Rispose ella : Signor mi doglio assai De le vostre sciagure, et lo sa Dio : Ma di venir più avanti ho gran sospetto, Vedendo tutte le vestigie altrui De la spelonca incontra l’uscio volte, E nessuna guardar verso l’uscita : Ond’io fo stima molti esservi entrati, Né fatto haver alcuno indi partita : Però lasciovi in pace ; e se mai posso Farvi servigio, che in piacer vi sia, Farollo volontier, ma da lontano.
La Cicogna, che in riva al fiume stava, In ch’ei lavar solea le bianche piume, Se gli fa incontra, e la cagion li chiede Del suo cantar poi ch’è vicino a morte, Che per natura ogni animal paventa, E pianger suol pur a pensarvi il giorno, Ch’ella sia per venir, benché lontana.
» « A ma bien aymée », continua Xanthus, Esope fit alors venir la chienne, et s’adressant à Xanthus : « Il est bien à croire », adjousta-il, « que celle-cy t’ayme grandement ; Car quelque bonne inclination que ta femme se die avoir, pour toy, si est-ce que si elle s’offense de la moindre chose, elle en vient incontinent aux injures ; Elle contredit à tout ; elle s’en va : Il n’en est pas ainsi de ta chienne : Tu as beau la chasser, elle ne bouge et ne crie point.
A cela se peut encore rapporter l’indifference d’Aristide, lors qu’un idiot de Villageois luy vint dire du mal de luy-mesme ; Et la patience de Cesar, et de Philippe de Macedoine, quand leurs ennemis les poursuivoient, avecques des livres diffamatoires, et des outrages publics. […] Tellement que n’y ayant rien de si aisé que de surmonter un ennemy par trop inferieur à nos forces, nous venons à inferer que cela n’est pas honorable aussi, et par consequent nous nous despartons de nostre vengeance, puis que les combats des gents raisonnables ne sont entrepris ordinairement que pour la loüange.
Venons maintenant au second poinct de ceste Allegorie, qui regarde la patience que doivent avoir les Vertueux contre les injures des Meschants. […] De là viennent ordinairement leurs contentions, leurs concurrences, et leurs faux partages : De là viennent, dis-je, les meurtres qu’ils font presque tous-jours de leurs compagnons, et les tragiques évenements qui suivent leurs entreprises.
Ne pouvant sortir pour se procurer de la nourriture, il mangea d’abord ses moutons ; puis, comme le mauvais temps persistait, il mangea aussi ses chèvres ; enfin, comme il n’y avait pas de relâche, il en vint à ses bœufs de labour.
Car il y a de l’apparence que pour en venir là, il faut avoir necessairement une volonté de pecher, tout à fait noire et déterminée, ce qui tient du desespoir en quelque façon.
Ce ne vous sera pas une charge trop grande ; Et j’en seray plus libre, et bien plus en estat, En cas que les Voleurs attaquent nostre bande, Et que l’on en vienne au combat.
De ceste mesme façon, comme le soir fût venu, il fit la distribution des pains au lieu où ils soupperent, de sorte que ne restant plus rien dans sa corbeille, il la chargea tout à son aise sur ses espaules, et se mit à marcher si viste, que devançant de bien loing ses compagnons, ils ne sçavoient qu’en penser, et mettoient en doute si celuy qu’ils voyoient devant eux estoit ce vilain Esope, ou bien quelque autre que luy.
Quelque temps apres Nectenabo Roy des Egyptiens, ayant sçeu qu’Esope estoit mort, escrivit incontinent une lettre au mesme Lycerus, par laquelle il luy mandoit qu’il eust à luy envoyer des Ingenieurs, qui fussent si bien versez en leur art, qu’ils peussent bastir une tour, qui ne touchast ny le Ciel, ny la terre, et par mesme moyen qu’il luy fit venir aussi quelqu’un qui sçeut respondre à toutes les choses qu’il luy demanderoit ; concluant que s’il le pouvoit faire, il receveroit le tribut, sinon qu’il le payeroit.
Alors l’Arondelle quittant la compagnie de tous les autres Oyseaux, rechercha celle de l’homme, avec qui elle fit amitié, d’où vient qu’elle demeure maintenant avecque luy, et le resjouït de son chant, au lieu que luy-mesme chasse les autres, et se sert du lin, pour faire des rets et des lacets à les prendre.
Que les grands Seigneurs se viennent instruire icy par la voix d’un pauvre animal, qui reproche de bonne grace à son Maistre une excessive ingratitude.
Venons maintenant au dernier âge du monde, et voyons s’il est exempt de mesme rencontre.
Mais d’en venir là sans quelque sujet extraordinaire, c’est acquerir deux Ennemis au lieu d’un ; et attirer le Loup dans son bercail, pour se faire manger à luy.
MONSEIGNEUR, Je devrois craindre sans doute, de choquer la bien-seance ; et par la hardiesse que je prends d’aborder vostre Personne, sans avoir l’honneur d’en estre connu ; pour le peu d’apparence qu’il y a, qu’au lieu de quelque Histoire serieuse, je vienne vous presenter un Livre de Fables. […] C’est pour la quatriéme fois que son Destin vient l’exposer à la lumiere du jour.
Apres ces choses, se tournant vers Esope, « Viens çà », luy dit-il, « meschant que tu és, va-t’en tout maintenant m’achepter quatre pieds de Pourceau, et nous les apporte, apres qu’ils seront promptement cuits ».
Venons maintenant à reprendre encore une fois l’interest general des humains, et à leur remontrer, s’il est possible, comment ils perdent les biens eternels et solides, pour suivre une ombre de felicité.
Cependant, ses premiers amis qui le voyent affligé, ne viennent aucunement à son secours : au contraire, ils se tiennent bien loin de luy, et ne daignent escouter les plaintes que la necessité l’oblige de faire.
Venons maintenant au remede qu’il y a aux uns pour s’empescher de nuire ; et aux autres pour souffrir patiemment leur oppression.
Però diman prima, che nasca il giorno, Vattene a ritrovar gli amici nostri Di questa Villa, e pregagli in mio nome A venir tutti a l’apparir del Sole A darci in presto del servitio loro In tagliar questa homai matura biada.
Ils craignent d’ordinaire que tout leur vienne à manquer : Ils se mesfient de toutes les entreprises, ils soupçonnent toutes les personnes, bref ils ne respirent qu’apres le gaing, pour le peu d’esperance qu’ils ont en la fortune. […] Mais laissons pour le present ces monstrueux exemples d’Avarice, et venons au remede du mal, apres en avoir monstré l’extremité. […] Si la Nature n’a donc pas besoin d’aucune de ces superfluitez, d’où vient que nous estendons l’usage de nostre vie à de si prodigieuses despenses ? D’où vient que les Avares ne croyent pas avoir dequoy vivre, que lors qu’ils ont amassé des richesses excessives ? […] Car ayant commencé à bien faire pour l’amour de l’honneur, nous venons insensiblement à bien faire pour l’amour seulement de ce qui est bien ; et comme cela, la Gloire sert de commencement à la vraye Sagesse.
Comme le berger les accusait d’ingratitude pour l’abandonner ainsi, après les soins particuliers qu’il avait pris d’elles, elles se retournèrent pour répondre : « Raison de plus pour nous d’être en défiance ; car si tu nous as mieux traitées, nous, tes hôtesses d’hier, que tes vieilles ouailles, il est évident que, si d’autres chèvres viennent encore à toi, tu nous négligeras pour elles. » Cette fable montre qu’il ne faut pas accueillir les protestations d’amitié de ceux qui nous font passer, nous, les amis de fraîche date, avant les, vieux amis.
La seconde chose que je considere en ceste Fable, c’est l’orgueil de l’Asne, qui pour voir fuyr le Lion devant luy, vient à tel point de stupidité, que de croire que ce soit à son occasion.
Le Chien estoit couché dans une Creche toute pleine de foing, où le Bœuf voulut venir repaistre ; mais le Chien se leva pour l’en empescher.
C’est pareillement une qualité fort souhaittable que la Force, lors qu’elle se trouve joincte à l’addresse ; puis que par elle nous venons glorieusement à bout des plus hautes entreprises, où la Valeur et le Courage nous portent.
Cil li firent mires venir pur saver qu’il peüst guarir.
c’est pour le renard que nous avons pris tant de peine. » La fable montre qu’on a raison de se dépiter, quand on voit les premiers venus emporter le fruit de ses propres travaux.
MONSIEUR, La deformité du corps estant, comme elle est, une marque ordinaire de celle de l’ame, j’auois un juste sujet d’apprehender que pour cette raison ce pauvre Esclave estranger, à qui je fais parler nostre langue, ne fust mal venu aupres de vous.
Ces hommes falsifiez, qui n’ont soin que de la beauté superficielle, qui empruntent une qualité, un habit, un panache, une mine, une reputation, et qui mesme ne se contentent pas de leurs cheveux propres ; Ces hommes, dis-je, doivent estre fuys, comme le fût le Cavalier Punctuel, qui sous le nom emprunté de Dom Jean de Tolede, vint à la Cour de Madrid, où il fût si mal traitté, que sa disgrace doit servir d’exemple à ceux qui l’imitent.
L’hiver étant venu et avec lui le froid, l’homme portait ses mains à sa bouche et soufflait dessus.
Il se rendit donc dans une caverne et s’y coucha, contrefaisant le malade ; et ainsi, quand les animaux vinrent le visiter, il les saisit et les dévora.
Venons maintenant à l’autre condition du Chien d’Esope, qu’on ne peut mieux appeller que sagacité, qui consiste proprement à discerner la mauvaise intention d’avecque la bonne, et le flateur d’avecque l’amy.
Viens ça donc, ô Esprit trop affamé de reputation, et considere à quel poinct d’imprudence aboutissent tes fantasies.
Il vint chez elle, et à chaque onction qu’il lui faisait, il ne manquait pas, tandis qu’elle avait les yeux fermés, de lui dérober ses meubles pièce à pièce.
Venons donc au sujet de nostre Autheur, et voyons ce stupide Villageois, qui emporte un Serpent transy de froid auprés de son foyer propre, pour le ranimer.
Que si quelqu’un me vient objecter, que c’est avoir mal pardonné au Perfide que de ne vouloir plus entrer en grace avec luy, et qu’il se treuve encore quelque reste d’animosité dans cette retenuë ; Je luy respondray, qu’il n’y a ny plus ny moins de haine pour tout cela, mais beaucoup de precaution, et qu’à ce compte là ce seroit avoir de l’animosité contre un precipice, que de le fuyr apres l’avoir descouvert.
Ils peuvent respondre à cela, qu’ils y sont conviez par la frequente importunité des autres, qu’ils les viennent voir à leur lever ; les convient à disner en leurs Maisons, leurs escrivent à tout propos, les tyrannisent à force de compliments ; et pour le dire en un mot, qu’ils ne leur laissent pas un seul moment de repos sans pretendre à les entretenir ; si bien que par une raison de civilité, plustost que de bien-vueillance, ils se trouvent obligez à leur permettre un libre accez dans leur frequentation.
Que si l’on m’objette qu’aprés ces désolations l’Empire ne laissa pas de se rétablir, tousjours faudra-t’il avoüer que ce fut autant de mal enduré, et que la visible décadance de la Monarchie vint du partage d’Orient et d’Occident.
Car les hommes, au lieu de ne s’appliquer qu’à la juste loüange qui est deuë à l’action de mediocrité, pource que la Vertu ne consiste qu’en elle seule, ont outre passé le poinct du milieu, et sont venus à loüer l’extrême, non pas celuy qui demeure au deçà de la mediocrité, mais cét autre, qui s’estend au delà de ses limites.
Son chien invita un autre chien. « Ami, lui dit-il, viens céans dîner avec moi. » L’invité arriva plein de joie, et s’arrêta à regarder le grand dîner, murmurant dans son cœur : « Oh !
Ayant jugé d’abord, que c’étoit là l’homme qu’il luy falloit, pource qu’il recognût à sa mine qu’il n’avoit point de soucy, ny beaucoup de sens, il s’en approcha le conviant à venir disner avecque son Maistre.
Le maistre du logis s’estant à mesme temps mis à crier, voila venir les valets, qui traicterent le pauvre Asne à coups de bastons, pour recompense de ce qu’il croyoit faire le civil, et l’honneste.
Or ces delices qu’on trouve à changer, viennent, sans doute, de ce que nous nous rassasions facilement d’une mesme action, ou d’un mesme object, et de ce que nostre entendement se portant à tout cognoistre, nostre volonté de mesme se porte à tout esprouver ; En quoy, certes, les animaux ont de l’avantage par dessus nous ; Car ils vivent dés le commencement du monde dans les mesmes regles, et relevent des mesmes principes.
De là viennent tant de desordres que nous voyons en public : et dans nos maisons : De là les dissentions et les meurtres, qui desolent miserablement les Estats, et font porter aux petits la penitence de l’Ambition des Grands.