Une autre fois, comme il arrivait au bord d’une rivière avec une charge d’éponges, il crut que, s’il se laissait tomber encore, il se relèverait plus léger, et il fit exprès de glisser.
L’Oyseau qui porte Ganimede, Du Monarque des Dieux enfin implore l’aide ; Dépose en son giron ses œufs, et croit qu’en paix Ils seront dans ce lieu, que pour ses interests Jupiter se verra contraint de les défendre.
» « C’est en effect une verité », dirent-ils « du moins nous la croyons telle, si nous ne resvons ».
Ce qui me fait croire que plusieurs bestes y sont voirement entrées ; mais je ne sçay si elles en sont sorties.
», s’escria-t’il, « n’ay-je pas esté bien fol de croire que le Coq me seroit fidele, apres luy avoir tué tant de femmes ?
N’est-ce pas une espece de brutalité, ou de folie, de croire que leurs conseils seront authorisez par la Jeunesse, pendant qu’elle leur verra faire autrement, et qu’ils fuyront la praticque de leurs remonstrances, comme si c’étoit quelque mortelle action ?
La Bique, comme on peut croire, N’avoit pas vû le glouton.
« Puis que cela est », continüa la servante, « n’entre point dans le logis, si tu me veux croire, autrement tout le monde s’enfuira ». […] Certes, il est bien à croire, que n’osant sans honte me dire, que je sorte de vostre maison, vous m’avez amené ceste belle teste de chien, affin que je m’enfuye bien loing, ne pouvant, qu’à regret en estre servie : Donnez-moy doncques mon doüaire, et je m’en iray ».
» « A ma bien aymée », continua Xanthus, Esope fit alors venir la chienne, et s’adressant à Xanthus : « Il est bien à croire », adjousta-il, « que celle-cy t’ayme grandement ; Car quelque bonne inclination que ta femme se die avoir, pour toy, si est-ce que si elle s’offense de la moindre chose, elle en vient incontinent aux injures ; Elle contredit à tout ; elle s’en va : Il n’en est pas ainsi de ta chienne : Tu as beau la chasser, elle ne bouge et ne crie point. […] Mais elle qui n’estoit pas d’humeur de rien faire qu’à sa teste, ne voulut point le croire, et le quittant là, se retira chez ses parents.
Je crois l’avoir prés d’icy rencontrée.
Or outre le mal qui nous vient de ne croire un bon amy, qui nous conseille fidellement, il en arrive souvent un autre plus considerable que celuy-là, à sçavoir, que nous perdons presque tousjours l’amitié de celuy qui entreprend de nous exhorter, à cause que se voyant si peu digne de creance envers nous, il se rebutte aisément de nostre praticque, et ne peut souffrir la plus part du temps que nous le tenions pour suspect en sa veritable affection.
Tout de mesme avons-nous sujet de croire, qu’une autre nation vengera ceux du Levant des violences du Turc.
Avecques cela, je ne dors jamais à découvert, et n’est pas à croire combien je suis agreable à tous ceux de la maison ». « O Chien mon amy », reprit le Loup, « que tu és heureux, d’avoir rencontré un Maistre si doux, et si débonnaire ! […] Nous pouvons bien croire Esope sur la douceur de la liberté, pour avoir depuis son Enfance, jusques à la moitié de son âge, esprouve tous-jours le pesant joug de la servitude, sans le pouvoir secoüer durant ce temps-là, quoy qu’il employast pour cét effect toute la subtilité de son esprit, et toute la gentillesse et la promptitude de ses responses.
Si nous avons une parfaitte asseurance de la chasteté d’une femme, les autres ne sont pas d’humeur à le croire. […] Car il est à croire que s’ils ne l’aiment point dés le commencement du Mariage, cette froideur se tournera sans doute avecque le temps en une haine mortelle. […] Pour cét effet, ils se doivent proposer les malheurs que j’ay des jà representez, et croire qu’ils les communiqueront tous à la personne qu’ils ont dessein d’espouser ; action d’autant plus odieuse, que c’est une chose contre Nature, de rendre infortunez ceux avec qui nous voulons passer le demeurant de nostre âge.
Cette fable montre que les menteurs ne gagnent qu’une chose, c’est de n’être pas crus, même lorsqu’ils disent la vérité.
Or ne devons-nous pas croire, que le sens et l’experience manquant aux jeunes gents, Dieu les abandonne jusques là que de ne leur rien laisser de ce dont ils ont besoin pour une bonne conduitte.
Surquoy je veux dire, qu’encore que toute sorte de feincte soit odieuse, quand on se veut faire croire plus excellent que l’on n’est, celle là toutesfois semble l’estre d’avantage, par qui l’on ne peut couvrir un défaut visible, contre la proprieté mesme où l’on affecte de reüssir.
Mais je m’amuserois en vain à rapporter des exemples touchant la fidelité des Chiens, puis que les Histoires publiques, et toutes les maisons des particuliers sont plaines de ces merveilles, la consideration desquelles a convié beaucoup de gents à croire qu’ils estoient capables de raisonner ; Ce qui toutesfois ne vient pas de ceste seule experience. La source, à mon advis, en est tirée de bien plus loing, à sçavoir de la Metempsicose de Pythagore, qui ayant publié par toute l’Italie, que les ames humaines passoient d’un corps à l’autre jusques à la fin des siecles, donna sujet à ceste opinion, et fist croire à beaucoup de gents, que les esprits vertueux avoient leur retraicte asseurée dans des corps aggreables et tranquilles, comme sont le Cygne, la Brebis, et quantité d’autres ; que les genereux ranimoient des Aigles ou des Lions, et que les Malicieux avoient à devenir Renards, les Voluptueux, Pourceaux, les Bien-advisez, Elephants, les Fideles, Chiens, les Ingenieux, Singes, et ainsi des autres ; Puis il disoit, que ces mesmes ames rentroient dans des corps humains, et revenoient faire une course en leur premiere lice, continüant de cette sorte jusqu’à l’entiere revolution des siecles, qu’ils appelloient la Grande Année, à sçavoir celle-là qui ramenoit les choses à leur premier poinct, et faisoit revenir en mesme estat, en mesme circonstance, et en mesme progrez toutes les actions de la vie. […] Voylà tout ce que l’on peut dire raisonnablement là dessus : car il m’est permis, ou de ne croire pas cét exemple, ou de le croire avec ceste condition, que son Precepteur l’avoit instruict. […] Quant aux voix des animaux, je crois bien qu’elles sont un signe naturel de leurs appetits, mais non pas un signe d’institution, comme les paroles ; Par exemple, ce n’est pas d’un consentement universel que les Loups ont accoustumé de hurler de telle ou telle sorte, d’y adjouster tant d’articles, et d’élancemens de voix, mais c’est que la Nature leur a imprimé certains sons, qui servent de marques à leurs appetits, et sont cognus non seulement des animaux de leur espece, mais encore des autres. […] Il n’est donc pas à propos de s’imaginer qu’ils le fassent par art ; mais il est bien à croire que si nostre Esope n’eust point eu de plus excellent sçavoir, que celuy qu’on luy attribuë d’avoir entendu le langage des bestes, nous ne serions pas maintenant en peine de luy servir de Mythologistes.
La seconde chose que je considere en ceste Fable, c’est l’orgueil de l’Asne, qui pour voir fuyr le Lion devant luy, vient à tel point de stupidité, que de croire que ce soit à son occasion.
Mais le Renard s’en mocquant ; « Mal-advisé que tu es », luy dit-il, « apprends une autrefois à ne croire point ta folle teste, et à te servir de tes jambes au besoin ».
Nous croyons que les Legislateurs, ou les Magistrats, nous en privent pour se le reserver, ou pource que la chose est si douce, qu’elle pourroit nous détracquer de l’amour de Dieu, et de la Patrie. […] Apres une Idole, il en adore une autre ; apres une fille il se rend esclave d’une femme mariée : puis il vient à cajoler la vefve, et il est à croire que s’il trouvoit une Androgine, elle n’échapperoit pas de ses soins, pource seulement qu’elle seroit à demy femme.
Un loup fondit sur lui, et il allait faire de lui son repas, quand le chien le pria de ne pas l’immoler tout de suite : « À présent, dit-il, je suis mince et maigre ; mais attends quelque temps : mes maîtres vont célébrer des noces ; moi aussi j’y prendrai de bonnes lippées, j’engraisserai et je serai pour toi un manger plus agréable. » Le loup le crut et s’en alla.
Apres avoir violé les loix qui obligent la creature au Createur, apres avoir franchy toutes les regles de la nature et de la Religion, est-il à croire que tels ingrats observent les loix d’une simple amitié, et encore vaine et fausse, puis que selon le dire d’Aristote, il n’en est point de vraye, que celle dont la Vertu est le fondement ?
Car il n’est pas à croire combien grande est la foiblesse de ceste sorte d’esprits.
Que si j’estois aussi adroit à les commenter, qu’Esope le fût à les faire, je ne croirois pas qu’il y eût au monde un meilleur ouvrage que celuy-cy.
Mais ce qu’il y a d’insupportable en leur humeur, c’est qu’il ne s’en trouve que trop parmy eux, qui sont bien contents de faire comme l’Ours de ceste Fable, c’est à dire, de manger la plus pure substance des Innocents, et de ne vouloir pas toutesfois que ces pauvres gents s’en ressentent ; Car alors s’ils en reçoivent le moindre déplaisir, il n’est pas à croire combien est grande la violence où leur passion les porte.
Car je n’auray pas moins d’amour pour toy, que j’en avois pour ma femme ; Je veux croire aussi, que de ton costé tu m’aymeras comme tu as aymé ton mary”.
Te crois-tu si remply de finesse, ô fallacieux Renard, que de pouvoir tromper impunément les gents accorts, sans courir fortune d’estre toy mesme affiné ?
Comment croyez-vous qu’il soit benit de Dieu, si vous en faites un vase de profanation ?
Quant aux Bilieux, et aux Sanguins, ils dissipent et donnent abondamment, d’autant que leur naturel ardant et vigoureux leur fait croire toutes choses faciles, et les porte vertement aux plus hautes entreprises. […] En ce cas là nous les appellerons Idolastres, aveugles, et maladvisez, qui se forment un Dieu de metail, comme les Payens, et qui trouveront quelque jour le vray Dieu plus dur et plus insensible que le metail mesme, n’estant pas à croire qu’il écoute ceux qui l’auront oublié pour une Creature, et encore pour une Creature si peu noble que celle-là. […] Dans nostre Religion mesme on nous permet, voire on nous conseille de croire que les metaux precieux, et les thresors, sont en la garde des Demons ; Ce que verifient assez les experiences que l’on en fait tous les jours dans les mines, et les frequentes apparitions qui se voyent à l’ouverture d’un thresor. […] Comme au contraire, s’il les sçait ménager legitimement, aussi bien usera-t’il de peu que de beaucoup, tellement que de ce costé là nous ne luy ferons point tort de le laisser moins riche, puis qu’il pourra vivre en ceste condition, et demeurer homme de bien : car il est à croire, qu’un naturel moderé parmy les richesses, ne sera pas dissolu dans la pauvreté.
A ces mots le marchand tourna visage, et bien fâché contre Esope : « va-t’en loing de moy », s’escria-t’il, « mastin que tu és ». « Tout beau », repartit Esope, « à tout le moins dy moy quelle affaire t’ameine en ce lieu ». « Je n’y suis venu », respondit le marchand, « que pour y achepter quelque chose de bon, et voila pourquoy je n’ay pas besoin de toy, qui ne vaux rien, et qui n’és qu’une marchandise inutile et gastée ». « Si est-ce pourtant », adjoûta Esope, « que tu m’achepteras, si tu me veux croire, et je m’asseure que tu ne seras pas fâché de m’avoir ». « Dieux !
Puis je ne crois pas qu’il soit necessaire d’en alleguer d’avantage, pour prouver une verité si reçeuë, à sçavoir, que nous tenons de la naissance un certain instinct, qui nous porte ordinairement aux actions où nous sommes le plus propres, qui se fortifient par l’exercice, et par le raisonnement.
Que si nous les voyons bien avant dans les prosperitez du monde ; s’ils sont environnez d’une suitte de gens serviles, et peu genereux ; s’ils ébloüyssent les hommes de l’éclat de leur ostentation, il ne s’ensuit pas pour cela qu’on les doive croire heureux.
Ce qui peut bien estre vray, s’il en faut croire divers Autheurs, et particulierement les Poëtes.
Que si les parties de nostre corps veillent à la conservation de leurs compagnes, si la paupiere garantit l’œil de la poudre, si l’œil prend garde aux choses nuisibles ; si la main va au devant du coup, pour parer la teste ; si la chair environne les parties nobles ; si la crane couvre le cerveau, bref si la peau enveloppe le crane et la chair, à combien plus forte raison devons-nous croire que ce puissant Protecteur garantira ses membres de toute sorte de violences ?
Il n’est pas à croire que la Mere de Massinissa l’eust caressé et dorlotté en son bas âge : Car si elle l’eust fait, asseurément il ne fût jamais arrivé à une si longue, et si heureuse Vieillesse, en laquelle il souffroit le Soleil et la pluye teste nuë, et marchoit à pied des jours entiers, encore qu’il fust aagé de nonante ans.
Qu’on ne croie pas pourtant qu’il en soit résulté entre eux une complète harmonie. […] Je ne puis le croire. […] Beaucoup, comme Lessing, croyaient que le manuscrit de Pithou n’existait plus. […] Après sa mort, s’il faut en croire Barbier, ses manuscrits furent achetés par M. […] Aujourd’hui je vais plus loin : je crois que le collège n’en a possédé aucune.
A cecy se rapporte à peu près une Fable bien plaisante, qui dit, que les hommes autrefois doubles, furent coupez en deux pour punition de leur humeur altiere et trop insolente : et c’est d’où procede que dans la diversité de ses humeurs, l’homme veut du mal à l’un, et qu’il ayme l’autre, à cause qu’il le croit sa moitié, comme se l’imagine le Poëte Aristophane.