Ces bleds sont mûrs, dit-il, allez chez nos amis Les prier que chacun apportant sa faucille, Nous vienne aider demain dés la pointe du jour. […] Il a dit que l’Aurore levée, L’on fist venir demain ses amis pour l’aider. […] L’aube du jour arrive ; et d’amis point du tout. […] Nos amis ont grand tort, et tort qui se repose Sur de tels paresseux à servir ainsi lents. […] Il n’est meilleur ami ni parent que soy-même.
Pleust au Ciel que de vrais amis Telle qu’elle est, dit-il, elle pût estre pleine ! […] Chacun se dit ami ; mais fol qui s’y repose ; Rien n’est plus commun que ce nom, Rien n’est plus rare que la chose.
Quelque temps apres, Xanthus s’en estant allé aux estuves, y trouva quelques-uns de ses amis, qu’il voulut traicter, et commanda pour cét effect à Esope, de courir viste au logis, et d’y faire cuire un grain de lentille. […] Apres donc que Xanthus se fust bien baigné avecque ses amis, ils les pria de prendre un mauvais disner, avecque protestation, qu’il n’y auroit point d’excés au festin qu’il leur feroit, et qu’il ne leur donneroit que des lentilles, adjoûtant pour compliment, qu’il ne falloit pas juger d’un amy par la diversité des viandes ; mais loüer plustost sa bonne volonté Comme ils fûrent donc sortis des estuves, et entrez en la maison de Xanthus ; « Esope », luy dit-il, « apporte-nous du bain ». […] Bien que ceste action irritast d’abord le Philosophe, si n’osa-t’il pourtant en faire semblant, à cause de ses amis, qui estoient là presens : mais il luy commanda derechef d’aller querir le bassin, que son Valet luy apporta tout aussitost, se tenant debout devant la compagnie. […] Xanthus se tournant alors vers ses amis : « à ce que je vois », leur dit-il, « je n’ay pas achepté un esclave, mais bien un Maistre ». […] Ceste fourbe despleut grandement à Xanthus, qui pour s’en excuser à ses amis : « Jugez, Messieurs », leur dit-il, « si cét homme n’est pas capable de me faire enrager ».
Un rat des champs avait pour ami un rat de maison. Le rat de maison invité par son ami s’empressa d’aller dîner à la campagne. Mais comme il n’avait à manger que de l’herbe et du blé, il dit : « Sais-tu bien, mon ami, que tu mènes une vie de fourmi ? […] Et alors le rat des champs, oubliant la faim, soupira et dit à l’autre : « Adieu, mon ami, tu manges à satiété et tu t’en donnes à cœur joie, mais au prix du danger et de mille craintes.
J’ay doncques esté bien fol d’avoir fait tant d’ennemis, et l’ay encore esté d’avantage de m’estre fié à de faux amis ». […] Cependant, ses premiers amis qui le voyent affligé, ne viennent aucunement à son secours : au contraire, ils se tiennent bien loin de luy, et ne daignent escouter les plaintes que la necessité l’oblige de faire. En quoy il esprouve veritable le dire du Gentil Poëte, L’injure se grave en metail, Et le bien-fait s’escrit en l’onde : Au lieu que, s’il eust mené une vie modeste et moins tyrannique envers ses inferieurs, il ne reçevroit pas maintenant le desplaisir de les voir bandez contre luy ; Et quoy que possible ses amis ne luy seroient pas plus charitables durant sa vie, si est ce qu’en mourant, il auroit du moins la satisfaction de sa probité, qui est le plus asseuré consolateur que nous ayons, et devant et apres nostre mort. […] Ce n’est donc pas de merveille s’ils nous abandonnent, puis qu’ils ne nous avoient aymez qu’avec espoir ; Mais c’est bien une chose execrable, et toutesfois tres-commune, que nos amis nous tournent le dos sur le declin, et sont les premiers à faire mention de nos fautes, jusques à nous traicter inhumainement.
Montre toy redoutable à tes ennemis, de peur qu’ils ne te mesprisent : mais traicte courtoisement tes amis, leur estant doux et affable, pour les obliger à t’en aymer davantage. Souhaite encore que tes ennemis deviennent malades, et qu’ils soient pauvres, pour empescher qu’ils ne te puissent nuire ; mais sur tout souvienne toy de prier pour tes amis. […] Amasse tous les jours quelque chose pour le lendemain ; car il vaut beaucoup mieux mourir, et laisser du bien à ses ennemis, que vivre, et avoir besoin de ses amis.
A la fin un de ses amis l’estant allé voir, pour apprendre s’il ne se trouvoit pas mieux que de coustume, « Ah ! […] De pareille nature sont encore ceux qui voyant leurs Amis malades à l’extremité, n’osent toutesfois leur parler de confession, pource, disent-ils, que la peur redouble l’accez du mal, et que c’est les hazarder que de leur nommer le nom d’un Prestre. […] Chassons de nostre esprit ceste humeur servile, et faisons plus d’estat du proffit de nos amis, que de leurs chagrins.
Un homme préparait un dîner pour traiter un de ses amis et familiers. Son chien invita un autre chien. « Ami, lui dit-il, viens céans dîner avec moi. » L’invité arriva plein de joie, et s’arrêta à regarder le grand dîner, murmurant dans son cœur : « Oh ! […] Je vais bâfrer et m’en donner tout mon soûl, de manière à n’avoir pas faim de tout demain. » Tandis qu’il parlait ainsi à part lui, tout en remuant la queue, comme un ami qui a confiance en son ami, le cuisinier le voyant tourner la queue de-ci, de-là, le prit par les pattes et le lança soudain par la fenêtre. […] Il trouva sur sa route d’autres chiens ; l’un d’eux lui demanda : « Comment as-tu dîné, l’ami ?
De deux Amis, et de l’Ours. Deux Amis rencontrerent un Ours en leur chemin, comme ils voyageoient ensemble. […] Le Peril et l’Adversité sont les deux pierres de touche où s’épreuvent les veritables Amis. […] Mais il faut qu’ils me confessent aussi, que l’évenement en est si rare, qu’entre mille Amis que plusieurs se vantent d’avoir, à peine en trouveront-ils au besoin dix mediocres, et un excellent ; de façon qu’il faut estre extrémement heureux pour le rencontrer. […] Car nous voyons assez de gents qui s’exposent au danger pour nostre consideration, jusques à mettre l’espée à la main pour nostre deffence ; En cela plus interessez pour éviter l’infamie, et acquerir de la loüange, qu’ils ne nous sont veritablement Amis.
Quant il l’apele e dit : « Amis, pur amur Deu, vien mei eider, tu ne me deiz mie lesser », li lus respunt : « Aïe tei ! […] Li hyriçuns li respunt tant : « Amis », fet il, « va t’en avant, si te joïs de tun aignel !
Deux amis cheminaient sur la même route. […] Quand l’ours se fut éloigné, l’homme qui était sur l’arbre descendit et demanda à l’autre ce que l’ours lui avait dit à l’oreille. « De ne plus voyager à l’avenir avec des amis qui se dérobent dans le danger », répondit l’autre. Cette fable montre que les amis véritables se reconnaissent à l’épreuve du malheur.
Un homme qui avait reçu un dépôt d’un ami projetait de l’en frustrer. Comme cet ami l’appelait à prêter serment, pris d’inquiétude, il partit pour la campagne.
. – Raison de plus pour te tuer, repartit l’homme, puisque tu veux prendre au piège tes camarades et tes amis. » Cette fable montre que l’homme qui trame des machinations contre ses amis tombera lui-même dans les embûches et le danger.
Comme le berger les accusait d’ingratitude pour l’abandonner ainsi, après les soins particuliers qu’il avait pris d’elles, elles se retournèrent pour répondre : « Raison de plus pour nous d’être en défiance ; car si tu nous as mieux traitées, nous, tes hôtesses d’hier, que tes vieilles ouailles, il est évident que, si d’autres chèvres viennent encore à toi, tu nous négligeras pour elles. » Cette fable montre qu’il ne faut pas accueillir les protestations d’amitié de ceux qui nous font passer, nous, les amis de fraîche date, avant les, vieux amis. Disons-nous que, quand notre amitié aura pris de l’âge, s’ils se lient avec d’autres, c’est ces nouveaux amis qui auront leurs préférences.
Pur vient souz ceo dist a ses amis [que] chescun d’eus voleit duner, si nul les vousist achater.
Al hyriçun a dit : « Amis, aïe mei, si Deus te aït !
Les Historiens mesmes, qui font profession d’une entiere foy, flattent presque tousjours les Grands, ou les personnes qui leur sont amies, soit pour l’esperance du gain, soit par une maniere de complaisance lâche et servile. […] Si c’est du temps mesme, ils sont, ou amis, ou ennemis, ou indifferents aux Roys et aux Peuples, dont ils font mention. Estant amis, ils nous seront quant et quant suspects de complaisance, et feront plustost des Discours Panegyriques, que de veritables Relations. […] La mesme consequence que l’on tire pour rendre l’Histoire suspecte de flatterie, quand on parle de ses amis, ou de sa nation, la peut aussi faire accuser de malignité, quand on met en jeu les Ennemis de sa Patrie, ou mesme les siens propres. […] Il faut donc, s’il veut dire le vray, qu’il s’adonne à raconter des choses indifferentes ; Et en ce cas là, outre qu’il peut estre mal adverty, on luy demandera tous-jours de qui il tient ces memoires, et trouvera-t’on à la fin qu’ils viennent ordinairement de personnes amies ou ennemies : veu que les indifferentes ne se peineroient pas beaucoup pour s’en instruire.
Li egles vit le fu espris ; al gupil prie e dit : « Amis, estein le feu !
En effect, si c’est presque une foiblesse d’esperer un vray service de ceux qui se disent nos amis, veu la grande tromperie qui se trouve d’ordinaire parmy les hommes, n’est ce pas une espece de manie d’en attendre de nos Ennemis, ou pour le moins de ceux qui le devroient estre ? […] Car nous devons avoir en l’ame un secret souvenir du tort que nous leur avons fait, qui nous deffend de nous en servir, de peur de les aigrir davantage, et de leur remettre en memoire les déplaisirs du passé, D’ailleurs, c’est une action toute pleine d’inconstance, et de fausse conduite, et cela s’appelle proprement traicter en amis ceux à qui nous avons donné sujet de ne le plus estre, puis que, selon Senecque, celuy-là oblige le plus, qui donne aussi le plus de moyen à l’autre de l’obliger.
Les conviez sont gens choisis, Mes parens, mes meilleurs amis. […] Jadis l’Olympe et le Parnasse Estoient freres et bons amis.
Ami, luy dit son camarade, Il n’est pas toujours bon d’avoir un haut Employ.
Comme il ne cessait de dépenser et de consommer en sacrifices des sommes considérables, le demi-dieu lui apparut la nuit, et lui dit : « Cesse, mon ami, de dilapider ton bien ; car, si tu dépenses tout et que tu deviennes pauvre, c’est à moi que tu t’en prendras. » Ainsi beaucoup de gens, tombés dans le malheur par leur sottise, en rejettent la responsabilité sur les dieux.
À quoi celui-ci répondit : « Mais, mes amis, si je ne vous fournissais pas de nourriture, vous-mêmes ne pourriez pas me porter. » Il en va ainsi dans les armées : le nombre, le plus souvent, n’est rien, si les chefs n’excellent pas dans le conseil.
Quand il en fut instruit : « Tu as tort, l’ami, dit-il, de t’attacher à une espérance ; l’espérance s’entend à repaître d’illusion, mais de nourriture, non pas. » Cette fable s’applique au convoiteux.
Je laisse à penser la vie Que firent ces deux amis.
mon bel ami, reprit l’un d’eux, ce n’est pas à présent qu’il fallait dire cela, alors que cela ne sert plus à rien ; c’est quand il pouvait encore en profiter que tu devais lui donner ce conseil. » Cette fable montre que c’est au moment où ils en ont besoin qu’il faut prêter son aide à ses amis, au lieu de faire l’habile homme, quand leurs affaires sont désespérées.
Car, disoit-il, mes amis, ne pensez pas que les Senateurs, quoy qu’ils soient oysifs aux operations manuelles, et qu’ils employent le Peuple aux labeurs mécaniques, soient pour cela moins necessaires à vostre conservation. […] Ne vueillez donc pas, mes amis, affoiblir ceste partie de telle sorte, par vos factieuses mutineries, qu’elle soit incapable de vous servir.
La suriz li respunt : « Amie, pieça k’en oi la seignurie ; bien est en ma subjectïun, quant es pertuz tut envirun puis herberger e jur e nuit, juër e fere mun deduit. […] En mi cel pré en un wascel fussums ore, que mut est bel : la est la meie mansïun ; bele amie, kar i alum !
Je n’en fournirai pas moins tout le vin nécessaire, lorsqu’on te sacrifiera. » Cette fable confond les gens ingrats et qui veulent voler leurs amis.
toi, cesse ou de me mordre ou de me baiser, afin que je sache si tu es mon ennemi ou mon ami. » Cette fable s’applique à l’homme équivoque.
Aprés qu’on eut bien contesté, Repliqué, crié, tempesté, Le Juge instruit de leur malice, Leur dit : Je vous connois de long-temps, mes amis ; Et tous deux vous payrez l’amende : Car toy, Loup, tu te plains, quoiqu’on ne t’ait rien pris ; Et toy, Renard, as pris ce que l’on te demande.
Mais il arriva de bonne fortune, qu’Hermippus, qui lui avoit toujours esté ami, témoigna qu’il l’estoit encore à ce besoin, car au lieu de le mettre à mort, il le tint si bien caché dans un tombeau, où il le nourrit secrettement, que nul ne s’en apperçeut. […] Aussi tost que Lycerus eust leu ces lettres, elles l’attristerent extrémement, pource qu’il n’y avoit pas un de ses amis qui fust capable d’entendre la question de la Tour.
Aussi, mettant fin à leur inimitié, ils dirent : « Il vaut mieux devenir amis que de servir de pâture à des vautours et à des corbeaux. » Il est beau de mettre fin aux méchantes querelles et aux rivalités ; car l’issue en est dangereuse pour tous les partis.
Les grenouilles du marais, ayant entendu ses gémissements, lui dirent : « Hé, l’ami !
Un de ceux qui se trouvaient là lui dit : « Hé, l’ami, s’il est si bienfaisant, pourquoi le vends-tu, au lieu de tirer parti de ses secours ?
l’ami, tu veux voir ce qu’il y a dans le ciel, et tu ne vois pas ce qui est sur la terre !
l’amie, cesse de te vanter de cela ; car plus tu feras d’enfants, plus tu auras d’esclavages à déplorer. » Il en est de même des serviteurs : les plus malheureux sont ceux qui ont le plus d’enfants dans la servitude.
Pour se vanger de cette tromperie, A quelque temps de là la Cicogne le prie : Volontiers, luy dit-il, car avec mes amis Je ne fais point ceremonie.
Ami, reprit le Coq, je ne pouvois jamais Apprendre une plus douce et meilleure nouvelle, Que celle De cette paix.
Li chiens li dit : « Amis, pur quei prend[e]rai jeo cest pain de tei ?
Combien d’ames, que leur probité rend trop credules, se laissent piper aux persuasions d’autruy, et n’employent leur peine ou leur pouvoir, qu’à l’avantage de leurs faux amis ? […] Que cela suffise pour la preuve de ceste verité, à sçavoir que les bons amis ne sont pas compatibles avecque les desseins mercenaires, et que d’en admettre de ceste sorte en sa frequentation, c’est courir la fortune de l’Aigle, qui ne gagna que de la honte dans le conseil de la Corneille.
l’ami, si les loups pouvaient user de l’orge comme nourriture, tu n’aurais jamais préféré tes oreilles à ton ventre. » Cette fable montre que ceux qui sont naturellement méchants, même quand ils se targuent d’être bons, n’obtiennent aucune créance.
Mut me semble greinur vilté de ces kis furent mi privé a ki jeo fis honur e bien, ki n’en remembrent nule rien, que des autres que jeo mesfis : li nunpuissant ad poi amis. » Par me[is]mes ceste reisun pernum essample del leün : ki que unc chiecë en nunpoeir, si piert sa force e sun saveir, mut le tienent en grant vilté nis les plusurs qui l’unt amé.
Si tu désires vraiment vivre en sûreté, défie-toi de tes ennemis, mais aie confiance en tes amis, et conserve-les.
Le chien s’ennuyait pendant la lecture de l’âne ; aussi lui dit-il : « Descends de quelques lignes, très cher ; peut-être trouveras-tu dans la suite quelque chose qui se rapporte à la viande et aux os. » L’âne ayant parcouru tout l’écrit, sans rien trouver de ce que le chien cherchait, celui-ci reprit la parole : « Jette ce papier à terre, ami ; car il est tout à fait insignifiant. »
Alors le pilote, esprit solide, leur dit : « Mes amis, réjouissons-nous, mais comme des gens qui reverront peut-être la tempête. » La fable enseigne qu’il ne faut pas trop s’enorgueillir de ses succès, et qu’il faut songer à l’inconstance de la fortune.
Li asnes dit : « Veiz tu, amis, ceo que jeo te aveie pramis ?
Il lui proposa une alliance. « Il nous sied tout à fait, dit-il, d’être amis et alliés, puisque toi, tu es le roi des animaux marins, et moi, des animaux terrestres. » Le dauphin acquiesça volontiers.