Ils trouvèrent à terre une lettre cachetée. […] Le chien s’ennuyait pendant la lecture de l’âne ; aussi lui dit-il : « Descends de quelques lignes, très cher ; peut-être trouveras-tu dans la suite quelque chose qui se rapporte à la viande et aux os. » L’âne ayant parcouru tout l’écrit, sans rien trouver de ce que le chien cherchait, celui-ci reprit la parole : « Jette ce papier à terre, ami ; car il est tout à fait insignifiant. »
Du thresor trouvé par Esope, et de l’ingratitude de Xanthus. […] Esope se mit alors à foüiller prés d’une motte de terre, esloignée de luy d’environ quatre pas, et y trouva le thresor, dont il estoit question : S’estant mis en mesme temps en devoir de le donner à Xanthus : « Tiens », luy dit-il, « voila dequoy : il ne reste plus, sinon que tu me tiennes promesse ». « Je ne suis pas si fol de le faire », respondit Xanthus, « si premierement tu ne m’expliques ces lettres, car ce me sera une chose plus precieuse de les entendre, que de posseder tout l’or, que tu sçaurois jamais trouver ». « A cela ne tienne », reprit Esope ; « Sçache donc, que celuy qui cacha ce thresor dans la terre, comme sçavant qu’il estoit, s’avisa d’y faire graver ces lettres, qui joinctes ensemble, forment un sens qui est tel. […] C’est à dire, Si tu recules quatre pas, en foüillant icy tu y trouveras quantité d’or ». […] C’est à dire, Rend au Roy Denis le thresor que tu as trouvé ». […] Ce qui signifie, Partagez entre vous le thresor, que vous avez trouvé en vous en allant ». « Puis que cela est », conclud Xanthus, « retournons doncques à la maison, afin que chacun de nous prenne part à cette bonne fortune, et que tu sois mis en liberté ».
Esope s’en alla donc au Marché, d’où il apporta tout ce qu’il pût trouver de plus exquis, pour faire un banquet. Mais comme il voulut mettre toutes ses provisions dans la salle, ayant trouvé sa Maistresse sur le lict, où elle s’estoit mise pour reposer, « Madame », luy dit-il, « si cela ne vous importune, vous prendrez garde, s’il vous plaist, que les chiens ne mangent ces viandes, tandis que je m’en retourneray à la Cuisine, pour y donner ordre au reste ». « Va t’en où tu voudras », luy respondit-elle, « et n’aye peur que la viande ne soit bien gardée ; car mon derriere a des yeux ». Esope ayant donc appresté tous les autres mets, les apporta en la mesme salle, où il trouva que sa Maistresse dormoit, les fesses tournées devers la table.
La faim ayant chassé l’Ours du bois, comme il s’en alloit cherchant dequoy repaistre, il trouva des Ruches en son chemin, et se mit à lécher le miel d’alentour. […] Nous pouvons trouver d’assez beaux exemples à ces Veritez, en la pluspart des choses de la Nature. […] Mais ce qu’il y a d’insupportable en leur humeur, c’est qu’il ne s’en trouve que trop parmy eux, qui sont bien contents de faire comme l’Ours de ceste Fable, c’est à dire, de manger la plus pure substance des Innocents, et de ne vouloir pas toutesfois que ces pauvres gents s’en ressentent ; Car alors s’ils en reçoivent le moindre déplaisir, il n’est pas à croire combien est grande la violence où leur passion les porte. […] Mais je ne trouvé pas à propos de grossir d’avantage ce Volume ; Et il me doit suffire de l’avoir conduit à la fin le plus succinctement que je l’ay pû faire. […] Toutesfois je m’ose promettre que le Lecteur favorable excusera mes défauts, par la sincerité de mon intention, et qu’il prendra seulement pour luy ce qu’il trouvera de plus propre à contenter son Esprit, et à moderer ses passions.
Pour la faire trouver aux lieux où le besoin Demandoit qu’elle fust presente, La Renommée avoit le soin De l’avertir ; et l’autre diligente Couroit viste aux debats, et prévenoit la paix ; Faisoit d’une étincelle un feu long à s’éteindre. […] Comme il n’estoit alors aucun Convent de Filles, On y trouva difficulté.
Un loup, passant dans un champ, y trouva de l’orge ; mais ne pouvant en faire sa nourriture, il la laissa et s’en alla. Il rencontra un cheval et l’amena dans le champ ; il avait, disait-il, trouvé de l’orge ; mais, au lieu de la manger lui-même, il la lui avait gardée, vu qu’il avait du plaisir à entendre le bruit de ses dents.
Si dans son composé quelqu’un trouve à redire, Il peut le declarer sans peur : Je mettray remede à la chose. […] Dame Fourmi trouva le Ciron trop petit ; Se croyant pour elle un colosse.
Un voyageur, qui avait de longs trajets à faire, fit vœu, s’il trouvait quelque chose, d’en consacrer la moitié à Hermès. Or il trouva une besace où il y avait des amandes et des dattes. Il la ramassa, s’imaginant que c’était de l’argent, la secoua, et, voyant ce qu’elle renfermait, le mangea ; puis, prenant les coquilles des amandes et les noyaux des dattes, il les plaça sur un autel en disant : « Je suis quitte, ô Hermès, de mon vœu ; car j’ai partagé avec toi le dehors et le dedans de ce que j’ai trouvé. » Cette fable s’applique à l’avare qui, par cupidité, ruse même avec les dieux.
Chambry 62 Ἄνθρωπος λέοντα χρυσοῦν εὑρών — L’homme qui a trouvé un lion d’or. […] Un avare, qui était peureux, ayant trouvé un lion d’or, disait : « Je ne sais que devenir en cette aventure.
L’habitant des forests Rend déja grace aux Bœufs, attend dans cette étable Que chacun retournant au travail de Cerés, Il trouve pour sortir un moment favorable. […] Je trouve bien peu d’herbe en tous ces rateliers.
Le Hibou de retour ne trouve que les pieds De ses chers nourriçons, hélas ! […] Quelqu’un luy dit alors : N’en accuse que toy, Ou plutost la commune loy, Qui veut qu’on trouve son semblable Beau, bien fait, et sur tous aimable.
Croyant qu’elle avait dans le ventre une masse d’or, il la tua et la trouva semblable aux autres poules. Il avait espéré trouver la richesse d’un seul coup, et il s’était privé même du petit profit qu’il tenait.
Enfin après un vain essay Il va trouver la Goute. […] L’une et l’autre trouva de la sorte son compte, Et fit trés-sagement de changer de logis.
Tous deux s’estant trouvez differens pour la cure, Leur malade paya le tribut à Nature ; Aprés qu’en ses conseils Tant-pis eust esté cru.
Un laboureur, ayant trouvé un aigle pris au filet, fut si frappé de sa beauté qu’il le délivra et lui donna la liberté. […] Le laboureur le ramassa, et revenant sur ses pas, il trouva le mur écroulé à l’endroit où il s’était assis, et fut bien étonné d’être ainsi payé de retour.
Voylà quelle fut l’invention d’Esope, qui trouva moyen de rappeller en la maison la femme de Xanthus, comme auparavant il l’avoit aussi trouvé, pour l’en faire sortir.
Or, étant entré dans un bois, il vit un lion qui dévorait le veau ; épouvanté, il leva les mains au ciel en s’écriant : « Ô souverain Zeus, naguère j’ai fait vœu de t’immoler un chevreau, si je trouvais le voleur ; à présent je t’immolerai un taureau, si j’échappe aux griffes du voleur. » On pourrait appliquer cette fable à ceux qui sont en butte à quelque disgrâce : dans leur embarras, ils souhaitent d’en trouver le remède, et, quand ils l’ont trouvé, ils cherchent à s’y soustraire.
Il la tua, l’ouvrit, et la trouva semblable A celle dont les œufs ne lui rapportoient rien, S’estant luy-mesme osté le plus beau de son bien.
Un eunuque alla trouver un sacrificateur et le pria de faire un sacrifice en sa faveur, afin qu’il devînt père.
Le bon Socrate avoit raison De trouver pour ceux-là trop grande sa maison.
Le Lion s’en alla trouver le Cheval, à dessein de le manger ; Mais pource qu’il n’en pouvoit pas venir à bout si facilement, à cause que la vieillesse avoit beaucoup diminué de ses forces, il s’advisa d’un plaisant moyen pour executer son entreprise. […] Mais luy, qui recognût cette fraude, trouva moyen de luy en apposer une autre. […] Ce que fist fort adroitement le Cheval de nostre Autheur, quand il rencontra son salut dans la propre ruse de nostre Ennemy, qui fut une chose tellement juste et adroicte, que le Lion mesme ne trouva point d’occasion de l’en blasmer, et ne se plaignit que de soy-mesme en son inconvenient.
Il les fit venir et leur dit : « Mes enfants, je vais quitter ce monde ; mais vous, cherchez ce que j’ai caché dans ma vigne, et vous trouverez tout. » Les enfants, s’imaginant qu’il y avait enfoui un trésor en quelque coin, bêchèrent profondément tout le sol de la vigne après la mort du père. De trésor, ils n’en trouvèrent point ; mais la vigne bien remuée donna son fruit au centuple.
Le dieu de la guerre, étant resté pour le dernier tirage, ne trouva plus que la Violence.
Il ajouta que, s’il y trouvait de la pâture en abondance, il lui en apporterait. […] Son camarade le voyant gras et en bon corps, lui rappela sa promesse et lui reprocha de ne lui avoir rien rapporté. « Ne t’en prends pas à moi, répondit-il, mais à la nature du lieu : il est possible d’y trouver à vivre, mais impossible d’en emporter quoi que ce soit. » On pourrait appliquer cette fable à ceux qui poussent l’amitié jusqu’à régaler leurs amis, mais pas plus loin, et qui refusent de leur rendre aucun service.
A tous ces termes de compliment, le Renard ne fit point d’autre response, sinon qu’il luy souhaittoit un recouvrement de santé, et que pour cét effet il prieroit les Dieux immortels ; Mais que pour le demeurant, il luy-estoit impossible de l’aller trouver, pource, disoit-il, que je ne puis voir qu’à regret les traces des animaux qui t’ont visité ; Car il ne s’y en remarque pas une qui soit tournée en arriere, et qui ne regarde ta caverne. […] Le superbe Roy des animaux trouve mauvais qu’il ne le vienne point voir, et le convie à cela fort courtoisement ; mais luy s’excuse fort à propos sur la trace des autres bestes, nous enseignant à tenir tous-jours en haleine nostre conjecture, en matiere d’occasions suspectes de tromperie.
La trahison de ces courages felons va jusqu’à ce poinct, qu’il s’en est trouvé plusieurs qui se sont servis d’un festin, pour empoisonner leurs hostes, violant meschamment le droict d’hospitalité, qui est la chose du monde la moins violable. […] Pour moy, je n’ay pas trouvé Cardan judicieux en son Livre de la Sagesse, où traictant de la malice Diabolique et humaine, ou pour mieux dire, plus qu’inhumaine, il rapporte sept ou huict inventions estranges, pour se défaire de ceux qui nous hayssent, ou qui nous des-honorent. […] Mais diray-je, sans que les cheveux me herissent sur la teste, que parmy les hommes il s’en est trouvé de si execrables, que de se vouloir servir de la saincte Hostie, pour donner la mort à leurs Ennemis, en mesme temps que Dieu se donnoit à Eux pour vivifier leur ame ?
Comme le loup l’appelait à lui et disait que le sacrificateur l’immolerait au dieu, s’il le trouvait là : « Eh bien !
Un berger, ayant trouvé un petit loup, le nourrit ; puis, quand il fut devenu louveteau, il lui apprit à enlever des moutons dans les troupeaux du voisinage.
Je ne sçai pas l’endroit ; mais un peu de courage Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Car ceux qui la voyent de loing ; lorsque les vagues l’agitent, s’imaginent d’abord que c’est quelque chose de grand prix : mais lors qu’on en est prés, l’on trouve que ce n’est rien qui vaille. De ceste mesme façon, lors que j’estois bien esloigné de vostre ville, je vous admirois comme des personnes qui me sembliez valoir beaucoup, et meriter de grandes loüanges : mais depuis mon arrivée en ce lieu, je me suis veu bien trompé, vous ayant trouvé plus inutiles que tous les autres ». […] Dequoy le bon homme bien étonné ; lors qu’à son retour il trouva qu’on les luy avoit desrobez, il commença de s’abandonner aux cris et aux plainctes.
Mais le serpent se retourna et le mordit, et le corbeau, sur le point de mourir, dit : « Je suis bien malheureux d’avoir trouvé une aubaine telle que j’en meurs. » On pourrait dire cette fable à propos d’un homme que la découverte d’un trésor met en péril de mort.
Une poule, ayant trouvé des œufs de serpent, se mit à les couver soigneusement et, après les avoir chauffés, les fit éclore.
Marie de France, n° 67 Le corbeau qui trouve des plumes de paon Del corbel cunte ki trova par un chemin, u il ala, plumes e pennes d’un poün, si s’esguarda tut envirun : plus vil se tient nul oisel pu ceo qu’il ne se vit si bel.
Car à foüiller dans l’obscurité des affaires, il n’y a point d’homme si aveugle à qui l’on oppose une finesse, qui ne trouve presque tous-jours le moyen de s’échapper par une autre ; Et cela, comme nous avons dit en quelque autre endroict, pource que toutes propositions ont deux faces. […] Maintenant pour ce qui est de la subsistance particuliere des hommes, où trouvera t’on des Politiques qui ayent vescu avec moins de seureté que les Tyrans ? […] Les Tyrans toutesfois ne sont autre chose que les rusés, qui preferent l’artifice à la bonne foy, et ne font aucune conscience de manquer de parole, pourveu qu’ils y trouvent une fausse apparence de seureté.
Il s’en trouve assez qui se rendent nos familiers, qui nous flattent, qui nous accostent, et qui nous offrent des services extraordinaires, tant qu’ils nous voyent en prosperité : Mais quand la fortune nous a tourné le dos, ils nous le tournent aussi, et nous des-advoüent indignement. […] A cela lon peut objecter, que ceste regle n’est pas si generale, qu’elle ne souffre quelque exception ; Que les sinceres amitiez peuvent estre verifiées par les exemples, qu’un Pilade a voulu donner sa vie pour Oreste, un Damon pour un Pithias, un Piritoüs pour un Thesée, et qu’aujourd’huy mesme il s’en trouve assez, à qui toutes les choses du monde sont de petite consideration, à comparaison de leur Amy ; Ce que je leur advoüeray pouvoir estre, et avoir esté. Mais il faut qu’ils me confessent aussi, que l’évenement en est si rare, qu’entre mille Amis que plusieurs se vantent d’avoir, à peine en trouveront-ils au besoin dix mediocres, et un excellent ; de façon qu’il faut estre extrémement heureux pour le rencontrer.
Le Serpent voulut ronger une Lime qu’il trouva dans une forge ; Mais elle s’estant mise à rire, « Sotte beste », luy dit-elle, « qu’est-ce que tu fais ?
s’écria-t-il ; ce qui était derrière moi, je le vois à présent passer devant moi. » Cette fable trouve son application dans un État où les derniers et les imbéciles dominent à la place des premiers et des gens sensés.
Nous avons traité ce suject assez amplement, pour estre dispensez d’y revenir, joinct qu’encore qu’il n’y ait que trop de personnes dans le monde qui souhaittent plus ardemment la possession d’un beau corps, que celle d’un bel esprit, si est-ce qu’il est impossible, ce me semble, qu’en leur ame ils ne trouvent ce dernier plus estimable que l’autre.
Mais, comme il n’avait pas de vrais bœufs, il en modela cent avec du suif, et les consuma sur un autel, en disant : « Recevez mon vœu, Ô dieux. » Mais les dieux, voulant le mystifier à leur tour, lui envoyèrent un songe, et l’engagèrent à se rendre sur le rivage : il y trouverait mille drachmes attiques. Ne se tenant plus de joie, il courut à la grève, où il tomba sur des pirates, qui l’emmenèrent, et, vendu par eux, il trouva ainsi mille drachmes.
Il est bien aysé de trouver un pretexte apparent, quand on a conclud la mort de l’Innocent. […] Car comme il n’est point d’homme si vertueux dans le monde, en la vie duquel il n’y ait tous-jours quelque chose à dire : aussi n’en est-il point de si abandonné, qui ne trouve un pretexte à ses malices, et ne colore ses actions par une assez specieuse apparence.
Au moment qu’elle rit, Son tour vient, on la trouve.
Alors Xanthus parlant tout bas à sa femme, « fay luy », dit-il, « ce que je te commanderay, et ne manque point, affin que je trouve un sujet de bien estreiller Esope ». […] » ; Et là dessus, il se mit à boire : Mais durant le disner, comme on luy eust apporté d’une certaine viande, qu’il trouva fort à son goust, et dont il mangea de bon appetit ; Xanthus voulut faire accroire à son Cuisinier, qu’il l’avoit mal apprestée à cause dequoy l’ayant fait dépoüiller tout nud, il le traita rudement à grands coups de foüet. Ce que voyant l’homme sans soucy ; « Pour moy », disoit-il, « je trouve ceste viande cuite comme il faut, et si bonne à mon goust, qu’il ne luy manque rien, ce me semble, pour estre bien assaisonné.
Le Charpentier extrémement aise d’une si bonne fortune, s’en alla trouver ses compagnons, et leur raconta par le menu tout ce qui s’estoit passé. […] Car en la possession des biens temporels, nous ny trouvons que les avantages qui sont en une hâche, à l’égard du Charpentier, puis qu’elle n’est autre chose qu’un outil pour en user, et que tous les biens du monde non plus ne sont considerables, que tant qu’ils servent à nostre commodité, et sont les instruments de nostre aise. […] Mais qui sçauroit les contentements de leur ame, la tranquilité de leur vie, la douceur de leur solitude, et les charmes qu’ils trouvent dans la paix de leur maison, celuy là, possible, ne diroit pas, que telles gents n’ont aucune recompense.
Le Taureau se sentant mordu au pied par le Rat, qui tout à l’instant s’alla cacher dans son trou, s’en mist tellement en fougue, qu’élevant ses cornes, il chercha son ennemy de tous costez, sans qu’il luy fût possible de le trouver. […] Que si en cela mesme la necessité les contrainct de ceder à leur ennemy, en tel cas ils ont moyen de rencontrer une espece de seureté en leur méfiance, et en leurs soings continuels, voire mesme il y en a qui n’ont trouvé le moyen de leur conservation que dans leur propre foiblesse ; Témoins plusieurs petits Princes souverains, qui pour la consideration du peu de pouvoir qu’ils ont, s’attaquent aux plus grands Roys, pource qu’il leur est aisé de se donner, ou de se mettre en la protection de quelque tiers, égal à leur ennemy. […] Et quant au second, il est d’autant plus veritable, qu’il se fonde sur l’espreuve journaliere, qui fait voir que les gents de peu se jettent plus hardiment dans l’extremité, que les mediocres ou que les grands, d’autant qu’ils ne trouvent point chez eux aucun espoir de consolation ou de vengeance.
Jamais le corps de l’animal Ne pût venir vers moy, ni trouver d’ouverture.
A l’heure dite il courut au logis De la Cicogne son hôtesse, Loüa trés-fort la politesse, Trouva le disner cuit à point.
A la fin se fâchant de n’en obtenir rien, Il vous prend un levier, met en pieces l’Idole, Le trouve remply d’or.
Laisse moy donc respondre à cét homme, et je le contenteray » : Xanthus se tournant alors vers le Jardinier ; « Mon amy », luy dit-il, « je trouve qu’il ne seroit pas bien seant, que moy qui ay disputé en tant de fameuses assemblées, m’amusasse maintenant à resoudre des difficultez en un Jardin ; Mais je m’asseure que mon garçon que voicy, te rendra raison de ce que tu desires sçavoir, si tu luy en fais la proposition. […] Alors Esope prenant la parole ; « Quand une femme », dit-il, « s’est remariée en secondes nopces, ayant des-ja des enfants de son premier mary, s’il arrive qu’elle en espouse un autre, qui en ait pareillement de sa premiere femme ; Elle est bien Mere des enfants qu’elle a amenez, mais marastre à ceux qu’elle a trouvé en la maison de son nouveau Mary : Elle monstre donc avoir une inclination bien differente, pour les uns et pour les autres.
Je ne trouve point de plus naïfve peinture de la coustume du siecle en toutes les autres Fables du Phrygien, que je fais en celle-cy, où il monstre par l’exemple de la Brebis, que l’innocence attire tousjours sur soy les outrages, et que plus elle est humble, plus elle est persecutée. […] Que si pour toutes ces raisons les foibles ne laissent point d’estre en butte à la persecution des plus puissants, en tel cas, pour les reduire à la patience, il leur faut representer la courte durée de nos jours, la justice de Dieu, qui ne laisse rien sans payement, l’égalité des conditions dans la tombe ; et bref la bonne fortune que ce leur est de trouver une occasion de meriter le Ciel, et d’estre imitateurs de la patience de leur Maistre.
Or le lièvre, éveillé par le bruit, prit la fuite ; et le lion, avant poursuivi le cerf au loin, sans pouvoir l’atteindre, revint au lièvre et trouva qu’il s’était sauvé lui aussi. « C’est bien fait pour moi, dit-il, puisque lâchant la pâture que j’avais en main, j’ai préféré l’espoir d’une plus belle proie. » Ainsi parfois les hommes, au lieu de se contenter de profils modérés, poursuivent de plus belles espérances, et lâchent imprudemment ce qu’ils ont en main.
Car nostre creance nous apprend, que Dieu est encore plus misericordieux que nous ne sommes meschants, et que le plus desesperé de tous les hommes, le trouve tousjours prest à son secours, si tant est qu’il implore sa bonté.
C’est pourquoy je trouve à propos d’y renvoyer le Lecteur, apres l’avoir adverty que les bestes mesmes ne sont pas ingrattes des biens-faits receus, et qu’il n’est point de bon office qu’on puisse nommer perdu, soit qu’on en espere la recognoissance sur terre, soit qu’on l’attende infaillible du Ciel.
Son champ ne s’en trouve pas mieux, Celuy de ses voisins fructifie et rapporte.