Un Asnier, son Sceptre à la main, Menoit en Empereur Romain Deux Coursiers à longues oreilles.
Comme ils se voyent donc la force à la main, à cause de ceux qui les assistent, ou dans un enclos de murailles capable de les deffendre, ils repriment tout à coup leurs ordinaires apprehensions, et ne songent pour ceste heure là qu’à se vanger. […] C’est cela mesme qui les rend querelleux en compagnie, pource qu’ils veulent imprimer une opinion de leur fierté, et prevenir les esprits des hommes avecque le son des paroles hardies, ce qu’ils ne font neantmoins que lors qu’ils se voyent en estat d’estre empeschez, ou separez, si d’avanture des outrages il en falloit venir aux mains.
» — « Un autre humme, ceo m’est avis, sur le lit vus tint embracee. » Dunc dis la femme tut curucee : « Bien sai », fet ele, « n’en dust mie, que ceo est vostre vielle folie ; tu vels mençoinge tenir a veire. » — « Jel vi », fet il, « sil dei bien creire. » — « Fous es », fet ele, « si tu creiz pur verité quan que tu veiz. » As mains le prent, od li l’en meine a une cuve d’ewe pleine ; dedenz la cuve le fist garder.
L’hiver étant venu et avec lui le froid, l’homme portait ses mains à sa bouche et soufflait dessus. […] Il répondit qu’il se chauffait les mains à cause du froid.
Ceste Allegorie a esté de mesme suffisamment expliquée en quelqu’une des precedentes Fables, où nous avons dit, qu’il ne faut pas tomber pour la seconde fois entre les mains des meschants, mais se mesfier tous-jours d’eux, et interpreter toutes leurs actions à mal, quand mesme elles seroient plaines d’une apparence de pieté.
Mais ayant pris garde qu’il soufloit dans ses mains, il luy en demanda la cause : A quoy le Voyageur respondist, qu’il le faisoit pour les échauffer.
Il leur respondit que nenny, et toutesfois leur faisant signe de la main, il leur monstra l’endroict où il estoit caché ; mais eux ne l’y trouvant pas, s’en allerent incontinent. […] Mais le Renard qui l’ouyt, luy respondit de fort bonne grace en se retournant, « Hola, mon amy, je n’aurois eu garde de m’en aller, comme tu dis, sans te remercier, si ta main, tes actions, tes mœurs, et ta vie, eussent esté semblables à tes paroles ».
Eux doncques se sentans extrémement obligez à la courtoisie d’un si bon hoste, leverent les mains au Ciel, et recompenserent leur bien facteur par des prieres, qu’ils firent en sa faveur.
Les mains cessent de prendre ; Les bras d’agir, les jambes de marcher.
Un Enfant qui alloit à l’Écolle, déroba un Livre à son Compagnon, et le mit entre les mains de sa Mere, qui le prit volontiers sans le châtier. […] A la fin la chose alla si avant, qu’il tomba entre les mains de la Justice : On luy fit donc son procez, et sa déposition ouye, il fut condamné à la mort.
Car nous voyons assez de gents qui s’exposent au danger pour nostre consideration, jusques à mettre l’espée à la main pour nostre deffence ; En cela plus interessez pour éviter l’infamie, et acquerir de la loüange, qu’ils ne nous sont veritablement Amis. Mais qu’en une occasion pareille à ce que j’ay dit cy-dessus, à sçavoir quand on est persecuté d’un Grand, ou affligé de maladie, ou accablé de misere, ou confiné dans une prison, ou entre les mains des Sergents, on esprouve de fidelles et durables amitiez ; c’est, à mon advis, une chose qui arrive rarement, et qui ne se trouve que parmy les hommes extraordinaires.
L’Oyseleur accourust à l’heure mesme, et le pauvre Merle bien estonné de se voir entre ses mains ; « O homme », luy dit-il, « si tu bastis toûjours de semblables villes, tu n’auras pas beaucoup de Citoyens ».
Voyez-vous cette main qui par les airs chemine ?
Je le fais ; et je baise un beau sein quand je veux : Je me jouë entre des cheveux : Je rehausse d’un teint la blancheur naturelle : Et la derniere main que met à sa beauté Une femme allant en conqueste, C’est un ajustement des Moûches emprunté.
Le laboureur, vu sa stérilité, s’en allait le couper, et déjà, la hache en main, il assénait son coup.
Il prend à tous les mains ; il meurt ; et les trois freres Trouvent un bien fort grand, mais fort meslé d’affaires.
Mais pour revenir à nostre Corbeau, qui fût comme un joüet entre les mains des Enfants, il nous apprend que si la folle imitation des personnes relevées n’apporte point d’autre dommage, pour le moins cause-t’elle tous-jours de la risée. Or cela ne doit pas s’entendre seulement de l’humaine vanité, mais aussi de l’adresse que chacun pretend avoir en la praticque des Arts, et en toute sorte d’actions, soit de l’intelligence, soit de la main.
Aussi est-ce de là que viennent les revoltes des Paysans et du menu peuple, à qui la Fureur met les armes à la main, et les porte indiscrettement à des actions precipitées et dommageables. […] Que si les parties de nostre corps veillent à la conservation de leurs compagnes, si la paupiere garantit l’œil de la poudre, si l’œil prend garde aux choses nuisibles ; si la main va au devant du coup, pour parer la teste ; si la chair environne les parties nobles ; si la crane couvre le cerveau, bref si la peau enveloppe le crane et la chair, à combien plus forte raison devons-nous croire que ce puissant Protecteur garantira ses membres de toute sorte de violences ?
Celui-ci, se retournant, dit au chevreau : « C’est bien fait pour moi ; car, étant boucher, ce n’était pas à moi à faire le flûtiste. » Ainsi quand on fait quelque chose sans avoir égard aux circonstances, on se voit enlever même ce qu’on tient dans la main.
Après en avoir pris un certain nombre, il vit un scorpion ; il le prit pour une sauterelle, et, creusant la main, il allait l’y déposer, quand le scorpion, dressant son dard, lui dit : « Plût aux dieux que tu l’eusses fait !
L’épervier répliqua : « Mais je serais stupide, si je lâchais la pâture que je tiens pour courir après ce qui n’est pas encore en vue. » Cette fable montre que chez les hommes aussi, ceux-là sont déraisonnables qui dans l’espérance de plus grands biens laissent échapper ceux qu’ils ont dans la main.
Ce n’est pas servir de guide, que de parler tant seulement ; Il faut prendre par la main celuy qu’on veut addresser, et le conduire, en marchant devant, dans le chemin de la probité.
Disant ces mots, il fait connoissance avec elle ; Auprés de luy la fait asseoir ; Prend une main, un bras, leve un coin du mouchoir ; Toutes sotises dont la Belle Se défend avec grand respect ; Tant qu’au pere à la fin cela devient suspect.
Le Maistre d’Esope le croyant inhabile aux affaires domestiques, s’advisa de l’envoyer travailler aux champs, où il ne fust pas plustost arrivé, qu’il mit tout de bon la main à l’œuvre Cependant, comme il eust pris fantaisie à son Maistre de s’en aller en sa Mestairie, pour y voir le travail de son nouveau serviteur, il arriva qu’un certain Laboureur luy fist present de belles et grosses figues.
Ils levent la main devant leur Juge ; ils appellent leur Createur à tesmoin ; ils jurent mesme sur l’Evangile, pour tendre croyables leurs impostures, et ostent la vie ou le repos à l’Innocent, qui n’a pas moyen de se garantir du tort qu’on luy fait, et n’en peut demander justice qu’à Dieu seulement.
Que cela ne soit, tous ces Roys que nous avons nommé dans le discours precedent n’auroient jamais reçeu de disgrace par les mains de leurs Ennemis, si leur grandeur n’eust attiré leur ruyne.
De ceste mesme façon, si pour la juste deffence de sa vie quelqu’autre a mis l’espée à la main contre un qui soit un peu en faveur, ou en credit, à cause de sa noblesse, ou de son argent, on alleguera simplement l’action, et là dessus on le fera servir d’exemple, quoy qu’en effect il en serve tres-innocemment.
Il est arrivé de tout temps une infinité d’exemples de ceste nature, dont je ne rapporteray que celuy de Saül envers David, en la puissance duquel il se treuva si bien reduit dans une Cisterne, qu’il seroit sans doute mort de sa main, si le vertueux jeune homme n’eust moderé son ressentiment. […] Il fut neantmoins reduict à la mercy des Turcs, et mourut deux heures apres de la main d’un Ianissaire.
Or les rats, se voyant toujours battus, se réunirent en assemblée, et, s’imaginant que c’était faute de chefs qu’ils éprouvaient ces revers, ils se choisirent des stratèges et les élurent à main levée.
Car de donner son cœur à la premiere occasion entre les mains d’une personne que nous n’avons point pratiquée, c’est, à mon advis, la mesme imprudence, que de se hazarder sur un vaisseau, sans avoir pris garde s’il est entier, ou bien calfutté.
Or, étant entré dans un bois, il vit un lion qui dévorait le veau ; épouvanté, il leva les mains au ciel en s’écriant : « Ô souverain Zeus, naguère j’ai fait vœu de t’immoler un chevreau, si je trouvais le voleur ; à présent je t’immolerai un taureau, si j’échappe aux griffes du voleur. » On pourrait appliquer cette fable à ceux qui sont en butte à quelque disgrâce : dans leur embarras, ils souhaitent d’en trouver le remède, et, quand ils l’ont trouvé, ils cherchent à s’y soustraire.
» À ces mots, il asséna sa main sur le mur, pour crever l’œil du lion.
Mais sur toutes choses, il se donnera le soing d’estendre ses bons offices jusques aux personnes mesme qu’il envie, puis qu’il est certain que nous aymons d’ordinaire plus que les autres, ceux à qui nous avons fait plaisir, et que cela nous oblige à les considerer comme un ouvrage de nostre main.
Ceste resistance dura depuis jusqu’à ce que le grand Cesar les reduisit à main armée, soit que l’honneur de ceste entreprise luy fust fatalement deuë, soit qu’il trouvast moyen de les diviser derechef, ou que toutes les deux causes ensemble contribuassent à la subjection des Gaulois.
Il dit au renard, qu’il aimait et avec qui il entretenait commerce : « Si tu veux que je guérisse et que je vive, séduis par tes douces paroles le gros cerf qui habite la forêt, et amène-le entre mes mains ; car j’ai envie de ses entrailles et de son cœur. » Le renard se mit en campagne et trouva le cerf qui bondissait dans les bois. […] Alors le renard claqua ses mains l’une contre l’autre, dépité d’avoir perdu sa peine ; et le lion se mit à gémir en poussant de grands rugissements ; car la faim le tenaillait, et le chagrin aussi ; et il supplia le renard de faire une autre tentative et de trouver une nouvelle ruse pour amener le cerf.
La seconde impertinence que remarque Esope en ces Grenoüilles, c’est le mescontentement qu’elles eurent de leur Roy ; voulant donner à entendre par là, que dés qu’un Estat a franchy les bornes de sa liberté, il doit cherir tous les Roys qui luy sont donnez de la main de Dieu, fussent-ils plus insensibles, ou plus stupides qu’une souche.
Il est question à la fin de decreter tout le bien pour quelques haillons, et de laisser aller un heritage assez raisonnable entre les mains des persecuteurs.
Esope amena donc aux quatre coings de la place, les quatre Aigles et les quatre jeunes garçons pendus aux corbeilles : puis leur ayant mis en main à chacun une truelle ou tel autre instrument de Masson, il commanda aux Aigles de s’envoler. […] Alors les Egyptiens bien estonnez, et bien fâchez tout ensemble de voir traicter de ceste sorte un animal qu’ils avoient si fort en reverence, accoururent tous à la foule, et arracherent le pauvre chat des mains de ceux qui le battoient ; puis ils s’en allerent au Roy, pour luy dire comment l’affaire s’estoit passée.
Car infailliblement ceux qui ont commandé en de pareilles rencontres, ont accoustumé de briguer sous main l’honneur entier de l’advanture, et de rendre de mauvais offices à leurs Compagnons.
Mais le Pescheur inexorable à tous ces discours ; « Mon amy », luy dit-il, « je ne suis pas d’advis de me laisser échapper des mains une proye asseurée, quelque petite qu’elle puisse estre. […] Le Soldat le plus ambitieux du monde ne laissera pas en arriere une charge de Capitaine, qui luy tombera toute acquise entre les mains, pour attendre avec incertitude, celle de Mareschal de Camp, ou de Colonnel.
Nous avons veu entre les mains d’un Laboureur un faisceau de Verges, qui n’ont pû ny estre rompuës en gros, ny resister en détail ; Et nous sommes estendus sur ce discours, à la maniere des Orateurs et des Philosophes. […] Il r’appellera pour lors en sa memoire une chose que nous avons des-jà touchée, à sçavoir que Dieu s’est reservé la Vengeance, et que c’est empieter sur luy que de la vouloir faire de ses mains.
De la voix il répondit qu’il n’en avait pas vu ; mais de la main il fit un geste pour indiquer où il était caché.