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5. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Du Pays, et de la condition d’Esope. Chapitre J . »

Car il nous fait voir par espreuve, que sans se mettre en peine de chercher à persuader autruy, ny par les définitions, ny par les raisonnements, ny mesme par les exemples tirez de l’Histoire des siecles passez, il sçait si bien gagner les cœurs de ceux qui l’écoutent, en les instruisant comme il faut, et les instruire parfaictement par de simples Fables, que des creatures raisonnables auroient grande honte d’entreprendre, et de faire des actions pour lesquelles, ny les oyseaux, ny les autres animaux n’ont aucun instinct, et qu’ils ne voudroient pas mesme avoir faites : Comme au contraire, ceux qui auroient tant soit peu de raison, rougiroient sans doute de ne s’adonner pas aux choses honnestes, ausquelles il feinct plusieurs bestes brutes s’estre de leur temps fort sagement employées ; et ainsi les unes avoir évité d’extrêmes dangers qui les menaçoient, et les autres en avoir reçeu beaucoup de profit en leur besoin. Doncques cét excellent homme, qui durant sa vie se proposa dans l’esprit l’image d’une Republique de Philosophes, et qui ne mit pas tant la Philosophie dans les paroles, que dans les actions, fut de condition servile, et natif d’Ammorion, ville de Phrygie, que l’on surnommoit la grande.

6. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XX. Des Colombes, et du Faucon leur Roy. »

Quant à la premiere action qu’elles firent, à sçavoir de se mettre volontairement en la protection du Faucon, nous avons veu cy-dessus comment elle a son origine en la propre imperfection de ceux qui eslisent un Chef, n’estant pas croyable que plusieurs Justes, ou gents de bien, qui logeroient ensemble dans une Isle deserte, s’advisassent jamais d’en choisir un, la probité duquel leur seroit suspecte. […] Mais comme il n’y a celuy, qui pour confirmé qu’il soit dans l’exercice des actions vertueuses, n’y puisse faillir quelquefois, la pluspart des hommes n’ayant que de foibles estincelles de probité, c’est asseurément un bien moindre mal pour eux d’estre gouvernez, que de ne l’estre pas, à cause de la grande facilité qu’ils auroient à chopper, s’ils n’estoient retenus par la crainte de quelque Puissance. […] Or ces delices qu’on trouve à changer, viennent, sans doute, de ce que nous nous rassasions facilement d’une mesme action, ou d’un mesme object, et de ce que nostre entendement se portant à tout cognoistre, nostre volonté de mesme se porte à tout esprouver ; En quoy, certes, les animaux ont de l’avantage par dessus nous ; Car ils vivent dés le commencement du monde dans les mesmes regles, et relevent des mesmes principes. Que s’ils n’ont pas la raison pour en tirer des consequences, et faire des arguments, ils ne l’ont pas aussi pour s’ennuyer, pour pretendre aux nouveautez, pour inferer des faussetez sur de vrays principes, pour trouver le desordre en cherchant la perfection, pour-rendre les actions libres moins heureuses que les volontaires, et bref pour asservir la dignité de leur entendement, à l’incontinence et à l’ambition.

7. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXX. De la Mouche. »

De cette façon, semblables à Tantale, ils béent incessamment aprés la possession de leurs Maistresses, et ne peuvent toutesfois accomplir les actions qu’elles leur permettent, peine insupportable à ces miserables, qui par un effet de leur imagination blessée, entretiennent dans le cœur un brasier ardant, et tout le demeurant de la personne de glace. Ainsi passa ses vieux jours le grand Tamberlan, oublieux des belles actions qu’il avoit faites, et tellement perdu apres ses infames desirs, qu’il découploit par trouppes de jeunes gents de sa Cour, sur un tas de filles abandonnées, pour repaistre ses yeux de ce brutal spectacle, au defaut d’y prendre part, comme les autres.

8. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXVII. De deux Escrevices. »

N’est-ce pas une espece de brutalité, ou de folie, de croire que leurs conseils seront authorisez par la Jeunesse, pendant qu’elle leur verra faire autrement, et qu’ils fuyront la praticque de leurs remonstrances, comme si c’étoit quelque mortelle action ? […] Ce que nous font remarquer visiblement les paroles mesme, l’accent, les reparties, et les actions exterieures de la personne : d’où il est aisé d’inferer, que les mœurs ont aussi de la ressemblance.

9. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LV. Du Vautour, et des autres Oyseaux. »

Car si c’est une démonstration de peur, que de faire mourir son Ennemy quand on a dequoy luy nuire, à cause qu’on tesmoigne par là de le craindre, en le laissant vivre ; à plus forte raison devons-nous imputer à poltronnerie l’action de ceux qui surprennent leurs Ennemis, sous le masque de leurs carresses, puis qu’on peut conclurre par là, qu’ils en apprehendent le courroux. […] Quelle honte, ô bon Dieu, que des hommes créez sociables par la Nature, et susceptibles de bien-veillance, se servent des actions les plus humaines en apparence pour executer des cruautez inoüyes, et les plus tragiques effects de leur vengeance ? […] Il me semble avoir leu dans les Histoires de Naples, le conte de ceste effroyable action, dont il est meilleur de se taire, que d’en parler d’avantage.

10. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXVII. Des Oyseaux, et des Bestes à quatre pieds. »

Tellement que par la maxime que nous avons dite cy dessus en la Fable du Serpent et du Laboureur, c’est bien une action charitable de luy pardonner, mais elle seroit imprudente de le reprendre en amitié, puis que de soy il n’est ny amy, ny homme de valeur et de fermeté. […] Comme au contraire ; si elle vient de ta lascheté, c’est une action qui ne merite pas la mort, mais une infamie perpetuelle, si bien que pour la mesme raison je te condamne à ne voler que de nuict, et à ne te point trouver en la compagnie de ces victorieux Oyseaux que je commande ». […] Que si l’on m’objecte à cela, que le vice de lascheté estant pernicieux à l’Estat, quand il ne meriteroit point de soy-mesme un rigoureux chastiment, si est-ce qu’à cause de la consequence, il y faudroit proceder le plus severement qu’il seroit possible, pour empescher à l’advenir tous les jeunes hommes de tomber en pareil inconvenient ; A cela je responds, qu’un poltron executé à mort, est enlevé hors de la presence des Vivants, et ne sert point d’un si bel exemple, pour destourner la jeunesse d’une pareille faute, que quand il demeure parmy nous chargé d’opprobres et d’infamie ; Car alors il resveille incessamment la memoire de son supplice, et prend en horreur l’action qui le luy a pû causer.

11. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE L. Du Renard, et des Chasseurs. »

Mais le Renard qui l’ouyt, luy respondit de fort bonne grace en se retournant, « Hola, mon amy, je n’aurois eu garde de m’en aller, comme tu dis, sans te remercier, si ta main, tes actions, tes mœurs, et ta vie, eussent esté semblables à tes paroles ». […] Elle eust toutesfois tant de vertu, qu’elle garda la parole au meurtrier de son propre fils, quoy qu’elle fust accablée d’une secrette et demesurée tristesse, et qu’on peust dire d’ailleurs, qu’une si mauvaise action s’estoit faite de son consentement, pour avoir retiré chez elle l’autheur de ce meurtre. […] Car quelle apparence y auroit-il qu’une meschante action demeurast cachée, puis que Dieu a donné pour une des punitions du crime, l’execration universelle des gens de bien ?

12. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XC. De deux Chiens. »

Car les hommes, au lieu de ne s’appliquer qu’à la juste loüange qui est deuë à l’action de mediocrité, pource que la Vertu ne consiste qu’en elle seule, ont outre passé le poinct du milieu, et sont venus à loüer l’extrême, non pas celuy qui demeure au deçà de la mediocrité, mais cét autre, qui s’estend au delà de ses limites. […] Mais les Gentils-hommes s’imaginerent depuis qu’il y auroit plus d’honneur à gaigner pour eux, s’ils introduisoient la coustume de combattre au desceu de tout le monde, et de n’avoir que des arbres et des rochers pour témoins de leur action ; soit que la vaillance leur semblast trop aisée, quand elle avoit des Spectateurs, soit qu’ils voulussent agrandir le peril par la transgression de la Loy, qui les rendoit sujets au supplice. […] Voylà comment on s’est mis à tirer vanité du crime, et à faire passer pour belles et loüables des actions sanguinaires et forcenées.

13. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 93 » p. 326

Il demanda à un bûcheron s’il avait vu des pas de lion et où gîtait la bête. « Je vais, répondit le bûcheron, te montrer le lion lui-même. » Le chasseur devint blême de peur, et, claquant des dents, il dit : « C’est la piste seulement que je cherche, et non le lion lui-même. » Cette fable apprend à reconnaître les gens hardis et lâches, j’entends hardis en paroles et lâches en actions.

14. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — XIX. L’Oracle et l’Impie. » p. 36

Tout ce que l’homme fait, il le fait à leurs yeux ; Même les actions que dans l’ombre il croit faire.

15. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LX. De la Puce, et de l’Homme. »

D’ailleurs, ayant plus de sujet que les forts de s’humilier, et de se recognoistre, ils sont blasmables au double de jetter en arriere toutes considerations, et se porter opiniastrément à une action eslevée au dessus de leur pouvoir, qui est en cela d’autant plus mauvaise, qu’elle est accompagnée d’une autre faute ; à sçavoir, de la temerité. […] C’est pour quoy nous voyons tous les jours par épreuve, que les petits qui se treuvent coûpables servent d’exemple au reste du peuple, afin de le détourner des meschantes actions, pource qu’en leur mort il y a peu de gents interessez, et que l’execution de leur arrest est pour l’ordinaire de petite difficulté.

16. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — V. L’Asne et le petit Chien. » p. 91

Non sans accompagner pour plus grand ornement De son chant gracieux cette action hardie.

17. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — XIII. Le Villageois et le Serpent » p. 176

Le Villageois le prend, l’emporte en sa demeure ; Et sans considerer quel sera le loyer D’une action de ce merite, Il l’étend le long du foyer, Le réchauffe, le ressuscite.

18. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 309 » p. 78

L’un des passagers déchirant ses vêtements invoquait les dieux de son pays avec larmes et gémissements et leur promettait des offrandes en actions de grâces, s’ils sauvaient le vaisseau.

19. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLIX. De la Belette, et du Renard. »

En effect, la pluspart de ceux qui ont entrepris d’affranchir les Peuples de la tyrannie, l’ont fait par le moyen des Lettres ; Tesmoin le Philosophe Dion, qui apres avoir passé les plus beaux jours de sa vie en l’Escolle Academique, n’entreprit la genereuse action qu’il executa, que bien avant sur le declin de son âge. Trasibule tout de mesme avoit fort bien estudié ; Et le Corinthien Timoleon ayant acquis la liberté à sa Patrie, par la mort de son propre frere, demeura jusqu’à l’âge de quarante-cinq ans hors la ville de Corinthe, à vacquer incessamment à l’Estude, en attendant que l’occasion de delivrer la Sicile le tirast derechef de son repos, pour le conduire aux plus belles actions, qu’homme de sa nation eût jamais executées.

20. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LIV. De l’Asne, et du Lion. »

Bref, il n’y a point de si grands hommes dont les actions n’ayent esté soüillées de quelque tache difforme. […] Pour la mesme raison, tant Alciat qu’Esope, ont fort judicieusement attribué ceste action au grossier animal d’Arcadie, pour nous donner à entendre qu’une faute si pesante que celle-là, ne peut provenir que d’une extrême ignorance.

21. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXIII. Du Renard, et du Buisson. »

Car en la frequentation des Bons, nous devons avoir le cœur, par maniere de dire, sur les lévres, la parole libre et nuë, les actions irreprochables, et les surpasser eux-mesmes, s’il est possible, en sincerité. […] Quant à leurs affaires particulieres, je trouve que c’est une action de prudence, de ne s’y entre-mettre pas aisément, mais de se servir d’une honneste excuse, et en rejetter le refus sur son incapacité.

22. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE IX. Du Sanglier, et de l’Asne. »

Afin donc de persuader ceste verité, je commenceray par la moins noble partie, et prouveray, si je puis, que la seule force de nostre sang, ou, pour m’expliquer en termes plus exprés, le seul instinct, est capable de ceste action, au moins dans les temperaments vigoureux et delivrez de toute espece de crainte. […] Il est temps maintenant de faire voir comment ceste action procede de la raison, bien que toutesfois il me semble superflu de le prouver, veu la prodigieuse quantité d’exemples que nous voyons tous les jours de gents estimables et bien nez, qui donnent la vie à un ennemy abattu, ou ne le considerent pas, s’il est foible. Cela se fait donc, à mon advis, par la naturelle amour que nous portons à la gloire, qui nous empesche de nous arrester à des actions faciles et ravalées, pource que la vraye nature de la gloire consiste en la difficulté.

23. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE IV. Du Cerf, et de la Brebis. »

Pour le premier poinct à sçavoir que ce n’est pas un crime d’y consentir, il suffit de s’en tenir à la loy naturelle, qui porte tout le monde à sa propre conservation, non seulement au pris de dire un mensonge, mais encore de faire un homicide, ou quelque action plus tragique et plus extraordinaire. […] Ce qui sera bien aisé à conclure, si nous considerons seulement, que le vray don est incapable de la contraincte, pource qu’il n’y a rien de si volontaire que ceste action, par laquelle on se dessaisit de ses propres commoditez, pour en obliger un autre, et cela seulement à condition de faire paroistre à nostre amy l’effect de nostre bien-veillance.

24. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE VII. Du Loup, et de la Gruë. »

Ce n’est donc pas avec intention d’étre recompensé, qu’il faut obliger les meschants, mais seulement à dessein de faire une bonne action, et de respecter en eux, le mesme Dieu qu’ils ont commun avecque nous. C’est en luy que nostre action doit estre bornée ; c’est en qualité de ses Creatures, que nous leur devons bien faire.

25. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXII. De la Mouche, et du Chariot. »

Nous avons en butte en ceste Fable ceux qui s’attribuënt la gloire des actions d’autruy, quoy que de leur nature ils soient stupides et impuissants. […] Les exemples de cela sont ordinaires dans les Estats, autant de fois qu’il se fait quelque action guerriere et advantageuse à quelque Royaume.

26. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE C. Du Pescheur, et d’un petit Poisson. »

D’ailleurs, la Vengeance n’est pas un bien solide : ce n’est qu’une action que vous appellez douce, et qui vous remplit mille fois d’amertume. […] Car pour la premiere, à sçavoir la certitude, ne voyez-vous pas une infinité de bonnes actions à qui l’on ne donne aucune loüange ; au lieu qu’il y en a quantité de meschantes que l’on vante bien hautement, comme si la memoire en devoit estre immortelle ? […] Combien a-t’on supprimé de mots remarquables, et d’illustres actions ? […] Je laisse à part la malice des Calomniateurs, les brigues et les parties qui se font, pour estouffer les belles actions, l’envie des Concurrents, les corruptions des Historiens, et bref une infinité d’autres choses, qui sont toutes capables de nous oster une legitime Gloire.

27. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXVI. Du Chat, et des Rats. »

Ceste Allegorie a esté de mesme suffisamment expliquée en quelqu’une des precedentes Fables, où nous avons dit, qu’il ne faut pas tomber pour la seconde fois entre les mains des meschants, mais se mesfier tous-jours d’eux, et interpreter toutes leurs actions à mal, quand mesme elles seroient plaines d’une apparence de pieté.

28. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CVI. Du Satyre, et du Voyageur. »

L’action de ce Satyre nous advise de n’admettre à nostre table un homme double en paroles.

29. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXVIII. Du Laboureur et du Serpent. »

Comme nous devons doncques à la Vertu ce charitable office de nous bien remettre avecque nos ennemis, nous devons aussi ce droict à la Nature de ne nous y plus fier à l’advenir, de peur d’user d’inhumanité, en mesme temps que nous userons de Clemence, et de joindre une sottise à une belle action. […] Que si l’on me dit que c’est ruyner une veritable amitié, à cela je respondray, que les vrayes amitiez, comme dit Aristote, estant fondées sur l’opinion de la Vertu, l’on n’en sçauroit faire de veritable avec un Vicieux, et par consequent on n’en aura terminé qu’une fausse, qui n’est pas une action meschante ny malheureuse, mais plustost judicieuse et raisonnable.

30. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXIX. Du Renard, et de la Cigongne. »

Car ou ils se mocquent en paroles, ou en effect ; ou par les actions de ceux qu’ils jugent comtemptibles et ridicules. […] Quant à l’autre maniere de se mocquer, à sçavoir, en effect, et par de veritables actions, elle retombe tout de mesme au desadvantage du Mocqueur.

31. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXI. Du Renard, et du Bouc. »

Ainsi les Amants, à qui toute entreprise semble facile, s’exposent assez souvent à la haine des grands Seigneurs, et s’embroüillent dans les troubles d’une puissante Maison, jusques à faire des actions indignes de leur naissance ; Et tout cela pour une volupté d’aussi courte durée que celle d’un simple breuvage ; Tout cela, dis-je, pour passer une fantasie, ou pour appaiser une soif, et amortir une flamme qui se rallume quelquesfois plus fort, quand ils la croyent esteinte. […] D’ailleurs, toutes les autres actions de sa vie avoient esté si pleines de cruauté, qu’on doit imputer ceste derniere entreprise qu’il fit de chocquer Antoine, plustost à une extrême Ambition, qu’à une vraye grandeur de courage.

32. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CVIII. D’un Oye, et de son Maistre. »

L’on peut dire le semblable des actions morales, en matiere desquelles nous apprenons par espreuve, que l’homme ne se precipite presque jamais à l’effect de ses desseins, sans y apporter plus d’obstacle que d’acheminement. […] On a fait Dieux (bien que faussement) ceux qui ont charge de la Mer, de la Terre, et du Ciel : on a fait Dieu, et non pas Déesse, l’Amour ; Mais quant à la Prudence, c’est à dire à la conduite des actions, on l’attribuë justement à une Déesse, et encore à la plus modeste de toutes, pour apprendre que nous devons nous conduire avec que que lenteur, et quelque attrempance dans nos desseins, affin de les faire reüssir.

33. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXIII. De l’Enfantement des Montagnes. »

Que deviennent-ils qu’un peu de poussiere et de cendre, et encore cela n’arrive-t’il pas à la fin, mais au milieu de leurs conquestes ; comme il en prit à Pyrrhus, à Alexandre le Grand, à Attila, et tout nouvellement au Roy de Perse, decedé depuis six mois, au fort de ses plus belles actions. Que s’il arrive à tels Conquerants de venir à bout de leurs entreprises, et de porter leurs desirs jusques à l’extremité, ne les voyons-nous pas déchoir et ramollir dans les delices, ternissant leurs belles actions par de trop vicieuses voluptez ; comme il arriva jadis à Luculle, et à Tamberlan, ce foudre des nations Asiatiques.

34. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXII. Du Loup, et de la Truye. »

Car encore que l’homme du monde qui a le plus d’habitude au vice, ne soit pas incapable d’une action vertueuse, si est-ce qu’il deshonore en quelque façon les gents de bien, lors qu’il les approche pour les assister, à cause qu’il rend leur Vertu suspecte, et semble la vouloir faire dépendre de sa malice.

35. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XVI. Du Lion, et du Rat. »

Il n’eust pas cheminé long-temps dans une affreuse solitude, où il s’estoit lancé, qu’il veid venir à luy un Lion d’excessive grandeur, mais si peu furieux, qu’au lieu de le menacer avec un terrible rugissement, il sembloit tout au contraire luy faire des submissions, et le flatter doucement avec une action de suppliant, jettant de temps en temps de hauts cris, qui tesmoignoient apparemment une douleur excessive. […] Mais il n’y eust celuy de l’Assemblée qui ne fût saisi d’un soudain estonnement, de voir l’action de ce genereux animal, qui au lieu d’esgorger l’Esclave, comme il en avoit démembré desja beaucoup d’autres, se prosterna tout à coup à ses pieds, baissant la teste, et luy applaudissant de la queuë.

36. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXX. De l’Aigle, et du Corbeau. »

Et l’Imposteur Mahomet ne fût-il point le Salmonée de Jesus-Christ, c’est à dire, le faux imitateur de ses divines et fructueuses actions ? […] Or cela ne doit pas s’entendre seulement de l’humaine vanité, mais aussi de l’adresse que chacun pretend avoir en la praticque des Arts, et en toute sorte d’actions, soit de l’intelligence, soit de la main.

37. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CVII. Du Taureau, et du Rat. »

Aussi est-ce de là que viennent les revoltes des Paysans et du menu peuple, à qui la Fureur met les armes à la main, et les porte indiscrettement à des actions precipitées et dommageables. […] Aussi fust-ce pour cela qu’au temps des anciens Roys de France, et de la grand’ Bretagne, les Ordres de Chevalerie furent inventez, à sçavoir pour secourir les affligez, empescher l’oppression des pauvres, et les violements des filles ; tirer reparation des injures, délivrer les esclaves, et faire mille autres actions memorables, qui servoient de but à la gloire de ces vaillants Paladins.

38. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXIII. D’un Homme qui avoit deux femmes. »

Le vieil Scipion n’avoit-il pas bonne grace d’épouser une jeune Chambriere, luy qui avoit fait tant d’excellentes actions ? […] Cela estant, ô la glorieuse action que d’épouser une femme qu’on aime passionnément ! […] La raison en est fondée sur ce que les Vieillards ne sçauroient avoir beaucoup d’amour, sans faire beaucoup d’excez, ny sans joüer de leur reste en des actions pleines d’effort, y employant ce peu de vigueur naturelle qui leur reste. […] Pour cét effet, ils se doivent proposer les malheurs que j’ay des jà representez, et croire qu’ils les communiqueront tous à la personne qu’ils ont dessein d’espouser ; action d’autant plus odieuse, que c’est une chose contre Nature, de rendre infortunez ceux avec qui nous voulons passer le demeurant de nostre âge.

39. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope instruit Ennus, et luy donne des preceptes pour vivre en homme de bien. Chapitre XXVII. »

Chasse de ta maison le Médisant, et tiens pour certain, qu’il ne manquera point de rapporter et tes paroles, et tes actions.

40. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIV. De la Corneille, et de la Cruche. »

Ne semble-t’il pas que cét Animal usoit de raisonnement en ceste action, et qu’il avoit quelque chose par dessus l’ordinaire des bestes brutes ? […] Car il n’est pas incompatible qu’il n’eust veu souvent faire ceste action à son Maistre, pour esprouver si un Vaisseau estoit bien joinct et bouche de tous costez, ou si la liqueur en eschappoit, et partant ce n’est pas merveille s’il s’advisa de le praticquer apres luy, comme une infinité de choses que les bestes, et les enfants font avecque nous. […] Ce qu’on dit maintenant des Chiens et des Singes, est de facile réponse, à sçavoir que la memoire estant excellente en tous les deux, ils se forment, l’un à plaire l’homme, l’autre à imiter ses actions, qui est plustost la marque d’une facile imagination, et d’une memoire heureuse, que d’aucun raisonnement. […] C’est pour cela mesme qu’il faict partir Ulysse tout seul, pour executer maintes entreprises mal-aisées, comme pour avoir Achille, et pour recouvrer les fléches de Philoctete, au lieu qu’il le donne pour compagnon à Diomede, quand il l’envoye dans le camp des Troyens, pour faire une action de consequence, qu’il avoit imaginee. […] Car il est si veritable que nous luy devons ce que nous faisons de grand et de memorable, que sans elles toutes nos actions seroient imparfaites.

41. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLIV. De la Forest, et du Paysan. »

Mais ceste remarque estant assez ordinaire en toutes les actions de la vie, ne manque presque jamais dans les traictez d’Estat, qui se font entre les Politiques.

42. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LVI. Du Lion, et du Renard. »

Or d’autant que cela dépend de la prudence, et que ceste Vertu n’a pas tous-jours des regles certaines, joinct que dans les divisions de la Moralle, on ne peut donner des instructions pour ce qui est d’examiner les fourberies ; il me semble que pour les éviter, il doit suffire à l’homme bien advisé, de prendre soigneusement garde aux actions de ceux qu’il soupçonne, y procedant de telle sorte qu’à la maniere du Renard, il s’embarrasse avec eux le moins qu’il pourra, principalement en visites, et en compliments.

43. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXIV. De l’Asne, et du Loup. »

Car au lieu qu’en discours ils n’ont merité que des risées, en de semblables actions, ils sont dignes de recevoir des coups de pied, comme le Loup de cette Fable.

44. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XIII. Du Corbeau, et du Renard. »

Car il se figure assez que la premiere action qu’il feroit en ce cas là, seroit de le chasser d’auprés de luy, et d’appeller à sa place un homme sincere et veritable. […] Car ces gents-là ne se contentent pas, en clabaudant aux oreilles de leur Maistre, de faire passer un vice sous le nom de la Vertu qui luy est proche, comme d’appeller la prodigalité, une action liberale, la complaisance timidité, la valeur, precipitation, et ainsi de toutes les autres Vertus.

45. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — D’un fardeau, dont Esope se chargea. Chapitre VI. »

Par ceste action il appresta d’abord à rire à ses compagnons, qui dirent de luy, qu’il n’y avoit rien de plus sot, que cét homme de neant, et qu’il le faisoit assez paroistre, en ce qu’apres les avoir requis de luy donner le fardeau le moins pesant, il avoit neantmoins choisi celuy qui l’estoit le plus.

46. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXVIII. De l’Esprevier, et de la Colombe. »

Que si nous voulions transporter ceste induction des choses grandes aux petites, ne pourrions-nous pas remarquer tous les jours dans le succés de ceste vie, qu’un meurtrier paye la peine de ses actions par la main d’un autre meurtrier ?

47. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « AU LECTEUR. Sur le sujet des Fables. »

La Raisonnable est celle où l’on feint l’homme estre autheur de quelque chose qu’on se figure ; La Morale, qui tasche d’imiter la façon de vivre des Creatures raisonnables : La Meslée, qui comprend ensemble ce qui est pourveu de raison, et qui ne l’est pas : La Propre, qui par l’exemple des bestes, et des choses inanimées demonstre tacitement ce que l’on veut enseigner, comme fait Esope en toutes ses Fables ; Et la tres-propre, qui convient aux hommes, et aux fabuleuses Deïtez, en ce qui regarde les actions. […] L’on appelle Fables de speculation et d’action ensemble celles qui peuvent estre expliquées selon le sens Allegorique Speculatif, et selon l’Actif aussi.

48. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLV. Du Loup, et du Chien. »

Car comme nous enseigne la Loy naturelle, il n’y a point de blasme ny de honte aux actions necessitées. […] De plus, encore que le desbordement des Vicieux, et la correction des Sages, ayent reduit les communautez à certain estat qui déroge à l’égalité naturelle, si est-ce que de rendre la disproportion entre les hommes plus grande qu’ils ne l’ont faite, on ne peut nier que cela ne soit une action injuste et mesprisable.

49. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — D’un seul grain de lentille qu’Esope fit cuire en un Pot, et de quelques autres choses facetieuses. Chapitre X. »

Bien que ceste action irritast d’abord le Philosophe, si n’osa-t’il pourtant en faire semblant, à cause de ses amis, qui estoient là presens : mais il luy commanda derechef d’aller querir le bassin, que son Valet luy apporta tout aussitost, se tenant debout devant la compagnie.

50. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXVI. Du Chévreau, et du Loup. »

Il nous donne donc des parents et des Precepteurs qui prestent leur jugement à nos actions, et sont les guides prevoyantes de nos mouvements impetueux.

51. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXII. De la Brebis, et de la Corneille. »

En un mot, qu’il jette les yeux sur la lascheté de son action, qui n’est digne d’aucune sorte de loüange, pource qu’elle ne contient aucune difficulté.

52. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXVIII. De l’Asne vestu de la peau du Lion. »

Nous ne pouvons point juger s’il reçoit des consolations interieures, ou s’il a de grands ressentiments de charité ; car c’est un ouvrage du cœur, et non des actions.

53. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 86 » pp. 53-53

Il avait beau les exhorter : ses paroles étaient impuissantes à les faire changer de sentiments ; aussi résolut-il de leur donner une leçon en action, Il leur dit de lui apporter un fagot de baguettes.

54. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LVIII. Du Chevreau, et du Loup. »

Ce qui doit de plus en plus convier les vrays Vaillants à demeurer dans la moderation, et faire plustost parler leurs actions, que leurs injures.

55. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXVIII. Du Chien envieux, et du Bœuf. »

Ce que les anciens Sages sçeurent remarquer fort judicieusement, lors qu’ils establirent des jeux publics, pour émouvoir les jeunes gents aux belles actions, par une honneste jalousie de leurs semblables.

56. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXVII. Du Liévre, et de la Tortuë. »

Quant au second, je n’en veux point d’autre preuve que celle de ce prodigieux Milon de Crotone, que l’on tient avoir couru une stade entiere aux jeux Olympiques, portant sur ses espaules un Bœuf, qu’il tua d’un coup de poing, apres l’avoir déchargé ; Ce qui fut asseurément un pur effet de l’exercice et de l’habitude, par qui la Vertu cultivée, a de tout temps rendu merveilleuses, et comme incroyables, les actions des hommes extraordinaires.

57. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XIX. Des Grenoüilles, et de leur Roy. »

Ce qui estant ordinaire en la pluspart de nos actions, arrive sur tout en matiere de Gouvernement, où ne jugeant pas qu’il n’y a rien de parfaict sous le Ciel, nous trouvons extrêmes les moindres defauts des Princes, et en souhaittons de nouveaux, sans considerer que tout changement ne fait que troubler et confondre l’ordre d’un Estat, quand mesme il seroit de bien en mieux, principalement si l’on introduict de nouvelles Loix.

58. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXI. Du Geay. »

On les déchiffre plaisamment depuis le pied jusques à la teste : On compte leurs Predecesseurs : On examine leurs actions.

59. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXVIII. Du Berger, et du Loup . »

En quoy, il me semble que pour un vain plaisir de mentir, l’on perd une chose bien precieuse, à sçavoir la Foy ; Action certes d’un tres-mauvais mesnager, et d’un imprudent, puis-qu’il n’y a rien de si commode en tout le commerce de la vie, que de passer pour veritable, autant pour servir ses amis, que pour son interest propre.

60. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXX. Du Loup, et de la Teste peinte. »

Aymer plus les choses aymables, c’est l’exercice et la condition des gents de bien, d’autant qu’ils se portent aux bons objects, pour se transformer en eux, et pratiquent incessamment les actions de la Vertu, pource qu’elle est la meilleure de toutes les choses.

61. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXIV. De l’Homme, et d’une Idole. »

Comment Homere, ce grand et admirable Personnage, auroit-il accusé Jupiter de paillardise, d’envie, d’intemperance, de violements, et d’une infinité d’actions honteuses et sales ?

62. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXVII. Du Laboureur, et de la Cigongne. »

Mais quant aux Philosophes, ils ne vont pas si viste en besogne, et avant que donner à un homme le nom de meschant, ils examinent s’il en a fait les actions, et s’il les a reduittes en habitude.

63. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXIV. D’un Laboureur et de ses Enfants. »

Ce qui est tellement vray dans les actions moralles, qu’il passe aussi jusques dans les Physiques : tesmoin ce fameux axiome des Philosophes naturels, « Que toute vertu est plus forte quand elle est unie », que lors qu’elle est dispersée.

64. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CII. De l’Enfant, et du Larron. »

S’il advient doncques au Pere, ou bien à la Mere, de commettre une action vicieuse devant leur Enfant, asseurément il l’imitera bien-tost apres, et ce d’autant plus aisément, qu’il ne sçaura pas faire la difference du bien et du mal, et ne sera point détourné par l’imagination de pecher, qui sert quelquesfois de divertissement aux hommes faits.

65. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LI. Du Paon, et du Rossignol. »

A ce Vice est opposée une pire extremité, à sçavoir, de blâmer incessamment les defauts des autres, en se mocquant de leurs paroles, ou de leurs actions, defaut qui est certes beaucoup moins supportable que le premier.

66. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXIII. De l’Arbre, et du Roseau. »

Ils pourroient dire encore, que l’action du Vertueux estant posée entre les deux extrêmes, il est impossible de ceder et de fléchir d’un costé, sans se détourner du milieu, qui est le juste poinct de la mediocrité, et par consequent le siege de la Vertu ; Qu’au reste, plus on est ferme, plus on est sage, et que c’est une proprieté presque Divine, d’estre constant et inébranlable en toute sorte d’évenements.

67. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXVI. Du Renard, et du Chat. »

Car comme un chemin couvert de brossailles, et de buissons, est à bon droict plus suspect au Voyageur, qu’une voye toute pleine et unie, ainsi un procedé plein d’embusches traistresses, et dangereuses, est incomparablement plus à craindre qu’une suitte d’actions vertueuses.

68. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope ameine à son Maistre un homme niais, et sans soucy. Chapitre XVI. »

Il se retint neantmoins, et porta sa veuë sur le Païsan, qu’il avoit pour hoste, affin de voir s’il ne se leveroit point de table, pour l’empescher de faire une action si temeraire.

69. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 40 » pp. 9-9

camarade, si tu avais autant d’idées que de poils au menton, tu ne serais pas descendu avant d’avoir examiné le moyen de remonter. » C’est ainsi que les hommes sensés ne doivent entreprendre aucune action, avant d’en avoir examiné la fin.

70. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « A MONSEIGNEUR. MOROSINI, AMBASSADEUR. ORDINAIRE DE LA. SERENISSIME REPUBLIQVE. DE VENISE, PRES DE SA MAJESTÉ. TRES-CHRESTIENNE. »

Vous avez, comme le Lion un Cœur genereux, porté de luy-mesme aux actions magnanimes ; et comme l’Aigle une Inclination aux choses relevées, convenables par consequent à vostre Naissance.

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