Le galand aussi-tost Tire ses gregues, gagne au haut, Mal-content de son stratagême ; Et nostre vieux Coq en soy-mesme Se mit à rire de sa peur : Car c’est double plaisir de tromper le trompeur.
Tu ressembles aux naturels Malheureux, grossiers, et stupides : On n’en peut rien tirer qu’avecque le bâton.
Comme il allait tomber dans un précipice, l’ânier, le saisissant par la queue, essaya de le faire retourner ; mais comme l’âne tirait vigoureusement en sens inverse, l’ânier le lâcha et dit : « Je te cède la victoire : car c’est une mauvaise victoire que tu remportes. » La fable s’applique au querelleur.
» « Ce n’est pas maintenant le temps de jaser », repliqua le Renard : « quand tu m’auras tiré d’icy, je te raconteray le tout par ordre ».
Il n’y a pas beaucoup à dire sur le sujet de ce Pescheur, sinon que toutes choses ont bonne grace faites en leur saison, et qu’au contraire elles sont déplaisantes et importunes, quand on les tire de leur assiette naturelle, pour les transferer à d’autres usages.
La Vieille n’avoit point de plus pressant soucy Que de distribuer aux Servantes leur tâche Dés que Thetis chassoit Phœbus aux crins dorez, Tourets entroient en jeu, fuseaux estoient tirez, Deçà, delà, vous en aurez ; Point de cesse, point de relâche.
De son étuy la couronne est tirée.
Si l’on tombe dans le malheur, il faut prendre soi-même de la peine pour s’en tirer, et seulement alors implorer le secours de la divinité.
Or adieu, j’en suis hors : Tasche de t’en tirer, et fais tous tes efforts ; Car pour moy, j’ay certaine affaire, Qui ne me permet pas d’arrester en chemin.
Il s’en empara, et pour en tirer une ample vengeance, il lui attacha à la queue de l’étoupe imbibée d’huile, et y mit le feu.
De ceste Fable, il s’en peut tirer plusieùrs sens Moraux, dont le plus judicieux, et le mieux appliqué, c’est, à mon advis, celuy de ne hanter jamais qu’avec nos semblables, principalement si nous vivons en une estime loüable, et qui soit nette de tout soupçon.
Le Daufin rit, tourne la teste, Et le Magot consideré Il s’apperçoit qu’il n’a tiré Du fond des eaux rien qu’une beste.
Aussi est-il vray que des divers personnages que cet Autheur leur fait joüer si plaisamment sur ce theatre, j’ay tiré de riches secrets de la Nature, de la Morale, et de la Politique ; comme vous verrez dans les Discours que j’ay formez là dessus selon l’occurrence des matieres. Je vous les dedie, MONSIEUR, pour y estre porté naturellement par la grande inclination que j’ay à vostre service, et pareillement pource qu’elles tireront leur plus beau lustre de celuy de vostre Nom.
répliqua le jeune garçon, tire-moi d’affaire tout de suite ; plus tard, quand tu m’auras sauvé, tu me feras des reproches. » Cette fable s’adresse aux gens qui fournissent contre eux-mêmes des raisons de les maltraiter.
Or contre ces marques de tyrannie, il me semble que les pauvres n’ont point de remede, que la patience ; parce que les assistances humaines venant à leur défaillir, ils ne doivent tirer leur satisfaction que de la seule Vertu, et s’attendre à l’espoir d’une meilleure vie, où nul n’est riche, nul n’est puissant ; mais tous les hommes relevent de mesmes loix, et subissent avec égalité les jugements de l’Eternel.
Ce qui m’arrive là jette la discorde dans mon âme : elle aime l’or, mais elle craint l’œuvre qu’on a tirée de l’or ; le désir me pousse à la saisir, mon caractère à m’abstenir.
La sotte crainte des Liévres, qui s’alloient precipiter, pour se tirer de la peine où ils s’estoient mis, represente la foiblesse de ceux qui meurent de peur de mourir, et s’abandonnent à des maux certains, pour n’esviter que l’effect de leurs soupçons.
Durant ces choses, Esope voyant qu’il n’y avoit point de subtilité qui fust capable de le tirer d’un si grand mal-heur, tout ce qu’il pouvoit faire pour son allegement, c’estoit de se plaindre dans la prison : Ce que voyant un de ses amis, qu’on appelloit Damas, il luy demanda la cause de sa plaincte, qu’Esope luy fit cognoistre en ces termes. « Une femme », dit-il, « ayant depuis peu ensevely son mary, s’en alloit tous les jours à son tombeau, qu’elle arrosoit de ses larmes : Il arriva cependant qu’un certain paysan, qui labouroit la terre assez prés de là, fust surpris de l’amour de ceste femme : ce qui fut cause que delaissant et bœufs et charruë, il s’en alla droict au tombeau ; où s’estant assis, il commença de pleurer comme elle. […] J’en fay de mesme », conclud Esope, « et ne me feints point en mes regrets : Car m’estant sauvé cy devant de plusieurs dangers, je ne voy point qu’il y ait moyen de me tirer de celuy-cy, et n’attends d’aucun lieu la delivrance de mon mal ».
Tout travaille pour elle, et reciproquement Tout tire d’elle l’aliment.
Tenez donc ; voicy deux buchetes ; Accommodez-vous, ou tirez.
Car il nous fait voir par espreuve, que sans se mettre en peine de chercher à persuader autruy, ny par les définitions, ny par les raisonnements, ny mesme par les exemples tirez de l’Histoire des siecles passez, il sçait si bien gagner les cœurs de ceux qui l’écoutent, en les instruisant comme il faut, et les instruire parfaictement par de simples Fables, que des creatures raisonnables auroient grande honte d’entreprendre, et de faire des actions pour lesquelles, ny les oyseaux, ny les autres animaux n’ont aucun instinct, et qu’ils ne voudroient pas mesme avoir faites : Comme au contraire, ceux qui auroient tant soit peu de raison, rougiroient sans doute de ne s’adonner pas aux choses honnestes, ausquelles il feinct plusieurs bestes brutes s’estre de leur temps fort sagement employées ; et ainsi les unes avoir évité d’extrêmes dangers qui les menaçoient, et les autres en avoir reçeu beaucoup de profit en leur besoin.
La chauve-souris réplique qu’elle-même n’était pas un oiseau, mais une souris, et elle s’en tira par ce moyen.
Ceste Beste proche de son accouchement, refuse de fort bonne grace l’assistance du Loup, qui ne luy peut estre, ny agreable, ny utile ; donnant à entendre que la meilleure ayde que nous pouvons tirer d’un meschant, c’est de ne le point voir, quand mesme il nous pourroit estre proffitable d’ailleurs.
D’abord nostre Trio s’en tire avec succés.
Aussi fust-ce pour cela qu’au temps des anciens Roys de France, et de la grand’ Bretagne, les Ordres de Chevalerie furent inventez, à sçavoir pour secourir les affligez, empescher l’oppression des pauvres, et les violements des filles ; tirer reparation des injures, délivrer les esclaves, et faire mille autres actions memorables, qui servoient de but à la gloire de ces vaillants Paladins. […] N’est-ce pas luy qui a tiré son peuple de la servitude des Babiloniens, et du joug de Pharaon ?
Elle est toutesfois plus proprement appliquée à la Volupté, qui fait coustume de plonger les hommes dans les delices, c’est à dire de les engager dans des labyrinthes, d’où il leur est impossible de se tirer.
Si nous avons eu assez de malice pour l’offenser, à quel propos luy voudrons-nous imputer assez de probité pour n’en tirer sa revenche ?
« Pource », respondit Esope, « qu’on a accoustumé de tirer le laict à la Brebis, et de luy tondre la laine, ce qui est cause qu’elle suit paisiblement, et se laisse prendre par les pieds, ne se doutant point qu’on luy vueille faire du mal, ny qu’elle doive rien endurer plus que l’ordinaire. Il n’est pas ainsi d’une Truye, qui n’est ny tirée, ny tonduë ; joint que l’on n’a pas accoustumé de la traisner à de semblables choses.
Il luy a dit luy-mesme ce qu’il falloit, pour l’asseurer, et luy a tesmoigné son mespris par la moderation de sa colere : En cela semblable aux grands courages, qui n’aspirent qu’aux vengeances malaisées, et ne se resolvent pas librement à tirer raison d’une personne lasche, et mal estimée. […] Que si l’on verse de l’eau en une quantité plus mediocre, et presque aussi grande que l’embrasement, alors le feu semblera tirer des forces de soy mesme, et s’aigrir contre son ennemy.
Mais quand ils eurent tiré la seine sur le rivage, ils y trouvèrent peu de poisson : c’étaient des pierres et autres matières qui la remplissaient.
Que le Lecteur en tire une moralité.
Ceux qui ont creu l’Esprit des Brutes capable de quelque raison, n’ont jamais asseuré qu’il le fût à la perfection de nostre espece, c’est à dire jusques à pouvoir nettement tirer une consequence apres deux propositions, et juger qu’elle se fait par un acte de l’entendement, qu’ils appellent une reflexion. […] Comme on luy eust donc commandé quelque chose extrémement difficile, à sçavoir de tirer un Vaisseau eschoüé contre la gréve, il s’efforça d’obeyr avec une grande docilité. […] L’Elephant la rapporta tout aussi-tost à son Maistre, qui au premier service qu’il en voulut tirer, cognût par espreuve que l’eau s’en alloit de mesme qu’auparavant. […] Ce passage mesme de David, où il est dit que les Cieux racontent la gloire de leur Createur, peut contribuër à ceste opinion, avec une infinité d’autres preuves tirées de l’Escriture. […] C’est donc la Prudence qui nous tire des dangers : Elle qui conduit nos entreprises à une heureuse fin : elle qui fait les Loix, et les Legislateurs, qui rend heureux les Amants, et qui favorise les Guerriers.
Mais de tous les maux qu’endurent les vieux serviteurs, le plus grand, et le plus déplorable, à mon advis, c’est le mespris qu’en fait la pluspart du temps un mauvais Maistre, qui apres avoir eu leur jeunesse, et tiré d’eux tous les services dont ils ont esté capables ne les regarde sur le declin de leur âge, que comme des Creatures inutiles, ou si vous voulez, comme des fardeaux tres-pesants, et tres-ennuyeux.
La mesme consequence que l’on tire pour rendre l’Histoire suspecte de flatterie, quand on parle de ses amis, ou de sa nation, la peut aussi faire accuser de malignité, quand on met en jeu les Ennemis de sa Patrie, ou mesme les siens propres. […] Car ils les puisent dans les memoires escrits de ce temps-là mesme auquel elles sont arrivées, ou pour le moins ils les prennent dans des Livres qui en sont tirez.
L’homme le ramassa et s’écria : « Tu as l’esprit à rebours, à ce que je vois, et tu es un ingrat ; car, quand je t’honorais, tu ne m’as point aidé, et maintenant que je viens de te frapper, tu me réponds en me comblant de bienfaits. » Cette fable montre qu’on ne gagne rien à honorer un méchant homme, et qu’on en tire davantage en le frappant.
Le Jardinier fort satisfait de ceste response, « Croy-moy », luy dit-il, « tu m’as tiré d’une grande peine par ce raisonnement.
En suitte de tout cecy, apres qu’ils se furent assis à table, et que Xanthus eust demandé si la lentille estoit cuite, Esope prit la Cueiller, et tira du pot un seul grain, qu’il leur servit, Xanthus la prit à mesme temps, et sur la creance qu’il eust d’abord, qu’Esope ne luy avoit presenté ce grain tout seul, que pour voir s’il estoit cuict, l’ayant froissé du bout des doigts ; « Apporte », dit-il, « la lentille, elle est assez cuite ».
Les autres ne manquent pas d’estre auprés de luy, pour tirer raison des violences de sa jeunesse.
Icy se void une peinture des artifices humains, dont nous avons tous les jours l’original devant les yeux ; C’est à sçavoir, que pendant la contention de deux personnes, une tierce vient à jouyr du prix de leur contestation, et tire toute seule l’avantage de la querelle des autres.
Quant à la troisiesme consideration que je tire de ceste Fable, c’est l’extravagance des Fanfarons, qui s’esloignant du lieu de leur azyle, ou par mesgarde, ou sous esperance de trouver un ennemy fuyant, ou d’estre separez en leur combat, succombent laschement sous l’effort de celuy qu’ils ont mal traicté, et se laissent battre sans deffence.
Alors le chien : « Ô loup, dit-il, si à partir d’aujourd’hui tu me vois dormir devant la ferme, n’attends plus de noces » Cette fable montre que les hommes sensés, quand ils se sont tirés d’un danger, s’en gardent toute leur vie.
Or pour transferer aux hommes ce fabuleux exemple des animaux, et tirer quelque avantage de l’instruction de nostre Phrygien ; comme ce n’est pas le tesmoignage d’une vertu heroïque, de signer une imposture contre soy-mesme pour la crainte d’une violence, aussi n’est-ce point une meschanceté que de la refuser, en alleguant la contraincte dont l’on a usé, pour nous faire avoüer debiteurs.
Il cherchoit de toutes parts pour se les faire tirer, et imploroit le secours des uns et des autres ; mais pas un ne le vouloit assister, et tous ensemble disoient, que son mal estoit une juste recompense de sa gourmandise.
Ce fut en vain toutesfois, pource que Jupiter ne les voulut plus ouyr ; C’est pour cela qu’elles se plaignent encore aujourd’huy : car sur le soir quand la Cygogne se va coucher, elles se tirent du Marest, et par leurs coassements, murmurent je ne sçay quoy d’effroyable.
Cela fait, elle laissa son Ennemy en une rage mortelle, et se sauva dans la Ruche, que l’Ours s’advisa de rompre s’imaginant par ce moyen d’avoir tiré raison de l’injure qu’il venoit de recevoir.
Mais il arriva que celuy-cy, par une extrême ingratitude, fust cause de sa condemnation, et le reduisit à tel poinct, qu’il demeura long-temps enfermé dans un sepulchre, à la maniere des morts, jusques à ce qu’on eust encore besoin de son sçavoir, et que par ce moyen il fust tiré vivant hors du tombeau.
Il faut donc du moins, que les mauvais traictemens que nous recevons des hommes, nous laissent quelque sorte d’instruction, et que nous tirions cét avantage de nostre mal, d’avoir acquis le secret de n’y retomber jamais Autrement, ce seroit une chose impertinente que le pardon, si en suitte de cela il nous falloit tous les jours exposer à nos déplaisirs.
Car il ne feint point que l’Aigle, victorieuse des animaux terrestres, se soit employée à tirer une sanglante vengeance de l’infidelle Chauve-souris, comme voulant dire qu’une ame noble et genereuse, ou ne se vange point, ou ne se vange qu’avecque peril.
Le Renard et le Bouc ayans grande soif descendirent dans un Puis, où quand ils eurent bien beu, il ne fût plus question que de s’en tirer.
Voylà comment on s’est mis à tirer vanité du crime, et à faire passer pour belles et loüables des actions sanguinaires et forcenées.
La malice des Enfants se verifie, et par la journaliere experience que nous en faisons, et par une raison naturelle, qui est tirée de la facilité de cét âge.
Nenny certes : C’est pourquoy j’ay à te prier, que pour me tirer de cét embarras, en me faisant gaigner la gajeure, ou en rompre le pacte, tu vueilles employer pour moy tout ce que tu as de cognoissance, d’adresse, et d’experience ». « Pour t’en parler franchement », dit Esope, « l’on sçait assez que tu t’es offert à une chose, de laquelle il t’est impossible de venir à bout, mais j’ose bien me vanter d’en faire annuller les conditions.