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20. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIX. De la femelle du Singe, et de ses deux Enfants. »

De la femelle du Singe, et de ses deux Enfants. L’on tient que la femelle du Singe ayant des jumeaux, en ayme passionnément l’un, et ne tient compte de l’autre : Une fois doncques qu’elle eust deux petits d’une portée, voulant éviter un certain danger, elle prit entre ses bras celuy qu’elle aimoit le plus.

21. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIV. De la Corneille, et de la Cruche. »

L’on objecte l’exemple de quelques Animaux particuliers, qui ont des cognoissances beaucoup plus grandes que n’est leur nature : Entre lesquels l’Elephant, le Singe, et le Chien, sont estimez les plus raisonnables ; comme pareillement parmy les Individus de ces Animaux, l’on en compte quelques-uns plus merveilleux que les autres. […] Quant aux exemples des Chiens, et des Singes, il n’est pas necessaire que je m’estende là dessus, à cause de la briefveté que j’affecte en tout cet Ouvrage. […] Car où trouvera-t’on une docilité pareille à celle du Singe ? […] La source, à mon advis, en est tirée de bien plus loing, à sçavoir de la Metempsicose de Pythagore, qui ayant publié par toute l’Italie, que les ames humaines passoient d’un corps à l’autre jusques à la fin des siecles, donna sujet à ceste opinion, et fist croire à beaucoup de gents, que les esprits vertueux avoient leur retraicte asseurée dans des corps aggreables et tranquilles, comme sont le Cygne, la Brebis, et quantité d’autres ; que les genereux ranimoient des Aigles ou des Lions, et que les Malicieux avoient à devenir Renards, les Voluptueux, Pourceaux, les Bien-advisez, Elephants, les Fideles, Chiens, les Ingenieux, Singes, et ainsi des autres ; Puis il disoit, que ces mesmes ames rentroient dans des corps humains, et revenoient faire une course en leur premiere lice, continüant de cette sorte jusqu’à l’entiere revolution des siecles, qu’ils appelloient la Grande Année, à sçavoir celle-là qui ramenoit les choses à leur premier poinct, et faisoit revenir en mesme estat, en mesme circonstance, et en mesme progrez toutes les actions de la vie. […] Ce qu’on dit maintenant des Chiens et des Singes, est de facile réponse, à sçavoir que la memoire estant excellente en tous les deux, ils se forment, l’un à plaire l’homme, l’autre à imiter ses actions, qui est plustost la marque d’une facile imagination, et d’une memoire heureuse, que d’aucun raisonnement.

22. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXX. De l’Aigle, et du Corbeau. »

Mais nostre Seigneur n’a-t’il pas un Singe perpetuel dans les Enfers, qui n’aspire qu’à le contre-faire, et à gagner les ames à soy par l’infame adoration qu’il en exige ?

23. (1893) Les fabulistes latins depuis le siècle d’Auguste jusqu’à la fin du moyen âge. Tome I : Phèdre et ses anciens imitateurs directs et indirects pp. -818

Préface de la première édition Je me propose de publier, en faisant précéder les textes de leur histoire et de leur critique, tout ce qui reste des œuvres des fabulistes latins antérieurs à la Renaissance. C’est une vaste tâche que personne encore ne s’est imposée, et qui, je le crains du moins, m’expose à être un peu soupçonné de présomption. Pour me prémunir contre un pareil soupçon, je désire expliquer comment j’ai été conduit à l’assumer. De tous les auteurs anciens qui guident les premiers pas de l’enfant dans l’étude de la langue latine, Phèdre est celui qui lui laisse les plus agréables souvenirs. Ses fables sont courtes, faciles à comprendre et intéressantes par l’action qui en quelques vers s’y déroule.

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