Sun enfant ocist el berçuel*, dunt li vileins ot mut grant doel.
Mais ayant pris goust à ceste préeminence, ils eurent peur qu’on les en voulust quelque jour déplacer, et commencerent à loger dans des maisons hautes, et fortifiées, à s’environner de gardes, et asseurer la succession à leurs enfants ; à parer leur dignité de specieuses marques d’honneur, et pour le dire en un mot, à prendre le nom de Souverains.
De là vient aussi qu’Esope n’attribuë cette sottise qu’à un enfant, jugeant indigne un homme, de s’exercer à des mensonges nuisibles, et hors de saison.
Or par succession de temps, les querelles venant à naistre dans les Armées, à cause du commandement, et du contraste de la loüange, l’on mit le haut poinct d’honneur à les decider publiquement, de peur de les rendre perpetuelles, et de les faire passer jusqu’aux enfants et aux freres.
Ils maudissent le repos de la patrie, et destinent leurs enfants à faire une vie aussi tumultueuse que la leur. […] Nous avons veu de nostre âge des Freres égorger leurs Aisnez pour la succession, des Enfants faire mourir leurs Peres, et des Nepveux se défaire de leurs Oncles. […] où l’enfant que nous élevons est à nous, ou il ne l’est pas. […] que n’appellons-nous la Philosophie dans nostre maison, pour estre compagne éternelle de nos enfants ?
Il se mit donc en chemin, et son Esclave apres luy ; Et ne fût pas plustost arrivé en sa maison, que deux enfants qui estoient à la mammelle voyant Esope, en eurent peur aussi-tost, et se mirent à crier.