Du Singe, et du Renard. Le Singe voulant persuader au Renard de luy donner une partie de sa queuë, pour en couvrir son derriere, luy fit entendre que cela l’incommodoit par trop, au lieu que pour son regard il en tireroit ensemble de l’honneur, et du profit. Mais le Renard luy dit pour response, qu’il n’en avoit point plus qu’il ne luy en falloit, et qu’il aymoit beaucoup mieux baleyer la terre de sa queuë, qu’en couvrir les fesses d’un Singe. […] Quant au refus que le Renard fait au Singe de la moitié de sa queuë, on le peut interpreter en deux façons, à bien, et à mal, et de toutes les deux il est aisé d’en tirer de l’instruction. […] En ce sens là, certes, je trouve fort loüable le refus de cét animal, qui juge avecque raison, qu’il ne se peut desfaire de sa queuë sans une douleur extrême, ny l’appliquer à l’usage du Singe, quand elle sera desfaite.
Or donc un homme qui naviguait avait avec lui un singe. […] Le navire chavira et tout le monde se sauva à la nage, le singe comme les autres. […] Comme il arrivait au Pirée, entrepôt maritime d’Athènes, il demanda au singe s’il était Athénien. Le singe ayant répondu que oui, et qu’il avait même à Athènes des parents illustres, il lui demanda s’il connaissait aussi le Pirée. Le singe, croyant qu’il voulait parler d’un homme, dit que oui, et que c’était même un de ses intimes amis.
Le Loup plaidant contre le Renard pardevant le Singe. […] Devant le Singe il fut plaidé, Non point par Avocats, mais par chaque Partie. Themis n’avoit point travaillé, De memoire de Singe, à fait plus embroüillé. […] Quelques personnes de bon sens ont cru que l’impossibilité et la contradiction qui est dans le Jugement de ce Singe, estoit une chose à censurer ; mais je ne m’en suis servi qu’aprés Phedre, et c’est en cela que consiste le bon mot, selon mon avis.
Chambry 39 Ἀλώπηξ καὶ πίθηκος <περὶ εὐγενείας ἐρίζοντες> – Le renard et le singe disputant de leur noblesse. […] Le renard et le singe voyageant de compagnie disputaient de leur noblesse. […] Le singe y tourna ses regards et se mit à soupirer. […] Alors le singe lui montrant les tombeaux répondit : « Comment ne pas pleurer, en voyant les cippes funéraires des affranchis et des esclaves de mes pères ?
Marie de France, n° 28 Le singe et le renard De un singe dit que demanda a un gupil qu’il encuntra [que] de sa küe li prestat, si lui pl[e]ust, u en dunast ; avis li fu que trop le ot grant, e tuz sunt sans küe si enfant. […] Le singe dist : « Ceo m’est avis, ne vus en ert nïent de pis, si m’en voliez un poi duner, que ele vus nuist pur tost aler. » Dist le gupil : « Ne vus en chaut !
Chambry 38 Chambry 38.1 Ἀλώπηξ καὶ πίθηκος <βασιλεὺς αἱρεθείς> – Le renard et le singe élu roi. […] Le singe, ayant dansé dans une assemblée des bêtes et gagné leur faveur, fut élu roi par elles. Le renard en fut jaloux et, ayant vu un morceau de viande dans un lacs, il y mena le singe en lui disant qu’il avait trouvé un trésor, mais qu’au lieu d’en user lui-même, il le lui avait gardé, comme étant un apanage de la royauté, et il l’engagea à le prendre. Le singe s’en approcha étourdiment et fut pris au lacs. Comme il accusait le renard de lui avoir tendu un piège, celui-ci répliqua : « O singe, sot comme tu es, tu veux régner sur les bêtes !