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21. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — VI. Le Renard, le Singe, et les Animaux. » p. 81

Le Singe aussi fit l’épreuve en riant, Et par plaisir la Tiare essayant, Il fit autour force grimaceries, Tours de souplesse, et mille singeries : Passa dedans ainsi qu’en un cerceau.

22. (1180) Fables « Marie de France, n° 8. La chienne qui était sur le point de mettre bas » p. 480

La force ert lur e la vigur : fors l’en unt mise en deshonur.

23. (1180) Fables « Marie de France, n° 14. Le lion malade » p. 481

Mut me semble greinur vilté de ces kis furent mi privé a ki jeo fis honur e bien, ki n’en remembrent nule rien, que des autres que jeo mesfis : li nunpuissant ad poi amis. » Par me[is]mes ceste reisun pernum essample del leün : ki que unc chiecë en nunpoeir, si piert sa force e sun saveir, mut le tienent en grant vilté nis les plusurs qui l’unt amé.

24. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 57 » p. 311

On dit que les animaux furent façonnés d’abord, et que Dieu leur accorda, à l’un la force, à l’autre la vitesse, à l’autre des ailes ; mais que l’homme resta nu et dit : « Moi seul, tu m’as laissé sans faveur. » Zeus répondit : « Tu ne prends pas garde au présent que je t’ai fait, et pourtant tu as obtenu le plus grand ; car tu as reçu la raison, puissante chez les dieux et chez les hommes, plus puissante que les puissants, plus rapide que les plus rapides. » Et alors reconnaissant le présent de Dieu, l’homme s’en alla, adorant et rendant grâce.

25. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 139 » pp. 318-318

» Ne soyez pas trop fier de la force que donne la jeunesse ou la renommée : pour bien des gens le temps de la vieillesse s’est consumé en pénibles travaux.

26. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LVIII. Du Chevreau, et du Loup. »

Comme ils se voyent donc la force à la main, à cause de ceux qui les assistent, ou dans un enclos de murailles capable de les deffendre, ils repriment tout à coup leurs ordinaires apprehensions, et ne songent pour ceste heure là qu’à se vanger. […] Ils en sont doncques touchez à la maniere des autres hommes ; et n’ayant pas assez de force pour en venir aux effects, qui sont les vrays moyens de s’acquerir de l’estime, ils s’aydent pour cela des paroles, esperant d’ebloüyr les esprits foibles, et de se debiter pour hardis par la seule invention des injures.

27. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 146 » pp. 220-220

Le chameau et l’éléphant se mirent sur les rangs et se disputèrent les suffrages, espérant être préférés aux autres, grâce à leur haute taille et à leur force.

28. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 314 » pp. 209-209

» Sauver les méchants, c’est leur donner à notre insu des forces qu’ils tourneront contre nous d’abord.

29. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — XII. La Colombe et la Fourmy. » p. 235

Patience et longueur de temps Font plus que force ny que rage.

30. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — XVIII. La Chate metamorphosée en Femme. » p. 50

Ce luy fut toûjours une amorce, Tant le naturel a de force, Il se mocque de tout, certain âge accomply.

31. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE IV. Du Cerf, et de la Brebis. »

L’on prit donc jour pour le payement, qui fût à peine venu, que le Cerf en advertit la Brebis : mais elle nia la debte, et luy dit, que si elle luy avoit promis quelque chose, elle l’avoit fait de peur du Loup, adjoustant à cela, qu’on n’estoit pas obligé de tenir promesse à ceux qui l’avoient exigée par la force. […] Il est icy question de retirer sa parole, quand on l’a donnée par force, en quoy certes il y a plus de malheur que de peché.

32. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 147 » pp. 117-117

Mais Zeus, indigné qu’il ne se contentât point de sa grande taille et de sa force et qu’il désirât encore davantage, non seulement refusa de lui ajouter des cornes, mais encore lui retrancha une partie de ses oreilles.

33. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE VI. Du Lion, et de quelques autres Bestes. »

Mais le Lion, qui ne prenoit pas plaisir à cela ; « Tout beau », leur dit-il en rugissant, « la premiere de ces parts est mienne, pour-ce qu’il n’y a pas un de vous qui me vaille ; la seconde l’est aussi, à cause des grands advantages que ma force me donne par dessus vous ; et la troisiesme m’appartient encore, pour avoir plus travaillé que tous à prendre le Cerf ».

34. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — V. Le Loup et le Chien. » p. 346

Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
 Portans bastons, et mendians ;
 Flater ceux du logis ; à son Maistre complaire ;
 Moyennant quoy vostre salaire
 Sera force reliefs de toutes les façons ;
 Os de poulets, os de pigeons :
 Sans parler de mainte caresse.


35. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 27 » pp. 26-26

Il répondit : « Mais si la rivière n’est pas ainsi troublée, force me sera à moi de mourir de faim. » Il en est ainsi dans les États : les démagogues y font d’autant mieux leurs affaires qu’ils ont jeté leur pays dans la discorde.

36. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 143 » pp. 320-320

Mais le cheval sans force tombait à chaque pas.

37. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 347 » p. 271

Je veux qu’on tourne ses yeux, non pas vers le ciel, mais en bas vers la terre, et je force les gens à craindre et à trembler, et à se résigner parfois à garder le logis toute la journée. — C’est pour cela, répondit le Printemps, que les hommes ont plaisir à être délivrés de ta présence.

38. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXVI. Du Chat, et des Rats. »

Le Chat entré dans une maison, où il y avoit quantité de Rats, en prenoit un maintenant, et tantost un autre ; de maniere qu’à force d’aller à cette chasse, il en tua plusieurs avecque le temps.

39. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXIV. De l’Homme, et d’une Idole. »

Dequoy se dépitant, il l’empoigna par les jambes, et luy cassa la teste à force d’en battre la muraille. […] Mais laissons là ce prelude, comme estranger à nostre discours, et venons à l’Allegorie de nostre Fable, par laquelle il nous est enseigné, que les meschants font mieux leur profit par la force, que par une bonne et franche acquisition.

40. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXIV. D’un Laboureur et de ses Enfants. »

Alors s’addressant à ses enfants, il leur commanda qu’ils eussent à rompre le faisceau entier ; Ce qu’ils essayerent de toute leur force, mais ils ne le peurent faire. […] Cela nous aprend, que plus nos forces sont unies, moins elles sont faciles à vaincre, comme nous l’avons prouvé plusieurs fois par l’exemple des Estats et des Monarchies.

41. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Partement d’Esope, et son arrivée en Lydie. Chapitre XXIV. »

Esope s’estant mis alors à parler, il le fist ainsi. « Puissant Monarque, je ne suis venu vers toy, ny par force, ny par contraincte, ny par necessité non plus ; mais de mon bon gré seulement.

42. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — II. Les Membres et l’Estomach. » p. 130

Ce leur fut une erreur dont ils se repentirent ;
 Bien-tost les pauvres gens tomberent en langueur : 
Il ne se forma plus de nouveau sang au cœur :
 Chaque membre en souffrit, les forces se perdirent.


43. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXIV. Du Singe, et du Renard. »

Mais la revolution des temps fist qu’ils se détromperent enfin, quant à l’excellence du corps, et trouverent qu’il y avoit une plus noble et plus loüable qualité en nous, à sçavoir la cognoissance des choses, et la veritable force de l’ame ; Qu’au reste, ceste derniere faculté n’alloit pas tousjours conjoinctement avecque les graces corporelles, mais qu’on voyoit d’ordinaire les belles personnes foibles et stupides ; et au contraire quantité de corps monstrueux, doüez d’un entendement extraordinaire. […] Mais le monde se raffinant peu à peu, commença d’avoir en haine ceux qui regnoient par la force, comme il avoit auparavant mesprisé les autres, qui ne regnoient que par la beauté ; de façon que les hommes sages, c’est à dire, ceux qui parvindrent à une plus haute cognoissance des choses, conspirerent à debusquer les forts, et à les jetter dans des pieges, d’où toutes leurs fougues, ny toutes leurs violences ne les sçeurent jamais tirer.

44. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 308 » pp. 218-218

Or il arrive par une fatalité divine que le petit que sa mère soigne avec complaisance et serre avec force dans ses bras meurt étouffé par elle, et que celui qu’elle néglige arrive à une croissance parfaite.

45. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LII. De l’Oyseleur, et du Merle. »

Tellement que plus ceste probité aura de force, plus la Republique s’augmentera ; Et partant le Merle d’Esope avoit raison de dire à l’Oyseleur, qu’il n’auroit guere de Citoyens, s’il faisoit bastir une Ville pleine de pieges.

46. (1180) Fables « Marie de France, n° 23. La chauve-souris » p. 566

Quant ensemble durent venir, [e] la chalve suriz les vit, en sun queor ad pensé e dit que mut redutout cel afaire : ne sot as quels se d[e]u[s]t traire, od ceus volt estre que veinterunt e ki la greinur force averunt.

47. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 211 » p. 259

— Tu vois », répondit l’éléphant, tandis qu’un cousin voltigeait par hasard autour de lui, « tu vois cet être minuscule, qui bourdonne ; s’il pénètre dans le conduit de mon oreille, je suis mort. » Alors le lion se dit : « Qu’ai-je encore besoin de mourir, moi qui suis si puissant et qui surpasse en bonheur l’éléphant autant que le coq surpasse en force le cousin ? 

48. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — XVIII. Le Vieillard et ses enfans. » p. 53

dit le pere, il faut que je vous montre Ce que ma force peut en semblable rencontre.

49. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 212 » pp. 143-143

Le taureau vint ; mais apercevant force bassins, de grandes broches, mais de mouton nulle part, il s’en alla sans mot dire.

50. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLIV. De la Forest, et du Paysan. »

C’est là que le moindre advis qu’on donne est serieusement profité, où les paroles que l’on exige font autant de pieges pour surprendre celuy qui les dit, et où la cognoissance qu’on a prises des forces d’un Estat, pendant la bonne intelligence, sert à sa ruyne, dés que les interests sont partagez.

51. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCIV. Du Taureau, et du Bouc. »

Ceste insolence irrita fort le Taureau, qui s’estant mis à mugir de déplaisir qu’il en eust ; « Je voy bien que c’est », luy dit-il, « ce que tu me fais un si rude accueil, c’est à cause que je suis en fuitte ; mais si celuy qui me poursuit s’en estoit allé, je m’asseure que je te ferois bien sentir que les forces d’un Taureau, et celles d’un Bouc, sont deux choses extrémement differentes ».

52. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — IV. Le Jardinier et son Seigneur. » p. 

Il avoit de plan vif semé cette étenduë, Là croissoit à plaisir l’oseille et la laituë ; Dequoy faire à Margot, pour sa feste, un bouquet ; Peu de jasmin d’Espagne, et force serpolet.

53. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — II. Le Lion et le Chasseur. » p. 326

Un Pâtre à ses Brebis trouvant quelque méconte, Voulut à toute force attraper le Larron.

54. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 235 » pp. 163-163

Les abeilles, enviant leur miel aux hommes, allèrent trouver Zeus et le prièrent de leur donner de la force pour tuer à coups d’aiguillon ceux qui s’approcheraient de leurs cellules.

55. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LX. De la Puce, et de l’Homme. »

Au contraire, on pourroit dire que ceste circonstance aggrave leur peché, puis qu’estant de leur nature incapables de nuire, et par consequent moins poussez à cela par la violence de leur sang, ou par la force de leur complexion, il n’est pas hors d’apparence qu’ils n’ayent une plus maligne volonté que les autres, et qu’ils ne desirent le mal comme mal.

56. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — XXII. L’Aloüette et ses petits, avec le Maistre d’un champ. » p. 325

A toute force enfin elle se resolut D’imiter la Nature, et d’estre mere encore.

57. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — FABLE I. Le Buscheron et Mercure. » p. 173

Comme la force est un poinct Dont je ne me pique point, Je tâche d’y tourner le vice en ridicule, Ne pouvant l’attaquer avec des bras d’Hercule.

58. (1180) Fables « Marie de France, n° 3. La souris et la grenouille » p. 384

Mes la reine l’ad apelee, que a force l’en ad amenee tant par amur, tant par preere, tant qu’il vienent a la rivere.

59. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — D’un fardeau, dont Esope se chargea. Chapitre VI. »

Luy cependant ayant le dos chargé pardessus ses forces, en estoit presque accablé, et se secoüoit tantost d’un costé, et tantost de l’autre.

60. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XVIII. De l’Arondelle, et des autres Oyseaux. »

Quant à la cause, elle provient de divers endroicts : car quelquesfois elle procede de nostre arrogance, qui nous fait imaginer toute autre sens moindre que le nostre ; quelques-fois aussi c’est un effect de nostre impetuosité, qui ne nous permet pas d’avoir l’oreille à ce qu’on nous dit, et entreine quant et soy nos appetits, et nostre raison, sans qu’elle ait la force de s’en deffendre.

61. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXVIII. De l’Esprevier, et de la Colombe. »

Car on establissoit Juge sur un autre, celuy qui avoit la force à la main, et qui n’etoit pas moins usurpateur, ny moins blasmable que luy.

62. (1180) Fables « Marie de France, n° 73. Le mulot qui cherche à se marier » p. 73

Fet li mulez : « A lui irai, jamés ta fille ne prendrai. » Idunc en est alez avant, si li ad dit cumfeitement la ue l’i ot enveié, si li ot dit e enseigné qu’il ert la plus forte creature, en sa force n’aveit mesure : tutes autres riens departeit, quant il ventot, tut destrueit.

63. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 250 » pp. 170-170

Un de ses parents étant venu le voir et lui demandant comment il allait : « Moi, répondit-il, je meurs à force d’aller bien. » Il en est souvent ainsi : nos voisins, n’en jugeant que par les dehors, nous estiment heureux pour des choses qui nous causent intérieurement le plus vif chagrin.

64. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XI. De l’Aigle, et de la Corneille. »

L’Aigle ne pouvant, ny par son industrie, ny par sa force, arracher un poisson hors d’une coquille qu’elle avoit trouvée, la Corneille vint là dessus, qui luy conseilla de voller bien haut, et de laisser tomber la coquille sur des pierres, disant, que c’estoit le vray moyen de la rompre.

65. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XIV. Du Lion affoibly de vieillesse. »

Car comme cét Animal ayant devoré une estrange quantité de bestes, se treuve accablé de vieillesse et de pauvreté, sans avoir la force de se lever pour s’en aller à la chasse ; Ainsi voyons-nous bien souvent, que ceux qui ont appauvry les autres, et qui se sont maintenus du sang du Peuple, ne laissent pas de se treuver au dernier periode de leur vie, dépourveus de toutes commoditez, languissants de faim, et reduicts à la mercy de leurs Ennemis.

66. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIV. De la Corneille, et de la Cruche. »

Je me souviens à ce propos d’avoir ouy alleguer ce mesme exemple avec beaucoup d’autres, en une dispute où il estoit question de sçavoir, si les Animaux ont l’usage du discours plus imparfaictement que nous, ou plustost si ce n’est que la force de leur memoire, joincte aux sens corporels, qui les rend capables de plusieurs choses, semblables aux consequences et au raisonnement des hommes. […] Mais ces bestes, qui nous surpassent toutes en quelque chose corporelle, comme en la vivacité des yeux, en l’excellence de l’odorat, en la force, et en l’agilité, nous cedent neantmoins entierement, et mesme au moindre de nous, toutes les puissances de l’entendement. […] Cela estant, pour peu d’esprit qu’elles eussent, il ne leur seroit pas mal-aisé d’éviter nostre sujection, veu les autres advantages qu’elles ont en grand nombre par dessus nous, comme la force et l’addresse du corps, joincte à la perfection de tous les sens ; et en ce cas là, nous n’aurions jamais appris à dompter les Lions, qui surpassent de bien loing nostre valeur, ny les Elephants, auprés desquels nous ne semblons que des Mouches, ny les Tygres, dont la legereté est imperceptible à nos yeux, ny les Serpents, dont la seule veuë imprime de l’horreur à toute nôtre espece, ny les Basilics, qui font mourir du regard, ny les Poissons, qui sont enfermez dans les abysmes de l’eau, ny les Oyseaux, qui ont libre toute la plaine de l’air. […] Celle-cy ne signifie proprement, sinon que le conseil et l’industrie sont capables de plus de choses que n’est la force. […] Par où, sans doute, cét excellent homme nous veut apprendre, que la Prudence sans la Force peut beaucoup, comme au contraire la Force sans la Prudence ne peut rien.

67. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 86 » pp. 53-53

dit le père, vous aussi, mes enfants, si vous restez unis, vous serez invincibles à vos ennemis ; mais si vous êtes divisés, vous serez faciles à vaincre. » Cette fable montre qu’autant la concorde est supérieure en force, autant la discorde est facile à vaincre.

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