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2. (1180) Fables « Marie de France, n° 26. Le loup et le chien » p. 346

Marie de France, n° 26 Le loup et le chien Un lu e un chien s’encuntrerent par mi un bois u il alerent. Li lus ad le chien esgardé e puis si l’ad areisuné : « Frere », fet il, « mut estes beaux e mut est luisant vostre* peaus. » Li chiens respunt : « Ceo est veritez : jeo manguz bien, si ai asez, e suëf gis puis tut le jur ; [par] devant les piez mun seignur puis chescun jur runger les os, dunt je me faz [e] gras e gros. […] Einz que a vile feussent venu, garda li lus, si ad veü cum le chien porta sun coler, sa chaene le vit traïner. « Frere », fet il, « merveilles vei entur tun col, mes ne sai quei. » Li chiens respunt : « C’est ma chaene, dunt humme me lie la semaine ; kar suventefeiz [je] mordreie, [e] a plusurs riens mesfereie que mes sires veut garantir ; si me fet lïer e retenir.

3. (1180) Fables « Marie de France, n° 20. Le voleur et le chien » p. 403

Marie de France, n° 20 Le voleur et le chien De un larun cunte ki ala berbiz embler qu’il espia dedenz la faude a un vilein. Ensemble od lui porta un pein ; al chien voleit le pain bailler, ki la faude deveit guaiter. Li chiens li dit : « Amis, pur quei prend[e]rai jeo cest pain de tei ? […] » Le chien respunt : « N’en voil nïent ! […] Par essample nus mustre ci chescun franc hume face einsi : si nuls l’en veut doner lüer ne par pramesse losanger que sun seignur deive traïr, nel veile mie cunsentir ; atendre en deit tel guer[e]dun cum[e] li chien fist del larun.

4. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 277 » p. 264

Chambry 277 Ὄνος καὶ κύων συνοδοιποροῦντες — L’âne et le chien voyageant de compagnie. […] Un âne et un chien faisaient route ensemble. […] L’âne la ramassa, rompit le sceau, l’ouvrit et la lut de manière à être entendu du chien. […] Le chien s’ennuyait pendant la lecture de l’âne ; aussi lui dit-il : « Descends de quelques lignes, très cher ; peut-être trouveras-tu dans la suite quelque chose qui se rapporte à la viande et aux os. » L’âne ayant parcouru tout l’écrit, sans rien trouver de ce que le chien cherchait, celui-ci reprit la parole : « Jette ce papier à terre, ami ; car il est tout à fait insignifiant. »

5. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 36 » p. 41

Chambry 36 Ἀλώπηξ καὶ κύων — Le renard et le chien. […] Un chien lui demanda : « Que fais-tu là ? — Je le cajole, dit-il, et je joue avec lui. — Lâche-le tout de suite, s’écria le chien ; sinon, je vais te faire des caresses de chien. » La fable s’applique au fourbe et au voleur maladroit.

6. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 315 » p. 267

Chambry 315 Ποιμὴν καὶ λύκος <σὺν κυσὶ τρεφόμενος> – Le berger et le loup nourri avec les chiens. […] Un berger, ayant trouvé un louveteau nouveau-né, l’emporta et l’éleva avec ses chiens. Quand le louveteau fut devenu grand, si parfois un loup enlevait un mouton, il lui donnait la chasse lui aussi, avec les chiens. Quand parfois les chiens ne pouvaient pas atteindre le loup et par suite s’en retournaient, lui le suivait jusqu’à ce qu’il le joignît, et qu’il eût, en tant que loup, sa part de la proie ; puis il prenait le chemin du retour. Si un loup n’emportait pas de mouton hors de la bergerie, lui-même en tuait un en cachette et le mangeait avec les chiens.

7. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — XVII. Le Chien qui lâche sa proye pour l’ombre. » p. 133

Le Chien qui lâche sa proye pour l’ombre. […] Au Chien dont parle Esope il faut les renvoyer. Ce Chien voyant sa proye en l’eau representée, La quitta pour l’image, et pensa se noyer ; La riviere devint tout d’un coup agitée.

8. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — V. Le Loup et le Chien. » p. 346

Le Loup et le Chien. Un Loup n’avoit que les os et la peau,
 Tant les Chiens faisoient bonne garde.
 […] Le Loup donc l’aborde humblement,
 Entre en propos, et luy fait compliment
 Sur son embonpoint qu’il admire :
 Il ne tiendra qu’à vous, beau Sire,
 D’estre aussi gras que moy, luy repartit le Chien.
 […] Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
 Portans bastons, et mendians ;
 Flater ceux du logis ; à son Maistre complaire ;
 Moyennant quoy vostre salaire
 Sera force reliefs de toutes les façons ;
 Os de poulets, os de pigeons :
 Sans parler de mainte caresse.
 […] Chemin faisant il vid le col du Chien pelé.


9. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 180 » pp. 329-329

Chambry 180 Chambry 180.1 Κύων <θηρευτικὸς καὶ κύνες> – Le chien de combat et les chiens. […] Un chien, nourri dans une maison, était dressé à combattre les bêtes fauves. […] D’autres chiens l’ayant vu, puissant comme un taureau, lui dirent : « Pourquoi te sauves-tu ? — Je sais bien, répondit-il, que je vis dans l’abondance et que j’ai toutes les satisfactions de l’estomac, mais je suis toujours près de la mort, en combattant les ours et les lions. » Alors les chiens se dirent entre eux : « Nous avons une belle vie, quoique pauvre, nous qui ne combattons ni les lions, ni les ours. » Il ne faut pas, pour la bonne chère et la vaine gloire, attirer sur soi le danger, mais l’éviter au contraire.

10. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 276 » pp. 91-91

Chambry 276 Chambry 276.1 Ὄνος καὶ κυνίδιον siue Κύων καὶ δεσπότης — L’âne et le petit chien ou Le chien et son maître. […] Un homme qui avait un chien de Malte et un âne jouait constamment avec le chien. Allait-il dîner dehors, il lui rapportait quelque friandise, et, quand le chien s’approchait la queue frétillante, il la lui jetait.

11. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 218 » p. 153

Ne pouvant s’en rendre maîtres, à cause des chiens qui les gardaient, ils résolurent d’user de ruse pour en venir à leurs fins. Ils envoyèrent des députés demander aux moutons de livrer leurs chiens. C’étaient les chiens, disaient-ils, qui étaient cause de leur inimitié ; on n’avait qu’à les leur livrer ; et la paix régnerait entre eux. Les moutons ne prévoyant pas ce qui allait arriver, livrèrent les chiens, et les loups, s’en étant rendus maîtres, égorgèrent facilement le troupeau qui n’était plus gardé.

12. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 227 » p. 346

Chambry 227 Λύκος καὶ κύων — Le loup et le chien. […] Un loup voyant un très gros chien attaché par un collier lui demanda : « Qui t’a lié et nourri de la sorte ? — Un chasseur, » répondit le chien. « Ah !

13. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 176 » pp. 92-92

Chambry 176 Chambry 176.1 Κύνες δύο — Les deux chiens. […] Un homme avait deux chiens. […] Or quand le chien de chasse sortait pour chasser et prenait quelque gibier, le maître en jetait une partie à l’autre chien aussi. Le chien de chasse mécontent fit des reproches à son camarade : c’était lui qui sortait et avait le mal en toute occasion, tandis que son camarade, sans rien faire, jouissait du fruit de ses travaux ! Le chien de garde répondit : « Eh mais !

14. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 216 » p. 343

Chambry 216 Λύκοι καὶ κύνες <ἀλλήλοις πολεμοῦντες> – Les loups et les chiens en guerre. […] Entre les loups et les chiens la haine se déchaîna un jour. Les chiens élurent pour général un chien grec.

15. (1180) Fables « Marie de France, n° 71. Le loup et le hérisson » p. 675

Li hiriçuns deveit ester cuntre les chiens e desturber ; a lui les deveit faire entendre, quant li lus ireit preie prendre. […] Les chiens li vunt aprés huant, e il s’en vet al bois fuiant ; le* heriçun leist entrepris. […] Dunc s’esteit li lus recordé, si li pria qu’il descendist devant les chiens, sil defendist. […] La char [en] aies e la pel, si tu te puis des chiens garir ; kar jo ne quer rien partir.

16. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope ne laisse entrer qu’un seul de tous ceux que son Maistre avoit conviez. Chapitre XXI. »

L’heure du disner estant donc venuë, et Esope se tenant à l’entrée du logis, qu’il avoit fermé sur luy, un des conviez s’en vint heurter à la porte, et soudain Esope luy fist cette question, « Que remuë le chien ? » Il n’en fallût pas dire davantage à celui-cy, pour l’en faire aller, sur la creance qu’il eust, qu’on l’appelloit chien. […] Apres donc qu’Esope luy eût fait la mesme question, et qu’à ces paroles, « Que remuë le chien ?  […] nostre Maistre (luy dirent-ils) t’avons nous donné sujet de nous mespriser jusques à ce poinct, qu’il ait fallu, que pour nous empescher d’aller chez toy, tu ayes mis à la porte ce puant Esope, pour nous injurier, et nous appeller chiens ?  […] » « Non pas que je pense », repartit Esope, « du moins ils ne m’en ont donné aucune preuve : Car lors qu’ils ont heurté à la porte, et que je leur ay demandé, Que remuë le chien ?

17. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 187 » pp. 332-332

Chambry 187 Chambry 187.1 Κύων κωδωνοφορῶν — Le chien à la sonnette. […] Un chien mordait à la sourdine. […] Une vieille chienne lui dit : « Qu’as-tu à te pavaner ?

18. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 178 » pp. 64-64

Chambry 178 Chambry 178.1 Κυνόδηκτος — L’homme mordu par un chien. […] Un homme mordu par un chien courait de tous côtés, cherchant quelqu’un pour le guérir. Un quidam lui dit qu’il n’avait qu’à essuyer le sang de sa blessure avec du pain et à le jeter au chien qui l’avait mordu. À quoi le blessé répondit : « Mais, si je fais cela, je serai fatalement mordu par tous les chiens de la ville. » Pareillement, si vous flattez la méchanceté des hommes, vous les excitez à faire plus de mal encore.

19. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 217 » pp. 342-342

Chambry 217 Chambry 217.1 Λύκοι καὶ κύνες <πρὸς αὐτοὺς καταλλαγέντες> – Les chiens réconciliés avec les loups. […] Les loups dirent aux chiens : « Pourquoi, étant de tout point pareils à nous, ne vous entendez-vous pas avec nous, comme des frères ? […] Mais croyez-nous ; livrez-nous tous les troupeaux et nous les mettrons en commun pour nous en rassasier. » Les chiens prêtèrent l’oreille à ces propositions ; et les loups, pénétrant à l’intérieur de l’étable, égorgèrent d’abord les chiens.

20. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 342 » pp. 222-222

Chambry 342 Chambry 342.1 Ὗς καὶ κύων <ἀλλήλαις λοιδορούμεναι> – La truie et la chienne faisant assaut d’injures. […] La truie et la chienne faisaient assaut d’injures. La truie jurait par Aphrodite qu’elle déchirerait la chienne à belles dents. La chienne lui répondit ironiquement : « C’est bien fait à toi de nous jurer par Aphrodite : il apparaît bien qu’elle t’aime de toute sa tendresse, elle qui refuse absolument d’admettre dans son temple celui qui a goûté à ta chair impure. – Cela même est une preuve de plus que la déesse me chérit, puisqu’elle repousse absolument quiconque me tue ou me maltraite de quelque façon que ce soit.

21. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 188 » pp. 132-132

Chambry 188 Chambry 188.1 Κύων <λέοντα διώκων> καὶ ἀλώπηξ — Le chien qui poursuit un lion et le renard. […] Un chien de chasse, ayant aperçu un lion, s’était mis à sa poursuite. […] Alors le chien eut peur et rebroussa chemin.

22. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 313 » pp. 206-206

Chambry 313 Chambry 313.1 Ποιμὴν καὶ κύων <τὰ πρόϐατα σαίνων> – Le berger et le chien qui caresse les brebis. […] Un berger qui avait un très gros chien avait l’habitude de lui jeter les agneaux morts-nés et les moutons qui venaient de mourir. Or un jour que le troupeau était resté à l’étable, le berger vit son chien qui s’approchait des brebis et les caressait. « Hé !

23. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 343 » pp. 223-223

Chambry 343 Chambry 343.1 Ὗς καὶ κύων <περὶ εὐτοκίας> – La truie et la chienne disputant de fécondité. […] La truie et la chienne disputaient de fécondité. La chienne prétendait que, seule de tous les quadrupèdes, elle avait des portées courtes. « Quand tu dis cela, répartit la truie, reconnais que tu n’enfantes que des aveugles. » Cette fable montre qu’une œuvre se juge, non sur la vitesse, mais sur la perfection de l’exécution.

24. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 156 » pp. 120-120

Chambry 156 Chambry 156.1 Κηπωρὸς καὶ κύων — Le jardinier et le chien. […] Le chien d’un jardinier était tombé dans un puits. […] S’imaginant qu’il venait pour l’enfoncer plus profondément, le chien se retourna et le mordit.

25. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 172 » pp. 127-127

Chambry 172 Chambry 172.1 Κορώνη καὶ κύων — La corneille et le chien. […] Une corneille offrant une victime à Athéna invita un chien au banquet du sacrifice. Le chien lui dit : « Pourquoi dépenses-tu ton bien à des sacrifices inutiles ?

26. (1180) Fables « Marie de France, n° 15. L’âne qui veut jouer avec son maître » p. 91

En sun curage entendi bien que tuit li* autre aiment le chien pur le seignur quil cherisseit e ki od lui se deduieit. […] Mut s’est li asnes purpensez que meuz del chien vaut [il] asez e de bunté et de grandur, meuz savereit a sun seignur jüer que li chenez petiz e meuz sereit oï ses criz meuz savereit sur li saillir meuz savereit des piez ferir. Pur fol se tient que a lui ne veit ne que od sa voiz ne crie e breit cum fet li chiens sur le seignur.

27. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 181 » pp. 252-252

Chambry 181 Chambry 181.1 Κύων καὶ ἀλεκτρυὼν καὶ ἀλώπηξ — Le chien, le coq et le renard. […] Un chien et un coq ayant fait société allaient par chemins. Le soir venu, le coq monta sur un arbre pour y dormir, et le chien se coucha au pied de l’arbre qui était creux. […] Alors, comme le renard cherchait à parler au portier, le chien bondit brusquement et le mit en pièces.

28. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 346 » pp. 415-415

Chambry 346 Chambry 346.1 Χαλκεὺς καὶ κυνάριον — Le forgeron et son chien. […] Un forgeron avait un chien. Quand il forgeait, le chien dormait ; mais quand il se mettait à manger, le chien venait se mettre à ses côtés.

29. (1180) Fables « Marie de France, n° 5. Le chien et le fromage » p. 133

Marie de France, n° 5 Le chien et le fromage Par une feiz, ceo vus* recunt, passoit un chien desur un punt ; un fourmage en sa buche tient ; quant en mi le puncel [par]vient, en l’ewe vit l’umbre del furmage ; purpensa sei en sun curage que aveir les voleit amduis.

30. (1180) Fables « Marie de France, n° 98. Le renard et le chat » p. 605

Mes je ne voil la puche overir, deci que cil deivent failir. » Li chaz respunt par breve raisun : « Nus n’erums mie cumpainuns, kar jeo ne sai fors un engin, ceo seivent bien tut mi veisin. » La u il vunt issi parlant, deus chiens [en] vienent tost curant. […] Li* chien saisissent par l’eschine le gupil, sil vunt detirant, e li chaz li escrie tant : « Cumpain, pur quei esparnies que ta puche[te] ne deslies ? […] Li chien te hastent durement.

31. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 177 » p. 135

Chambry 177 Κύνες λιμώττουσαι — Les chiens affamés. […] Des chiens affamés virent des peaux qui trempaient dans une rivière.

32. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 182 » p. 253

Chambry 182 Κύων καὶ κόχλος — Le chien et le coquillage. […] Un chien habitué à avaler des œufs, voyant un coquillage, ouvrit la gueule et, refermant violemment ses mâchoires, l’avala, le prenant pour un œuf.

33. (1180) Fables « Marie de France, n° 24. Le cerf qui buvait à la source » p. 74

Tant entendi a sei loër e a ses cornes esgarder qu[e]’il vit chiens venir curant e lur mestre aprés cornant. […] Dunc sunt li chien a lui venuz.

34. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXIX. Du Loup, et des Chiens. »

Du Loup, et des Chiens. Le Loup contemploit du haut d’un Rocher deux Chiens, qui au lieu de se tenir en paix prés du troupeau qu’ils avoient en garde, s’entre-battoient, et se deschiroient à belles dents. […] A quoy les Chiens prenans garde, ils laisserent leur querelle particuliere, et sçeurent si bien courir apres luy, que l’ayant atteint, ils faillirent à le tuër, à force de morsures qu’ils luy firent. […] Ce Loup avoit beaucoup de raison de juger de la perte du trouppeau par la division des Chiens, puis qu’il n’est point d’intestine partialité qui ne soit capable de ruyner une fortune, quelque florissante qu’elle puisse estre. […] Mais tous ces exemples ne sont que la centiesme partie de ceux que l’on pourroit alleguer pour preuve de ceste verité, où toutesfois il faut prendre garde qu’à la fin de ceste Fable le Loup se trouva trompé dans l’esperance qu’il eust d’abord de profiter en la division des chiens.

35. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 219 » p. 153

Les loups envoyèrent des députés aux moutons, offrant de faire avec eux une paix perpétuelle, s’ils leur livraient les chiens pour les faire périr. Les stupides moutons convinrent de le faire ; mais un vieux bélier s’écria : « Comment pourrais-je vous croire et vivre avec vous, alors que, même sous la garde des chiens, il m’est impossible de paître en sécurité. » Il ne faut pas nous défaire de ce qui assure notre sécurité, en prêtant foi aux serments de nos ennemis irréconciliables.

36. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 179 » pp. 328-328

Chambry 179 Chambry 179.1 Κύων <ἑστιώμενος> siue Ἄνθρωπος καὶ κύων — Le chien invité ou L’homme et le chien. […] Son chien invita un autre chien. « Ami, lui dit-il, viens céans dîner avec moi. » L’invité arriva plein de joie, et s’arrêta à regarder le grand dîner, murmurant dans son cœur : « Oh ! […] Et le chien s’en retourna en poussant de grands cris. Il trouva sur sa route d’autres chiens ; l’un d’eux lui demanda : « Comment as-tu dîné, l’ami ? 

37. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 185 » pp. 134-134

Chambry 185 Chambry 185.1 Κύων <κοιμώμενος> καὶ λύκος — Le chien endormi et le loup. […] Un chien dormait devant une ferme. Un loup fondit sur lui, et il allait faire de lui son repas, quand le chien le pria de ne pas l’immoler tout de suite : « À présent, dit-il, je suis mince et maigre ; mais attends quelque temps : mes maîtres vont célébrer des noces ; moi aussi j’y prendrai de bonnes lippées, j’engraisserai et je serai pour toi un manger plus agréable. » Le loup le crut et s’en alla. À quelque temps de là il revint, et trouva le chien endormi dans une pièce haute de la maison ; il s’arrêta en bas et l’appela, lui rappelant leurs conventions. Alors le chien : « Ô loup, dit-il, si à partir d’aujourd’hui tu me vois dormir devant la ferme, n’attends plus de noces » Cette fable montre que les hommes sensés, quand ils se sont tirés d’un danger, s’en gardent toute leur vie.

38. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Du present fait à la maistresse de Xanthus. Chapitre XII. »

Là dessus ayant appellé à soy une petite chienne, qu’on nourrissoit dans le logis ; « Tien Mignonne », dit-il, « voylà ce que mon Maistre a commandé que je t’apportasse » ; et ce disant, il luy donna toute ceste viande morceau par morceau. […] Cependant la femme de Xanthus bien fâchée de voir que son Mary ne l’aymoit pas tant, qu’il n’aymât encore d’avantage une chienne, entra dans sa chambre, où toute desolée, elle protesta de n’avoir jamais sa compagnie. […] ». « Par le Dieu Jupiter », repartit-elle, « ce n’est pas à moy que tu les as envoyées, mais bien à ta chienne ». […] » « A ma bien aymée », continua Xanthus, Esope fit alors venir la chienne, et s’adressant à Xanthus : « Il est bien à croire », adjousta-il, « que celle-cy t’ayme grandement ; Car quelque bonne inclination que ta femme se die avoir, pour toy, si est-ce que si elle s’offense de la moindre chose, elle en vient incontinent aux injures ; Elle contredit à tout ; elle s’en va : Il n’en est pas ainsi de ta chienne : Tu as beau la chasser, elle ne bouge et ne crie point. […] mon Maistre », dit-il, « ne vous avois-je pas bien asseuré, que vostre chienne vous aymoit mieux, que ma Maistresse ne vous ayme ? 

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