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115. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXV. Des Liévres craignans sans cause. »

D’ailleurs, les Grenoüilles les espouvantoient encore plus fort, par le bruict qu’elles faisoient, en se jettant dans l’eau.

116. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — XVIII. L’Aigle et le Hibou. » p. 

Il avint qu’au Hibou Dieu donna geniture, De façon qu’un beau soir qu’il estoit en pasture, Nostre Aigle apperceut d’avanture, Dans les coins d’une roche dure, Ou dans les trous d’une mazure (Je ne sçai pas lequel des deux), De petits monstres fort hideux, Rechignez, un air triste, une voix de Megere.

117. (1570) Cento favole morali « CENTO FAVOLE MORALI. raccolte, et trattate in varie maniere di versi da m. gio. mario verdizoti. — [38.]. DELLA RANA, ET SUO FIGLIUOLO. » p. 376

E credendo poter giunger a questo Se forte si gonfiava il picciol ventre, Subito cominciò gonfiarsi tanto, Che ’l suo figliuol, che la mirava in questo, De la sua morte assai temendo disse : Deh cessa madre, da la folle impresa, Ché se più segui torneratti in danno E de l’honore, e de la vita insieme.

118. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXVIII. Du Laboureur et du Serpent. »

Il arriva depuis, que le Laboureur estant devenu fort pauvre, et imputant la cause de ce malheur à l’offense qu’il avoit faite au Serpent, s’en alla vers luy, pour le prier de s’en revenir à son logis. […] Que si le Vicieux est de soy-mesme un object digne d’estre fuy, à plus forte raison le sera-t’il à ceux qu’il aura trahis, non pour la premiere offense, mais pour le peril de la seconde.

119. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE L. Du Renard, et des Chasseurs. »

Mais le Renard qui l’ouyt, luy respondit de fort bonne grace en se retournant, « Hola, mon amy, je n’aurois eu garde de m’en aller, comme tu dis, sans te remercier, si ta main, tes actions, tes mœurs, et ta vie, eussent esté semblables à tes paroles ». […] Mais cét animal bien advisé luy reproche sa déloyauté de fort bonne grace, et luy fait comprendre en peu de paroles, qu’il n’est point de trahison si couverte, et si bien conduitte, qu’à la fin le hazard, ou la providence ne permette qu’elle éclatte.

120. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXI. Du Renard, et du Bouc. »

Le Bouc en estoit des-jà fort en peine, et regardoit de tous costez, lors que le Renard luy dit ; « Prends courage, mon bon amy, je viens de m’adviser d’une invention, par le moyen de laquelle nous pourrons tous deux sortir d’icy ? […] Ainsi les Amants, à qui toute entreprise semble facile, s’exposent assez souvent à la haine des grands Seigneurs, et s’embroüillent dans les troubles d’une puissante Maison, jusques à faire des actions indignes de leur naissance ; Et tout cela pour une volupté d’aussi courte durée que celle d’un simple breuvage ; Tout cela, dis-je, pour passer une fantasie, ou pour appaiser une soif, et amortir une flamme qui se rallume quelquesfois plus fort, quand ils la croyent esteinte.

121. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXIII. De l’Enfantement des Montagnes. »

Que deviennent-ils qu’un peu de poussiere et de cendre, et encore cela n’arrive-t’il pas à la fin, mais au milieu de leurs conquestes ; comme il en prit à Pyrrhus, à Alexandre le Grand, à Attila, et tout nouvellement au Roy de Perse, decedé depuis six mois, au fort de ses plus belles actions. […] Ce sera, sans doute, celuy qui par un excés d’Ambition met dix-huict cents mille hommes sur pied, et n’aboutit qu’à la desfaicte de son Armée, tandis que ce Philosophe se rit de la vanité de ce Temeraire, et qu’il condamne sa presomption, jugeant fort à propos avec Esope, que c’est la grossesse d’une Montagne, qui n’accouche que d’une Souris.

122. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXIII. De l’Arbre, et du Roseau. »

Icy nous aprenons que le Sage fait quelquesfois gloire de ceder au temps, et qu’il ne s’oppose pas tousjours orgueilleusement à la violence des plus forts, autrement cela s’appelleroit un desespoir meslé d’orgueil, qui seroit possible aussi blâmable que la lascheté. […] A quoy toutesfois les contre-disants auroient moyen d’objecter la mort de Caton, et alleguer que les grands courages ayment beaucoup mieux mourir, que démordre d’une forte et loüable proposition.

123. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXVI. Du Renard, et du Chat. »

Aussi est-il fort mal-aisé de discerner ce qui semble vray, d’avec ce qui l’est veritablement, sur tout, quand on est préoccupé d’une violente inclination de le mettre en pratique. […] et neantmoins les derniers ont eu fort peu de nom et de durée, au lieu que les autres ont porté leur gloire par dessus toutes les nations de leur temps.

124. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXII. D’un Enfant, et de sa Mere. »

Que s’il est question de venir à la source de ce mal, l’on cognoistra que tels Voleurs, sur qui la justice des hommes s’exerce, ne tombent d’ordinaire en ceste disgrace, que pour n’avoir esté bien repris en leur Enfance, comme le remarque fort à propos nostre sage Phrygien. […] Ce n’est doncques pas merveille, si elle s’augmente peu à peu avecque leur âge, et si elle se trouve presque invincible quand ils sont devenus grands : car c’est alors que l’horreur du supplice n’est pas assez forte contre leur meschante inclination, qui s’est presque tournée en la moitié de leur nature.

125. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Du Pays, et de la condition d’Esope. Chapitre J . »

Car il nous fait voir par espreuve, que sans se mettre en peine de chercher à persuader autruy, ny par les définitions, ny par les raisonnements, ny mesme par les exemples tirez de l’Histoire des siecles passez, il sçait si bien gagner les cœurs de ceux qui l’écoutent, en les instruisant comme il faut, et les instruire parfaictement par de simples Fables, que des creatures raisonnables auroient grande honte d’entreprendre, et de faire des actions pour lesquelles, ny les oyseaux, ny les autres animaux n’ont aucun instinct, et qu’ils ne voudroient pas mesme avoir faites : Comme au contraire, ceux qui auroient tant soit peu de raison, rougiroient sans doute de ne s’adonner pas aux choses honnestes, ausquelles il feinct plusieurs bestes brutes s’estre de leur temps fort sagement employées ; et ainsi les unes avoir évité d’extrêmes dangers qui les menaçoient, et les autres en avoir reçeu beaucoup de profit en leur besoin.

126. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — XIII. L’Astrologue qui se laisse tomber dans un puits. » p. 40

Parmi ce que de gens sur la terre nous sommes, Il en est peu qui fort souvent Ne se plaisent d’entendre dire, Qu’au Livre du Destin les mortels peuvent lire.

127. (1570) Cento favole morali « CENTO FAVOLE MORALI. raccolte, et trattate in varie maniere di versi da m. gio. mario verdizoti. — [81.]. DELLA RONDINE, E GLI ALTRI UCCELLI. » p. 39

Et sì come Natura i parti suoi     Sparge qua e là dove le piace a sorte     Che tutti in ogni loco haver li puoi : A romper cominciò la dura e forte     Terra col rastro in largo campo, e ’l seme     Vi sparse ad altri vita, ad altri morte.

128. (1570) Cento favole morali « CENTO FAVOLE MORALI. raccolte, et trattate in varie maniere di versi da m. gio. mario verdizoti. — [83.]. DEL TOPO, ET DELLA RANA. » p. 384

    Così talhor avien, che l’huomo iniquo, Ch’a far altrui si move a torto offesa, A la vita, o a l’honor tramando inganno, Primo nel fil del proprio laccio cade, E da la forte man giusta di Dio Colto con egual sorte insieme resta.

129. (1570) Cento favole morali « CENTO FAVOLE MORALI. raccolte, et trattate in varie maniere di versi da m. gio. mario verdizoti. — [100.]. DEL LEONE, E ’L LUPO, E LA VOLPE. » p. 258

E già sul colmo de l’accuse egli era Quando la Volpe già di questo accorta S’appresentò dinanzi al fier Leone, Che era dal ragionar1, che fatto il Lupo Havea contra di lei, con lei sì forte Sdegnato, che volea mangiarla viva.

130. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — De quelles viandes Esope traicta les Hostes de Xanthus. Chapitre XIV. »

Les escoliers loüerent d’abord une si belle entrée de table, qui leur sembla fort propre à des Philosophes ; pource que c’est par le moyen de la langue qu’on exprime ses pensées.

131. (1570) Cento favole morali « CENTO FAVOLE MORALI. raccolte, et trattate in varie maniere di versi da m. gio. mario verdizoti. — [18.]. DEL SOLE, E BOREA. » p. 46

Così d’accordo cominciò calarsi Verso quel pellegrin soffiando forte Quanto potea da mille parti intorno Per levargli il mantel, che indosso havea.

132. (1570) Cento favole morali « CENTO FAVOLE MORALI. raccolte, et trattate in varie maniere di versi da m. gio. mario verdizoti. — [80.]. DELLA LEPRE E LA TESTUGGINE. » p. 226

Quinci con gran suo scorno intende e vede Il suo rival, che debole seguendo Con un continuar facile il passo Nel camin di virtù, ch’a honor conduce, A sé stesso precorso, e tor di mano De la vittoria la felice palma Da le fatiche de’ suoi lunghi studi A poco a poco assai più forte reso : Ond’ei quasi perduto haver si sente Quell’antico vigor, ch’ardeva in lui Per colpa sol de la pigritia nata Da la sua negligenza infame e stolta, Che pieno il fa d’un pentimento vile, E d’una doglia sì malvagia e poltra, Che non sa cominciar cosa che voglia, Vedendo sé di sotto di gran lunga A molti e molti, ch’ei nulla prezzava : E tutto il resto di sua vita vive Con tedio estremo assai peggio, che morto, Senza speranza haver d’honore alcuno.

133. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope ameine à son Maistre un homme niais, et sans soucy. Chapitre XVI. »

» ; Et là dessus, il se mit à boire : Mais durant le disner, comme on luy eust apporté d’une certaine viande, qu’il trouva fort à son goust, et dont il mangea de bon appetit ; Xanthus voulut faire accroire à son Cuisinier, qu’il l’avoit mal apprestée à cause dequoy l’ayant fait dépoüiller tout nud, il le traita rudement à grands coups de foüet. […] Cét essay, non plus que le precedent, ne servit qu’à aigrir encore plus fort le Philosophe, qui s’en prenant à son boulanger, « Malencontreux que tu és », luy dit-il, « pourquoy n’as tu mis du miel et du poivre dans ce gasteau ? 

134. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 59 » pp. 284-284

Et l’homme la montrant au lion dit : « Tu vois comme nous sommes plus forts que vous. » Le lion répondit en souriant : « Si les lions savaient sculpter, tu verrais beaucoup d’hommes sous la patte du lion. » Bien des gens se vantent en paroles d’être braves et hardis ; mais l’expérience les démasque et les confond.

135. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 181 » pp. 252-252

Cette fable montre que les gens sensés, quand leurs ennemis les attaquent, leur donnent le change en les adressant à de plus forts.

136. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope instruit Ennus, et luy donne des preceptes pour vivre en homme de bien. Chapitre XXVII. »

Ne te separe jamais d’avecque ta femme, de peur qu’elle ne vueille faire essay d’un autre homme que de toy : Car les femmes tiennent cela de leur sexe d’estre naturellement volages, et moins portées au mal quand on les sçait avoir par la flatterie : Ne preste point l’oreille à des paroles legeres, et ne parle que fort peu.

137. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLIII. Des Loups, et de la Brebis. »

Mais pendant que les Brebis estoient en repos, et qu’elles paissoient à leur aise, il se fist une émotion du costé des Louveteaux, qui se mirent à hurler bien fort, et à demander leurs meres.

138. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CV. Du Laboureur, et du Taureau. »

Ce qui procede, sans doubte, de je ne sçay quelle coustume libertine, et tout à fait débordée, qui les a si fort desliez de la subjection, qu’ils ne veulent pas mesme accepter les conseils qui visent directement à leur bien.

139. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — VIII. L’Aigle et l’Escarbot. » p. 3

L’Aigle fondant sur luy nonobstant cet azile, L’Escarbot intercede et dit : Princesse des Oyseaux, il vous est fort facile D’enlever malgré moy ce pauvre malheureux : Mais ne me faites pas cet affront, je vous prie : Et puisque Jean Lapin vous demande la vie, Donnez-la luy de grace, ou l’ôtez à tous deux : C’est mon voisin, c’est mon compere.

140. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope ne laisse entrer qu’un seul de tous ceux que son Maistre avoit conviez. Chapitre XXI. »

» il eust respondu, « La queuë et les oreilles », l’ingenieux Portier approuva fort sa response, et le menant à son Maistre : « Seigneur », dit-il, « voicy le seul Philosophe qui est venu à ton festin ».

141. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXV. Du Renard, trahy par le Coq. »

Jamais il ne faut attendre de bons offices des personnes que nous avons des-obligées, comme dit fort à propos le Renard dont il est question.

142. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXVII. De deux Escrevices. »

Que si toutes ces veritez se rencontrent en la personne des Amis qui essayent à nous exhorter ; à plus forte raison se trouveront-elles en la remonstrance d’un Pere à son fils.

143. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCIV. Du Taureau, et du Bouc. »

Ceste insolence irrita fort le Taureau, qui s’estant mis à mugir de déplaisir qu’il en eust ; « Je voy bien que c’est », luy dit-il, « ce que tu me fais un si rude accueil, c’est à cause que je suis en fuitte ; mais si celuy qui me poursuit s’en estoit allé, je m’asseure que je te ferois bien sentir que les forces d’un Taureau, et celles d’un Bouc, sont deux choses extrémement differentes ».

144. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXII. D’un Malade, et d’un Medecin. »

En suitte de cecy, apres que pour la troisiesme fois il luy eust fait la mesme demande, et que ce pauvre homme luy eust répondu qu’il n’en pouvoit plus, si fort il estoit travaillé d’un flux de ventre ; « C’est vostre santé », continua ce Charlatan.

145. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — XIV. Simonide préservé par les Dieux. » p. 522

L’Athlete avoit promis d’en payer un talent :
 Mais quand il le vid, le galand
 N’en donna que le tiers, et dit fort franchement
 Que Castor et Pollux acquitassent le reste.


146. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — IV. Le Jardinier et son Seigneur. » p. 

Ils ont fort bonne mine.

147. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — XVI. Le Loup, la Mere et l’Enfant. » p. 158

Celuy-cy fort surpris d’entendre ce langage, Comme il estoit venu s’en retourna chez soy.

148. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — II. Le Lion et le Chasseur. » p. 326

À ces mots sort de l’antre un Lion grand et fort.

149. (1570) Cento favole morali « CENTO FAVOLE MORALI. raccolte, et trattate in varie maniere di versi da m. gio. mario verdizoti. — [84.]. DEL LEONE INVECCHIATO, ET LA VOLPE. » p. 16

    Le rispose il Leon con voce grave, E ch’a pena parea che suono havesse ; E l’invitava ad accostarsi a lui, Che meglio intenderia de la sua sorte, Senza dargli fatica in parlar forte.

150. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Xanthus fait un present d’Esope à sa femme. Chapitre VIII. »

» « Quoy », adjoûta Xanthus, « cela te met-il si fort en peine ? […] Les servantes croyant ces paroles veritables, en fûrent si fort touchées, quelles se débattoient des-jà, à qui auroit pour mary ce beau serviteur.

151. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE IX. Du Sanglier, et de l’Asne. »

Car si elle estoit excessive, au lieu d’un contraste esgal entre les deux agents, ce seroit la soudaine destruction de l’un des deux : comme en un brasier allumé, si l’on n’y verse qu’une petite goutte d’eau, cela n’est pas capable de renforcer la violence du feu, à cause de la petitesse du sujet qu’on oppose à son activeté ; D’ailleurs si l’on y en jette une grande quantité, la flamme en sera bien-tost esteincte, au lieu de se reschauffer, n’étant pas capable de resister à une si forte oppression. […] Si donc ceste experience est visible, et au temperamment de nos personnes, et en la nature du feu, n’aurons-nous pas raison de dire aussi, qu’il en arrive de mesme en la vengeance des animaux, à sçavoir que le sang leur boüillant autour du cœur par le moyen de la colere, ne s’aigrit pas si aisément pour une petite resistance, que pour une grande, ny ne desploye pas toutes ses forces naturelles contre un petit object, voire mesme le laisse aller bien souvent sans le toucher, pource qu’une si chetive presence n’est pas assez forte sur sa fantasie, pour l’esmouvoir à courroux.

152. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXI. De la Fourmy, et de la Cigale. »

» « Je passe », dit la Cigale, « fort joyeusement tout ce temps-là, et ne fay rien que chanter ». « Puis que cela est », repartit la Fourmy en sous-riant, « et que tu n’as point plus de soing, tu merites bien maintenant de mourir de faim », Discours sur la soixante et uniesme Fable. […] Voylà l’exemple de deux hommes, qui ont eu l’esprit assez fort pour souffrir en patience une pauvre et contemptible vieillesse.

153. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCIX. Du Sapin, et du Buisson. »

Passons à la Convoitise mesme ; En qui est-elle plus forte, qu’en l’esprit des riches ? […] Car comme dit fort à propos un ancien Poëte, En ce malheureux siecle on ne donne qu’aux riches. Si je déduisois icy toute la suitte des vices, il me seroit fort aisé de prouver combien la richesse y est plus panchante que la mediocrité ; Ce que je montrerois en effect, si je ne craignois d’estre ennuyeux au Lecteur.

154. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LX. De la Puce, et de l’Homme. »

D’ailleurs, ayant plus de sujet que les forts de s’humilier, et de se recognoistre, ils sont blasmables au double de jetter en arriere toutes considerations, et se porter opiniastrément à une action eslevée au dessus de leur pouvoir, qui est en cela d’autant plus mauvaise, qu’elle est accompagnée d’une autre faute ; à sçavoir, de la temerité.

155. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIV. De la Corneille, et de la Cruche. »

Dequoy se sentant fort satisfaict, il prit une mine plus tranquille, et remporta paisiblement la Cruche à son Maistre. […] Il y en avoit un, extrémement chery de son Maistre, et fort mal traicté par le serviteur. […] Le mesme se peut dire d’Apollonius de Thyanée, que l’on tient avoir esté fort sçavant en ceste maniere de cognoissance, et qu’une fois il declara à ses Disciples qui voyageoient avecque luy, le complot de certains Oyseaux, qui s’estoient advertis l’un l’autre, qu’un sac de grain estoit versé sur le grand chemin. […] Homere nous a voulu persuader cela fort subtilement dans son Poëme, où il donne tous-jours l’advantage à Ulysse sur tous les autres Heros des Grecs, qui neantmoins estoient en partie plus Vaillants, mais tous ensemble moins ingenieux que luy. […] Cette Reyne apprend aux petits à se deffendre contre les forts, aux Grands à commander en asseurance, et aux Republiques à se maintenir en liberté.

156. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — D’un fardeau, dont Esope se chargea. Chapitre VI. »

Par ce moyen estant bien fort allegé de son fardeau, il en marcha plus à l’aise apres le disner.

157. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XVIII. De l’Arondelle, et des autres Oyseaux. »

Ce qu’Esope a fort judicieusement remarqué en la personne de l’Arondelle, qui voyant que les autres Oyseaux mesprisoient les profitables enseignements qu’elle leur avoit donnez, changea de party contre leur esperance ; Et se tournant du costé de l’homme, elle y trouva plus de satisfaction qu’avec ses premiers compagnons.

158. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLI. Du Cerf, et du Chasseur. »

Ceste éminence de Fortune, dont ils se piquent si fort, n’est que trop souvent la pire de leurs ennemies, à cause des Envieux qu’elle leur suscite.

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