Cependant jusqu’icy d’un langage nouveau J’ay fait parler le Loup, et répondre l’Agneau. […] Vraiment, me diront nos Critiques, Vous parlez magnifiquement De cinq ou six contes d’enfant.
Li lus parla, ne se pot tere.
Tout parle en mon Ouvrage, et mesme les Poissons.
Li lus parla od nobles diz : « Jeo vei », fet il, « [mut] grant merveille : le corp sur le dos d’une oweille.
Au temps que les Arbres parloient, un Paysan s’en alla dans une Forest, et la pria qu’il luy fust permis de prendre autant de bois qu’il en falloit pour pour faire un manche à sa coignée ; et ce que la Forest luy accorda tres-volontiers. […] Il luy declare ses imperfections : il luy compte ses advantures : il luy communique ses secrets, et toutes ces choses ensemble sont, à parler proprement, les instruments de sa perte.
Un riche Laboureur sentant sa mort prochaine, Fit venir ses enfans, leur parla sans témoins.
Issi deit fere li bon sire : il ne deit pas juger ne dire, si si hume, que de lui tienent, ireement en sa curt vienent ; ne deit si [en]vers l’un parler que a l’autre en deie mut peser, mes adrescer a sun poër e l’ire fere remaner.
La courte et sage response de l’Asnon, dément tellement sa nature, que je doute si un subtil et avisé Philosophe pourroit avoir plus judicieusement parlé.
Pur ceo parla un des colums, si apela ses cumpainuns.
A la sepande ala parler, si li cumence a demander pur quei ne l’ot [i]tel criee e de cornes si aürnee cum[e] le cerf qu’il ot vëu.
A li parla par grant amur : « Bele », fet ele, « lais ester que [tu] ne voilles si grater !
Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe, Le doux parler ne nuit de rien.
Le plus [de ceus] dit hum suvent : cel dunt il pensent durement, e par lur buche est cuneü, ainceis que seit d’autre sceü ; la buche mustre le penser, tut deive ele dë el parler.
Mais le renard, qui avait justement entendu sa voix auparavant, lui dit : « N’en doute pas, tu m’aurais fait peur à moi aussi, si je ne t’avais pas entendu braire. » C’est ainsi que des gens sans éducation, qui, par leurs dehors fastueux, paraissent être quelque chose, se trahissent par leur démangeaison de parler.
Cele parla ke meuz saveit.
Quant ensemble en eurent parlé, communement li unt loé qu’il prenge de la neire espine : neïs l’escorce e la racine [en] est mut dure a depescer ; de cel la peot bien enmancer.
Or soit qu’ils ne la croyent capable, ny de verité, ny de resolution, tant y a qu’ils en parlent ainsi, ou par caprice, ou pour en avoir esté mal traittez. […] Ils font comme cét Avare dont parle nostre Esope en la septante-quatriesme Fable, qui outragea son Idole, pource qu’il n’en estoit pas satisfait. […] Mais ayant dessein de parler d’elles en Philosophe, et non pas en Poëte, ny en homme enflammé d’Amour et de colere, je ne leur donneray point des loüanges si excessives, ny des blâmes si desobligeants ; et diray seulement, que supposé qu’en tout le genre humain l’Ame soit égale, et que neantmoins elle produise ses effets differamment, selon les corps où elle est infuse, et les organes qu’elle y rencontre, il arrive presque tousjours que l’homme surpasse la femme, et en grandeur de courage, et en force de jugement.
Je parle à tous ; et cette erreur extrême Est un mal que chacun se plaist d’entretenir.
Xanthus rasseuré par ces paroles d’Esope, se resolut de le croire, et ne faillist point le lendemain de se trouver en la Maison de Ville, ou, suivant le conseil de son serviteur, il se mit à parler aux Assistants, qui le prierent incontinent de faire venir Esope A son arrivée, il se tint debout devant les Samiens, qui bien estonnez de voir un homme de ceste mine, s’en rioient ouvertement, et disoient tout haut. « Vrayment voila un bel homme, pour nous expliquer le Prodige, dont nous sommes si fort en peine. […] S’estant mis alors à parler plus hardiment, « Messieurs », leur dit-il, « pource que la fortune, qui ayme les divisions a proposé un prix de gloire au Maistre et au Valet, quand il arrive que ce dernier est moindre que l’autre, il n’en remporte que des coups ; Que s’il est trouvé plus excellent, cela n’empesche pas qu’il ne soit encore tres-bien battu : De ceste façon, quoy qu’il en advienne, à droit ou à tort, le Maistre est tousjours oppressé. Je suis content neantmoins de vous declarer sans rien craindre, ce que vous desirez si fort de sçavoir, pourveu que vous me fassiez donner ma liberté, et la permission de parler ». […] Au temps que les bestes parloient, il arriva que les loups firent la guerre aux brebis.
Tandis qu’il parlait ainsi, comme il y avait beaucoup de fourmis à l’endroit où il se trouvait, il arriva qu’une d’elles le mordit, et lui, pour avoir été mordu par une seule, les écrasa toutes.
Le ton dont il parla fit retentir les bois, Et découvrit tout le mystere.
L’autre comencë a jurer, si jamés l’en oeit parler, que si chael le detrareient e ors a l’us la butereient.
Al cimiterie vet tut dreit u la prude femmë esteit que sun seignur ot tant pluré ; cuintement ad a li parlé, dit li que ele se cunfortast, mut sereit lez se ele l’amast.
La vielle, quant ne pot parler, od ses deiz [li] prist a mustrer que forces l’aveient trenché e que falcs ne l’ot pas seié.
Parlez sans fiction.
Sa prière estant faite, il entend dans la nuë Une voix qui luy parle ainsi : Hercule veut qu’on se remuë, Puis il aide les gens.
» Li lïuns li ad respundu : « Ceo n’est mie pur ta vertu ne pur fierté k[e]’ en tei as, mes pur le cri que tu crias, que tant lur semble espoëntable que tuz te tienent pur deable. » Si est de l’orguillus felun, que par manace e par tençun e espoënte la fole gent e quide bien a escïent que nuls nel deie cuntrester des qu’i l’orrunt en haut parler.
En haut parla, si li [a] dit : « Pur quei seiez* », fet il, « lasus en si grant vent ?
Si jeo t’en oi ja mes parler, tenir te purras pur bricun : jeo te baterai od mun bastun !
Li uns des lus ad dunc parlé, sun cumpainon ad apelé.
Mais le Loup, sans s’esmouvoir autrement ; « Meschant », luy dit-il, « ce n’est point toy qui m’injuries, mais bien l’avantage du lieu, qui te fait ainsi parler ». […] Ce qui doit de plus en plus convier les vrays Vaillants à demeurer dans la moderation, et faire plustost parler leurs actions, que leurs injures.
Venez singe, parlez le premier, et pour cause.
De telles gens il est beaucoup, Qui prendroient Vaugirard pour Rome ; Et qui, caquetans au plus drû, Parlent de tout et n’ont rien vû.
Onde la Volpe a lui, che liberarla Come amico volea di tanto affanno, Gratie rendendo in cotal modo parla.
A ces mots, le bon Esope souriant, « ô Roy », continua t’il, « ne parle point si legerement de Lycerus : Car si tu fais un parallelle de ton Regne avec ton Peuple, il reluira comme le Soleil ; mais si tu viens à t’esgaler à Lycerus, il s’en faudra bien peu que tout cet éclat ne paroisse une obscurité ». […] Parle donc ? […] Esope l’oyant ainsi parler ; « Vrayment », dit-il, « voila une fort belle question, et dont les enfans de nostre pays rendroient raison. […] Ces paroles du Roy leur firent à l’instant changer d’opinion, et dire les uns aux autres, nous n’en sçavons rien, et n’en avons jamais ouy parler. « Tant mieux encore », adjoûta Esope ; « et s’il est ainsi, comme vous l’asseurez, vostre question est vuidée ».
Veut-il que les livres parlent de luy, tout de mesme que d’un homme bien fort passionné, et comme disoit Monsieur de Malherbe ; Qu’ils content aux races futures Les ridicules avantures D’un Amoureux en cheveux gris ? […] Mais ce n’est pas excuser un Vice, que d’alleguer les Vicieux, ny parler advantageusement d’un poison, que de nommer les personnes qui en sont mortes. […] Je laisse à part les dépenses qu’il leur faut faire, pour reparer le défaut des caresses ; Je ne parlé non plus des chagrins ny des divisions, et passe sous silence une infinité d’autres choses, pour venir à reprendre par un autre biais les mariages contractez entre differentes personnes, et à divertir les jeunes gents à leur tour, de rechercher des femmes âgées. […] Toute l’excuse qui reste doncques à telles gents, s’ils veulent parler veritablement, c’est de dire, que le soing de leur fortune les y conduit, que la volonté de leurs parents l’exige, que la necessité les y pousse, que l’alliance, la commodité, et telles autres raisons les convient à le faire. […] Mais ayant assez parlé des Mariages mal assortis, au moins pour ce qui regarde l’âge, il me suffira d’en avoir dit mon advis, laissant à part quant au reste, l’inégalité des conditions, et toutes les autres differences, qui ont accoûtumé de rendre monstrueuse ceste union.
Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens Portans bastons, et mendians ; Flater ceux du logis ; à son Maistre complaire ; Moyennant quoy vostre salaire Sera force reliefs de toutes les façons ; Os de poulets, os de pigeons : Sans parler de mainte caresse.
Mais c’est dequoy je ne suis pas d’advis de parler, pour ne tomber impertinemment dans la mesme faute dont je le blâme. […] Il me semble avoir leu dans les Histoires de Naples, le conte de ceste effroyable action, dont il est meilleur de se taire, que d’en parler d’avantage.
C’est ainsi que l’Historien Tite-Live, loüe perpetuellement les Romains en tout son ouvrage, si ce n’est de hazard quand leurs fautes sont trop visibles, pour les taire ; Encore s’étudie-t’il alors à les paslier avecque tant d’art, qu’il est aisé de cognoistre que la pure flaterie parle dans ses escrits. […] Ce qui est, à mon advis, si plein d’extravagance, et de flaterie, que les Romains dont il parle n’auroient pû se l’imaginer. […] La mesme consequence que l’on tire pour rendre l’Histoire suspecte de flatterie, quand on parle de ses amis, ou de sa nation, la peut aussi faire accuser de malignité, quand on met en jeu les Ennemis de sa Patrie, ou mesme les siens propres.
Si plus eüssez de cumpainie, si en seriez vus bien servie. » Quant ele ot piece iluec esté, a sa cumpainë ad parlé, dist que od li est sun estre mauveis et que ele ne volt demurer meis ; od li vienge, si avera riches sales, ke li durra, beles despenses, beaus celers e bons beivres e bons mangers.