Abstemius 93 De leone porcvm sibi socivm eligente LEo quom socios asciscere sibi uellet, multaque animalia sese illi adiungere optarent, idque precibus et uotis exposcerent cæteris spretisf cum porco solum societatem uoluit inire, rogatus autem causam respondit. « Quia hoc animal adeo fidum est, ut amicos et socios suos in nullo quantumuis magno discrimine unquam relinquat. » Hæc fabula docet eorum amicitiam appetendam, qui aduersitatis tempore a præstando auxilio non referunt pedem.
» « Qua ego sum » Bubo respondit.
» « Nulla respondit canis ratione hoc facio, sed quia ita mihi insitum est a natura. » Fabula exprimit naturam auarorum, qui multis rebus abundant, quibus neque ipsi fruuntur neque alios frui patiuntur.
Ægre autem ferens canis se assidue ligari uerberarique aufugit, et quum increparetur a domino ut ingratus, et tantorum beneficiorum immemor, qui se fugisset, a quo semper dilectus pastusque fuisset, ligatus autem uerberatusque numquam respondit. « Quod seruus tuo iussu facit, a te factum puto. » Hæc fabula indicat eos malefactores habendos, qui maleficiorum causa fuere.
Mais elle luy respondit, qu’elle n’avoit nullement besoin de son ayde, et que le plus grand plaisir qu’il luy pût faire, c’estoit de se retirer bien loing. « Car », adjousta-elle, « tout le bon office qu’on peut attendre d’un Loup, vient de son absence, et non pas de sa presence ». […] A ces paroles furent semblables celles de cét autre, qui voyant qu’une personne suspecte de desservir la Patrie, le supplioit instamment de vouloir estre son amy ; « Je seray », luy respondit-il, « ce que tu voudras, pourveu que tu sois ce que tu dois estre ».
Qui interrogatus cur fleret, respondit, quia non potuisset nisi nouem comesse, quum in cinerem decidissent, rogareque ne alium tunc esse cogeretur quoniam satis superque satis uenter sibi turgidus esset.
» « Au Soleil du Printemps », respondit Esope, « et tes Conseillers aux Espics meurs ». […] » « Je te compare au Soleil », respondit Esope, « et ceux qui t’environnent en sont comme les rayons ». « Certainement », reprit Nectenabo, « je n’estime rien Lycerus au prix de moy ». […] » « Du pays de Lycerus », respondit Esope, « qui en a quantité à son commandement : et toutesfois toy qui n’és qu’un homme, te veux comparer à un Roy semblable aux Dieux ». « Tu as raison », reprit Nectenabo, « et pour ne t’en point mentir, je me confesse vaincu. […] » « Seigneur », respondit Esope, « ce que j’en ay fait a esté pour vanger le Roy Lycerus ; Car tu dois sçavoir que ce mauvais chat est la seule cause d’une perte qu’il a faite la nuict passée pour luy avoir tué son coq, qui étoit vaillant et aguerry au possible, joinct que par son chant il luy marquoit ordinairement les heures de la nuict ». […] » « Pourquoy non », respondit Esope en sousriant, « s’il se peut faire, comme tu dis, que les juments d’Egypte conçoivent en oyant hannir les chevaux de Babylone ?
« Je ne sçay », luy respondit Esope, sans en dire d’avantage ; ce qui fut cause que sur la croyance qu’eust le Preteur, qu’il se mocquoit de sa demande, il commanda qu’on le menât en prison. […] » « Il est vray », respondit Esope, « et je le soustiens encore.
Consultus autem deus unde hoc accidisset, ita respondit. « Ipse mali tanti causa es, qui sæpibus agros parietibusque arctis obstructos undique seruas.
Qui deinde interrogatus quid eum paulo ante tantis rerum omnium copiis affluentem ad tantam paupertatem redigisset « Fortuna » respondit.
« Pource », respondit Esope, « que je ne pourray jamais servir un tel Maistre. […] « Je le suis en effect », luy respondit-il […] Ostez-le, je vous prie de devant moy ». « Tout beau, ma femme », respondit Xanthus, « ne vous fâchez point, je vous prie, et cessez de vous mocquer de mon nouveau serviteur ». « Comment », reprit-elle, « que je ne m’en mocque point ? […] Alors Xanthus s’addressant à Esope : « Te voila bien, puis que tu és reconcilié avec ta Maistresse ». « Il est vray », respondit Esope, en riant, « Car ce n’est pas peu de chose, que d’appaiser une femme ». « Tay-toy, luy dit Xanthus, car je t’ay achepté pour me servir, et non pour me contredire ».
Cela fait, il retourna vers son Maistre, qui d’abord luy demanda, s’il avoit tout donné à sa bien aymée ; « Elle a eu tout », respondit Esope, « et l’a mangé en ma presence ». « Qu’a-t’elle dit en mangeant », adjousta Xanthus ? […] » A quoy le subtil Esope, qui étoit auprés de luy, respondit ainsi ; « Ce que tu desires sçavoir arrivera quand les morts ressusciteront, Car alors un chacun d’eux redemandera ce qu’il possedoit en ce monde ». […] « Pource », respondit Esope, « qu’on a accoustumé de tirer le laict à la Brebis, et de luy tondre la laine, ce qui est cause qu’elle suit paisiblement, et se laisse prendre par les pieds, ne se doutant point qu’on luy vueille faire du mal, ny qu’elle doive rien endurer plus que l’ordinaire. […] » « A ta bien aymée », respondit Esope.
», luy demanderent-ils ; « Mieux que vous ne voudriez », leur respondit l’Asnon.
Esope ne respondit rien à cela, mais s’en alla le lendemain à la place, où regardant les passants, il en vid un fortuitement, qui se tenoit assis en un coing, où il demeuroit oisif. […] », dit-il : « C’est l’homme sans soucy », respondit Esope. […] » A ces mots Esope se sentant surpris, « Mon Maistre », respondit-il, « s’il se trouve que le gasteau ne soit bien cuict, je suis content que tu me frappes ; mais s’il n’est assaisonné comme il doit estre, le blâme en est à ma Maistresse, et non pas à moy ». « Si cela est », adjousta Xanthus, « et que la faute vienne de ma femme, je la feray sans delay brûler toute vive ».
« Seigneur », luy dit-il, « vous m’obligeriez fort, si vous me vouliez resoudre d’une question que j’ay à vous faire ». « Quelle est donc ceste question », respondit Xanthus ; « D’où vient », reprit le Jardinier, « qu’encore que je cultive, et que j’arrose avec tout le soing qui m’est possible, les herbes que j’ay plantées, elles ne prennent toutesfois leur accroissement que bien tard, au contraire de celles, que la terre produict de soy-mesme, qui ne laissent pas d’estre plustost advancées, encore qu’on n’y prenne pas tant de peine ? […] « Je me mocque voirement », respondit Esope, « non pas de toy, mais de celuy qui t’a instruict.
Le Milan se voyant malade en son lict, s’avisa de dire à sa Mere, « qu’elle s’en allast prier les Dieux pour luy » : mais elle luy respondit ; « Il ne faut pas que tu esperes aucune sorte d’assistance des Dieux, toy qui as tant de fois pollué leurs Sacrifices, et leurs Autels ».
», luy respondit le Loup, « comment t’es-tu laissé choir ?
Le Renard se voulant sauver du danger qui le menaçoit, sauta sur une haye, qu’il prit à belles pattes, avec que tant de malheur, qu’il se les perça d’espines Comme il se veid ainsi blessé, tout son recours fût aux plainctes. « Perfide Buisson », dit-il, « je m’estois retiré vers toy, pensant que tu m’ayderois ; mais au lieu de le faire, tu as rendu mon mal pire qu’il n’estoit ». « Tu t’abuses », luy respondit le Buisson, « car c’est toy-mesme à qui rien n’eschappe, qui m’as voulu prendre par les mesmes ruses que tu pratiques envers les autres ». […] Pour cela mesme je trouve qu’un Ancien Philosophe eût fort bonne grace, lors que sollicité par le Roy Antigonus de luy dire quelle chose il desiroit de luy ; Tout ce qu’il te plaira, luy respondit-il, horsmis ton secret.
Un Charbonnier ayant pris une maison à loüage, et prié un Foullon son voisin d’y vouloir demeurer avecque luy ; « Mon amy », luy respondit le Foullon, « cela ne me seroit aucunement profitable, car j’apprehenderois tousjours que ce que j’aurois blanchy, ne se noircist à la vapeur de ton charbon ».
Comme il fut donc question de servir sur table, Esope ayant vuidé les pieds dans le plat, et Xanthus en voyant cinq. « Qu’est cecy », dit-il, « en voy-la plus que je n’en ay fait achepter ». « Il est vray » respondit Esope, « et voicy comment.
La femme en ayant voulu sçavoir la cause ; “Ce que je pleure”, luy respondit le païsan, “c’est pour soulager le mal que je ressents de la perte que j’ay faite de ma femme, qui n’estoit pas moins honneste, que belle”. […] “Je pleure en effect”, respondit le Laboureur, “et c’est tout de bon”.
Il leur respondit que nenny, et toutesfois leur faisant signe de la main, il leur monstra l’endroict où il estoit caché ; mais eux ne l’y trouvant pas, s’en allerent incontinent. […] Mais le Renard qui l’ouyt, luy respondit de fort bonne grace en se retournant, « Hola, mon amy, je n’aurois eu garde de m’en aller, comme tu dis, sans te remercier, si ta main, tes actions, tes mœurs, et ta vie, eussent esté semblables à tes paroles ».
Ces paroles d’Esope donnerent ensemble de l’admiration et de la pitié au Roy, qui luy respondit ; « ô Esope ce n’est pas moy qui te donne la vie, mais bien le destin.
» « C’est le Philosophe Xanthus », respondit Esope, « Car il se doit marier demain ».
», luy demanda-t’il. « Je bastis une Ville », luy respondit l’Oyseleur ; et en mesme temps s’en allant un peu plus loing, il se cacha.
Le pot de terre apprehendant pour lors d’estre cassé ; « N’aye peur », luy dit l’autre, « je sçauray bien empescher que cela ne nous arrive ». « Voila qui est bon, respondit le pot de terre, mais si je viens à me briser contre toy, ou par l’impetuosité de l’eau, ou autrement, cela ne se pourra faire qu’il n’y aille tous-jours du mien ; voylà pourquoy il vaut mieux que je mette ma seureté à me separer d’avecque toy ».
» « Nenny », respondit Esope. « Vilain bout d’homme », continüa Xanthus, « ne t’avois-je pas commandé d’achepter tout ce que tu trouverois de bon, et d’excellent ?
» « Et quoy, mon Maistre », respondit Esope, « y a-t’il rien de plus mauvais que la langue ?
L’Escrevice ayant voulu remonstrer à sa fille, quelle n’allast point à reculons : « Ma mere », luy respondit-elle, « monstre moy le chemin, et je te suivray ».
mon amy », luy respondit-il, « je me porte tousjours bien, à ce qu’on me dist, et toutesfois je m’en vay mourant ».
Elle voulut s’excuser alors, alleguant qu’elle estoit de ce genre d’animaux que la nature avoit destinez à vivre comme elle ; Surquoy le priant tres-instamment de la laisser, puis qu’aussi bien elle ne pouvoit luy faire beaucoup de mal ; « Tu t’abuses », luy respondit l’homme en soubs-riant ; « et c’est pour cela mesme que j’ay sujet de te vouloir tuer, pource qu’il ne faut offencer personne, ny peu, ny prou ».
Ces choses s’estans ainsi passées, Esope se justifia du crime dont Ennus l’avoit chargé, et respondit si pertinemment aux causes de son accusation, qu’il n’y a point de doute, que le Roy recognoissant son innocence, eust fait executer Ennus, si Esope ne l’eust prié de luy faire grace.
Tu as raison, luy respondit le Paysan, mais la Colombe que tu poursuyvois n’aguere ne t’avoit point fait de mal aussi.
Le Chat s’estant jetté sur le Coq, et n’ayant pas autrement sujet de le traitter mal ne sçeut que luy reprocher, sinon qu’il étoit un importun, qui par son chant éveilloit les hommes, et les empeschoit de reposer. « Ce que j’en fais », respondit le Coq en s’excusant, « est pour leur profit, affin qu’ils se levent pour s’en aller travailler ». « Tu as beau dire », reprit le Chat, « cela n’empesche pas que tu ne sois meschant, et vilain jusques à ce poinct, que pour assouvir ta lubricité, tu as à faire à ta Mere, et n’espargnes pas mesmes tes sœurs ».
Apres cela, il fût curieux de sçavoir de luy, pourquoy il estoit si net et si poly. « Si je le suis », respondit le Chien, « le soing de mon Maistre en est cause. […] Mais comme il fût jour, le Loup voyant le col du Chien tout pelé, s’advisa de luy en demander la cause. « Tu dois sçavoir », luy respondit le Chien, « qu’au commencement je soulois aboyer aux Estrangers, et mesme à ceux de cognoissance, sans que ma dent espargnast non plus les uns que les autres.
La Corneille se débattoit sur le dos d’une Brebis, qui ne pouvant se deffendre ; « Asseurément », luy dit-elle, « si tu en faisois autant à quelque chien, il t’en arriveroit du malheur ». « Cela seroit bon », luy respondit la Corneille, « si je ne sçavois bien à qui je me joüe ; car je suis mauvaise aux debonnaires, et bonne aux meschants ».
« Je l’ay fait », respondit le Loup, « pour m’estre laissé tromper à leur differend particulier ».
Pardonne-moy luy respondit le Serpent, si je n’y puis retourner : car il n’est pas possible que je sois jamais en seureté avecque toy, tant que tu auras une telle coignée en ta maison.
Le Paon se plaignoit à Junon, Sœur et Femme de Jupiter, de ce que le Rossignol chantoit doucement ; au lieu que pour son regard, il estoit moqué de tous les autres Oyseaux, à cause de sa voix déplaisante. « Mon amy, luy respondit Junon, les Dieux ont differemment partagé les dons aux hommes ; le Rossignol te surmonte à chanter, et tu le surpasses par la beauté du plumage ; Il faut donc que chacun se contente de sa condition ».
A quoy le Chat respondit ; qu’il n’en avoit qu’une seule, mais qu’il s’en tenoit bien asseuré.
Apres qu’il s’en fût allé, et que celuy qui estoit monté sur l’arbre en fût décendu, il voulut railler son Compagnon, et l’enquist de ce que l’Ours luy avoit dit à l’oreille : Mais ce pauvre homme ayant un juste sujet de le tancer ; « Il m’a conseillé », luy respondit-il, » de ne me mettre jamais en chemin avec un tel Amy ».
« C’est elle mesme », luy respondit l’Imposteur.
La Louve le voyant donc de retour, luy demanda où estoit la proye. « Il n’y en a point », respondit le Loup extrémement triste, « car la Nourrice qui promettoit de me livrer son Enfant s’il pleuroit, ne m’a donné que des paroles, et m’a trompé meschamment ».
« Que ne fais-tu comme moy », luy respondit la Fourmy, « et que n’amonceles-tu tout ce que tu peux amasser en esté, pour t’en servir en hyver ?
» « Je n’en sçay rien », respondit le Tygre, « si ce n’est que par la playe, qui est fort grande, je juge à peu prés qu’il faut que ce soit un homme ».
Quelque temps apres, la contagion s’estant mise parmy eux, ils consulterent l’Oracle, qui leur respondit qu’il falloit expier la mort d’Esope.
» respondit l’autre ; « Si cela est, mon amy, ô que ton banquet a bien plus de fiel, que de miel !
« Hoho », respondit-il, avec une voix articulée, c’est à dire en langage Indien, « Je le veux », ou, « j’en suis content ».