Averti de la perte de son attelage, Tirésias prit avec lui Hermès, se rendit au faubourg pour observer un augure au sujet du vol, et il pria Hermès de lui dire l’oiseau qu’il apercevrait.
Son camarade le voyant gras et en bon corps, lui rappela sa promesse et lui reprocha de ne lui avoir rien rapporté. « Ne t’en prends pas à moi, répondit-il, mais à la nature du lieu : il est possible d’y trouver à vivre, mais impossible d’en emporter quoi que ce soit. » On pourrait appliquer cette fable à ceux qui poussent l’amitié jusqu’à régaler leurs amis, mais pas plus loin, et qui refusent de leur rendre aucun service.
Il répondit : « Ce n’est pas sans raison que j’en use ainsi ; car je vois des ustensiles comme on en prépare non pour un mouton, mais pour un taureau. » Cette fable montre que les gens sensés ne se laissent pas prendre aux artifices des méchants.
La mer, ayant pris la forme d’une femme, lui dit : « Mais, mon ami, ce n’est pas à moi, c’est aux vents qu’il faut adresser tes reproches ; car moi, je suis naturellement telle que tu me vois à présent : ce sont les vents qui, tombant sur moi à l’improviste, me soulèvent et me rendent sauvage. » De même nous ne devons pas rendre responsable l’auteur d’une injustice, quand il agit sur les ordres d’autrui, mais bien ceux qui ont autorité sur lui.
Comme un lion marchait sur l’âne, le coq poussa un cri, et le lion (on dit en effet qu’il a peur de la voix du coq) prit la fuite.
Il arriva ainsi que les autres oiseaux furent pris et mangés par les hommes, et que seule, l’hirondelle, leur protégée, nicha même sans crainte dans leurs maisons.
Alors il la prit dans ses serres, l’enleva en l’air, puis la lâcha.
Les ayant donc pris pour des Ignorants, je leur ay deffendu la porte, et n’ay laissé entrer que celuy-cy, qui a fort bien respondu ».
Or d’autant que cela dépend de la prudence, et que ceste Vertu n’a pas tous-jours des regles certaines, joinct que dans les divisions de la Moralle, on ne peut donner des instructions pour ce qui est d’examiner les fourberies ; il me semble que pour les éviter, il doit suffire à l’homme bien advisé, de prendre soigneusement garde aux actions de ceux qu’il soupçonne, y procedant de telle sorte qu’à la maniere du Renard, il s’embarrasse avec eux le moins qu’il pourra, principalement en visites, et en compliments.
Pour cét effect la Chauve-souris emprunta de l’argent, et le mit dans la Communauté ; le Buisson apporta une robbe avecque soy, et le Plongeon prit de l’or.
Le lu virent, si l’escrierent, de tutes parz les chens hüerent ; le lu unt pris e deciré.
« Pource », respondit Esope, « qu’on a accoustumé de tirer le laict à la Brebis, et de luy tondre la laine, ce qui est cause qu’elle suit paisiblement, et se laisse prendre par les pieds, ne se doutant point qu’on luy vueille faire du mal, ny qu’elle doive rien endurer plus que l’ordinaire. […] Apres le disner, Xanthus estant de retour en son logis, se voulut mettre à deviser avec sa femme, comme il avoit accoustumé de faire ; Mais elle le dédaignant ; « Retire toy vilain », luy dit-elle, « et me rends mon doüaire, affin que je te quitte, le conseil en est pris, je ne veux plus demeurer avec toy : va-t’en plustost caresser ta chienne, à qui n’agueres tu as envoyé de la viande ».
Ces termes de flatterie allecherent si bien le Corbeau, qu’il luy prit envie de chanter ; mais comme il s’apprestoit pour cela, il laissa cheoir un fourmage qu’il avoit au bec, et le Renard s’en saisit incontinent. […] L’impertinente vanité du Corbeau sert d’exemple à une infinité de gents, qui se laissent miserablement affiner aux Flatteurs, pour adherer trop niaisement aux loüanges qu’ils leur donnent : car à force d’estre enyvrez par leurs complaisances, ils prennent une opinion si excessive de leurs propres merites, qu’il leur est fort mal-aisé de se recognoistre.
Zeus, Prométhée et Athéna, ayant fait, l’un un taureau, Prométhée un homme, et la déesse une maison, prirent Momos pour arbitre.
Celui-ci étant mort, le médecin disait aux gens du cortège : « Cet homme, s’il s’était abstenu de vin et avait pris des lavements, ne serait pas mort. — Hé !
L’un monta vite sur un arbre et s’y tint caché ; l’autre, sur le point d’être pris, se laissa tomber sur le sol et contrefit le mort.
Vos seditions et vos coleres les auront obligez à prendre un autre party, et cependant vous demeurerez là sans deffense, dépourveus de conseil et d’appuy, sans richesses, sans authorité, et pour le dire en un mot, la proye de vos voisins.
», dit-il, et la prit en mesme temps.
Toutesfois comme sa perfidie estoit grande, la joye qu’il en reçeut ne fut pas aussi de longue durée : car un peu apres le mesme Berger le prit, et le tua. […] Elle naist en mesme temps que les plaisirs des autres, et se tourne en rage à mesure qu’ils prennent accroissement : mais elle ne cesse pas quand ils deviennent calamiteux, car nous avons tous-jours peur que ceux que nous envions ne se relevent apres leur cheute ; pource que cela se peut en effect, à cause des changemens ordinaires de la fortune.
Or les rats, se voyant toujours pris, s’enfonçaient dans leurs trous.
Quand ils eurent pris du gibier en abondance, le lion enjoignit à l’âne de le partager entre eux.
Sur ces entrefaites un oiseleur s’avança avec ses gluaux ajustés pour prendre la colombe.
Alors l’Arondelle quittant la compagnie de tous les autres Oyseaux, rechercha celle de l’homme, avec qui elle fit amitié, d’où vient qu’elle demeure maintenant avecque luy, et le resjouït de son chant, au lieu que luy-mesme chasse les autres, et se sert du lin, pour faire des rets et des lacets à les prendre.
Le Chien ayant fait adjourner la Brebis, pour se voir condamner à luy payer un pain qu’il luy avoit presté, elle ny a de luy rien devoir ; mais le Milan, le Loup, et le Vautour, en estans pris à tesmoins, ils déposerent contre la pauvre Brebis, qui fut condamnée à rendre le pain, que le Loup luy osta en mesme temps, et le devora.
L’Esprevier poursuyvoit une Colombe, lors qu’il arriva que s’abattant dans une grange, il fut pris par un Paysan.
Certainement mon amy, il ne t’en pouvoit pas prendre autrement à cause de ton orgueil. […] Il en prit de mesme qu’à luy à plusieurs Monarques ses imitateurs, qui eurent à peine apres leur mort autant de lieu qui leur en falloit pour leur sepulture, apres avoir voulu conquerir toute la terre durant leur vie.
Alors les soldats s’enfuirent vers leurs trous, où ils pénétrèrent aisément ; mais les généraux, ne pouvant y entrer à cause de leurs cornes, furent pris et dévorés.
Puis comme ils revenaient pour prendre des figues sèches, une autre personne vint chercher quelque chose à l’intérieur de la chambre.
Questionné une seconde fois sur sa santé, il dit qu’il avait été pris de frisson et fortement secoué. « Cela va bien aussi », dit le médecin.
En conséquence la chauve-souris emprunta de l’argent pour le mettre dans la communauté ; la ronce prit avec elle de l’étoffe, et la troisième associée, la mouette, acheta du cuivre ; puis elles appareillèrent.
Car de donner son cœur à la premiere occasion entre les mains d’une personne que nous n’avons point pratiquée, c’est, à mon advis, la mesme imprudence, que de se hazarder sur un vaisseau, sans avoir pris garde s’il est entier, ou bien calfutté.
Car tous les animaux, que le Lion avoit offensez, se mettent à l’assaillir avec des reproches et des coups, et prennent une cruelle vengeance de ses affronts.
Il en prend de mesme qu’à toy à tous ces Presomptueux, qui entreprennent de se déguiser, et de passer long-temps pour plus éminents en fortune et en Vertu, qu’ils ne sont effectivement.
Quelque accroissement qu’elle prenne par le temps, elle n’est au commencement qu’un foible et mediocre desir, qui s’accroist par la possession des choses, et devient grand à mesure qu’il est abreuvé. […] Certes, il ne faut pas s’estonner de cela, puis qu’elle a fait déborder des torrents de sang humain, qui ont pris leur source des actes cruels, et des homicides que l’on a veu commettre à milliers. […] Si tu n’as besoin que d’un Viatique pour achever ta course, prends mediocrement ce qu’il te faut pour un voyage pareil, et ne t’embarrasse point d’une denrée inutile en l’autre monde. Quand nous avons dessein d’aller en quelque Royaume estrange, nous ne prenons de l’argent de nostre pays que ce qu’il en faut pour nous conduire à la frontiere, du moins nous nous pourvoyons en la monnoye du lieu où nous devons entrer, ou en lettres de change, affin de n’estre chargez d’especes inutiles. […] Y a-t’il rien de plus étourdy que de prendre un soing inutile, et de laisser la necessaire ?
Prends donc une pierre, mets-la à la place de l’or, et figure-toi que c’est ton or ; il remplira pour toi le même office ; car à ce que je vois, même au temps où l’or était là, tu ne faisais pas usage de ton bien. » Cette fable montre que la possession n’est rien, si la jouissance ne s’y joint.
Quant au Coq, je pense qu’il est pris pour l’homme voluptueux, qui met tout dans l’indifference, horsmis son ordure propre, representée par le fumier.
», s’escria l’Asne avant que mourir, « à quel propos ay-je voulu faire le vaillant, et me hazarder à un combat, moy qui n’ay point pris naissance de parents aguerris ?
Ils ne prennent pas celuy des coups, d’autant qu’ils n’ayment point à frapper, et que c’est une chose extraordinaire à leur humeur, quand mesme elle seroit à leur advantage.
A quoy il ne s’estudiera, que pour en prendre peu à peu l’habitude, et se détracquer par ce moyen de sa naturelle imperfection.
Dunc aveient le lu choisi, kar il n’i ot nul si hardi quë osast prendre si lui nun : tant le teneient a felun, e a plusurs aveit premis que mut les amereit tut dis.
A ces mots, Esope se mit à rire : A quoy le disciple de Xanthus ayant pris garde, et qu’en riant il avoit monstré les dents, ils le trouverent si laid, qu’ils s’imaginerent de voir quelque Monstre. […] Car tu as laissé ces deux jeunes garçons, qui estoient fort propres pour un homme tel que toy, et as fait élection de ce visage difforme ». « Cela ne t’importe », continüa Xanthus, « je n’en veux point d’autre pour maintenant ». « Prends-le donc », dit le marchand, « pour la somme de soixante oboles ».
Il prend plaisir d’assembler les Cedres aux Buissons, les Europeans aux Affriquains, les jeunes aux vieux, les beaux aux laids, les stupides aux galants, bref les plus gents de bien aux meschants, et aux vicieux. […] y a t’il quelqu’un qui se dépoüille de soy-mesme, en acquerant une bonne fortune, ou qui prenne plaisir à se défaire de ses passions, et de ses perverses habitudes ?
Un loup fondit sur lui, et il allait faire de lui son repas, quand le chien le pria de ne pas l’immoler tout de suite : « À présent, dit-il, je suis mince et maigre ; mais attends quelque temps : mes maîtres vont célébrer des noces ; moi aussi j’y prendrai de bonnes lippées, j’engraisserai et je serai pour toi un manger plus agréable. » Le loup le crut et s’en alla.
Mais sçachant qu’en quelque façon que la Vertu soit logée, et sous quelque habit qu’elle paroisse devant vous, vous la recueillez tousjours favorablement, j’ay pris, MONSIEUR, la hardiesse de vous le presenter auec sa vie et ses œuvres, que les plus grands personnages de tous les siecles ont admirées.
De plus, nous pouvons remarquer par là, que ceux qui en leur jeunesse ont aymé la cruauté, sont plus que jamais travaillez de la soif du sang humain, quand ils viennent au decours de leur âge, à cause de l’étrange accroissement que prennent en eux peu à peu, les apprehensions et les mesfiances.
De plus, il faut penetrer, s’il est possible, dans ses interests, et sçavoir quelle part elle prend en la chose, dont l’administration nous est commise.
» Or ce ne sont pas seulement les baisers que ces courages malins employent à leurs infames entreprises ; Leur brutalité va quelquesfois jusques là, qu’ils prennent l’occasion de faire mourir leur partie dans les amoureux accouplements.
Toutesfois je m’ose promettre que le Lecteur favorable excusera mes défauts, par la sincerité de mon intention, et qu’il prendra seulement pour luy ce qu’il trouvera de plus propre à contenter son Esprit, et à moderer ses passions.