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2. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XIX. Des Grenoüilles, et de leur Roy. »

Les Grenoüilles estans en pleine liberté, prierent Jupiter de leur donner un Roy ; Mais luy se mocqua d’une si sotte demande : Ce refus neantmoins ne servit qu’à les rendre importunes ; De maniere que se voyant sollicité de plus en plus, il fût contrainct de leur accorder leur priere. […] Ne pouvant donc le recognoistre pour tel, elles importunerent Jupiter de leur en donner un autre qui fust vaillant. Jupiter leur donna la Cygogne, qui se pourmenant par les marescages, commença de tesmoigner sa valeur aux Grenoüilles, et en engloutit autant qu’elle en rencontra en son chemin. […] La Nature l’ayant donnée à ceux du premier âge, ne furent-ils pas bien mal-heureux de la laisser perdre, pour la seule dispute du tien et du mien, d’avoir esté obligez de chercher à leur convoitise des moderateurs, dont ils n’auroient jamais eu besoin, s’ils eussent demeuré dans les sacrées bornes de la mediocrité ? […] La seconde impertinence que remarque Esope en ces Grenoüilles, c’est le mescontentement qu’elles eurent de leur Roy ; voulant donner à entendre par là, que dés qu’un Estat a franchy les bornes de sa liberté, il doit cherir tous les Roys qui luy sont donnez de la main de Dieu, fussent-ils plus insensibles, ou plus stupides qu’une souche.

3. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — En quel temps Esope composa ses Fables. Chapitre XXV. »

La paix estant doncques faicte avecque les Samiens, il fut envoyé vers eux en qualité d’Ambassadeur du Roy de Lydie, qui luy donna des lettres, et le pouvoir d’en traicter. […] Il leut devant eux les lettres du Roy, par lesquelles il leur fit voir, comme par une autre sorte de liberté, qu’il leur avoit obtenuë, celle qu’ils luy avoient donnée n’aguere, estoit abondamment recompensée. […] Comme il s’en alloit ainsi par le monde, il arriva en Babilone, et y donna de si belles preuves de son sçavoir, qu’il se mit en faveur auprés du Roy Lycerus, qui le fit un des plus grands de sa Cour.

4. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 117 » p. 93

Après l’avoir reçue des autres, elle vint à la lime et la pria de lui donner quelque chose. « Tu es bonne, répliqua la lime, de croire que tu obtiendras quelque chose de moi : j’ai l’habitude, non pas de donner, mais de prendre de chacun. » Cette fable fait voir que c’est sottise de s’attendre à tirer quelque profit des avares.

5. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 140 » pp. 105-105

Mais l’homme déclara qu’il ne le ferait qu’à une condition, c’est que le cheval lui donnerait une partie des années qui lui étaient départies. […] L’homme répondit de même qu’il ne le recevrait pas, s’il ne lui donnait un certain nombre de ses propres années ; le bœuf en donna une partie et fut admis. […] Voici ce qui en est résulté : quand les hommes accomplissent le temps que leur a donné Zeus, ils sont purs et bons ; quand ils arrivent aux années qu’ils tiennent du cheval, ils sont glorieux et hautains ; quand ils en sont aux années du bœuf, ils s’entendent à commander ; mais quand ils achèvent leur existence, le temps du chien, ils deviennent irascibles et grondeurs.

6. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXVII. Du Chien, et de la Brebis. »

Je ne sçay quel enseignement donner aux Innocents, pour les mettre à couvert de l’oppression des faux tesmoins. […] Ce qu’Esope a fort bien donné à cognoistre, en faisant le Chien accusateur de la Brebis, bien que neantmoins il la deût proteger continuellement, estant destiné à cela par la coustume, et par la raison. […] D’ailleurs, les demons par la mesme raison qu’ils se font cognoistre à nous, donnent pareillement dequoy nous mesfier d’eux ; au lieu que ceux-cy ébloüyssent les Magistrats avec une feinte probité, et se servent de la foy humaine pour couper la gorge aux pauvres affligez, jusques à s’ayder du nom d’une Vertu, pour authoriser un crime. […] Dieu leur a donné presque autant de graces qu’aux gens de bien, et il leur promet les mesmes recompenses qu’à eux, pourveu qu’ils se convertissent : bref, il les a fait freres de ceux qu’ils calomnient, les conviant par là d’estre plustost charitables, que persecuteurs.

7. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — D’un seul grain de lentille qu’Esope fit cuire en un Pot, et de quelques autres choses facetieuses. Chapitre X. »

Apres donc que Xanthus se fust bien baigné avecque ses amis, ils les pria de prendre un mauvais disner, avecque protestation, qu’il n’y auroit point d’excés au festin qu’il leur feroit, et qu’il ne leur donneroit que des lentilles, adjoûtant pour compliment, qu’il ne falloit pas juger d’un amy par la diversité des viandes ; mais loüer plustost sa bonne volonté Comme ils fûrent donc sortis des estuves, et entrez en la maison de Xanthus ; « Esope », luy dit-il, « apporte-nous du bain ». Esope courut aussi tost prendre de l’eau du bain, et leur en donna : Mais Xanthus en eust à peine gousté, que n’en pouvant supporter la puanteur […] » « C’est de l’eau du bain », respondit Esope, « que tu as voulu que je te donnasse ». […] » luy dit-il, « ne donnes-tu point à laver ? 

8. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — V. La Chauvesouris et les deux Belettes. » p. 172

Une Chauvesouris donna teste baissée Dans un nid de Belette ; et sitost qu’elle y fut, L’autre envers les Souris de long-temps courroucée, Pour la devorer accourut. […] Elle fait si bien qu’on luy donne Liberté de se retirer.

9. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXV. Du Renard, trahy par le Coq. »

Est-il bien possible que nous ayons oublié nos actions jusques-là, que de ne nous souvenir plus du sujet que nous pouvons avoir donné à un homme, de se plaindre de nous ? […] Car nous devons avoir en l’ame un secret souvenir du tort que nous leur avons fait, qui nous deffend de nous en servir, de peur de les aigrir davantage, et de leur remettre en memoire les déplaisirs du passé, D’ailleurs, c’est une action toute pleine d’inconstance, et de fausse conduite, et cela s’appelle proprement traicter en amis ceux à qui nous avons donné sujet de ne le plus estre, puis que, selon Senecque, celuy-là oblige le plus, qui donne aussi le plus de moyen à l’autre de l’obliger.

10. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 232 » pp. 160-160

Comme il était hors d’état de se procurer à manger, il aperçut une brebis et la pria de lui apporter à boire de la rivière voisine. « Si tu me donnes de quoi boire, je trouverai moi-même de quoi manger. — Mais si je te donne de quoi boire, répondit la brebis, c’est moi qui ferai les frais de ton repas. » Cette fable vise le malfaiteur qui tend d’hypocrites embûches.

11. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 315 » p. 267

Quand le louveteau fut devenu grand, si parfois un loup enlevait un mouton, il lui donnait la chasse lui aussi, avec les chiens. […] Cette fable montre qu’un naturel pervers ne peut donner un caractère honnête.

12. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLVII. Du Singe, et du Renard. »

Le Singe voulant persuader au Renard de luy donner une partie de sa queuë, pour en couvrir son derriere, luy fit entendre que cela l’incommodoit par trop, au lieu que pour son regard il en tireroit ensemble de l’honneur, et du profit. […] L’autre sens qu’on peut donner à la Fable, c’est la reprehension des demandeurs impertinents, qui exigent de leurs amis beaucoup de choses indiscretement, quoy qu’à la verité il n’y en eût pas une d’elles qui le pût accommoder, et qui n’incommodast extrémement le donneur.

13. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXIII. D’un Homme qui avoit deux femmes. »

Quel divertissement peut donner à leurs vieux jours une personne qui ne leur est point agreable ? […] De plus, remettons-nous en memoire l’advis que nous donne à ce propos la Saincte Escriture, à sçavoir, « Que l’une des trois choses contre Nature, c’est le Vieillard amoureux ». […] Ceux qui se picquent d’estre sçavants en amour, mettent la meilleure partie de la felicité d’un Amant, à donner du plaisir à la chose aymée. […] Que si d’avanture ils rencontrent, comme j’ay supposé, une femme qui leur soit fidele, ils peuvent bien l’attribuer à la seule Vertu, mais non pas à son amour, puis qu’ils sont incapables d’en donner. […] D’ailleurs, quelle peine ne nous donnera point une telle femme, par des soupçons tous-jours violents, et la pluspart du temps legitimes ?

14. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope se justifie devant son Maistre, et luy fait voir qui avoit mangé les figues. Chapitre III. »

Elles luy furent tres-agreables pour leur beauté si bien qu’il s’advisa de les donner à l’un de ses valets, nommé Agatopus, pour les luy garder jusques à son retour des bains. Sur ses entre-faites, Esope s’en estant allé au logis pour quelques affaires, Agatopus sçeut prendre son temps, et donna ce conseil à l’un de ses compagnons : « Saoulons-nous », luy dit-il, « de ces figues : Que si nostre Maistre les demande, nous luy ferons accroire qu’Esope les aura mangées, et témoignerons nous deux contre luy. […] Mais enfin comme il apperçeut que des paroles on en vouloit venir aux coups, se jettant aux pieds de son Maistre, il le pria de se donner un peu de patience.

15. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XVIII. De l’Arondelle, et des autres Oyseaux. »

A la fin comme elle vid qu’il commençoit à meurir, elle leur donna conseil de s’en aller piller les bleds ; ce qu’ils ne voulurent faire, non plus que le reste. […] Icy la prevoyante Arondelle figure les fideles Conseillers, qui ne rencontrent point de foy parmy ceux qu’ils entretiennent encore qu’ils leur donnent de vrays et salutaires advertissements. […] Ce qu’Esope a fort judicieusement remarqué en la personne de l’Arondelle, qui voyant que les autres Oyseaux mesprisoient les profitables enseignements qu’elle leur avoit donnez, changea de party contre leur esperance ; Et se tournant du costé de l’homme, elle y trouva plus de satisfaction qu’avec ses premiers compagnons.

16. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 171 » pp. 125-125

La corneille conçut de la jalousie contre le corbeau, parce qu’il donne des présages aux hommes, qu’il leur annonce l’avenir et que pour cette raison il est pris à témoin par eux ; aussi voulut-elle s’arroger les mêmes privilèges. […] À sa voix, les voyageurs se retournèrent, effrayés ; mais l’un d’eux prenant la parole dit : « Allons, amis, continuons notre chemin : ce n’est qu’une corneille, ses cris ne donnent pas de présage. » Il en est ainsi chez les hommes : ceux qui rivalisent avec de plus forts qu’eux, non seulement ne peuvent les égaler, mais encore ils prêtent à rire.

17. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope découvre le derriere de sa Maistresse. Chapitre XX. »

Un peu apres Xanthus voulant donner à disner à ses escoliers, fist venir Esope, et luy commanda qu’il eust à tenir prest le festin. […] Mais comme il voulut mettre toutes ses provisions dans la salle, ayant trouvé sa Maistresse sur le lict, où elle s’estoit mise pour reposer, « Madame », luy dit-il, « si cela ne vous importune, vous prendrez garde, s’il vous plaist, que les chiens ne mangent ces viandes, tandis que je m’en retourneray à la Cuisine, pour y donner ordre au reste ». « Va t’en où tu voudras », luy respondit-elle, « et n’aye peur que la viande ne soit bien gardée ; car mon derriere a des yeux ».

18. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CVIII. D’un Oye, et de son Maistre. »

Pour verifier donc le second enseignement que ceste Fable nous donne, à sçavoir, que la precipitation des moyens empesche la fin d’une affaire, il ne faut que prendre garde à la contenance de ceux qui marchent trop viste parmy les ruës, qui sont les seuls que l’on voit broncher ordinairement. […] Car bien que ce soit une Vertu que de donner, elle ne l’est pas toutesfois, si l’on ne donne à propos, c’est à dire en temps et en lieu. […] Ce qui procede, à ne point flatter, des empeschements que nous cause la promptitude, et des avantages que leur donne la moderation.

19. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — XX. Le Coq et la Perle. » p. 503

Un jour un Coq détourna
 Une Perle qu’il donna
 Au beau premier Lapidaire.


20. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — X. Le Lion abattu par l’Homme. » p. 284

Un Lion en passant rabattit leur caquet,
 Je voy bien, dit-il, qu’en effet
 On vous donne icy la victoire :
 Mais l’Ouvrier vous a déçus,
 Il avoit liberté de feindre.


21. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Partement d’Esope, et son arrivée en Lydie. Chapitre XXIV. »

Il y eust jadis un homme, qui s’amusant à prendre des sauterelles, qu’il tuoit à l’instant, il prit aussi une Cigale, qu’il voulut tuer de mesme ; ce que voyant la Cigale, “ô homme”, luy dit-elle, “ne me donne point la mort : Je ne fais aucun dommage aux blez, et ne t’offence en chose quelconque ; au contraire je resjoüis les passans par l’agreable son qui se forme du mouvement de mes aisles : Tu ne trouveras donc rien en moy, que le chant”. […] Ces paroles d’Esope donnerent ensemble de l’admiration et de la pitié au Roy, qui luy respondit ; « ô Esope ce n’est pas moy qui te donne la vie, mais bien le destin.

22. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — II. Les Membres et l’Estomach. » p. 130

Elle reçoit et donne, et la chose est égale.
 […] Maintient le Laboureur, donne paye au soldat,
 Distribuë en cent lieux ses graces souveraines,
 Entretient seule tout l’Estat.


23. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — La response d’Esope à un Jardinier. Chapitre IX. »

Car ce que tu viens de dire, que toutes choses sont gouvernées par la Providence Divine, est l’ordinaire solution, que donnent les Sages. […] Comme au contraire elle a de l’aversion, pour les enfans d’autruy, et par je ne sçay quelle envie, elle retranche de leur nourriture, pour la donner aux siens propres, qu’elle cherit comme ses creatures, et hayt les enfans de son Mary, comme estrangers. […] Il ne faut donc pas t’estonner si elle nourrit, comme une chose legitime, ce qui est sien, et si l’entretenant mieux, elle ne donne pas tant d’aliment aux plantes que tu prends la peine de cultiver, pource qu’elle les tient pour bastardes ».

24. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXIX. De la Grenoüille, et du Renard. »

» En effet, ce trait de raillerie que luy donna le Renard, ne fut pas mauvais : car la Grenoüille a les lévres de couleur bleüe, et toutes flestries. […] C’est donner trop de prise à une vanité, que de joüer un faux personnage pour elle : C’est tout ce que les Vertueux feroient pour la possession d’un bien plus solide, et plus convenable à leur humeur. Aussi, sans mentir, ceste ardente soif que nous avons des loüanges, s’augmentent à mesure qu’on nous les donne ; D’ailleurs, ce qu’il y a de pire, c’est que pour les acquerir, le déguisement de nostre personne nous couste des complaisances et des contrainctes dignes de pitié.

25. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXIX. Du Loup, et du Renard. »

C’est elle-mesme qui a donné la source aux plus grandes inimitiez du monde, qui a mis mal le pere avec les enfants, la fille avecque la mere, et bref qui a comblé tout l’Univers de misere et d’inconuenients. […] Les Tyrans de Sicile n’ont jamais inventé de tourments semblables à ceux qu’elle nous donne ; De sorte que le Poëte Martial en conseillant à ses Envieux de s’aller pendre, sembloit user d’un charitable advis envers eux, pource qu’il n’y a point de mort plus cruelle que la violence de ceste peste : Aussi a-t’elle tous-jours esté si fort en horreur aux honnestes gents, qu’à peine trouverons-nous un Autheur qui ne l’ayt peinte si odieuse, que Tisiphone mesme paroistroit aymable auprés d’elle. […] Ils la font pasle, et tremblante comme la faim, meurtriere comme la Parque, maigre comme la Phtisie, affreuse comme la Mort, injuste comme l’Ambition, et surveillante comme l’Avarice : Bref, ils luy donnent à elle seule tous les defauts et toutes les laideurs que pourroient avoir les autres pestes mises ensemble. Au reste, ils tiennent que ses entrailles sont à demy rongées, et que toutesfois elles renaissent tous-jours ; Par où ils donnent à entendre l’étrange opiniastreté de ce tourment qu’ils nous figurent par le supplice du Geant Titius, à qui un Vautour ronge sans cesse le cœur. Or ce qu’ils nous representent ce corps énorme et prodigieux, de l’étenduë de neuf arpents de terre, c’est affin de nous donner à cognoistre le grand pouvoir que ceste Fureur a dans le monde, et combien elle y est amplement establie.

26. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 41 » pp. 17-17

camarade, si ce n’était pas ton intérêt, tu ne nous aurais pas donné ce conseil. » Cette fable convient à ceux qui donnent des conseils à leur prochain, non par bienveillance, mais par intérêt personnel.

27. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 86 » pp. 53-53

Il avait beau les exhorter : ses paroles étaient impuissantes à les faire changer de sentiments ; aussi résolut-il de leur donner une leçon en action, Il leur dit de lui apporter un fagot de baguettes. Quand ils eurent exécuté son ordre, tout d’abord il leur donna les baguettes en faisceau et leur dit de les casser. […] Alors il délia le faisceau et leur donna les baguettes une à une ; ils les cassèrent facilement. « Eh bien !

28. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — XIV. Le Lion devenu vieux. » p. 481

Le Cheval s’approchant luy donne un coup de pied, 
Le Loup un coup de dent, le Bœuf un coup de corne.


29. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXV. De la Nourrice, et du Loup. »

La Louve le voyant donc de retour, luy demanda où estoit la proye. « Il n’y en a point », respondit le Loup extrémement triste, « car la Nourrice qui promettoit de me livrer son Enfant s’il pleuroit, ne m’a donné que des paroles, et m’a trompé meschamment ». […] Pour cela mesme ils luy donnent la Lune pour modelle, et veulent qu’elle en tienne plus que d’aucun Astre. […] De là vient premierement le blâme universel, qu’on leur donne d’estre infideles, et coupables d’inconstance, comme le remarque un des plus fameux Poëtes de l’Antiquité. […] Car quant aux contes que l’on nous fait de Thisbé, de Philis, de Didon, et de quelques autres, ce sont des choses que je tiendray tousjours pour estre sujettes à caution, jusqu’à ce qu’on m’en ait donné des asseurances, et croiray cependant que ce n’est pas estre advisé d’adjouster foy aux paroles d’une femme, si on ne la connoist bien, ce qui me semble tresdifficile.

30. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « AU LECTEUR. Sur le sujet des Fables. »

J’avois eu quelque dessein de vous donner un discours plus ample que celuy-cy, touchant la cognoissance universelle des Fables ; mais je me suis advisé depuis de le reduire en sommaire, afin d’eviter le blasme d’amplifier inutilement une chose assez cognuë par les longs traictez que les Autheurs en ont faits. […] Mais à l’esgard de ce qu’elle vivifie et regit les creatures d’icy bas, subjettes à une continuelle révolution, ils luy donnent le nom de Neptune ; et celuy de Pluton, qui est le Dieu des Richesses, en tant qu’elle agit à la production des metaux et de la pierrerie. […] Il y a une autre sorte de Fables à qui l’on peut proprement donner un sens tout à fait moral, comme à celle de Narcisse, qui ravy de sa propre beauté, trouva la cause de sa mort dans la belle source où il se miroit, et fut depuis transformé en une Plante appellée de son nom. […] De la derniere espece de Fables, à qui l’on peut donner un sens Speculatif et moral, est celle de Venus et de Mars, que le jaloux Vulcan prit dans ses filets, et rendit ainsi sa honte publique à la face de tous les Dieux, comme le raconte le Poëte Homere. […] Je vous les donne de nouveau traduittes, et augmentées de discours Moraux, Philosophiques, et Politiques, où si vous trouvés quelques defauts, comme je n’en doute point, vous m’obligerez extrémement de les excuser.

31. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « A MONSEIGNEUR. MOROSINI, AMBASSADEUR. ORDINAIRE DE LA. SERENISSIME REPUBLIQVE. DE VENISE, PRES DE SA MAJESTÉ. TRES-CHRESTIENNE. »

Vous l’estes, Monseigneur , de la plus florissante de toutes les Republiques ; et cela suffit pour donner à connoistre ce que vous valez dans cette Charge eminente. […] La verité le fait advoüër ainsi, quand elle publie, qu’avec ce que Vous estes d’une Maison des plus Illustres de la Republique à qui elle a donné des Evesques, des Chevaliers, et des Senateurs ; C’est encore une chose comme fatale à ceux qui en sont sortis, d’estre nés aux grandes Negotiations, où ils ont accoustumé de reüssir auec advantage. […] Ce n’est sans doute qu’à ces Nestors, et à ces Cynees, qui veillent à sa conservation ; et qui sçavent parfaitement comme vous l’Art de gouverner les Peuples ; Ce qu’asseurement ils ont appris, ou de l’Experience, ou de la lecture des bons Livres, tels que celui-cy, qui en donne ingenieusement les preceptes. […] Ainsi, Monseigneur , ie ne doy point creindre que tous ces ornemens joints ensemble, ne vous rendent plus divertissante l’explication que je donne aux Allegories de cét Esclave illustre, qu’elles affranchissent de la Tyrannie du Temps, en le faisant tous les jours revivre. […] La mienne, Monseigneur , ne sçauroit estre que fort petite, à l’égal de la faveur que vous me faites, d’avoir agreable qu’un Nom si celebre que le vostre, serve de parure et d’enrichissement au frontispice de cét Ouurage ; Ce qui me donne esperance, que vous aurez assez de bonté, pour agreer de mesme qu’en vous presentant des Fables, je vous témoigne veritablement que je suis MONSEIGNEUR, Vostre tres-humble, et tres-obeïssant serviteur J.

32. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXVI. Du Cheval, et du Lion. »

Herode tout de mesme donna plus de preuves de sa ferocité dans le lict de la mort, qu’il n’en avoit donné auparavant, jusques à faire égorger son propre fils Antipater, et à commander serieusement, qu’à son heure derniere l’on fist un massacre general, pour obliger tous ceux de la Ville à pleurer, en les interessant par leur propre perte. […] Par le déguisement du Lion en Medecin, nous est donnée une sage instruction de prendre garde aux aguets de nos Ennemis, et nous mesfier principalement des personnes, qui empruntent contre leur ordinaire, le masque de leur feinte pieté.

33. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope instruit Ennus, et luy donne des preceptes pour vivre en homme de bien. Chapitre XXVII. »

Esope instruit Ennus, et luy donne des preceptes pour vivre en homme de bien. […] Saluë volontiers ceux que tu rencontres, et te represente que la queüe du chien donne du pain à son Maistre.

34. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CV. Du Laboureur, et du Taureau. »

Ces Indiscrets font gloire de choquer à tout propos ceux qui leur donnent de bons advis, et s’opposent aussi-tost à la douceur qu’à la rudesse. […] Sans doute, si nous estions tant soit peu sensibles aux salutaires advis qu’il nous donne, nous aurions tous-jours l’esprit comblé de consolations, et ne tomberions jamais dans les fautes qui nous arrivent par nostre incredulité.

35. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope ne laisse entrer qu’un seul de tous ceux que son Maistre avoit conviez. Chapitre XXI. »

nostre Maistre (luy dirent-ils) t’avons nous donné sujet de nous mespriser jusques à ce poinct, qu’il ait fallu, que pour nous empescher d’aller chez toy, tu ayes mis à la porte ce puant Esope, pour nous injurier, et nous appeller chiens ?  […] » « Non pas que je pense », repartit Esope, « du moins ils ne m’en ont donné aucune preuve : Car lors qu’ils ont heurté à la porte, et que je leur ay demandé, Que remuë le chien ?

36. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLIV. De la Forest, et du Paysan. »

Ainsi voyons-nous que les Peres, pour donner trop de commoditez à leurs enfants pendant la fougue de leur jeunesse, travaillent contre leur propre repos. […] C’est là que le moindre advis qu’on donne est serieusement profité, où les paroles que l’on exige font autant de pieges pour surprendre celuy qui les dit, et où la cognoissance qu’on a prises des forces d’un Estat, pendant la bonne intelligence, sert à sa ruyne, dés que les interests sont partagez.

37. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXIV. De l’Asne, et du Loup. »

Le Loup se mit incontinent à luy rendre ce bon office ; mais il eust à peine arraché l’espine, que l’Asne ne sentant plus de douleur, luy donna un si grand coup de son pied, qui estoit ferré, qu’il luy rompit le front, le museau, et les dents, puis il s’échappa bien viste. […] Ainsi pourroit-on bien renvoyer à leur mestier beaucoup d’hommes impertinents, sans se donner la peine d’ouyr les extravagances qu’ils nous estallent.

38. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXVII. De deux Escrevices. »

Les raisons theoriques cedent en force aux experimentales : l’on ne sçauroit tant donner de foy aux paroles, qu’à la chose mesme. […] Cela estant, et le Pere et la Mere sont doublement coûpables, quand ils donnent un mauvais exemple à leurs Enfans, pource qu’ils jettent alors les fondements de leur future ruyne, et pervertissent leur innocence en leurs plus tendres années, ce qui est une chose du tout barbare et dénaturée.

39. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXV. De la Chauue-souris, et du Buisson, et du Plongeon. »

Par le Plongeon il represente le Voluptueux, qui donne tout à ses sens, et se lance teste baissée dans des fleuves de delices, dont il est mal-aisé de le tirer. […] Ce fondement supposé, nous avons eu raison de dire, qu’en tous les Estats, où l’administration des affaires est donnée aux Stupides, aux Voluptueux, et aux Avares, il ne se peut faire qu’il n’y arrive du desordre, ou de la ruyne, et que leurs entreprises ne soient aussi malheureuses que celles du Buisson, de la Chauve-souris, et du Plongeon, assemblez pour le mesme commerce.

40. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXI. Du Larron, et du Chien. »

Au contraire, ceux qui conservent avecque fidelité les Places qui leur sont commises, acquierent un honneur immortel en la memoire des hommes, outre la recompense des charges, et la propre satisfaction que leur donne la Vertu. […] Ce fut elle qui corrompit la fidelité de Procris, qui jusques alors avoit esté reputée la femme la plus chaste de son âge ; Elle qui fit retarder la course d’Attalante, et donna moyen à Hippomene de l’espouser ; Elle qui a tant fait perdre de Villes imprenables, et tant fait changer de Maistres aux plus florissants Royaumes, jusques là qu’un grand Prince avoit raison de dire, qu’il n’y avoit point de Place imprenable, s’il y pouvoit entrer un mulet qui fût chargé d’or. […] Ce Chef l’ayant deffendu pour Scanderbeg, avec une vigilance et une valeur parfaicte, fut convié par ce Prince à luy laisser ceste Place de son bon gré, sous les plus avantageuses conditions qui se pouvoient faire à un homme de qualité, à sçavoir de le rendre le plus grand de sa Cour, de luy donner à commander ses Armées, et des possessions terriennes en abondance.

41. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE L. Du Renard, et des Chasseurs. »

Tesmoin Prusias, Roy de Bythinie, qui voulut rendre Annibal aux Romains contre la parole qu’il luy avoit donnée, sur le simple commandement qu’il en receut de la part du Senat. […] Ce pauvre homme tout effrayé se jetta d’abord aux pieds de cette personne, et la pria tres instamment de luy sauver la vie ; Ce que la Dame luy ayant accordé, elle luy donna la clef d’un cabinet pour se cacher dedans, en attendant qu’il peust eschapper à la faveur des tenebres. […] Car quelle apparence y auroit-il qu’une meschante action demeurast cachée, puis que Dieu a donné pour une des punitions du crime, l’execration universelle des gens de bien ?

42. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Description du corps, et de la vivacité de son esprit. Chapitre II. »

Car il avoit la teste poinctuë, le nez plat, le col court, les lévres grosses, et le teinct noir, d’où luy fust donné son nom, car Esope signifie le mesme qu’Ethiopien.

43. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — VII. La Lice et sa Compagne. » p. 480

Ce qu’on donne aux méchans, toûjours on le regrette.

44. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — VII. Le Satyre et le Passant. » p. 35

Puis sur le mets qu’on luy donne Delicat il souffle aussi ; Le Satyre s’en étonne : Nostre hoste, à quoy bon cecy ?

45. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 199 » pp. 140-140

Un lion s’étant épris de la fille d’un laboureur, la demanda en mariage ; mais lui, ne pouvant ni se résoudre à donner sa fille à une bête féroce, ni la lui refuser à cause de la crainte qu’il en avait, imagina l’expédient que voici. Comme le lion ne cessait de le presser, il lui dit qu’il le jugeait digne d’être l’époux de sa fille, mais qu’il ne pouvait la lui donner qu’à une condition, c’est qu’il s’arracherait les dents et se rognerait les griffes ; car c’était cela qui faisait peur à la jeune fille.

46. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXII. D’un Enfant, et de sa Mere. »

Elle fit à l’instant un grand cry, pour l’extrême douleur qu’elle sentit, ce qui fût cause, que ceux qui menoient le larron au supplice l’ayant voulu blâmer, non seulement de ses voleries, mais aussi de sa cruauté envers sa Mere ; « Messieurs », leur dit-il, « ne vous estonnez point si j’ay arraché l’oreille à celle qui m’a mis au monde, puis qu’elle est cause que l’on m’en oste aujourd’huy ; car si elle m’eust bien châtié la premiere fois que je luy apportay le livre que j’avois dérobé à mon Compagnon, cela m’eust donné de la crainte, et m’eust empesché de commettre aucun larcin à l’advenir : de maniere que je ne serois point mené maintenant à une mort si honteuse ». […] En effet, quelques gents de conscience que soient les grands Princes, il faut necessairement qu’ils soient issus d’un Usurpateur ; ou, si vous voulez, d’un injuste Conquerant, puis que la Loy de Nature n’a point donné d’avantage à l’un, plustost qu’à l’autre. […] Cependant, Dieu sçait avec quelle rage ils maudissent la negligence de leurs parents, qui de leur costé sentent une peine insupportable en leur ame, et se repentent tout de bon, ou d’auoir donné l’estre à ces miserables, ou de les avoir si dépourveus de conduitte et de bonne nourriture.

47. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — De quelle façon Esope nourrit, et dressa quatre Poussins d’Aigle. Chapitre XXVIII. »

Ceste responce donna de l’admiration au Roy, qui luy offrit de grands dons. […] Elles s’esleverent incontinent, et lors que ces Maistres ouvriers se virent bien haut, ils se mirent à crier ensemble ; « Donnez nous des pierres, donnez nous de la chaux, donnez nous du bois et tels autres materiaux propres à bastir ». […] Depuis estant de retour en Babylone, il raconta de poinct en poinct à Lycerus tout ce qu’il avoit fait en Egypte, et luy donna le tribut que Nectenabo luy envoyoit ; Pour recompense dequoy, Lycerus luy fit ériger une statuë d’or.

48. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 149 » p. 195

Puis s’apercevant peu à peu que la bête n’avait pas de colère, ils en vinrent à la mépriser au point de lui mettre une bride et de la donner à conduire à des enfants.

49. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 196 » p. 334

Il se fit sous son règne une assemblée générale des animaux, en vue de recevoir et de se donner mutuellement satisfaction, le loup au mouton, la panthère au chamois, le tigre au cerf, le chien au lièvre.

50. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 295 » p. 162

Épouvantée de cette prédiction, elle fit construire une arche très grande et l’y enferma, pour l’empêcher d’être tué par un corbeau ; et tous les jours, à des heures déterminées, elle l’ouvrait et donnait à l’enfant la nourriture qu’il lui fallait.

51. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — D’un fardeau, dont Esope se chargea. Chapitre VI. »

Esope se mit alors à les prier de luy donner le moins pesant, comme à celuy qui pour n’avoir esté vendu que depuis peu, n’étoit pas encore bien accoustumé à tels services. […] Par ceste action il appresta d’abord à rire à ses compagnons, qui dirent de luy, qu’il n’y avoit rien de plus sot, que cét homme de neant, et qu’il le faisoit assez paroistre, en ce qu’apres les avoir requis de luy donner le fardeau le moins pesant, il avoit neantmoins choisi celuy qui l’estoit le plus.

52. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXIV. D’un vieil Chien, et de son Maistre. »

Là les maladies, et la pauvreté les accueillent de toutes parts, outre les inquietudes et les défauts que donne à leur Esprit une servitude perpetuelle. […] Les hommes ne peuvent doncques mieux faire que de s’appliquer au service d’un seul Dieu, qui n’est point inégal en ses affections, et qui nous donne plus de contentement en la vieillesse qu’aux autres âges, pource qu’en celuy-cy nous sommes plus à la veille de nous approcher de luy.

53. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLI. Du Cerf, et du Chasseur. »

Le principal avantage que t’a donné la Nature ne consiste pas en cela : C’en est bien un plus grand pour toy, d’avoir la legereté de tes jambes. Tu verras bien-tost à quel poinct sont empeschants ces grands Andoüillers dont tu te vantes, et par mesme moyen tu donneras une belle instruction aux hommes, de ne mettre leur avantage en la vaine monstre des grandeurs et des richesses, mais en la tranquilité de leur ame.

54. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXII. Du Chat, et du Coq. »

Cela procede en effect, de ce que toute Vertu a tous-jours deux Vices qui la costoyent, si bien qu’estant assise entre l’un et l’autre, elle donne moyen aux meschants, ou de luy imposer le nom des Vices, ou de leur donner le sien propre, pour colorer une meschante action.

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