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7. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CVIII. D’un Oye, et de son Maistre. »

Pour cela mesme les Poëtes ont fait Déesse, et non pas Dieu, la Divinité qui preside à la Prudence, possible pour nous monstrer qu’il faut user des choses avec modestie, et non pas brusquement, ny trop à la haste. C’est un Dieu qui regne sur les Armes, un Dieu qui preside au Bien-dire, et à la Medecine, et un Dieu de qui les Arts mecaniques relevent. On a fait Dieux (bien que faussement) ceux qui ont charge de la Mer, de la Terre, et du Ciel : on a fait Dieu, et non pas Déesse, l’Amour ; Mais quant à la Prudence, c’est à dire à la conduite des actions, on l’attribuë justement à une Déesse, et encore à la plus modeste de toutes, pour apprendre que nous devons nous conduire avec que que lenteur, et quelque attrempance dans nos desseins, affin de les faire reüssir.

8. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — XVIII. Le Chartier embourbé. » p. 291

Dieu nous préserve du voyage. […] Il invoque à la fin le Dieu dont les travaux Sont si celebres dans le monde.

9. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXVIII. De l’Asne vestu de la peau du Lion. »

Le seul Hypocrite, qui cache la malice et l’impieté sous le voile d’une fausse devotion, est capable de tenir les personnes plus long temps abusées, à cause que l’exercice de la Vertu n’est pas sujet à la censure des hommes, mais à celle de Dieu : Son espreuve se fait au Ciel, et non pas en terre. […] Toutesfois il arrive par la permission de Dieu, que l’on découvre à la fin telles impostures. […] La mesme chose arriva, mais plus effroyablement, en la personne de ce fameux Docteur, que toute l’Université de Paris reputoit pour sainct personnage, et qui toutesfois, Dieu le permettant ainsi, se leva du cercueil par trois fois, pour publier sa condemnation, et des-abuser luy-mesme les hommes de l’opinion qu’ils avoient de sa saincteté.

10. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 97 » p. 248

Diogène, le philosophe cynique, insulté par un homme qui était chauve, répliqua : « Ce n’est pas moi qui aurai recours à l’insulte, Dieu m’en garde !

11. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE II. Du Loup, et de l’Aigneau. »

Or quoy que le procedé que tiennent ordinairement ceux qui veullent accabler l’Innocence, soit en tout temps des-agreable à Dieu et aux hommes ; si est-ce que les plus artificieux ont accoustumé de le colorer d’un faux pretexte de justice, imitant le Loup de ceste Fable, qui imposoit au malheureux Aigneau d’avoir troublé l’eau de la riviere pendant qu’il beuvoit, quoy que la delicate bouche de cét animal ne peut faire beaucoup d’agitation, eu égard à la distance qui estoit entre l’un et l’autre. […] Mais pleust à Dieu, que telles impostures ne fussent point parvenuës jusques à nostre âge, et qu’au deshonneur de la Religion Chrestienne, nous ne fussions si meschants que de surpasser en injustice et en fraudes les plus insupportables Tyrans des siecles passez. […] Mais quand les hommes se voudront souvenir qu’il y a une justice au Ciel, pour la protection des Innocens, et que devant Dieu, le fort n’a pas plus d’avantage que le foible, je m’asseure qu’ils seront bien dénaturez, s’ils continüent en leur malice, et croy au contraire, qu’ils reduiront, le plus qu’il sera possible, leur mauvaise humeur à une vertueuse esgalité.

12. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE IV. Du Cerf, et de la Brebis. »

A cela l’on peut adjouster, que par cét adveu contre son profit particulier, l’on ne fait tort ny à Dieu, ny aux hommes, ny à soy mesme : A Dieu, pource qu’en la distribution qu’il a faite des biens du monde, il ne nous a pas rendu possesseurs des nostres propres, à condition de les maintenir au peril mesme de nostre vie, qui est un bien infiniment plus cher qu’un heritage, ou une dignité, qui n’en sont que les accessoires. Que si nous sommes obligez de hazarder la vie, la liberté, c’est plustost pour la deffense des biens publics, que non pas des nostres, principalement si on les a commis à nostre charge et qu’on nous en ait fait les dispensateurs, comme des forteresses, des villes, et des possessions destinées au service de Dieu (que nous appellons benefices, et qu’on nommoit anciennement le territoire sacré).

13. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — VIII. L’Aigle et l’Escarbot. » p. 3

Leur ennemi changea de note, Sur la robe du Dieu fit tomber une crote : Le Dieu la secoüant jetta les œufs à bas.

14. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 227 » p. 346

Dieu garde de cela le loup qui m’est cher !

15. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — XVII. La Belette entrée dans un Grenier. » p. 24

Là vivant à discretion,
 La galande fit chere lie,
 Mangea, rongea ; Dieu sçait la vie, 
Et le lard qui perit en cette occasion.


16. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — XIX. L’Oracle et l’Impie. » p. 36

Un Payen qui sentoit quelque peu le fagot, Et qui croyoit en Dieu pour user de ce mot, Par benefice d’inventaire, Alla consulter Apollon.

17. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — IV. Les Oreilles du Liévre. » p. 

Vous me prenez pour cruche ; Ce sont oreilles que Dieu fit.

18. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — FABLE I. Le Buscheron et Mercure. » p. 173

Elle n’est pas perduë, Luy dit ce Dieu, la connoîtras-tu bien ? […] Tu les auras, dit le Dieu, toutes trois.

19. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — III. Le petit Poisson et le Pescheur » p. 18

Le petit Poisson et le Pescheur Petit poisson deviendra grand, Pourveu que Dieu lui preste vie.

20. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXVII. Du Chien, et de la Brebis. »

Ils levent la main devant leur Juge ; ils appellent leur Createur à tesmoin ; ils jurent mesme sur l’Evangile, pour tendre croyables leurs impostures, et ostent la vie ou le repos à l’Innocent, qui n’a pas moyen de se garantir du tort qu’on luy fait, et n’en peut demander justice qu’à Dieu seulement. […] Dieu leur a donné presque autant de graces qu’aux gens de bien, et il leur promet les mesmes recompenses qu’à eux, pourveu qu’ils se convertissent : bref, il les a fait freres de ceux qu’ils calomnient, les conviant par là d’estre plustost charitables, que persecuteurs.

21. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « AU LECTEUR. Sur le sujet des Fables. »

Les anciens Poëtes ont feint que Celius, Dieu par dessus tous les autres, engendra Saturne, que de Saturne nâquit Jupiter, puis Neptune Dieu de la mer, et Pluton Roy des Enfers : Ce que les Platoniciens expliquent fort doctement, quand ils disent que par Celius se doit entendre Dieu, en qui sont comprises toutes les creatures d’une maniere inefable ; et par Saturne le premier esprit Angelique, ou le monde exemplaire, selon la doctrine du mesme Platon, et de Mercure Trismegiste. […] Mais à l’esgard de ce qu’elle vivifie et regit les creatures d’icy bas, subjettes à une continuelle révolution, ils luy donnent le nom de Neptune ; et celuy de Pluton, qui est le Dieu des Richesses, en tant qu’elle agit à la production des metaux et de la pierrerie. […] Ce qui nous apprend que les hommes qui s’ayment par trop, et qui semblent faire gloire de mespriser autruy, enchantez par la bonne opinion qu’ils ont d’eux-mesme, ne sont dans le monde que des Plantes inutiles, Dieu nous ayant fait naistre pour servir nostre Prochain, et l’assister charitablement.

22. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — XIX. L’Enfant et le Maistre d’Ecole. » p. 211

Le Ciel permit qu’un saule se trouva
 Dont le branchage, aprés Dieu, le sauva.


23. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XVII. Du Milan malade. »

Car nostre creance nous apprend, que Dieu est encore plus misericordieux que nous ne sommes meschants, et que le plus desesperé de tous les hommes, le trouve tousjours prest à son secours, si tant est qu’il implore sa bonté.

24. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 253 » p. 262

Un jour les arbres se mirent en devoir d’élire un roi pour les commander, et ils dirent à l’olivier : « Règne sur nous. » Et l’olivier leur répondit : « Moi, que je renonce à la grasse liqueur si appréciée en moi par Dieu et par les hommes, pour aller régner sur les arbres ! 

25. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — XXI. Les Frelons, et les Moûches à miel. » p. 504

Le refus des Frelons fit voir
 Que cet art passoit leur sçavoir :
 Et la Guespe adjugea le miel à leurs parties :
 Plust à Dieu qu’on reglast ainsi tous les procez ;
 Que des Turcs en cela l’on suivist la methode : 
Le simple sens commun nous tiendroit lieu de Code.


26. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE VII. Du Loup, et de la Gruë. »

Car celuy qui a mis en arriere le souvenir de ce qu’il doit à Dieu et à soy-mesme, comment s’acquitera-t’il religieusement de ce qu’il doit à un homme tout seul ? […] Ce n’est donc pas avec intention d’étre recompensé, qu’il faut obliger les meschants, mais seulement à dessein de faire une bonne action, et de respecter en eux, le mesme Dieu qu’ils ont commun avecque nous.

27. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 104 » pp. 77-77

Celle-ci se sentant mourir prononça ces paroles : « Je l’ai bien mérité ; car je ne devais pas endommager celle qui m’avait sauvée. » Cette fable montre que ceux qui font du mal à leurs bienfaiteurs sont punis de Dieu.

28. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE C. Du Pescheur, et d’un petit Poisson. »

Bref, nous sommes tres-asseurez qu’on l’acquiert sans peine, puis qu’il n’y en a point à servir Dieu. […] Elle appartient à Dieu. […] Est-ce là un bien preferable aux promesses de Dieu, qui vous offre le pardon, si vous pardonnez, et vous prepare des douceurs infinies, si vous abandonnez celle-là, qui est de courte durée, et qui vous cause mille remords ? […] Puis donc que la possession des biens celestes est incomparablement plus certaine que celle des temporels, jugeons maintenant à quoy nous sommes obligez, et par le devoir de vrays Chrestiens, et par tant de hautes promesses que Dieu nous a faictes, au prix desquelles toutes les douceurs du monde ne sont qu’amertume.

29. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 299 » p. 239

L’homme récrimina : « Tu m’as déclaré, dit-il, que tu ne revenais qu’au bout de trente ans, et tu ne m’accordes même pas un jour de sécurité. » Le Serment repartit : « Sache bien que, quand on veut m’agacer, j’ai l’habitude de revenir le jour même. » Cette fable montre que Dieu n’a pas de jour fixe pour punir les impies.

30. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — XVIII. L’Aigle et le Hibou. » p. 

Il avint qu’au Hibou Dieu donna geniture, De façon qu’un beau soir qu’il estoit en pasture, Nostre Aigle apperceut d’avanture, Dans les coins d’une roche dure, Ou dans les trous d’une mazure (Je ne sçai pas lequel des deux), De petits monstres fort hideux, Rechignez, un air triste, une voix de Megere.

31. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE VIII. Du Laboureur et du Serpent. »

La mesme Escriture nous apprend dés le commencement de la Genese, qu’il represente quelquesfois l’ennemy de Dieu ; Et aujourd’huy nostre Sage Esope luy fait joüer un personnage presque aussi mauvais que le precedent, à sçavoir celuy d’un Ingrat. […] Car quand nous ne regorgerions pas d’ingratitude les uns envers les autres, nostre vie qu’est-elle autre chose qu’une perpetuelle mescognoissance envers Dieu.

32. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXIV. De l’Homme, et d’une Idole. »

Et comment nostre Esope mesme, qui n’avoit pas moins de sagesse que les plus sobres Esprits, et à qui Plutarque a voulu assigner une place au Banquet des sept Sages, auroit-il religieusement introduit en ceste Fable un homme si peu respectueux envers son Dieu, que de le mettre en pieces, et luy dire quantité d’injures, apres l’avoir ainsi mal traité ? […] Avecque cela ; ils ne se croyent pas riches, s’ils ne font part de leurs biens aux pauvres, aussi liberalement qu’ils les ont vertueusement acquis ; aussi Dieu benit le travail de telles gents, et leur envoye pendant leurs jours une joyeuse tranquilité, sans laquelle ils ne trouveroient aucunes richesses, ny agreables, ny avantageuses.

33. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Par quelle advanture Esope reçeut le don de bien parler. Chapitre IIII. »

Car il est à croire que pour recognoissance de cela, quelque Dieu m’a esté favorable, et qu’ainsi d’un bon office, on n’en doit esperer que du bien ».

34. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — VIII. La Goute et l’Araignée. » p. 587

Cataplasmes, Dieu sçait.

35. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LI. Du Paon, et du Rossignol. »

Ils sont faschez de ce que Dieu ne fait pas un miracle pour eux seuls, et dequoy la Nature ne se détraque point de son cours ordinaire en leur faveur. […] Ce qui doit asseurément obliger les hommes, non seulement à ne point mespriser ceux qui semblent imparfaicts, mais encore à estre contents de leur condition, et à remercier Dieu des biens qu’ils possedent, au lieu de se plaindre de ceux qu’ils n’ont pas.

36. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CVII. Du Taureau, et du Rat. »

L’on peut voir par là qu’il est difficile d’opprimer les petites gents, sans attirer sur sa teste une faction puissante ; et ce qui est le plus à craindre, sans encourir les peines de la haute Justice de Dieu. […] Que ceux-là donc n’estiment pas avoir à faire de foibles parties, qui font gloire d’opprimer les petits, ou mesme de les accabler s’ils peuvent, et qu’ils s’asseurent que les foibles ne manquent jamais d’un bon support, puis qu’ils ont Dieu de leur costé.

37. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — De quelle façon Esope nourrit, et dressa quatre Poussins d’Aigle. Chapitre XXVIII. »

Nectenabo fist à l’instant appeller Esope ; et s’estant mis à le tancer ; « D’où vient », luy dit-il, « que tu as ainsi fait battre un chat, que tu sçais estre un animal, que nous reverons comme un Dieu ? […] Comme ils se furent tous mis à table, un de ces Sophistes attaquant Esope ; « Estranger », luy dit-il, « je t’advise que je suis icy envoyé de la part de mon Dieu, pour te demander l’esclaircissement d’une question dont je suis en doute », Esope l’ayant escouté sans s’esmouvoir ; « Tu ments », luy dit-il, « car Dieu sçachant tout, n’a pas besoing de s’enquerir, ny d’apprendre quelque chose d’un homme. Or est-il que tu ne t’accuses pas seulement, mais encore ton Dieu ».

38. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope instruit Ennus, et luy donne des preceptes pour vivre en homme de bien. Chapitre XXVII. »

Ennus estant remis en grace, Esope l’accueillit si genereusement, qu’il ne le voulut fascher en rien ; au contraire il le traicta mieux que jamais, et comme son propre fils, luy donnant plusieurs belles instructions, dont les principales furent celle-cy. « Mon fils, ayme Dieu sur toutes choses, et rends à ton Roy l’honneur que tu és obligé de luy rendre.

39. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CV. Du Laboureur, et du Taureau. »

Mais comment ne serions-nous revéches aux advis des hommes, puis que nous le sommes quelquesfois aux inspirations de Dieu, et que nous couvrons nos ames de deffences d’airain contre ses traicts, estans en cela nous-mesmes les pires ennemis que nous ayons ?

40. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXIV. D’un vieil Chien, et de son Maistre. »

Les hommes ne peuvent doncques mieux faire que de s’appliquer au service d’un seul Dieu, qui n’est point inégal en ses affections, et qui nous donne plus de contentement en la vieillesse qu’aux autres âges, pource qu’en celuy-cy nous sommes plus à la veille de nous approcher de luy.

41. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXII. Du Chat, et du Coq. »

Mais la Justice de Dieu, qui ne peut souffrir de déguisement, sçait bien discerner au vray les Innocents d’avec les Coupables, et ne fait point de choix quant à la punition des grands ou des petits ; car elle ne veut point de pretexte pour chastier, ny de preuve pour convaincre.

42. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCVI. Du Paon, et de la Gruë. »

Que s’ils ont je ne sçay quoy d’éminent par dessus les autres, je ne voy point que pour tout cela ils les doivent mépriser, puis que Dieu, qui a fait toutes choses justement, n’a pas, comme il est croyable, traicté les hommes avecque tant d’inégalité, qu’il y en ait parmy eux de pirement partagez que leurs compagnons.

43. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE X. Du Rat de Ville et de celuy de Village. »

C’est là où l’on contemple à loisir les merveilles de Dieu, et là mesme où l’on est delivré des contraintes qui gesnent les Courtisans. […] Il faut que la vieillesse, ou la pauvreté, leur fasse quitter le peché, et Dieu sçait avec quelle violence, si ce n’est encore qu’une fin tragique les y surprenne, dont ils ne sont pas moins menacez, que le Rat Bourgeois de nostre Fable.

44. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLV. Du Loup, et du Chien. »

Car pour laisser à part les justes et agreables submissions que nous devons à Dieu, il y en a encore d’autres dont il est impossible de nous garantir. […] Socrate, Platon, et Diogene, preschoient l’obeyssance au Magistrat ; Et Jesus-Christ mesme, quoy qu’il fust Dieu, et le plus parfaict des hommes tout ensemble, n’a pas laissé de déferer au Commandement des Puissances terriennes, pour nous apprendre à le faire sans murmurer.

45. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE V. Du Chien, et de l’Ombre. »

Quelques-uns mettent Dieu en arriere, pour les voluptez sensuelles : D’autres l’oublient, pour les grandeurs de ce monde : Certains, pour un desir de vengeance : D’autres, pour les biens perissables et mortels ; Mais veritablement tous ensemble l’abandonnent pour une ombre, qui s’eschappe en un instant de nous, et laisse au poinct de la mort tous ceux qui l’ont pour suyvie, privez de la vraye et de l’apparente Beatitude.

46. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXVI. Du Chévreau, et du Loup. »

Or ne devons-nous pas croire, que le sens et l’experience manquant aux jeunes gents, Dieu les abandonne jusques là que de ne leur rien laisser de ce dont ils ont besoin pour une bonne conduitte.

47. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CI. De l’Avare, et de l’Envieux. »

En ce cas là nous les appellerons Idolastres, aveugles, et maladvisez, qui se forment un Dieu de metail, comme les Payens, et qui trouveront quelque jour le vray Dieu plus dur et plus insensible que le metail mesme, n’estant pas à croire qu’il écoute ceux qui l’auront oublié pour une Creature, et encore pour une Creature si peu noble que celle-là. […] D’ailleurs, quelque violence qu’il y ait en leurs affections, ils ne laissent pas de contempler quelquesfois les merveilles de Dieu, voire mesme ils peuvent estre amoureux l’un de l’autre sans peché. […] O le beau destin que c’est à l’ame raisonnable d’estre venuë du Ciel, d’estre faite pure et incorruptible par les mains de Dieu, et puis d’espouser icy bas la chetive passion d’un vil metail, l’appetit d’une monnoye crasseuse, et pour le dire en un mot, la servitude d’une chaisne d’or. […] Aussi la judicieuse Antiquité a commis le soing de la richesse au Dieu des Enfers, et l’a appellé Dis, c’est à dire riche.

48. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXVIII. Du Chien envieux, et du Bœuf. »

Sans qu’il soit donc necessaire de dire aucune chose de ses causes, ou de sa definition, il suffira de conclure, qu’il n’y a point de crime au monde si pernicieux, ny si des-agreable à Dieu, que celuy-cy.

49. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XIX. Des Grenoüilles, et de leur Roy. »

La seconde impertinence que remarque Esope en ces Grenoüilles, c’est le mescontentement qu’elles eurent de leur Roy ; voulant donner à entendre par là, que dés qu’un Estat a franchy les bornes de sa liberté, il doit cherir tous les Roys qui luy sont donnez de la main de Dieu, fussent-ils plus insensibles, ou plus stupides qu’une souche.

50. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXII. De la Mouche, et du Chariot. »

Or encore que ce blasme touche generalement les hommes, et qu’ils s’attribuënt l’honneur de toutes leurs entreprises, au lieu de le donner à Dieu, qui est la vraye source et la legitime cause de tout ce qu’il y a de bien et d’honneste dans le monde ; Encore, dis-je, qu’ils soient tachez presque tous de ceste orgueilleuse espece d’ingratitude, si est-ce qu’il y en a qui s’y portent d’une inclination particuliere, et dérobent artificieusement l’estime des autres pour se la transferer.

51. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LV. Du Vautour, et des autres Oyseaux. »

Mais diray-je, sans que les cheveux me herissent sur la teste, que parmy les hommes il s’en est trouvé de si execrables, que de se vouloir servir de la saincte Hostie, pour donner la mort à leurs Ennemis, en mesme temps que Dieu se donnoit à Eux pour vivifier leur ame ?

52. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXVIII. Du Berger, et du Loup . »

Mais pleust à Dieu que tous les mensonges du monde fussent aussi solides, et aussi utiles que ceux de ce livre.

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