UN ASINEL, che sopra il tergo vile Havea di Giove un simolacro d’oro, Ch’al Tempio il suo padron seco trahea, Mentre passava per diverse vie Era inchinato da la gente tutta, Che con divotion s’humiliava Del nume vano a quella ricca imago.
» On pourrait appliquer cette fable aux hommes qui se vantent de faire des merveilles, et qui sont incapables de se conduire dans les circonstances ordinaires de la vie.
Et ainsi elle laissa la vie auprés des Astres, qu’elle avoit si fort desiré de voir. […] Car les hommes peuvent déchoir de leur fortune, ou par leur propre faute, ou par l’envie, et la malignité d’autruy, ou par le seul malheur de leur vie.
Ils confessent tout haut que le bien n’est desirable que pour la vie, et toutefois ils hazardent mille fois la vie pour le bien. […] Ils preferent l’accessoire au principal, la circonstance à la chose, et un vil accommodement de la vie à la vie mesme. […] Ils maudissent le repos de la patrie, et destinent leurs enfants à faire une vie aussi tumultueuse que la leur. […] Si la Nature n’a donc pas besoin d’aucune de ces superfluitez, d’où vient que nous estendons l’usage de nostre vie à de si prodigieuses despenses ? […] Pourquoy ne faisons-nous donc le mesme au passage de ceste vie ?
Pource que ceste Fable du Milan semble contraire en quelque façon à la Religion Chrestienne, en ce que la Mere de cét Oyseau ravisseur ne luy conseille pas d’attendre à l’heure de sa mort aucun bon office des Dieux, apres les avoir offensé mille fois durant sa vie, je ne m’arresteray pas beaucoup à moraliser là dessus.
Je me souviens que j’ay assez amplement prouvé ceste verité par l’exemple de tous les Conquerants, qui ont esté dépoüillez, ou de leurs Royaumes, ou de la vie, pour n’avoir voulu mettre des bornes à leur convoitise, et qui pour tout demander ont tout perdu.
Un choucas, qui dépassait en grosseur les autres choucas, prit en mépris ceux de sa tribu, se rendit chez les corbeaux et demanda à partager leur vie.
Mais le fil s’étant enroulé aux branches, l’oiseau ne put s’envoler et, se voyant sur le point de mourir, il dit : « Je suis bien malheureux : pour n’avoir pas supporté l’esclavage chez les hommes, je me suis sans m’en douter privé de la vie. » Cette fable pourrait se dire des hommes qui, en voulant se défendre de médiocres dangers, se sont jetés à leur insu dans des périls plus redoutables.
Qu’il en atendeient partie, se la berbiz perdist la vie.
« Tu es », fet il, « fole pruvee, quant de mei es vive eschapee, que tu requers autre lüer, que de ta char ai grant desirer ; mei, ki sui lus, tieng jeo pur fol que od mes denz ne trenchai tun col. » Autresi est del mal seignur : si povres hom li fet honur e puis demant sun guer[e]dun, ja n’en avera si maugré nun ; pur ceo qu’il seit en sa baillie, mercïer li deit* de sa vie.
Che giunta in breve per le vie più corte De i can la torma a lui, ch’era intricato, Con fiero stratio ne ’l condusse a morte.
Ce que cognoissoient fort bien les Stoïques, et les Peripateticiens, quand ils inferoient l’ignorance d’Epicure par la voluptueuse conduite de sa vie. […] En effect, la pluspart de ceux qui ont entrepris d’affranchir les Peuples de la tyrannie, l’ont fait par le moyen des Lettres ; Tesmoin le Philosophe Dion, qui apres avoir passé les plus beaux jours de sa vie en l’Escolle Academique, n’entreprit la genereuse action qu’il executa, que bien avant sur le declin de son âge.
Il me semble que ces grands personnages ne disoient pas autrement à leurs Envieux, que dit en ceste Fable le genereux Sanglier. « Tu peux me brocarder à ton aise, ô foible ennemy que tu és, car ta lascheté rend ta vie asseurée auprés de moy ». […] J’estime pour moy, que les deux causes ensemble, et l’une sans l’autre et accompagnées, nous peuvent induire à ceste magnanimité, quoy que la raison, comme plus noble, et plus relevée que toutes les choses de ceste vie, produise cét effect en nos ames avec plus de perfection. […] Il est temps maintenant de faire voir comment ceste action procede de la raison, bien que toutesfois il me semble superflu de le prouver, veu la prodigieuse quantité d’exemples que nous voyons tous les jours de gents estimables et bien nez, qui donnent la vie à un ennemy abattu, ou ne le considerent pas, s’il est foible.
Un crabe, étant monté de la mer sur le rivage, cherchait sa vie solitairement.
Le Roy des animaux en cette occasion Montra ce qu’il estoit, et luy donna la vie.
L’Homme luy mit un frein, luy sauta sur le dos, Ne luy donna point de repos Que le Cerf ne fust pris, et n’y laissast la vie.
Un certain Loup, dans la saison Que les tiedes Zephirs ont l’herbe rajeunie, Et que les animaux quittent tous la maison, Pour s’en aller chercher leur vie.
C’est folie De compter sur dix ans de vie.
Mais sçachant qu’en quelque façon que la Vertu soit logée, et sous quelque habit qu’elle paroisse devant vous, vous la recueillez tousjours favorablement, j’ay pris, MONSIEUR, la hardiesse de vous le presenter auec sa vie et ses œuvres, que les plus grands personnages de tous les siecles ont admirées. […] C’est une école où les creatures capables de raison, apprennent de celles qui n’en ont point ce qu’elles doivent eviter ou suivre, pour la conduitte et l’instruction de leur vie.
Mais le Loup se mocquant d’elle ; « Va-t’en », luy dit-il, « sotte que tu és et te retire bien loing d’icy ; ne te doit-il pas suffire que tu vis encore, car tu m’és asseurément redevable de la vie, pour ce qu’il n’a tenu qu’à moy que je ne t’aye arraché le col ». […] Je n’allegueray point icy l’exemple d’un Judas, qui tourna sa malice envenimée contre l’Autheur de sa vie, de son bien, et de sa conservation.
Celle de l’étang conseillait à l’autre de venir habiter près d’elle : elle y jouirait d’une vie meilleure et plus sûre.
Elle ne manquait jamais de pratique et gagnait ainsi largement sa vie.
Or contre ces marques de tyrannie, il me semble que les pauvres n’ont point de remede, que la patience ; parce que les assistances humaines venant à leur défaillir, ils ne doivent tirer leur satisfaction que de la seule Vertu, et s’attendre à l’espoir d’une meilleure vie, où nul n’est riche, nul n’est puissant ; mais tous les hommes relevent de mesmes loix, et subissent avec égalité les jugements de l’Eternel.
Mais à mesme temps qu’il devoit perdre la vie, le bon-heur voulut pour luy qu’il vint un bruit sur la place, qui justifia son cacquet, et destourna par mesme moyen et ses bourreaux et ses spectateurs. […] En quoy, il me semble que pour un vain plaisir de mentir, l’on perd une chose bien precieuse, à sçavoir la Foy ; Action certes d’un tres-mauvais mesnager, et d’un imprudent, puis-qu’il n’y a rien de si commode en tout le commerce de la vie, que de passer pour veritable, autant pour servir ses amis, que pour son interest propre.
» Cette fable montre que ceux qui se sont fait beaucoup d’ennemis dans leur vie ne trouveront pas d’amis, dans le besoin.
— Je sais bien, répondit-il, que je vis dans l’abondance et que j’ai toutes les satisfactions de l’estomac, mais je suis toujours près de la mort, en combattant les ours et les lions. » Alors les chiens se dirent entre eux : « Nous avons une belle vie, quoique pauvre, nous qui ne combattons ni les lions, ni les ours. » Il ne faut pas, pour la bonne chère et la vaine gloire, attirer sur soi le danger, mais l’éviter au contraire.
Comme ils furent de retour au logis, Esope s’addressant à son Maistre ; « Seigneur », luy dit-il, « n’ay-je pas bien merité d’estre affranchy, pour les fidelles services que je t’ay rendu toute ma vie ». « Quoy ?
La faim détruisit tout : il ne resta personne De la gent Marcassine et de la gent Aiglonne, Qui n’allast de vie à trépas ; Grand renfort pour Messieurs les Chats.
Ce malheureux attendoit Pour joüir de son bien une seconde vie ; Ne possedoit pas l’or, mais l’or le possedoit.
Je n’y toucheray de ma vie.
Il void ce corps gisant, le croit privé de vie, Et, de peur de supercherie Le tourne, le retourne, approche son museau, Flaire aux passages de l’haleine.
Un jour qu’ils étaient en route, l’âne, pendant le trajet, dit au cheval : « Prends une partie de ma charge, si tu tiens à ma vie. » Le cheval fit la sourde oreille, et l’âne tomba, épuisé de fatigue, et mourut. […] Pour n’avoir pas voulu me charger d’un léger fardeau, voilà que je porte tout, avec la peau en plus. » Cette fable montre que, si les grands font cause commune avec les petits, les uns et les autres assureront ainsi leur vie.
Ce sont eux à qui la soif extraordinaire des grandeurs fait hazarder la vie, dédaigner les precipices, trouver toutes choses moindres que leur esperance ; et bref, perdre l’honneur et la liberté dans une prison, d’où ils ne sortent ordinairement que pour estre conduits au supplice. […] D’ailleurs, toutes les autres actions de sa vie avoient esté si pleines de cruauté, qu’on doit imputer ceste derniere entreprise qu’il fit de chocquer Antoine, plustost à une extrême Ambition, qu’à une vraye grandeur de courage.
Tout ainsi que dans le commerce de ceste vie, l’on repute bien souvent à honte ce qui est loüable de sa nature, comme la devotion ; ou ce qui est indifferent à la loüange et au blâme, comme la pauvreté ; De mesme attribuë-t’on à gloire ce qui est blâmable de soy, comme la quantité des duels, ou la corruption des filles, et des femmes, que nous appellons bonnes fortunes ; ou ce qui est indifferent, comme les charges, et les richesses. […] Conformément à cela les premiers Instituteurs de la Noblesse Françoise estoient bien de l’opinion d’Aristote et des Romains, quand ils mettoient la vraye vaillance à se hazarder à tous les perils où nostre profession nous appelle : mais ils croyoient que ces dangers estoient seulement reglez par le commandement du Prince et du General d’Armée ; c’est à dire, qu’il ne falloit hazarder sa vie qu’à la guerre, pour la deffence de sa Patrie, et pour le service de son Roy.
Comme les moutons le blâmaient de crier et lui disaient : « Nous, il nous empoigne constamment, et nous ne crions pas », il répliqua : « Mais quand il nous empoigne, vous et moi, ce n’est pas dans la même vue ; car vous, c’est pour votre laine ou votre lait qu’il vous empoigne ; mais moi, c’est pour ma chair. » Cette fable montre que ceux-là ont raison de gémir qui sont en risque de perdre, non leur argent, mais leur vie.
Ces paroles d’Esope donnerent ensemble de l’admiration et de la pitié au Roy, qui luy respondit ; « ô Esope ce n’est pas moy qui te donne la vie, mais bien le destin.
L’Aragne cependant se campe en un lambris, Comme si de ces lieux elle eust fait bail à vie ; Travaille à demeurer : voilà sa toile ourdie ; Voilà des moûcherons de pris.
Li vilein les ad escrié, dit que ne sunt pas bien alé ; encuntre l’ewe la deient quere, la la purrunt trover a tere, la la querunt, si ferunt bien : tant ert encuntre tute rien que aval* l’ewe n’est pas alee, od reddur n’est mie turnee ; en sa mort ne feïst ele mie ceo que ne vot fere en sa vie.
Un renard, ayant eu la queue coupée par un piège, en était si honteux qu’il jugeait sa vie impossible ; aussi résolut-il d’engager les autres renards à s’écourter de même, afin de cacher dans la mutilation commune son infirmité personnelle.
Le lion, se réveillant, le saisit, et il allait le manger, quand le rat le pria de le relâcher, promettant, s’il lui laissait la vie, de le payer de retour.
camarade, ce n’est pas maintenant que tu es mort, que tu aurais dû être droit, c’est lorsque je t’y exhortais : alors tu n’aurais pas été mis à mort. » On pourrait justement conter cette fable à propos des hommes qui pendant leur vie sont méchants envers leurs amis en leur rendant service après leur mort.
Doncques cét excellent homme, qui durant sa vie se proposa dans l’esprit l’image d’une Republique de Philosophes, et qui ne mit pas tant la Philosophie dans les paroles, que dans les actions, fut de condition servile, et natif d’Ammorion, ville de Phrygie, que l’on surnommoit la grande.
Ce ne fust pas sans une grande émotion, qu’elle reçeut ce message, qui luy donna si fort l’allarme, qu’en mesme temps elle courut droit à son Mary, et se mit à crier bien fort contre luy, disant entr’autres choses : « Je ne sçay pas comme tu l’entends, mais je suis bien asseurée, ô Xanthus, qu’il ne t’est pas loisible de te marier à une autre femme durant ma vie ».
Mais c’est ton âme qui faiblit à ce seul objet. » Le lion déplorait donc son sort et s’accusait de lâcheté ; à la fin il voulut en finir avec la vie.
l’ami, toi qui te piquais de prévoir ce qui doit arriver aux autres, tu n’as pas prévu ce qui t’arrive. » On pourrait appliquer cette fable à ces gens qui règlent pitoyablement leur vie et qui se mêlent de diriger des affaires qui ne les regardent pas.
Se voyant sur le point d’être tuée, elle demanda la vie.
elle qui ruïne les alliances, les Estats, et les Royaumes : Et pour le dire en un mot, elle-mesme d’où procedent la pluspart des fautes et des malheurs qui nous arrivent en cette vie ?
Mais il semble que la Bonté Divine, pour nous convier à cela plus puissamment, y a joinct quantité de recompenses ; Car nous ne voyons guere de personnes charitables, dont la Fortune ne prospere en ceste vie, et ne soit suyvie d’une bonne fin pour les mener en l’autre. […] Dequoy les Romains esbahis, et satisfaits tout ensemble, ils voulurent non seulement que l’Esclave obtinst la vie, et la liberté, mais encore que luy-mesme, et le Lion, fussent deffrayez aux despens du public, portant chacun une inscription, avec ces mots.
Un laboureur, sur le point de terminer sa vie, voulut que ses enfants acquissent de l’expérience en agriculture.
L’Aigle fondant sur luy nonobstant cet azile, L’Escarbot intercede et dit : Princesse des Oyseaux, il vous est fort facile D’enlever malgré moy ce pauvre malheureux : Mais ne me faites pas cet affront, je vous prie : Et puisque Jean Lapin vous demande la vie, Donnez-la luy de grace, ou l’ôtez à tous deux : C’est mon voisin, c’est mon compere.
Et elle lui dit : « Entre la meule à tourner et les fardeaux à porter, ta vie est un tourment sans fin, » et elle lui conseillait de simuler l’épilepsie, et de se laisser tomber dans un trou pour avoir du repos.
Le vieillard répondit : « C’est pour que tu me soulèves mon fardeau… » Cette fable montre que tous les hommes sont attachés à l’existence, même s’ils ont une vie misérable.
Cette fable montre que, même si les circonstances mettent un homme en vue, il ne doit pas oublier son origine ; car cette vie n’est qu’incertitude.
Mais ceste remarque estant assez ordinaire en toutes les actions de la vie, ne manque presque jamais dans les traictez d’Estat, qui se font entre les Politiques.
Mais leurs consolations ne sont que trop charitables, et la franchise en est extraordinaire, puis que pour le soulager ils y vont laisser la vie, et qu’ils se rendent eux-mesmes la Medecine de son mal.
Puis qu’il faut donc que je sois ta proye, ou celle des Vautours et des Corbeaux, fay-moy du moins un plaisir, tandis que je suis en vie ; arrache-moy une espine que j’ay au pied, afin que j’en meure plus doucement ».
Les belles paroles de Ciceron, les subtils passages de Seneque : les hautes conceptions de Platon : la grace majestueuse de Plutarque ; et pour le dire en un mot, toutes les persuasions des Anciens et des Modernes, ne sont pas si capables de toucher un cœur envenimé, que l’object d’une vie vertueuse.
Venez souper chez moy, nous ferons bonne vie.
Je vous en déferay, bon homme, sur ma vie : Et quand ?
La Bique allant remplir sa traînante mammelle, Et paistre l’herbe nouvelle, Ferma sa porte au loquet ; Non sans dire à son Biquet ; Gardez-vous sur votre vie D’ouvrir, que l’on ne vous die Pour enseigne et mot du guet, Foin du Loup et de sa race.
Premierement, il est tres-certain que les mignotises des Meres affoiblissent la complexion de leurs enfants, pource qu’elles ne les accoustument pas de bonne heure aux choses, où, comme dit Cardan au Livre de la Sagesse, il les faut impunément exposer, qui sont le vent, la pluye, le serain, la nourriture sans choix, et telles autres injures de la vie, contre lesquelles les soings trop particuliers que l’on prend à nous deffendre, nous rendent eux-mesmes sans deffense. […] Est-il possible de leur faire hayr une vie oysive, et de les entretenir dans les voluptez ?
L’un apprehende des châtiments, et l’autre espere des recompenses apres la mort, et ne craint aucun supplice durant sa vie. […] Bref, il n’y a point de comparaison en la felicité de tous les deux, soit qu’on regarde la vie presente, soit qu’on jette les yeux sur la future. […] En quoy luy peut nuire un Ennemy, si la Vertu le deffend contre tous les accidents de la vie ?
Mais l’un d’eux, un vieillard, leur dit : « Cessons de nous affliger, mes amis ; car la joie parait-il, a pour sœur le chagrin ; et il fallait qu’après nous être tant réjouis à l’avance, nous eussions de toute façon quelque contrariété. » Or donc nous non plus nous ne devons pas, si nous considérons combien la vie est changeante, nous flatter d’obtenir toujours les mêmes succès, mais nous dire qu’il n’y a si beau temps qui ne soit suivi de l’orage.
Ils arriverent dans un pré Tout bordé de ruisseaux, de fleurs tout diapré ; Où maint Mouton cherchoit sa vie ; Sejour du frais, veritable patrie Des Zephirs.
Tantost je peins en un recit La sotte vanité jointe avecque l’envie, Deux pivots sur qui roule aujourd’huy notre vie.
Que si nous voulions transporter ceste induction des choses grandes aux petites, ne pourrions-nous pas remarquer tous les jours dans le succés de ceste vie, qu’un meurtrier paye la peine de ses actions par la main d’un autre meurtrier ?
Ne mettons donc point en compte, si nous sommes sages, nostre puissance, ny nostre bien, comme la vraye et parfaicte felicité, mais faisons la plûtost dépendre de l’innocence de la vie.
Ce qui arrive non seulement aux Chrestiens, mais encore à ceux des autres Religions, pource qu’elles promettent toutes des felicitez ou des supplices apres ceste vie. […] Il en prit de mesme qu’à luy à plusieurs Monarques ses imitateurs, qui eurent à peine apres leur mort autant de lieu qui leur en falloit pour leur sepulture, apres avoir voulu conquerir toute la terre durant leur vie.
Aussi est-ce pour cela qu’il en parle icy avec des advantages extrêmes, la preferant à la plus delicieuse vie du monde, si elle est accompagnée de sujetion. […] La fin de sa vie en est encore une preuve bien apparente, veu qu’apres avoir esté affranchy par le commandement des Samiens, il ne fist tout le reste de ses jours que voyager dans la Cour des Princes du Leuant, comme, en celle de Licerus et de Nectenabo ; ce qui ne se pouvoit faire asseurément sans quelque espece de dépendance.
Mais le tres juste et tres raisonnable Christianisme, n’a seulement point permis de rompre avecque sa femme, pour en épouser d’autres sa vie durant. […] Il nous est donc permis de faire eslection d’une compagne, qui prenne part à nos peines et à nos plaisirs, et qui par sa conversation divertisse les chagrins de nostre vie. […] S’ils ne les ayment point, à quoy leur a servi pour la tranquillité de la vie, de s’estre associez avec elles ?