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2. (1180) Fables « Marie de France, n° 96. Le lièvre et le cerf » p. 658

Marie de France, n° 96 Le lièvre et le cerf Un lievres vit un cerf ester ; ses cornes prist a reguarder, mut li sembla bele sa teste. […] A la sepande ala parler, si li cumence a demander pur quei ne l’ot [i]tel criee e de cornes si aürnee cum[e] le cerf qu’il ot vëu.

3. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — IX. Le Cerf se voyant dans l’eau » p. 74

Le Cerf se voyant dans l’eau Dans le crystal d’une fontaine Un Cerf se mirant autrefois, Loüoit la beauté de son bois, Et ne pouvoit qu’avecque peine Souffrir ses jambes de fuseaux, Dont il voyoit l’objet se perdre dans les eaux. […] Ce Cerf blâme ses pieds qui le rendent agile : Il estime un bois qui luy nuit.

4. (1180) Fables « Marie de France, n° 11. Le lion chasseur » p. 149

Un cerf trevent, sil chacerent ; quant pris l’eurent, si l’escorcerent. Li lus al bugle demanda coment le cerf departira. […] Dunc n’i osa nus atucher : tut lur estut le cerf lesser. […] Un cerf unt pris e retenu.

5. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 205 » p. 148

Un lion, étant tombé sur un lièvre endormi, allait le dévorer ; mais entre temps il vit passer un cerf : il laissa le lièvre et donna la chasse au cerf. Or le lièvre, éveillé par le bruit, prit la fuite ; et le lion, avant poursuivi le cerf au loin, sans pouvoir l’atteindre, revint au lièvre et trouva qu’il s’était sauvé lui aussi. « C’est bien fait pour moi, dit-il, puisque lâchant la pâture que j’avais en main, j’ai préféré l’espoir d’une plus belle proie. » Ainsi parfois les hommes, au lieu de se contenter de profils modérés, poursuivent de plus belles espérances, et lâchent imprudemment ce qu’ils ont en main.

6. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — XIII. Le Cheval s’estant voulu vanger du Cerf. » p. 269

Le Cheval s’estant voulu vanger du Cerf. […] Or un Cheval eut alors different Avec un Cerf plein de vîtesse, Et ne pouvant l’attraper en courant, Il eut recours à l’Homme, implora son adresse. L’Homme luy mit un frein, luy sauta sur le dos, Ne luy donna point de repos Que le Cerf ne fust pris, et n’y laissast la vie.

7. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 200 » pp. 336-336

Il dit au renard, qu’il aimait et avec qui il entretenait commerce : « Si tu veux que je guérisse et que je vive, séduis par tes douces paroles le gros cerf qui habite la forêt, et amène-le entre mes mains ; car j’ai envie de ses entrailles et de son cœur. » Le renard se mit en campagne et trouva le cerf qui bondissait dans les bois. […] Le cerf se sauva en toute hâte dans les bois. […] Le renard répondit : « C’est une commission pénible et difficile que celle dont tu me charges ; pourtant je t’y servirai encore. » Alors, comme un chien de chasse, il suivit la trace du cerf, ourdissant des fourberies, et il demanda à des bergers s’ils n’avaient pas vu un cerf ensanglanté. […] Le cerf, plein de colère et le poil hérissé, lui répondit : « Misérable, tu ne m’y prendras plus ; si tu t’approches tant soit peu de moi, c’en est fait de ta vie. […] Alors le renard, se tenant à distance, lui dit : « Véritablement ce cerf n’avait pas de cœur ; ne le cherche plus ; car quel cœur pouvait avoir un animal qui est venu par deux fois dans le repaire et les pattes du lion ? 

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