […] Cela estant plus clair que le jour, et generallement avoüé par toutes les Escolles, nous voyons bien en quoy l’homme convient avec tous les autres corps de la nature, à sçavoir en l’estre, et pareillement en quoy il convient avecque les bestes, à sçavoir en l’Animalité. […] Le troisiesme exemple que j’ay allegué, pour raconter les merveilles de l’Elephant, à sçavoir de ceste Cruche, et de ce Potier, peut avoir esté fait par imitation, dont les animaux sont capables. […] C’est ainsi, et non autrement, qu’il faut entendre ces passages, à sçavoir que les animaux chantent les merveilles de Dieu, et que par eux, qui sont ses Ouvrages, on cognoist la Toute-puissance de l’Ouvrier.

7. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXIV. Du Singe, et du Renard. »

Je ne raporteray pas tant l’Alegorie de ceste Fable à l’envie et à la malignité du Renard, qu’à l’impertinence des autres animaux tant pource qu’aux discours precedents j’ay assez parlé contre les personnes envieuses du bien d’autruy, qu’à cause qu’il me semble veritablement qu’Esope luy fait joüer icy le personnage d’un homme sage et consideré, plustost que d’un meschant ; et qu’au contraire il represente en la sottise des autres animaux, celle que commettent fort souvent les hommes, à sçavoir de donner les grandes charges aux mal habiles. […] Mais la revolution des temps fist qu’ils se détromperent enfin, quant à l’excellence du corps, et trouverent qu’il y avoit une plus noble et plus loüable qualité en nous, à sçavoir la cognoissance des choses, et la veritable force de l’ame ; Qu’au reste, ceste derniere faculté n’alloit pas tousjours conjoinctement avecque les graces corporelles, mais qu’on voyoit d’ordinaire les belles personnes foibles et stupides ; et au contraire quantité de corps monstrueux, doüez d’un entendement extraordinaire. […] Il suffit d’avoir monstré l’intention du sage Esope, à sçavoir que les gents bien avisez n’ont jamais creu que la Souveraineté se peust acquerir par le seul merite du corps, mais qu’au contraire, elle estoit deuë aux excellentes parties de l’ame.

8. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XVII. Du Milan malade. »

Toutesfois ce que dit un grand Docteur, estant veritable, à sçavoir, qu’il arrive difficilement que celuy qui n’a fait autre chose que vivre mal, ait l’avantage de bien mourir, il ne faut pas jusques là nous reposer en ceste haute Bonté, que nous n’ayons soing de nous en rendre dignes : Car c’est en abuser que de faire des fautes pour la requerir.

9. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLVIII. Du Renard, et des Raisins. »

Il y a de plus une autre sorte de dissimulation, qui ne nuist à personne, mais qui sert en quelque chose au dissimulateur, à sçavoir, lors que nous nions d’avoir eu une entreprise, apres que nous la voyons inutile.

10. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — XXI. Les Frelons, et les Moûches à miel. » p. 504

Le refus des Frelons fit voir
 Que cet art passoit leur sçavoir :
 Et la Guespe adjugea le miel à leurs parties :
 Plust à Dieu qu’on reglast ainsi tous les procez ;
 Que des Turcs en cela l’on suivist la methode : 
Le simple sens commun nous tiendroit lieu de Code.


11. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXI. Du Larron, et du Chien. »

Ce Chef l’ayant deffendu pour Scanderbeg, avec une vigilance et une valeur parfaicte, fut convié par ce Prince à luy laisser ceste Place de son bon gré, sous les plus avantageuses conditions qui se pouvoient faire à un homme de qualité, à sçavoir de le rendre le plus grand de sa Cour, de luy donner à commander ses Armées, et des possessions terriennes en abondance. […] De plus, il faut penetrer, s’il est possible, dans ses interests, et sçavoir quelle part elle prend en la chose, dont l’administration nous est commise.

12. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCIX. Du Sapin, et du Buisson. »

Ce qui peut estre verifié par plusieurs raisons ; et premierement l’on en doit alleguer une, reçeuë dans toutes les Escolles des Philosophes, à sçavoir que ce qui est mediocre, est de soy plus excellent que ce qui est extrême. […] C’est icy la premiere raison dont je me sers à prouver que la mediocrité est preferable à l’excez du bien, à sçavoir la dignité mesme de la chose mediocre. […] Estant donc vray, et par nos maximes Chrestiennes, et par celles là mesme des Payens, que rien n’est si pernicieux à l’ame que le Vice, il faut que l’on m’advoüe aussi une chose que la Philosophie nous enseigne, à sçavoir que le Vice gist en l’excés. […] Quant à la derniere partie de ceste proposition, à sçavoir que l’Opulence est la Mere des excez ; ç’a esté la prouver suffisamment d’avoir dit, qu’elle produict tous les Vices.

13. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — L’ingratitude de Xanthus. Chapitre XIX. »

Esope sortit doncques du logis, et apperçeut fortuitement deux Corneilles, qui s’estoient branchées sur un arbre ; ce qu’il fist sçavoir incontinent à son Maistre.

14. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — En quel temps Esope composa ses Fables. Chapitre XXV. »

Comme il s’en alloit ainsi par le monde, il arriva en Babilone, et y donna de si belles preuves de son sçavoir, qu’il se mit en faveur auprés du Roy Lycerus, qui le fit un des plus grands de sa Cour.

15. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CVI. Du Satyre, et du Voyageur. »

En suitte de cela, ils se mirent tous deux à table, où la premiere chose que fist l’Estranger, fût de soufler sa boüillie : Ce que voyant le Satyre, il en voulut derechef sçavoir le sujet ; Et comme il eust appris que c’estoit pour la refroidir, ne pouvant plus souffrir un tel Hoste dans sa cabane, « Sors de ceans », luy dit-il, « car je ne suis pas d’humeur à m’accommoder avec un homme qui se contre-dit ainsi en ses paroles ».

16. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Le voyage d’Esope en Delphes. Chapitre XXIX. »

Or apres qu’il eust bien voyagé par toutes les villes de Grece, et donné de merveilleuses preuves de son sçavoir, il s’advisa de s’en aller aussi en Delphes. […] La femme en ayant voulu sçavoir la cause ; “Ce que je pleure”, luy respondit le païsan, “c’est pour soulager le mal que je ressents de la perte que j’ay faite de ma femme, qui n’estoit pas moins honneste, que belle”.

17. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXIX. Du Renard, et de la Cigongne. »

Si c’est en paroles, à sçavoir en reprochant à un homme ses imperfections, il est mal-aisé qu’on n’ait quelque prise sur eux, puis que nul n’est parfaict en ce monde, et que chacun a un endroit par où il est sensible et defectueux, et par consequent sujet à la reprehension d’autruy. […] Quant à l’autre maniere de se mocquer, à sçavoir, en effect, et par de veritables actions, elle retombe tout de mesme au desadvantage du Mocqueur.

18. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXIII. De l’Arbre, et du Roseau. »

Ceste verité est si cognuë de tous les hommes, qu’ayant passé en proverbe parmy nous, elle contient le plus grand secret de la prudence, à sçavoir, de s’accommoder au temps. […] Mais il ne nous sera pas malaisé de respondre à tout cela, pourveu que nous distinguions deux choses, à sçavoir les déportements du Sage, eu égard à soy-mesme, et pareillement la façon de vivre, en tant qu’elle se rapporte à d’autres personnes.

19. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — De l’affranchissement d’Esope. Chapitre XXIII. »

Pour cét effet, quand tu seras demain à la place publique, dy simplement ces paroles aux habitans : Messieurs, je n’ay jamais appris à rendre raison, ny des Prodiges, ny des Augures ; mais il est bien vray que j’ay en ma maison un serviteur, qui sçait beaucoup de choses, et qui, je m’asseure, vous esclaircira de ce que vous desirez si fort de sçavoir. […] Je suis content neantmoins de vous declarer sans rien craindre, ce que vous desirez si fort de sçavoir, pourveu que vous me fassiez donner ma liberté, et la permission de parler ». […] Mais depuis, voyant qu’elles avoient de leur costé quantité de chiens qui les chassoient, ils leur firent sçavoir par des Ambassadeurs envoyez exprés, que si elles vouloient desormais vivre en paix, et oster tout soupçon de guerre, qu’elles eussent à leur envoyer les chiens ; comme en effect les brebis furent si sottes, et si mal-advisées, que de les donner, en se laissant persuader une chose qui ne leur pouvoit estre que dommageable.

20. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — De quelles viandes Esope traicta les Hostes de Xanthus. Chapitre XIV. »

Mais je voudrois bien sçavoir, s’il y a rien de meilleur que la Langue, en ceste vie mortelle : Nenny, sans doute, puis qu’il n’est point de doctrine, ny point de Philosophie, qui par son moyen ne soit enseignée aux hommes.

21. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — FABLE I. Contre ceux qui ont le goust difficile. » p. 

Mais je ne me crois pas si cheri du Parnasse, Que de sçavoir orner toutes ces fictions : On peut donner du lustre à leurs inventions : On le peut, je l’essaye, un plus sçavant le fasse.

22. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XX. Des Colombes, et du Faucon leur Roy. »

Quant à la premiere action qu’elles firent, à sçavoir de se mettre volontairement en la protection du Faucon, nous avons veu cy-dessus comment elle a son origine en la propre imperfection de ceux qui eslisent un Chef, n’estant pas croyable que plusieurs Justes, ou gents de bien, qui logeroient ensemble dans une Isle deserte, s’advisassent jamais d’en choisir un, la probité duquel leur seroit suspecte. […] Il est, certes, mal-aisé de sçavoir au vray d’où procede en nous ceste imperfection : car de l’imputer à un defaut d’esprit, nous voyons d’ordinaire que les plus habiles sont les plus sujets à l’amour des choses naturelles, et qu’ils troublent ordinairement la tranquilité de leur Patrie.

23. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — De quelle façon Esope nourrit, et dressa quatre Poussins d’Aigle. Chapitre XXVIII. »

Le jour d’apres s’estant advisé de s’habiller au contraire de la journée precedente, à sçavoir d’une robe blanche, il en fit prendre de rouges à ses amis ; puis quand Esope fut derechef entré ; « Que penses-tu de moy », luy dit-il, « et de ceux qui sont à l’entour de ma personne ?  […] » « Seigneur », respondit Esope, « ce que j’en ay fait a esté pour vanger le Roy Lycerus ; Car tu dois sçavoir que ce mauvais chat est la seule cause d’une perte qu’il a faite la nuict passée pour luy avoir tué son coq, qui étoit vaillant et aguerry au possible, joinct que par son chant il luy marquoit ordinairement les heures de la nuict ». […] » Par ceste responce, il se mit si bien dans l’esprit du Roy, qu’il l’estima grandement pour son sçavoir, et pour sa prudence : de maniere qu’un peu apres, ayant fait venir de la ville d’Eliopolis un bon nombre d’hommes sçavants, fort versez aux questions Sophistiques, il se mit à les entretenir sur la suffisance d’Esope, et voulut que luy-mesme fust de la partie, en un festin où il les avoit invitez.

24. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLIII. Des Loups, et de la Brebis. »

Pour ce qui est de l’autre poinct, dont ceste Fable nous peut instruire, à sçavoir que les Ennemis reconciliez à faux, ne demandent qu’un pretexte pour nous attaquer, c’est une question de fait, qui a plus besoin d’exemples que de raisons.

25. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIII. Du Lion, et de la Chévre. »

Le sens Moral de ceste Fable a esté deux ou trois fois expliqué, à sçavoir qu’il faut s’abstenir du frauduleux conseil des hommes ; dequoy nostre Autheur nous fait adviser par la resistance de cette Chevre, qui bouche l’oreille à la persuasion du Lion son ennemy, bien qu’en apparence ses Discours soient profitables, et plausibles.

26. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLIV. De la Forest, et du Paysan. »

La mesme chose arrive entre les Chicaneurs, qui se surprennent les uns les autres par les papiers qu’ils se prétent, et obligent quelquesfois les personnes ignorantes en ce mestier, à signer des actes contre leur propre cause, sans sçavoir le dommage qu’ils se font.

27. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCIV. Du Taureau, et du Bouc. »

Voicy l’exemple de la moins supportable lascheté qui puisse tomber en l’esprit d’un homme, à sçavoir de courir sus à un Malheureux.

28. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXI. De la Fourmy, et de la Cigale. »

Ce Prince des Poëtes ayant pris naissance de parents incognus, et passé toute sa vie en l’étude des lettres hors de sa Province, et mesme estant privé du plus agreable de nos sens, à sçavoir de la veuë, se trouva sur le declin de son âge, accueilly d’une pauvreté si grande, qu’il estoit reduit à la mercy des autres hommes, pour trouver du pain, et ne mangeoit que ce qui luy estoit charitablement donné. […] Nous lisons presque la mesme chose de Diogene, à sçavoir, qu’ayant mesprisé toute sa vie le soing d’acquerir des richesses, voire jusques-là que de refuser les presents du plus grand Monarque de la terre, il fût attrappé sur ses vieux jours d’une extrême necessité ; de sorte qu’il s’exerçoit le long d’un porche à demander l’aumône aux statuës, afin, disoit-il, d’apprendre à n’avoir point de honte de mendier.

29. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCVII. Du Tygre, et du Renard. »

Or quoy que cela ne semble pas ordinaire en la Nature, si est-ce qu’on en peut donner des raisons tres legitimes ; Et premierement on peut dire, que ces Ennemis fiers et presomptueux vont la pluspart dans le Combat avec tant de negligence contre les foibles, qu’ils dédaignent de mettre en œuvre tout ce qui est d’ordinaire praticqué pour la seureté des Combattans, à sçavoir d’estre couverts de bonnes armes, montés sur un cheval adroict, et faire avec soin tous les passages de l’escolle. […] Mais c’est trop nous arrester, pour verifier par les exemples ces deux veritez qu’Esope nous veut enseigner dans le combat du Tygre contre l’homme, à sçavoir que les plus meschants rencontrent bien souvent leurs Maistres, et que l’industrie est ordinairement victorieuse de la force, pourveu toutesfois qu’elle soit accompagnée d’un bon courage.

30. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIX. De la femelle du Singe, et de ses deux Enfants. »

Il y a bien un autre danger à courir, et plus considerable, et plus grand ; à sçavoir la corruption de l’ame, qui en procede infailliblement. […] Toutes les raisons mises cy-devant, et tournées au sens contraire, peuvent servir à ceste verité, à sçavoir, que la forte complexion fait les hommes genereux, et entreprenants ; que l’exercice rend le sang meilleur, que la sobrieté de l’enfance se confirme en l’aage avancé ; et bref, qu’une jeunesse qu’on ne flatte point est capable de toute Vertu.

31. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LX. De la Puce, et de l’Homme. »

D’ailleurs, ayant plus de sujet que les forts de s’humilier, et de se recognoistre, ils sont blasmables au double de jetter en arriere toutes considerations, et se porter opiniastrément à une action eslevée au dessus de leur pouvoir, qui est en cela d’autant plus mauvaise, qu’elle est accompagnée d’une autre faute ; à sçavoir, de la temerité.

32. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XVIII. De l’Arondelle, et des autres Oyseaux. »

Or outre le mal qui nous vient de ne croire un bon amy, qui nous conseille fidellement, il en arrive souvent un autre plus considerable que celuy-là, à sçavoir, que nous perdons presque tousjours l’amitié de celuy qui entreprend de nous exhorter, à cause que se voyant si peu digne de creance envers nous, il se rebutte aisément de nostre praticque, et ne peut souffrir la plus part du temps que nous le tenions pour suspect en sa veritable affection.

33. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LIII. Du Cerf, et du Cheval. »

Je n’allegueray que la plus moderne, à sçavoir celle des Ottomans, qui ont osté la Natholie à tous les Princes, qui la pensoient partager entr’eux ; puis passans le destroit de l’Hellespont, à la solicitation d’Andronic, afin de le secourir contre son fils, ont si bien fait par leurs ruses, et par leur adresse, qu’ils ont dépoüillé de l’Empire de l’Europe toute la race des Paleologues.

34. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCVI. Du Paon, et de la Gruë. »

Je pense qu’il y a deux ou trois Fables dans ce livre, qui contiennent le mesme sens de celle-cy, à sçavoir que la Nature a doüé châque animal de quelque vertu, capable de rendre tout le monde satisfaict, et cela avec tant de justesse et de proportion, que nul n’est mécontent de son partage.

35. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLV. Du Loup, et du Chien. »

Apres cela, il fût curieux de sçavoir de luy, pourquoy il estoit si net et si poly. « Si je le suis », respondit le Chien, « le soing de mon Maistre en est cause. […] Mais comme il fût jour, le Loup voyant le col du Chien tout pelé, s’advisa de luy en demander la cause. « Tu dois sçavoir », luy respondit le Chien, « qu’au commencement je soulois aboyer aux Estrangers, et mesme à ceux de cognoissance, sans que ma dent espargnast non plus les uns que les autres.

36. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — La response d’Esope à un Jardinier. Chapitre IX. »

Laisse moy donc respondre à cét homme, et je le contenteray » : Xanthus se tournant alors vers le Jardinier ; « Mon amy », luy dit-il, « je trouve qu’il ne seroit pas bien seant, que moy qui ay disputé en tant de fameuses assemblées, m’amusasse maintenant à resoudre des difficultez en un Jardin ; Mais je m’asseure que mon garçon que voicy, te rendra raison de ce que tu desires sçavoir, si tu luy en fais la proposition.

37. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE V. Du Chien, et de l’Ombre. »

Pour ce qui est des premiers, à sçavoir de ceux qui veulent amonceler thresors sur thresors, et adjouster incessamment de l’acquis à leur heritage ; combien en voyons-nous tous les jours qui s’enveloppent dans de grands partis, entreprennent des fermes publiques, et prestent de l’argent aux Roys, le tout sous l’espoir du gain démesuré qu’ils s’y figurent ; Et neantmoins à quelque temps de là, ils trouvent leur attente ridicule, et sont en perte des biens qui naguere leur estoient propres et hereditaires, finissant leurs jours dans les Palais des Princes, où ils sont refugiez, avec un mespris des domestiques, et un murmure continuel des creanciers.

38. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XI. De l’Aigle, et de la Corneille. »

Que cela suffise pour la preuve de ceste verité, à sçavoir que les bons amis ne sont pas compatibles avecque les desseins mercenaires, et que d’en admettre de ceste sorte en sa frequentation, c’est courir la fortune de l’Aigle, qui ne gagna que de la honte dans le conseil de la Corneille.

39. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXVIII. De l’Asne vestu de la peau du Lion. »

C’est ainsi que parmy les nouveaux Docteurs il s’en trouve plusieurs qui se targuent à tort d’un bonnet et d’une robbe dans une chaire, et renforcent inutilement le ton de leur voix, pour paroistre plus éloquens devant ceux qui les écoutent ; Mais s’il n’y a quelque chose en eux plus considerable que leur belle monstre, et si le sçavoir ne respond à l’apparence, les pauvres gens s’abusent bien fort : quelques sçavans qu’ils se fassent, il est aisé de connoistre qu’il y a du vuide dans leur teste, où des oreilles d’Asne paroissent visiblement.

40. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE III. Du Rat, et de la Grenoüille. »

Icy se void une peinture des artifices humains, dont nous avons tous les jours l’original devant les yeux ; C’est à sçavoir, que pendant la contention de deux personnes, une tierce vient à jouyr du prix de leur contestation, et tire toute seule l’avantage de la querelle des autres.

41. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LVIII. Du Chevreau, et du Loup. »

Il y en a encore une autre qui n’est pas moindre, à sçavoir la passion d’aquerir de la loüange, qui leur est commune avec les Vaillants, mais qui agit plus foiblement, et plus vicieusement en eux.

42. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXIII. Du Renard, et du Buisson. »

Mais d’autant que ce seroit une chose trop ennuyeuse de s’arrester sur la diversité de ces conditions, il nous suffira pour ceste fois d’avoir touché les plus importantes distinctions, à sçavoir la methode de hanter les meschants, et celle de se comporter avecque les grands Seigneurs.

43. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXVII. Du Liévre, et de la Tortuë. »

Du premier, nous en avons un exemple bien évident en la personne d’Archimede, qui se fût en vain picqué de ses hautes cognoissances, et de son profond sçavoir aux Mathematiques, s’il ne les eût praticquées avecque soing, et pour son contentement particulier, et pour le service de sa Patrie.

44. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXI. De Venus, et d’une Chatte. »

Le troisiesme poinct de mon Discours sera le vray but d’Esope, compris dans la fin de la Fable, à sçavoir qu’on ne change pas de mœurs, pour changer de condition. […] Venons maintenant à la troisiesme partie de nostre Discours, à sçavoir que la condition ne change pas les vertus ny les vices de l’ame, principalement s’ils sont contractez par une longue et naturelle habitude.

45. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE II. Du Loup, et de l’Aigneau. »

Alors si l’extremité de l’offense anime le pauvre à se plaindre, ou à resister, on ne fait nulle difficulté de l’estendre sur le quarreau, sous pretexte d’avoir fait une partie contre la vie de son Seigneur, ou de son voisin ; et ne met-on pas en oubly la raison, qu’allegue le Loup d’Esope pour colorer sa cruauté, à sçavoir, que le pere, la mere, et tous les parents de l’Aigneau, estoient ses mortels ennemis.

46. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE IV. Du Cerf, et de la Brebis. »

Pour le premier poinct à sçavoir que ce n’est pas un crime d’y consentir, il suffit de s’en tenir à la loy naturelle, qui porte tout le monde à sa propre conservation, non seulement au pris de dire un mensonge, mais encore de faire un homicide, ou quelque action plus tragique et plus extraordinaire.

47. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXI. Du Geay. »

Rien autre, certes, que ce que nous represente la Fable à sçavoir un becquetement general des vrays Paons contre le faux ; une risée honteuse, une fuitte pleine de desespoir.

48. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LV. Du Vautour, et des autres Oyseaux. »

Il me suffira de dire icy avec horreur une chose qui n’est que trop cognuë, à sçavoir, que plusieurs ont appris l’art d’empoisonner par la senteur d’un bouquet, rendant par ce moyen coupables de la mort d’autruy les fleurs, qu’on peust appeller d’ailleurs les plus innocentes de toutes les Creatures.

49. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXVIII. Du Berger, et du Loup . »

En quoy, il me semble que pour un vain plaisir de mentir, l’on perd une chose bien precieuse, à sçavoir la Foy ; Action certes d’un tres-mauvais mesnager, et d’un imprudent, puis-qu’il n’y a rien de si commode en tout le commerce de la vie, que de passer pour veritable, autant pour servir ses amis, que pour son interest propre.

50. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — FABLE I. Le Meusnier, son Fils, et l’Asne. » p. 721

Ces deux rivaux d’Horace, heritiers de sa Lyre,
 Disciples d’Apollon, nos Maistres pour mieux dire,
 Se rencontrant un jour tout seuls et sans témoins ;
 (Comme ils se confioient leurs pensers et leurs soins)
 Racan commence ainsi : Dites-moy, je vous prie, Vous qui devez sçavoir les choses de la vie,
 Qui par tous ses degrez avez déja passé,
 Et que rien ne doit fuïr en cet âge avancé ;
 A quoy me resoudray-je ?

51. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE C. Du Pescheur, et d’un petit Poisson. »

Tous les hommes sont bien d’accord avec ce Pescheur, quant aux choses perissables et caduques, à sçavoir qu’il ne faut pas quitter un petit gaing qui est asseuré, pour l’espoir d’un incertain, quelque grand et advantageux qu’il puisse estre. […] Car pour la premiere, à sçavoir la certitude, ne voyez-vous pas une infinité de bonnes actions à qui l’on ne donne aucune loüange ; au lieu qu’il y en a quantité de meschantes que l’on vante bien hautement, comme si la memoire en devoit estre immortelle ?

52. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXIII. Des Coqs, et de la Perdrix. »

Si son outrage a semblé laid et hydeux dans son centre mesme, à sçavoir en la personne du malfaicteur, combien sera-t’il espouvantable en la mienne, puis que je ne pense pas avoir jamais donné lieu à des actions scandaleuses, et dignes de la hayne publique ? […] Il r’appellera pour lors en sa memoire une chose que nous avons des-jà touchée, à sçavoir que Dieu s’est reservé la Vengeance, et que c’est empieter sur luy que de la vouloir faire de ses mains.

53. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXVIII. Du Laboureur et du Serpent. »

Pour nous figurer cette verité, le subtil Esope introduict en cette Fable le plus prudent des animaux, à sçavoir le Serpent, qui se despoüille bien veritablement de toute rancune contre le Laboureur qui l’a offensé, mais qui n’est plus resolu de retourner en sa maison.

54. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXIV. De l’Homme, et d’une Idole. »

Ceste Fable me met en l’esprit une opinion que j’ay presque tous-jours euë touchant les Anciens ; à sçavoir, que les plus sages d’entr’eux n’ont creu la pluralité des Dieux que par feinte, affin de s’accommoder à la brutalité du Peuple.

55. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXVII. Du Laboureur, et de la Cigongne. »

Il appartient plustost aux Jurisconsultes, qu’aux Philosophes moraux de vuider ceste question ; à sçavoir, si ceux qui ont esté en la compagnie des meschants, doivent porter la peine comme eux du crime qu’ils ont commis.

56. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XC. De deux Chiens. »

Or comme en l’ancienne decision des inimitiez, on ne faisoit point de duels, que pour des causes tres justes, à sçavoir pour l’honneur d’une Femme, d’une Maistresse, d’un Pere, d’une Sœur, d’un Fils, et pour le sien propre.

57. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CVIII. D’un Oye, et de son Maistre. »

Pour verifier donc le second enseignement que ceste Fable nous donne, à sçavoir, que la precipitation des moyens empesche la fin d’une affaire, il ne faut que prendre garde à la contenance de ceux qui marchent trop viste parmy les ruës, qui sont les seuls que l’on voit broncher ordinairement.

58. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Subtile response d’Esope, touchant les superfluitez que la Nature rejette. Chapitre XVIII. »

Ayant donc voulu sçavoir d’Esope s’il ne l’avoit point veuë, « Nenny », luy respondit-il, « et je ne sçay ce que tu en as fait : Tout ce que je te puis dire, c’est que tu n’as plus de droict en ta maison ». « Pourquoy cela », luy demanda Xanthus ?

59. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXIII. De l’Enfantement des Montagnes. »

Mais laissons là leurs foiblesses, comme indignes de la censure d’un honneste homme ; et venons à faire une plus haute application de ce sujet, à sçavoir, à la vanité des plus grandes entreprises du monde.

60. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LI. Du Paon, et du Rossignol. »

A ce Vice est opposée une pire extremité, à sçavoir, de blâmer incessamment les defauts des autres, en se mocquant de leurs paroles, ou de leurs actions, defaut qui est certes beaucoup moins supportable que le premier.

61. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXVI. Du Renard, et du Chat. »

Il faut seulement sçavoir, s’il est le plus asseuré ; en quoy je diray avec Esope, qu’il l’est en effet, et que les ruses ne font qu’advancer la ruyne de leur Autheur, si ce n’est d’avanture quand il est question de s’opposer aux pieges d’un Ennemy, et de chercher son salut dans la contre-finesse.

62. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCII. De deux Amis, et de l’Ours. »

Mais qu’en une occasion pareille à ce que j’ay dit cy-dessus, à sçavoir quand on est persecuté d’un Grand, ou affligé de maladie, ou accablé de misere, ou confiné dans une prison, ou entre les mains des Sergents, on esprouve de fidelles et durables amitiez ; c’est, à mon advis, une chose qui arrive rarement, et qui ne se trouve que parmy les hommes extraordinaires.

63. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — La vente d’Esope. Chapitre V. »

Apres donc que Zenas pouvant disposer d’Esope, luy eust fait sçavoir combien grand estoit l’empire qu’il avoit sur luy, Esope sans s’estonner ; « Je n’empesche pas », luy dit-il, « que tu ne fasses de moy ce qu’il te plaira ».

64. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XV. De l’Asne, et du Chien. »

Puis je ne crois pas qu’il soit necessaire d’en alleguer d’avantage, pour prouver une verité si reçeuë, à sçavoir, que nous tenons de la naissance un certain instinct, qui nous porte ordinairement aux actions où nous sommes le plus propres, qui se fortifient par l’exercice, et par le raisonnement.

65. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXX. De l’Aigle, et du Corbeau. »

Cela neantmoins ne se doit, ny simplement, ny absolument appeller Temerité, à cause que ce nom est general à ceste imperfection, et à d’autres de mesme nature, mais qui sont diversement specifiées ; Et peut-on bien dire que ce Vice est comme un troisiesme genre aux entreprises absolument temeraires, et à celle-cy, qui l’est conditionnellement, à sçavoir par imitation.

66. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXV. De la Nourrice, et du Loup. »

Je ne veux pas toutesfois conclure cela si generalement, que je n’en excepte plusieurs de leur sexe, qui surpassent de bien loing les hommes mediocres, et égalent quelquesfois ceux qu’on estime les plus illustres, non pas seulement en esprit et en sçavoir, mais encore en ce qui regarde la force du cœur, et le genereux mespris de la mort.

67. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CVII. Du Taureau, et du Rat. »

Aussi fust-ce pour cela qu’au temps des anciens Roys de France, et de la grand’ Bretagne, les Ordres de Chevalerie furent inventez, à sçavoir pour secourir les affligez, empescher l’oppression des pauvres, et les violements des filles ; tirer reparation des injures, délivrer les esclaves, et faire mille autres actions memorables, qui servoient de but à la gloire de ces vaillants Paladins.

68. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXIII. D’un Homme qui avoit deux femmes. »

Mais je suppose qu’elle vive comme une Vestale, et que le Mary ne soit point jaloux ; tousjours est il travaillé d’une autre espece de douleur, à sçavoir de celle qui se fonde sur l’opinion : car il faudroit vivre en un siecle plus modeste que celuy-cy, ou dans une Republique de Lacedemone, pour n’estre point sujet à la calomnie. […] De plus, remettons-nous en memoire l’advis que nous donne à ce propos la Saincte Escriture, à sçavoir, « Que l’une des trois choses contre Nature, c’est le Vieillard amoureux ».

69. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Du present fait à la maistresse de Xanthus. Chapitre XII. »

» A quoy le subtil Esope, qui étoit auprés de luy, respondit ainsi ; « Ce que tu desires sçavoir arrivera quand les morts ressusciteront, Car alors un chacun d’eux redemandera ce qu’il possedoit en ce monde ».

70. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE IX. Du Sanglier, et de l’Asne. »

Si donc ceste experience est visible, et au temperamment de nos personnes, et en la nature du feu, n’aurons-nous pas raison de dire aussi, qu’il en arrive de mesme en la vengeance des animaux, à sçavoir que le sang leur boüillant autour du cœur par le moyen de la colere, ne s’aigrit pas si aisément pour une petite resistance, que pour une grande, ny ne desploye pas toutes ses forces naturelles contre un petit object, voire mesme le laisse aller bien souvent sans le toucher, pource qu’une si chetive presence n’est pas assez forte sur sa fantasie, pour l’esmouvoir à courroux.

71. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CI. De l’Avare, et de l’Envieux. »

Voicy le portraict de deux vices estranges et insupportables, à sçavoir l’Envie et l’Avarice, qui ont esté compris à dessein sous une mesme Fable, pour donner à entendre qu’ils vont le plus souvent l’un avecque l’autre, et qu’il est mal-aisé d’aymer obstinément les richesses, sans envier ceux qui les possedent en abondance. […] Mais supposons que tout cela fût necessaire à nostre commodité, pourquoy ne leur voyons-nous jamais mettre en praticque ce bel object de leur Convoitise, à sçavoir l’usage et la dépense du bien ? […] Mais je voudrois bien sçavoir quel est le but de l’infame Avarice ?

72. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — La mort d’Esope. Chapitre XXX. »

L’Escarbot offensé de ceste injure, s’envola avecque l’Aigle, pour sçavoir où elle faisoit son nid, et n’y fust pas plustost entré, que roulant ses œufs du haut en bas, il les cassa tous.

73. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXIX. Du Loup, et du Renard. »

Or quoy qu’elle soit extrémement execrable et hydeuse de sa nature, si a-t’elle une chose excellente en soy, à sçavoir la punition tres-juste du peché mesme qu’elle fait commettre.

74. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « AU LECTEUR. Sur le sujet des Fables. »

J’obmets que ceste fable se peut encore expliquer du petit monde, à sçavoir de l’Homme, en qui sous les noms de Celius, de Saturne, de Jupiter, et de Pluton nous pouvons entendre la partie Divine, la Contemplative, l’Œconomique, et la Terrestre.

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