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60. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XIII. Du Corbeau, et du Renard. »

Car l’esprit de l’homme se porte bien aisément de l’honneste et du delectable à l’utile, principalement si le profit qu’il pretend est compatible avecque la probité.

61. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE X. Du Rat de Ville et de celuy de Village. »

Nul fascheux demandeur ne vient à sa porte : Nul creancier ne l’importune : Les plus grands personnages de l’Antiquité luy tiennent compagnie dans les livres ; Et quelque part qu’il se tourne, il y treuve dequoy se divertir apres le petit travail de son estude : Bref il ne fait rien à regret, rien avecque contraincte.

62. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope est derechef vendu. Chapitre VII. »

« Ne vois-tu pas », luy dit Esope, « que c’est une affaire, en laquelle tu n’as nullement besoin de mon conseil : fay lequel des deux te semblera le meilleur, ou de m’achepter, ou de me laisser : Nul ne fait rien par la force : c’est une chose qui dépend absolument de ta volonté : si elle te porte à m’avoir, ouvre ta bourse, et compte de l’argent : sinon, cesse de te mocquer de moy ».

63. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXI. De Venus, et d’une Chatte. »

Cela nous arrive par je ne sçay quel malheur de nostre nature, soit qu’elle se porte d’inclination à penetrer tous-jours plus avant dans les choses, et par consequent à violer les limites qu’on luy prepare, soit que la grande amour de la liberté nous y convie, et que ce soit une espece de gehenne pour nostre humeur, de voir un obstacle, ou une barriere devant nous, comme il en advint à ce Vieillard Milannois, qui ayant vescu jusqu’à soixante ans sans sortir des fauxbourgs de sa ville, reçeut un commandement de l’Empereur Charles V. de n’en bouger jamais, afin que tous les Estrangers peussent admirer le peu de curiosité de cét homme ; dequoy toutesfois il eût un déplaisir si extrême, qui ayant fait instamment prier l’Empereur de luy permettre de voyager, comme il se veid rebutté de toutes ses demandes, il en mourut de regret dans sa maison.

64. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIV. De la Corneille, et de la Cruche. »

Le dessein de conserver leur Espece les fait engendrer, et celuy de conserver l’Individu les porte à la queste, pour l’entretenement de leur vie, et à prevenir les surprises des autres bestes, ou les aguets des Chasseurs. […] Car si le naturel instinct qui les accompagne les porte necessairement à maintenir leur espece par la generation, et l’Individu par la nourriture, à plus forte raison le discours les convieroit à chercher de plus en plus les moyens de se maintenir en vie et en liberté, comme il se remarque tous les jours en l’homme, qui de sa nature est raisonnable.

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