Il lui proposa une alliance. « Il nous sied tout à fait, dit-il, d’être amis et alliés, puisque toi, tu es le roi des animaux marins, et moi, des animaux terrestres. » Le dauphin acquiesça volontiers.
Le loup se tenant à distance lui cria : « Tu es injuste de me prendre mon bien. » Le lion se mit à rire et dit : « Toi, en effet, tu l’as reçu justement d’un ami !
Comme la discussion s’animait, une ronce qui les écoutait de la haie voisine, dit : « Mes amis, cessons enfin de nous quereller. » C’est ainsi que, dans les temps où les meilleurs citoyens sont divisés, les gens de rien essayent de se donner de l’importance.
L’autre sens qu’on peut donner à la Fable, c’est la reprehension des demandeurs impertinents, qui exigent de leurs amis beaucoup de choses indiscretement, quoy qu’à la verité il n’y en eût pas une d’elles qui le pût accommoder, et qui n’incommodast extrémement le donneur.
Aussi est il vray que l’ignominie, et la mauvaise estime, se communiquent par reflexion à celuy qui leur est le plus proche, tout de mesme que l’honneur touche en quelque façon les amis de la personne honnorée, par un rayon qu’il eslance obliquement sur eux.
» Dunc li ad la femme respundu : « Quei avez vus, beau sire amis ?
Cét Oiseau portant envie à la beauté des Paons, emprunta le plumage de l’un d’entr’eux, qui estoit de ses amis ; et cela faict, il s’alla jetter inconsiderément parmy les autres, croyant les tromper et les esblouyr jusques là, que de passer pour Camarade avec eux. […] Ils s’endebtent de tous costez chez les Artisans, et chez leurs amis : Ils font la roüe dans des estoffes empruntées.
» C’est ainsi que certains hommes, qui se tiennent en garde contre leurs ennemis, tombent, sans qu’ils s’en doutent, sur des amis beaucoup plus dangereux que leurs ennemis.
l’ami, c’est nous qui portons toute la charge, et c’est toi qui cries !
mon ami, ne trouves-tu pas juste qu’on m’honore d’une double ration ?
Xanthus bien fâché qu’Esope luy avoit joüé ce tour là, devant ses amis. « Hé bien », leur dit-il, « Messieurs, me suis-je trompé, quand je vous ay advisé n’aguere que ce Malheureux me feroit devenir fol ?
E li gupil li dit : « Amis, cent engins sai, u mut me crei, e pleine puche en ai od mei.
» Cette fable montre que ceux qui se sont fait beaucoup d’ennemis dans leur vie ne trouveront pas d’amis, dans le besoin.
À sa voix, les voyageurs se retournèrent, effrayés ; mais l’un d’eux prenant la parole dit : « Allons, amis, continuons notre chemin : ce n’est qu’une corneille, ses cris ne donnent pas de présage. » Il en est ainsi chez les hommes : ceux qui rivalisent avec de plus forts qu’eux, non seulement ne peuvent les égaler, mais encore ils prêtent à rire.
» Il arrive assez souvent ainsi que par ignorance on ne se méfie pas de ses ennemis, et qu’on repousse ses amis, les tenant pour suspects.
» « Seigneur », respondit Esope, « quand j’ay mis les viandes sur la table, j’ay prié Madame, de prendre garde que les chiens ne les mangeassent, et elle m’a fait response que ses fesses avoient des yeux, à cause dequoy la trouvant endormie, je les luy ay découvertes ». « Infame Boufon », dit Xanthus, « tu peux bien remercier mes amis : car n’estoit le respect que je leur porte, et que je les ay conviez, je te punirois si bien, que tu n’aurois pas sujet de t’en mocquer ».
Car c’est un glaive tranchant des deux costez, qui peut nuire aussi bien à ses amis qu’aux autres, et qui s’accommode tantost à nos sentiments par flatterie, et tantost à ceux de nos ennemis par meschanceté.
Ma bonne amie et ma voisine, Luy dit-elle tout bas, je vous donne un avis.
Sa cumpaine la regarda, par grant duçur li demanda : « Quel semblant fet ma duce amie ?
Avenir peot tut autresi que cil li avera grant mester e meuz li savera cunseiller a sun busuin, s’il est suppris, que li meudres de ses amis.
La folie vus fust pardonee. » — « Tost », fet il, « me fu eschapee. » — « Ami », fet il, « or les ester !
. – Ne dis pas : nous sommes perdus, reprit celui-ci, mais : je suis perdu ; car, lorsque tu as trouvé la hache, tu ne m’as pas mis de moitié dans ta trouvaille. » Cette fable montre que, si l’on n’a point de part aux heureux succès d’un ami, on ne lui est pas non plus fidèle dans le malheur.
« Lesser ester », fet il « amie !
Pur ceo volt ici enseigner e mustrer bien e doctriner, ki quë unc se sent entrepris e n’eit od sei ses bons amis ki [li] sacent cunseil doner, que bien [se] deit cuntreguaiter, si parler deit devant justise, que en sa parole ait tel cointise, par mi tute sa mesprisun, que seit semblable a la reisun.
Ore asemble ta cumpainie e ceus que te sunt en aïe, e jeo asemblerai mes genz e mes amis e mes parenz ; demain tenum une bataille !
Mais la Fortune lui apparut et lui dit : « Pourquoi, mon ami, imputes-tu à la Terre les dons que je t’ai faits, dans le dessein de t’enrichir ?
camarade, ce n’est pas maintenant que tu es mort, que tu aurais dû être droit, c’est lorsque je t’y exhortais : alors tu n’aurais pas été mis à mort. » On pourrait justement conter cette fable à propos des hommes qui pendant leur vie sont méchants envers leurs amis en leur rendant service après leur mort.
Par exemple, le Prince abaisse et diminuë sa haute condition, et augmente en quelque façon celle du Favory, quand il est question de luy communiquer un secret, encore telle espece de bien veüillance est presque tousjours sujette à une fin dangereuse, si le Favory ne se gouverne avec beaucoup de prudence ; ce qui ne procede que de l’extrême inégalité des deux Amis, et par consequent il faut necessairement qu’il y ait de la proportion entre l’un et l’autre.
. — Eh bien ; tu t’es fourvoyé, l’ami, dit la ronce, en voulant t’accrocher à moi qui ai l’habitude d’accrocher tout le monde. » Cette fable montre que chez les hommes aussi ceux-là sont des sots qui ont recours à l’aide de ceux que leur instinct porte plutôt à faire du mal.
En le voyant, l’une dit à l’autre : « Amie, descendons ensemble dans ce puits. — Mais, répondit l’autre, si l’eau de ce puits vient à se dessécher aussi, comment remonterons-nous ?
l’ami, toi qui te piquais de prévoir ce qui doit arriver aux autres, tu n’as pas prévu ce qui t’arrive. » On pourrait appliquer cette fable à ces gens qui règlent pitoyablement leur vie et qui se mêlent de diriger des affaires qui ne les regardent pas.
Quand j’aurois, en naissant, receu de Calliope Les dons qu’à ses Amans cette Muse a promis, Je les consacrerois aux mensonges d’Esope : Le mensonge et les vers de tout temps sont amis.
Se vuoi per moglie haver la mia figliuola, Che cotanto ami, et mio genero farti, Ti convien prima assicurarmi ch’io Non sia mai per haver da tua fierezza Oltraggio alcuno, et così la fanciulla, Che forte teme il tuo superbo aspetto.
De là vient cét endurcissement d’esprit, qui nous fait tenir pour suspects nos meilleurs amis, jusques à les accuser de perfidie, combien qu’ils ne soient guidez que du veritable zele de nous servir.
Son camarade le voyant gras et en bon corps, lui rappela sa promesse et lui reprocha de ne lui avoir rien rapporté. « Ne t’en prends pas à moi, répondit-il, mais à la nature du lieu : il est possible d’y trouver à vivre, mais impossible d’en emporter quoi que ce soit. » On pourrait appliquer cette fable à ceux qui poussent l’amitié jusqu’à régaler leurs amis, mais pas plus loin, et qui refusent de leur rendre aucun service.
l’ami, répondit le loup, ne te suffit-il pas d’avoir retiré ta tête saine et sauve de la gueule du loup, et te faut-il encore un salaire ?
La mer, ayant pris la forme d’une femme, lui dit : « Mais, mon ami, ce n’est pas à moi, c’est aux vents qu’il faut adresser tes reproches ; car moi, je suis naturellement telle que tu me vois à présent : ce sont les vents qui, tombant sur moi à l’improviste, me soulèvent et me rendent sauvage. » De même nous ne devons pas rendre responsable l’auteur d’une injustice, quand il agit sur les ordres d’autrui, mais bien ceux qui ont autorité sur lui.