Car comme l’intention de la Nature est, que le semblable produise son semblable ; aussi a-t’elle imprimé certains desirs d’imitation du fils envers le Pere, qui le rend docile, et susceptible de tout ce qu’il luy void faire.
Que les parens sont malheureux, qu’il faille Toûjours veiller à semblable canaille !
Mais enfin reprenant courage, il aboya je ne sçay quoy de semblable […] Pour le regard des Amants, c’est presque l’ordinaire de voir, que n’estant pas rassasiez de la possession d’une femme legitime, ou de la conqueste d’une belle Maistresse, ils se jettent inconsiderément dans de nouvelles amours, où la cognoissance qu’on a de leur legereté, empesche le succés de leur dessein, et ne leur laissant attrapper que l’ombre, les rend semblables au Chien d’Esope, en leur faisant perdre le vray morceau de chair qu’ils avoient en leur possession.
À lui seul, le Soleil dessèche tous les marécages ; s’il prend femme et fait un enfant semblable à lui, que n’aurons-nous pas à souffrir ?
Il luy a dit luy-mesme ce qu’il falloit, pour l’asseurer, et luy a tesmoigné son mespris par la moderation de sa colere : En cela semblable aux grands courages, qui n’aspirent qu’aux vengeances malaisées, et ne se resolvent pas librement à tirer raison d’une personne lasche, et mal estimée. […] Semblable estoit le mespris d’Achille contre Thersite, et des plus excellents personnages d’Athenes, contre Hiperbolus. […] La pluspart des choses de la nature, ont accoustumé de s’irriter par leurs contraires, et de desployer toutes leurs forces, contre une resistance presque semblable à leur portée.
De ceste Fable, il s’en peut tirer plusieùrs sens Moraux, dont le plus judicieux, et le mieux appliqué, c’est, à mon advis, celuy de ne hanter jamais qu’avec nos semblables, principalement si nous vivons en une estime loüable, et qui soit nette de tout soupçon.
Car, ô miserable que tu és, quand le Bucheron te met en pieces, et t’abat à coups de coignée, combien voudrois-tu donner pour estre semblable à moy, et en aussi grande seureté ? […] Si comme Souverains, Cresus, Cyrus, Pharaon, Nabuchodonosor, Alexandre, Neron Heliogabale, Sardanapale, Darius, Candaules, Xerxes, et autres semblables, ont esté, sans doute, les plus opulents, et les plus Vicieux aussi. […] Que si maintenant l’on considere les riches comme Particuliers, il se trouvera qu’un Crassus, un Apicius, un Cabrias, et autres semblables, ont esté presque tous débordez en leurs mœurs, et en leur insatiable convoitise ; Au lieu qu’Epaminondas, Phocion, Aristides, Fabricius, Cincinnatus, Fabius Maximus, et les plus grands Emulateurs de leur Vertu, n’avoient presque pas dequoy s’entretenir. […] Aussi-voyons-nous que la Goutte ; le Calcul, l’Hydropisie, l’Apoplexie, et semblables monstres de maux, n’ont pris naissance que chez les Riches ; Et peut on bien dire que l’heureuse Mediocrité seroit pour jamais exempte de ces miseres, si elles ne nous estoient transmises de nos Ancestres voluptueux.
Quelqu’un luy dit alors : N’en accuse que toy, Ou plutost la commune loy, Qui veut qu’on trouve son semblable Beau, bien fait, et sur tous aimable.
Croyant qu’elle avait dans le ventre une masse d’or, il la tua et la trouva semblable aux autres poules.
La pluspart s’en alloient chercher une autre terre, Quand Menenius leur fit voir Qu’ils estoient aux membres semblables ; Et par cet Apologue insigne entre les Fables, Les ramena dans leur devoir.
Pur ceo volt ici enseigner e mustrer bien e doctriner, ki quë unc se sent entrepris e n’eit od sei ses bons amis ki [li] sacent cunseil doner, que bien [se] deit cuntreguaiter, si parler deit devant justise, que en sa parole ait tel cointise, par mi tute sa mesprisun, que seit semblable a la reisun.
Autant en a-t’il pris à ceux qui ont fait des Bastiments magnifiques, comme des Mausolées, des Colosses, et quantité d’ouvrages semblables. […] Le semblable aussi n’arriva-t’il pas en l’entreprise du Mont Athlas, à qui lon vouloit donner la forme d’un homme, en la separation de l’Isthme de Corinthe, et en celuy de la Mer Rouge ?
L’Oyseleur accourust à l’heure mesme, et le pauvre Merle bien estonné de se voir entre ses mains ; « O homme », luy dit-il, « si tu bastis toûjours de semblables villes, tu n’auras pas beaucoup de Citoyens ».
C’est pourquoy Ciceron dit, que les égaux s’assemblent facilement et heureusement avec leurs pareils ; Et Aristote, qu’il n’est point de plus solide amitié parmy les hommes, que celle qui s’establit entre les semblables.
A ces paroles furent semblables celles de cét autre, qui voyant qu’une personne suspecte de desservir la Patrie, le supplioit instamment de vouloir estre son amy ; « Je seray », luy respondit-il, « ce que tu voudras, pourveu que tu sois ce que tu dois estre ».
dit le pere, il faut que je vous montre Ce que ma force peut en semblable rencontre.
Car au lieu qu’en discours ils n’ont merité que des risées, en de semblables actions, ils sont dignes de recevoir des coups de pied, comme le Loup de cette Fable.
Mais quand mesme il y auroit des hommes assez heroïques pour une semblable action, nous ne pourrions les employer, sans chocquer la bien-seance.
De cette façon, semblables à Tantale, ils béent incessamment aprés la possession de leurs Maistresses, et ne peuvent toutesfois accomplir les actions qu’elles leur permettent, peine insupportable à ces miserables, qui par un effet de leur imagination blessée, entretiennent dans le cœur un brasier ardant, et tout le demeurant de la personne de glace.
Voyons-le avec Esope en un sujet semblable.
ne seray-je pas contraint de décharger mon ventre en volant, si mesme ceste nature exige de moy quelque chose de semblable ? […] Il entra donc plus avant dans le logis, où l’ayant trouvée ; « Ma Maistresse », luy dit-il, « vous ne me reprocherez plus desormais les devoirs que me rendent vos servantes ; Car je vous ay achepté un Valet qui est devant nostre porte, en qui vous remarquerez une si excellente beauté, que vous n’en avez jamais veu de semblable ».
Deodat de Gozon, Chevalier de l’Ordre de sainct Jean de Jerusalem, merita depuis d’en estre grand Maistre, ayant dessein de combattre un furieux Dragon, qui affligeoit toute l’Isle de Rhodes de ses meurtres épouvantables, accoustuma si bien un cheval, et deux de ses chiens à un fantosme tout semblable à ce monstre, qu’ils n’apprehenderent point de l’aborder en effect, tellement que par ce moyen ayant sçeu joindre l’addresse à la valeur, il remporta la plus glorieuse Victoire qui fût oncques gaignée. Ce qui se dit des Combats particuliers, se doit penser des generaux, où si la multitude d’un party accable presque la petitesse de l’autre, il faut avoir recours aux aguets, et prendre si bien le demeurant des avantages, comme, le temps, le lieu, et semblables circonstances, qu’on égale, voire mesme que l’on surmonte son ennemy.
Mais enfin comme ils vindrent à recognoistre que c’estoit luy veritablement, ils ne pûrent s’estonner assez, de voir qu’un si chetif bout d’homme leur avoit joüé ce tour de soupplesse, et fait plus sagement que eux, en ce qu’il avoit voulu porter les pains, bien asseuré qu’il en seroit déchargé facilement, et avant que de toute autre chose ; au lieu que ses compagnons n’en pouvoient pas user ainsi, estants chargez de balles de marchandise, et de semblable attirail, dont il n’estoit pas possible de se défaire si aisément, que des provisions de bouche.
Je n’en veux point d’autre exemple que celuy de Themistocles, de Coriolanus, et de leurs semblables, qui apres des services immortels ont esté cruellement bannis, voire quelquesfois mis à mort par l’ingratitude de leurs Peuples.
Alors dans le tremblement qui les saisit, ce fut à qui s’enfuyroit plûtost, et à qui se cacheroit le premier ; le Rat de Village ayant bien à peine pû trouver de la seureté dans un lieu dont il ne sçavoit aucunement les adresses, joinct qu’il n’estoit pas accoustumé à de semblables alarmes. […] Comme il se revit avec son hoste, il luy demanda tout aussi-tost, s’il estoit souvent en de semblables dangers ?
D’un costé la Mouche plaide la cause des gents de Cour, et de ces Ambitieux, qui ne vivent que pour l’orgueil, ou pour le luxe, et songent tant seulement à faire voir leur magnificence à leurs semblables. […] Au sur plus, elle se vante à bon droict d’estre joyeuse et tranquille, au lieu que la Mouche n’est jamais que dans une tumultueuse impatience, et ne cesse de se plaindre ; En cela semblable à la pluspart des Courtisans, et des hommes intemperez, qui clabaudent sans fin contre les Grands, et les accusent d’ingratitude.
A quoy toutesfois il essaye d’apporter du remede par ceste invention, et nous enseigne de ne faire amitié qu’avec nos semblables, encore veut-il que nous les ayons bien esprouvez par une longue et veritable cognoissance.
» disoit-il en gemissant, « ceux que j’ay autresfois des-obligez, me font maintenant du mal, et je treuve qu’ils ont raison ; Mais ce qui me fasche le plus c’est que les autres à qui j’ay fait du plaisir, au lieu de me rendre le semblable, me hayssent, sans en avoir du sujet.
Dequoy sont cause en partie les animositez qu’ils suscitent à l’encontre d’eux, estant bien plus ordinaire aux hommes de murmurer contre ceux qui changent de condition, que contre les autres, d’autant que c’est un effect moins commun, et qu’ayant eu plus d’égaux en leur premiere bassesse, ils ont par consequent plus d’Envieux, puis que selon Aristote, l’envie est entre les semblables.
ô esprit qui n’étoit ny foible ny interessé de l’amour propre, à la maniere des autres femmes, et des hommes mesmes, qui trouvent seulement loüable et beau ce qui est en leur possession ; Le reste, ils le jugent imparfaict, et de tout poinct defectueux, en cela semblables à ceste Lamie, qui portoit les pechez d’autruy dans le devant de sa besace, et les siens au derriere, pour ne les regarder jamais.
Ce que les anciens Sages sçeurent remarquer fort judicieusement, lors qu’ils establirent des jeux publics, pour émouvoir les jeunes gents aux belles actions, par une honneste jalousie de leurs semblables.
Le semblable presque fut veu en l’entreprise que les Romain firent contre les Gaulois, lors qu’appellez à la conqueste de ces pays-là, par les communes divisions de leurs habitans, ils y envoyerent avant le Regne de Jules Cesar deux ou trois Capitaines fort aguerris, qui toutesfois n’en purent venir à bout, et s’accorderent ensemble contre leur Ennemy commun.
Le sens de ceste Fable est clair de soy-mesme, et bien digne de consideration, puis qu’en cét Ouvrage l’ingenieux Esope s’est imaginé diverses peintures de ceste maniere, et toutes semblables à celle-cy.
Il est donc certain qu’une ame genereuse, et bien née, pour estre outragée n’en perdra jamais la tranquillité, principalement si elle prevoit de loing les conseils des malicieux, et si elle cognoist que leur nature, semblable à celle du feu, ne se peut soustenir sans destruire et consumer le sujet où il faut qu’elle s’attache de necessité. […] Car comment espereroit-elle un bon traitement de ceux qui n’en peuvent faire que d’injustes, non pas mesme à leurs semblables ?
Je me souviens à ce propos d’avoir ouy alleguer ce mesme exemple avec beaucoup d’autres, en une dispute où il estoit question de sçavoir, si les Animaux ont l’usage du discours plus imparfaictement que nous, ou plustost si ce n’est que la force de leur memoire, joincte aux sens corporels, qui les rend capables de plusieurs choses, semblables aux consequences et au raisonnement des hommes. […] Plusieurs autres exemples se disent des Elephants, qui les font semblables non seulement à l’esprit de l’homme, mais encore à son naturel, comme, l’amour des femmes, la jalousie des Rivaux, le courroux, les menaces, et quantité d’autres sentiments approchants de nostre nature, parmy lesquels il n’y en a point de plus memorable, que celuy dont Lipse fait mention, qui est tel. […] Tels, et une infinité de semblables exemples se rapportent dans tous les Autheurs, touchant la nature des Elephants, apres lesquels il n’est pas aisé, ce me semble, de pardonner à l’erreur de ceux qui les ont jugé capables de raisonnement. […] Pour prouver ceste verité il ne faut que se remettre en memoire la définition de l’homme ; Car il doit estre en quelque chose semblable, et en quelque chose aussi different des autres Creatures, puis qu’il n’y a rien dans le monde qui ne soit composé de genre, et de difference. […] Quant à l’Elephant qui écrivit de sa trompe, il est certain qu’il ne le fist que par memoire, et que son Maistre l’avoit quelques jours auparavant instruict à cela, au desçeu de tout le monde, affin qu’il praticquast sa leçon à découvert, et qu’il surprist les spectateurs avecque plus de merveille ; ce qui sembleroit nouveau, s’il ne se trouvoit encore aujourd’huy quantité de Charlatans, qui pour gaigner de l’argent, dressent les bestes à de semblables tours de souplesse.
Les Annales sont toutes pleines de semblables cruautez.
Mais le Renard qui l’ouyt, luy respondit de fort bonne grace en se retournant, « Hola, mon amy, je n’aurois eu garde de m’en aller, comme tu dis, sans te remercier, si ta main, tes actions, tes mœurs, et ta vie, eussent esté semblables à tes paroles ».
S’ils ont doncques si peu de plaisir en de semblables conversations, et s’ils voyent d’ailleurs combien elles sont nuisibles au commerce de leur vie, n’est-ce pas à eux une imprudence extraordinaire de se trouver en des compagnies honteuses, et tout à fait insupportables à leur humeur ?
Si vous estes gents de bien, vous aurez de la facilité à le rendre semblable à vous.
L’on peut dire le semblable des actions morales, en matiere desquelles nous apprenons par espreuve, que l’homme ne se precipite presque jamais à l’effect de ses desseins, sans y apporter plus d’obstacle que d’acheminement.
Quant au Sage consideré en particulier, c’est proprement celuy qui détaché de tous les interests mondains, demande plustost d’en estre spectateur que partie ; comme l’estoient anciennement un Anacarsis, un Crates, un Diogene, et ainsi de leurs semblables, ou comme le sont encore aujourd’huy nos Religieux, mais avec une perfection incomparablement plus grande, et plus noble.
A la fin, lon n’eust pas si tost mis le gasteau sur la table, que ce Vilain hoste, le tournant de tous costez, commença d’en manger, comme si ç’eust esté du pain, et comme s’il n’en eust jamais gousté de semblable.
Or pour adoucir aucunement nostre Discours, et passer des choses extrêmes aux moyennes, toute espece d’imitation semblable ne s’addresse pas à la Divinité.
Tels et semblables sont les discours qu’on a tenus contre les femmes, et que l’on tient encore aujourd’huy, sur le débris de leur affection, ou sur la dureté de leur resistance.
Il n’est pas ainsi d’une Truye, qui n’est ny tirée, ny tonduë ; joint que l’on n’a pas accoustumé de la traisner à de semblables choses.